Noyer le surplus de stress causé par un burn-out dans un excès de sport ? Bof bof. En revanche, faire du sport pour libérer les hormones du bonheur et remonter doucement la pente, en plus d’un accompagnement psychologique, là, on dit banco !
Qu’il agisse en préventif ou qu’il nous aide à sortir la tête du brouillard, le sport peut se révéler un allié redoutable contre le burn-out. Elsa, psychiatre et spécialiste du burn-out et de sa variante, le bore-out, vous donne les clés d’une pratique sportive saine en cas de burn-out.
Selon un sondage OpinionWay daté de mars 2022 pour le cabinet Empreinte Humaine, en un an et demi, le nombre de salarié⸱es concerné⸱es par le burn-out a doublé, touchant ainsi 2,5 millions de travailleur⸱euses dans sa forme sévère dans l’hexagone, soit 34% des salarié⸱es.
On ne vous dit pas de vous alarmer dès que l’un de vos collègues a le malheur de souffler “si ça continue comme ça, je vais faire un burn-out”, mais cette maladie professionnelle a de nombreuses incidences néfastes sur la santé, et nécessite une prise en charge rapide pour en sortir ou, mieux encore, la prévenir.
“Le burn-out est un syndrome d’épuisement professionnel”, souligne Elsa, “La personne concernée par celui-ci ne va plus être en capacité de gérer ses missions du fait d’une charge de travail trop conséquente, sur un temps donné”. Plus encore, ce syndrome va également affecter la vie privée des salarié.es concerné.es. “On ne perd pas seulement la force d’effectuer ses missions professionnelles, on n’a plus envie de rien, on se réveille épuisé.e, vidé.e, alors même que l’on vient de dormir douze heures d’affilée”, explique l’experte, “hypersomnie et insomnie, léthargie et symptômes dépressifs viennent parasiter le quotidien des personnes en burn-out”.
Oui, en effet, le fun n’est pas super super présent en situation de burn-out, on vous le concède aisément. Toutefois, quelques actions permettent de le prévenir, et il n’est jamais trop tard pour agir contre cette maladie professionnelle.
“La recette parfaite d’un burn-out réside dans une charge de travail lourde, une fatigue accumulée à plus ou moins long terme selon les profils, une perte d’entrain face à ses missions”, explique Elsa, “La résultante, ce sont des troubles du sommeil, un stress qui peut devenir chronique, des troubles de l’humeur et, s’il n’est pas pris en charge à temps, le burn-out peut entrainer une dépression”.
Les symptômes d’un burn-out déclaré sont d’ailleurs similaires à ceux de la dépression : léthargie, isolement, anxiété.
Si les signaux d’alerte évoqués font écho à votre situation actuelle, parlez-en à votre hiérarchie et consultez un·e professionnel·le de santé au besoin.
La rebelle en moi vous dirait bien de retourner votre bureau, de brûler vos dossiers et de partir vous dorer la pilule aux Caraïbes, mais il parait que “ça ne règle pas le problème de fond et ça coûte cher”... Soit. Sortez votre tapis de sport, objectif : regonfler ce mental raplapla et ces biscotos en mal d’exercice !
Ou ça court, nage, grimpe… Peu importe, à vous de choisir ! Contre le burn-out, ou tout du moins pour retrouver un îlot de bien-être dans l’océan trouble du burn-out, le sport peut se révéler un super allié. “Mais pourquoi donc que ça fonctionne ?”, demandez-vous peut-être. C’est une question de chimie ! Quand on vous dit que le sport vous fait du bien, on ne parle pas seulement de santé physique (mobilité, capacités cardio-vasculaires…), mais aussi de santé mentale.
Alors non, le sport ne soignera jamais une dépression, ni ne vous fera sortir par miracle du burn-out sans accompagnement psychologique, mais l’activité sportive régulière peut vous aider à libérer les hormones nécessaires pour vous aider à reprendre du poil de la bête. “C’est important de trouver une activité régulière qui nous fasse du bien lors d’un burn-out, et au cours de la thérapie pour en sortir”, précise Elsa, “C’est une petite bouée à laquelle se raccrocher en pleine tempête mentale”.
Qui plus est, placer un rituel sportif dans votre agenda peut être un premier pas vers une sortie du burn-out. “On ne se met pas d’objectif sportif, le but ici est de monter la première marche vers la guérison, de se mettre des petits objectifs faciles en temps normal, mais pas forcément évidents lorsque l’on est en burn-out”, explique Elsa, “se dire ‘à telle heure, je pose mon tapis dans le salon et je fais 10 ou 15 minutes de stretching’ peut être un bon point de départ”.
Et si aujourd’hui, vous n’y parvenez pas, réessayez demain. “Pas de culpabilisation, on fait à son rythme, on s’écoute et on y va pas à pas”, souligne la psychiatre.
Plusieurs options s’offrent à vous parmi les nombreux sports à votre disposition :
• Le yoga, le Pilates et les étirements
“Pour la détente, se recentrer sur soi et le calme intérieur qu’ils procurent”, explique Elsa. Vous pouvez commencer par une courte séance de dix minutes, au moment de la journée où vous vous sentez le mieux, puis augmentez progressivement la durée de vos séances. Encore une fois, allez-y à votre rythme.
• Les sports de combat
Si vous aimez extérioriser par le geste, la boxe peut notamment se révéler une option fort utile. “En complément d’une thérapie par la parole ou en amont si vous ne vous sentez pas encore prêt.e à parler, la boxe peut vous permettre de soulager votre corps de quelques tensions occasionnées par le burn-out”, explique Elsa. Parce que oui, un burn-out affecte aussi physiquement les personnes concernées par cette maladie professionnelle.
• Les sports collectifs
Si vous avez besoin de nouveauté, de rencontrer de nouvelles personnes pour vous changer les idées, les sports collectifs peuvent vous apporter le côté social recherché. “Parfois, on a besoin de sortir de son environnement de base, de voir de nouvelles têtes pour prendre de la distance sur sa propre situation”, note Elsa, “En ceci, les sports collectifs sont une bonne option”.
• La marche, la course à pied et le vélo en extérieur
“Prendre un peu la lumière du jour, se mettre au contact de l’extérieur et de la nature, ça ne peut que faire du bien”, explique la psychiatre, “Une bonne playlist dans vos oreilles, un podcast intéressant ou en tête-à-tête avec des pensées volontairement positives, 30 minutes en extérieur chaque jour peuvent vous aider à avancer sur la voie de la guérison, en plus de votre thérapie”.
• Les sports artistiques
Vous aimez exprimer vos sentiments au travers de l’art ? Alors pourquoi ne pas vous tourner vers la danse pour sortir toutes ces émotions qui vous rongent au cours de votre burn-out ? Contemporaine, moderne-jazz, pole dance… Vous avez le choix, optez pour ce qui vous fera le plus de bien !
Eh bien, techniquement parlant, il n’existe pas vraiment de sport totalement déconseillé dans ce cadre précis. “Choisissez ce qui vous fait envie, le sport dans lequel vous vous sentez bien, qui vous défoule”, conseille Elsa, “Attention à ne pas vous fixer d’objectifs trop ambitieux, car en sortie de burn-out, on peut avoir le sentiment de reprendre du poil de la bête, mais on reste tout de même fragile”.
En somme, le mot d’ordre avant, pendant et après un burn-out, c’est : écoutez-vous, vous êtes la seule personne à savoir ce que vous ressentez vraiment, et à connaître vos besoins. “Des jobs, on en a plusieurs en une vie, mais une santé mentale, on n’en a qu’une”, conclut Elsa. À vous de la préserver autant que faire se peut :)