Sport et rhume : faut-il éviter de s'entraîner ?

En hiver, c'est une infection assez répandue. Généralement bénin et peu gênant, il se caractérise par une congestion nasale, parfois accompagnée d'éternuements et d'une gorge légèrement irritée. « En cas de rhume simple, on a un état général plutôt préservé. On peut avoir de petites courbatures ou de légères douleurs musculaires, mais il ne nous cloue pas au fond du lit » assure le Dr Tchaikovski.

Mais parfois, il peut être plus intense, quand il se complique ou est associé à d'autres manifestations, ou s'il touche « des personnes qui ont un système immunitaire déjà affaibli » poursuit la médecin.

Vous êtes enrhumé•e ? Pour savoir si vous pouvez ou non faire du sport, le "Neckrec test" ou "test du cou" — quoiqu'un peu simpliste — est un bon indicateur. Si vos symptômes se situent :

• au-dessus du cou (nez qui coule, nez bouché, éternuements, gorge qui gratte légèrement…), avec peu de fatigue : vous pouvez poursuivre une activité sportive modérée.
• sous le cou (courbatures, troubles intestinaux...) : « On n'est plus dans le cadre d'un simple rhume ». Il est fortement recommandé de raccrocher les baskets et de mettre son corps au repos. « On peut se fier à ce test de façon indicative » note le Dr Tchaikovski.

Pratiquer un sport enrhumé•e, n'est pas forcément une mauvaise idée. S'il s'agit d'un simple nez qui coule avec un léger mal de tête, rien de très gênant, vous pouvez tout à fait vous entraîner : « Si les symptômes sont légers, ce n'est pas dangereux, on peut continuer l'exercice modéré, assure la médecin. Ça peut même être un peu bénéfique. » 

Par contre, en cas de fièvre, de symptômes respiratoires, de grosse angine, si vous avez du mal à respirer, mieux vaut ne pas faire d'exercice intense et consulter son ou sa médecin. « En présence de sifflements, de brûlures dans les bronches, de toux productive, d'un mal de gorge, de fièvre ou de fortes courbatures, l'activité physique est déconseillée. On attend d’être guéri•e avant de reprendre ».

« Si on a une gène sur le plan respiratoire, qu'on ne respire pas bien, si on est essoufflé•e, on a un risque de fatigue accrue associé à une baisse de la performance, un risque de blessure augmenté. On a plus de crampes aussi. » 

Par ailleurs, la fièvre augmente la température du corps, les risques de déshydratation sont majorés. Transpirer quand on a de la fièvre, contrairement à ce que dit la légende, n'est pas du tout une bonne idée. « Le sport peut créer une surcharge au niveau cardiaque, prévient le Dr Tchaikovski. C'est surtout vrai pour les personnes âgées, mais même quand on est jeune, si on a 40° de fièvre, on ne va pas courir ! »

Vous voilà rassuré•e, ce n'est pas ce nez bouché qui va vous empêcher de bouger. Mais attention, le médecin recommande tout de même de ne pas trop forcer, histoire de ne pas aggraver son état physique. « Quand on a un rhume très léger sans fièvre, on peut continuer à s’entraîner avec des sports à intensité modérée comme de la marche, du vélo. On pratique sans se surmener ! ». Les yogas doux, la natation sans forcer, un léger footing, de l'elliptique, des étirements sont tout à fait possibles.

Évitez toutefois de vous ruer à la salle de sport : il serait dommage de contaminer les autres pratiquant•es avec votre maladie.

Encore une fois, tout dépendra de l'intensité des symptômes. Si un footing léger est tout à fait envisageable (en cas d'absence de fièvres, de grosse fatigue), on évite les sorties longues et les séances de fractionné.

Un entraînement intensif peut temporairement abaisser le système immunitaire et permettre au virus du rhume de faire son nid. Le Dr Tchaikovski rappelle une étude réalisée sur des ultra-trailers : « Quand on fait une épreuve ou une activité à haute intensité, on a un risque plus élevé de tomber malade au retour. Il a été constaté lors de cette étude que les sujets faisaient une bronchite après une grosse épreuve. »

Pour éviter le coup de froid ou de tomber malade au retour d'un entraînement, veillez à avoir un système immunitaire au top. Comment ? En adoptant notamment une alimentation saine et variée, en dormant suffisamment, en vous couchant et vous levant à heures fixes. En hiver, couvrez-vous suffisamment. Le froid peut également affaiblir l'organisme.

Le rhume, quand il n'y a pas de grosse fatigue ni de complications, est bénin et ne nécessite pas de traitement particulier. Il finit par disparaître naturellement. Il est surtout recommandé de se laver le nez régulièrement avec des sprays nasaux afin de fluidifier et d'éliminer plus rapidement les sécrétions et les virus. Mais surtout, oubliez les médicaments anti-rhumes vendus sans ordonnance en pharmacie.

Comme le rappelle le Dr Jimmy Mohamed dans son livre, Zéro contrainte pour rester jeune (Éditions Flammarion), ils n'ont pas d'efficacité spectaculaire et ils sont surtout dangereux. Ces vasoconstricteurs « contiennent de la pseudoéphédrine, une substance qui resserre les vaisseaux sanguins (…) ceux de la paroi nasale, mais aussi ceux du cerveau ou du cœur. Cette substance est suspectée d'être à l'origine de troubles neurologiques, d'hypertension artérielle ou d'infarctus du myocarde notamment chez les sujets jeunes. »

Il n'y a pas vraiment de règle, si ce n'est qu'on attend de ne plus avoir de fièvre, ni de symptômes ou de douleurs musculaires. 

« Si on reprend trop vite après une grippe par exemple, on augmente le risque de blessure, car les muscles sont fatigués. Il faut rester à l'écoute de son corps, de ses sensations. Si on n'a pas bien dormi, qu'on est fatigué•e, on réduit l'intensité de ses séances, on est moins exigeant•e avec soi-même » conclut le Dr Tchaikovski.