L’activité sportive pourrait soulager les personnes atteintes de troubles dépressifs.
L’exercice physique peut redonner le sourire, on s'y met ?
C’est relativement connu aujourd’hui, une pratique sportive régulière diminue le risque de développer de nombreuses maladies – pathologies cardiovasculaires, obésité, diabète, etc.
Mais qu’en est-il des bénéfices de l’activité physique sur la santé mentale ?
Sans être la solution miracle, en complément d’un traitement médical et psychologique, les vertus de l’activité physique pourraient agir sur de nombreux symptômes de la dépression. Et ce peu importe le sport pratiqué.
À défaut de savoir, en l’état actuel des recherches, quelle forme d’activité sportive possède le meilleur effet sur l’humeur, de nombreuses études défendent l’hypothèse que l’activité physique pratiquée de façon régulière et modérée permet de lutter contre les tensions physiques et mentales. L’exercice physique, couplé à une prise en charge classique, augmenterait le bénéfice thérapeutique pour les sujets dépressifs.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la dépression est l’une des principales causes de handicap et de mort dans le monde. Pas moins de 350 millions d’individus sont concernés par cette maladie. En France, on dénombre entre 2 et 3 millions de personnes touchées par un épisode dépressif chaque année. Quel rôle peut jouer le sport dans le traitement de cette maladie ?
Selon une étude de 2009 menée par l’équipe de Karen White de l’université de Southampton[1], la pratique d’une activité physique diminue les symptômes dépressifs tels que l’ennui, la lassitude, l’irritabilité et la perte du sentiment d’auto-efficacité où la personne se croit devenue incapable de réaliser une tâche avec succès. Bien plus, cette étude démontre que la pratique sportive agit efficacement sur le développement des affects positifs que sont la vitalité, le dynamisme et l’estime de soi.
Plus spécifiquement, Fabien D. Legrand, maître de conférences en psychologie à l’université de Reims et membre du laboratoire Cognition, Santé, Socialisation constate dans une étude publiée en 2014[2] dans la revue américaine Journal of Sport and Exercise Psychology l’impact de la pratique sportive sur l’estime de soi.
À travers le sport, les personnes atteintes de dépression favorisent la perception du corps, prennent conscience de leurs capacités physiques, ce qui contribue à améliorer leur estime de soi.
Pour que l’activité physique soit réellement efficace contre les symptômes d’une dépression il est important de la pratiquer régulièrement et avec une certaine intensité.
Fabien D. Legrand précise : « nous préconisons des programmes d’activité physique de type cardiorespiratoire (vélo, course lente, marche rapide, natation, ski de fond, roller…) d’une durée d’au moins 7-8 semaines incluant 3 séances de 30 minutes par semaine.
En termes d’effort, nous recommandons une intensité modérée soit 60 à 80 % de la fréquence cardiaque maximale. »
« Une immense majorité des chercheurs s’intéressant au rôle antidépresseur de l’exercice physique ont utilisé des programmes d’activité physique de type cardiorespiratoire.
Cette tendance n’a pas évolué à ce jour, presque tous mes collègues, et moi également, proposons des programmes de course à pied ou de marche rapide car le contrôle de la fréquence cardiaque est plus facile.
Néanmoins, il faut préciser que les quelques rares études réalisées avec des programmes d’activité de type non cardiorespiratoire – comme le renforcement musculaire, la méditation – produisent des résultats similaires, et donc positifs, par rapport à ce que nous trouvons avec des activités d’endurance. »
L’exercice physique quel qu’il soit semble bénéfique, mais aucun sport en particulier ne constitue une thérapie complète contre la dépression.
L’activité sportive permet certes de diminuer le risque de développer une dépression (prévention primaire) et d’améliorer la santé mentale des personnes ayant une dépression faible à modérée mais ne peut se substituer aux traitements classiques combinant une psychothérapie conduite par un.e spécialiste et la prise de médicaments.
C’est en revanche un complément important de la prise en charge classique puisque l’activité physique diminue souvent la consommation médicamenteuse et soulage des affects négatifs liés à un état dépressif.
Se balader en forêt, faire quelques longueurs à la piscine, jouer au tennis de table sont autant d’activités qui favorisent la concentration de dopamine – molécule associée au plaisir et à la motivation – et la sécrétion de la BDNF (brain-derived neurotrophic factor), un facteur qui favorise la création de nouveaux neurones, précieux dans la lutte contre les idées noires.
[1] K. White et al., Mental Health and Physical Activity 2, 44-56, Elsevier (2009).
[2] F. Legrand, Journal of Sport & Exercise Psychology 36, 357-365, Human Kinetics (2014).
De quoi redonner le sourire donc.
Vous trouvez que la pratique sportive joue un rôle avant, pendant et après une dépression ? N’hésitez pas à nous dire comment l’exercice physique vous aide, ou vous a aidé.e, à lutter contre la maladie.