illustration body positive

Ce que la balance ne nous dit pas

Et si le poids n’était pas l’indicateur roi, celui qui dit tout de nous et définit notre santé ? Balancez votre balance, voici comment savoir si votre corps est au top de sa forme ! 

Le poids, le poids, toujours le poids. Et si on en finissait enfin avec l’idée que ce chiffre sur la balance serait l’alpha et l’oméga de notre santé physique, au détriment parfois de notre santé mentale ? Si la balance nous dit effectivement certaines choses, que ne nous dit-elle pas, en revanche ? 

Parlons poids, parlons bien 

7h, le réveil sonne. Si la nature m’oblige à m’octroyer cinq minutes dans le secret des cabinets, à 7h05, je me retrouve dans la salle de bain, face à un miroir qui me renvoie non un reflet flatteur, mais bien des complexes qui me titillent l’estime personnelle. Il fut un temps, mon réflexe aurait été de monter sur la balance, comme pour apaiser mon esprit tourmenté par l’obsession d’un poids toujours plus bas. Aujourd’hui, je sais que ce geste n’apporte rien à mon mental et fait plus de mal que de bien à ce corps trop malmené par le passé.

Ça, c’est parce qu’entre hier (bon ok, il y a dix ans) et aujourd’hui, s’est passé un sacré paquet de séances chez ma diététicienne-nutritionniste, ma psychologue et mon psychiatre. La raison à cette armada de professionnels de santé ? L’anorexie mentale et donc l’obsession, constante et dévorante, du poids. Matin, midi et soir, mon rituel m’imposait de monter sur la balance, anxieuse, et d’en redescendre en larmes, jamais satisfaite du chiffre affiché. Ce que cette balance ne me disait pas, en revanche, c’est qu’au fil des chiffres toujours plus bas, c’est ma santé qui s’amenuisait. Vertiges, malaises, maux de tête et perte de cheveux auraient sûrement pu m’alerter, mais non. Nada, niet, rien ne m’importait plus que mon poids, seulement mon poids.

« Oh, ça ne me concerne pas », vous dites-vous sûrement. Je vous souhaite d'avoir raison ! Même si l'anorexie ne fait pas partie de votre quotidien, dites-vous qu'elle peut trouver un chemin jusqu'à vous en arrivant par la porte socialement acceptable des régimes à répétition, et donc de la diet culture. Une chose est sûre, quelle que soit votre situation, ce chiffre sur la balance peut facilement vous gâcher la vie. Et pourtant, il ne dit pas tout !

Le poids, ça dit quoi, concrètement ? 

Le poids indiqué sur une balance classique ne vous montre que la somme de votre masse musculaire, masse grasse, de l’eau contenue dans votre corps et du poids de vos os et organes. Par exemple, votre ossature représente en moyenne 14% du poids total indiqué sur la balance, et vous ne pourrez pas influer sur cet élément. L’IMC, indice de masse corporelle, se base sur ce résultat pour définir, en fonction de votre taille, si vous êtes plutôt mince, à votre poids de forme supposé, ou plutôt au-dessus de celui-ci. Seulement voilà, il y a un hic, un couac, un pet’, et les calculs ne sont pas toujours bons, Kevin.

L'indice de masse corporelle (IMC) est la pierre angulaire du système actuel de classification de l'obésité et ses avantages sont largement exploités dans des disciplines allant de la surveillance internationale à l'évaluation individuelle des patients. Toutefois, comme toutes les mesures anthropométriques, il ne s'agit que d'une mesure approximative de la masse grasse corporelle”, peut-on lire dans un article scientifique intitulé “Beyond body mass index” et publié dans la revue Obesity Reviews, “Pour étayer cet argument, nous illustrons un large éventail de conditions dans lesquelles les mesures anthropométriques approximatives (en particulier l'IMC) fournissent des informations trompeuses sur la masse grasse corporelle. Parmi ces conditions figurent la petite enfance et l'enfance, le vieillissement, les différences raciales, les athlètes, le personnel militaire et civil, la perte de poids avec et sans exercice, l'entraînement physique et des circonstances cliniques particulières. Nous soutenons que l'IMC continue de répondre à de nombreux besoins, mais que le moment est venu d'amorcer une évolution progressive de l'IMC vers des normes basées sur des mesures réelles de la masse grasse corporelle.”

Prenons un exemple : vous êtes un élève assidu de votre salle de sport. Tous les deux jours (parce que votre corps a besoin de se reposer entre deux séances, rappelons-le), on vous voit gonfler les pecs ou les cuisses sous des barres de musculation toujours plus fournies. Vous avez une alimentation adaptée à votre activité physique, et vous développez doucement, mais sûrement, vos muscles au fil des séances. Sur la balance aussi, le chiffre indiqué se développe. Puis un jour, après des années de dur labeur, il vous prend l’idée de calculer votre IMC. Vous divisez religieusement votre poids en kilogrammes par le carré de votre taille en centimètres, puis regardez où vous vous situez sur la courbe, sûr d’être dans le vert au vu de votre qualité de vie. Et là… C’est le drame : sous vos yeux ébahis, en rouge, le site vous indique que vous êtes en surpoids. Vous portez la main à votre pec (gainé), choqué par la nouvelle. Alors que votre corps reçoit tous les apports nécessaires à son bon fonctionnement, que vos analyses montrent que todo va bene, l’IMC vous trahit et vous plante un couteau dans les latéraux.

Rassurez-vous, cela veut simplement dire que ce calcul seul n’est pas optimal pour définir votre santé physique. En gros, se référer au seul IMC pour savoir si votre corps est en bonne santé ou non, c’est comme si votre médecin n’auscultait que votre front pour poser un diagnostic de grippe. « C’est chaud ? C’est la grippe », alors qu’en fait, peut-être que oui, mais pas forcément. « Votre IMC est à 28 ? Vous êtes en mauvaise santé », c’est la même logique. Un peu vague pour s’emballer, non ?

Et que nous cache la balance ?

Si la balance affiche de manière ostentatoire ce poids que l’on ne veut point voir, ce qu’elle ne nous dit pas, c’est : comment ça se passe, concrètement, là-dedans (vous ne le voyez pas, mais je pointe mon corps, quoi) ? « Mais qu’est-ce qu’elle dit ? Elle a un coup de chaud, la dame ? », pensez-vous peut-être. Non non, tout va bien, promis.

En gros, voici quelques éléments que la balance ne vous dévoile pas :
• Vos éventuelles carences
• Votre masse musculaire
• Votre masse grasse
• Le poids de votre ossature et de vos organes
• Le pourcentage d’eau dans le corps
• Vos dysfonctionnements hormonaux éventuels
• Votre niveau de stress
• La qualité de votre sommeil
• Votre niveau d’activité physique

« Et donc ? », eh bien, il s’agit là de nombreux paramètres qui déterminent aussi votre santé globale. Certains peuvent même venir expliquer votre difficulté à atteindre ce poids de forme que vous visez depuis des années. Par exemple, si vous visez un poids trop bas pour votre organisme, vous risquez à terme de souffrir de carences, et donc de vertiges, nausées, fragilités en tout genre et dont votre corps se passerait bien. Mais ça, votre balance ne l’affichera pas, contrairement à un bilan sanguin en bonne et due forme !

Qui plus est, votre niveau d’activité physique peut faire toute la différence, indépendamment de votre poids. C’est en tout cas ce que conclut une étude sur le sujet, publiée en avril 2023 dans le Journal of Obesity. Réalisée auprès de près de 370 000 personnes observées de 2006 à 2020, cette étude pose des conclusions intéressantes : “En comparaison aux participants de poids normal, les participants en surpoids n’étaient pas plus à risque de mourir prématurément, quel que soit l’âge et la mesure d’adiposité utilisée”, peut-on lire en conclusion de l’étude*. “La condition physique est un des facteurs de risques de mortalité les plus importants, peu importe le poids. Des études ont démontré que l’adoption d’un mode de vie actif et d’une alimentation riche et équilibrée pourrait réduire le risque de maladies cardiovasculaires, même en l’absence de perte de poids”, explique ainsi le professeur Benoît Arsenault, de l’Université de Laval, au micro du laboratoire de journalisme de Radio-Canada.

Mais alors, comment cesser de se comparer aux autres, à ces corps minces et élancés que l’on expose partout ? Comment sortir du cercle vicieux des régimes ?

*Body composition and mortality from middle to old age: a prospective cohort study from the UK Biobank

illustration corps
illustration corps

Quel est l’organe le plus lourd du corps humain ? 

Réponse : c’est… la peau ! En plus d’être l’organe le plus lourd, avec un poids variant entre 3 et 4 kg en moyenne, elle est aussi l’organe à la superficie la plus grande, pouvant atteindre les 2m2. À l’inverse, l’organe le plus léger est la glande pinéale, en charge de votre production de mélatonine, hormone qui régule votre cycle de sommeil.

LE geste bien-être : en finir avec les régimes et la diet culture

Au moindre kilo supplémentaire sur la balance, c’est la panique et vous envisagez sérieusement d’acquérir ces petits sachets de soupe lyophilisée pour faire descendre votre poids ? Posez douuuuuucement cette carte bleue, j’ai des arguments pour vous faire changer d’avis, et je n’hésiterai pas à m’en servir.

Mais pourquoi tout le monde veut donc maigrir ? Premièrement, cette obsession sociale pour le poids ne vient pas de nulle part, et on vous en parle plus en détail juste ici. Derrière les promesses des régimes express et hypocaloriques, c’est toute une industrie du régime qui se cache et se fait des milliards de dollars sur le dos de vos complexes. Oui oui, vous avez bien lu : des MILLIARDS. 192,2 milliards en 2019, pour être précise. Cette industrie a donc tout intérêt à ce que l’on complexe encore et toujours pour continuer à vendre des recettes minceur qui mettent à mal notre corps, et fragilisent notre santé mentale par la même occasion ! 

Pour en finir avec la diet culture et apprendre à aimer notre corps comme il le mérite, on a posé quelques questions à Baptiste Beaulieu, médecin généraliste et auteur de la BD intitulée très justement « Les gens sont beaux ». Pour découvrir ses quatre conseils pour aimer notre corps à sa juste valeur, c’est par ici !

Accessoirement, si les régimes vous vantent leur efficacité à longueur de journée, rien n’est moins vrai, en particulier pour les régimes hypocaloriques et express. En privant votre corps de ses besoins nutritionnels, voire en l’affamant, c’est tout votre métabolisme que vous perturbez. Dérèglement du poids de forme, carences et autres désagréments peuvent alors faire leur apparition, et cela, sans même mentionner le fait qu’à l’arrêt dudit régime, vous regagnerez les kilos perdus en moins de temps qu’il ne faut pour dire « soupe aux choux ». Voilà pourquoi on ne croit pas aux régimes. Si vous doutez, sachez qu’on en parle plus longuement dans cet article dédié au sujet.

Ok, donc les régimes, c’est tout pourri, mais comment je fais pour atteindre mon poids de forme et péter le feu comme jamais ?

Les clés d’une santé à son apogée 

Mesurer sa santé physique en trois indicateurs clés 

Une petite mise au point s’impose d’emblée : quand on dit « mesurer », cela ne doit bien entendu pas devenir une obsession ni une obligation.

Pas besoin de monter sur une balance intelligente tous les matins, et nul besoin non plus de bannir à tout jamais un ou plusieurs groupes d’aliments, sauf intolérance ou allergie alimentaire. Voici trois indicateurs permettant de mieux comprendre votre poids et votre état de santé :
Le duo masse grasse et masse musculaire : le poids, c’est une chose. Différencier la masse musculaire de la masse grasse, c’en est une autre, bien plus utile. Cela permet de déterminer si oui ou non, vous avez besoin de faire baisser votre poids global, en réduisant votre masse grasse si celle-ci est trop élevée. Chez les hommes, la masse grasse doit être inférieure à 15%, quand chez les femmes, elle ne doit pas dépasser 25%*.
L’équilibre alimentaire : une alimentation équilibrée, c’est la clé du poids de forme, celui auquel votre corps se trouve au top de ses capacités ! Pour déterminer vos besoins nutritionnels ou adopter une alimentation équilibrée, un petit tour chez le ou la diététicien·ne-nutritionniste est toujours une bonne idée.
Les analyses médicales et le suivi qui va avec : si inconfort il y a, ou tout simplement pour un petit état des lieux occasionnel de votre santé, les analyses médicales vous donneront une vision d’ensemble de votre état. Carences éventuelles peuvent ainsi expliquer vos vertiges ou autres désagréments. Votre professionnel de santé saura vous prodiguer les conseils nécessaires pour pallier cela.

Au-delà de la santé physique, c’est aussi votre santé mentale qu’il faudra soigner pour atteindre l’apogée de votre bien-être. Beh oui, y’a pas que dans les pecs que ça se passe, c’est aussi dans la tête.

*Source : “Pourcentage de masse grasse, adiposité, connaître les normes”, Institut de recherche du bien-être de la médecine et du sport santé.

Santé mentale : son rôle dans notre bien-être physique

Breaking news : l’expression mens sana in corpore sano, ou en français « un esprit sain dans un corps sain », serait véridique. On connait l’expression pour ce qu’elle implique en matière d’activité physique, mais on sait désormais que le mental, et tout particulièrement la santé associée, a aussi son rôle à jouer dans votre santé physique.

Attendez, pas de panique, je m’explique : disons que, comme moi, vous avez quelque lééééégers soucis d’anxiété et que vous peinez donc à vous endormir paisiblement le soir. Plus encore, disons que votre sommeil ne se trouve pas vraiment réparateur, puisque vous vous réveillez régulièrement la nuit. Sachez que c’est très probablement dû au cortisol (ndlr : l’hormone du stress) sécrété par votre corps, en réponse aux stimuli stressants de votre environnement. Surprise, surprise, cette hormone favorise… la prise de poids !

Donc non, le poids n’est pas simplement lié à l’alimentation : stress, dérèglements hormonaux, génétique, problèmes médicaux, effets secondaires d’un médicament… Avant de couper le robinet des calories, un petit tour chez un·e professionnel·le de santé peut être salvateur. Ce ne sera peut-être pas un bingo du premier coup, mais en demandant des contacts à des personnes concernées par des soucis similaires, vous devriez trouver un médecin à même de prendre en charge votre problématique comme il se doit.

Nutrition : une alimentation équilibrée pour un corps en pleine santé

Encore un truc que la balance ne vous dira pas ! Eh oui, celle-ci ne connaissant pas le contenu de votre assiette, elle ne pourra pas vous dire si votre organisme reçoit un apport suffisant en protéines, lipides et glucides…

Qui plus est, comme le poids est très souvent associé à l’alimentation, parlons un peu de celle-ci. C’est quoi, « manger équilibré » ? Laissons les pros de la question répondre : voici les conseils d’Amandine, diététicienne-nutritionniste !

Sport : allié du bien-être physique… et mental !

Bin oui, il fallait bien qu’on vous le case quelque part ! On vous le répète certainement déjà bien assez, mais c’est parce que de nombreuses études sont conduites chaque année sur le sujet et à chaque fois, la sentence est irrévocable : l’activité physique est un véritable allié bien-être, tant sur le plan physique que mental. Qu’il s’agisse d’une séance intensive à la salle, ou d’un nettoyage de votre maison du sol au plafond : bouger, s’activer, c’est la clé d’une santé à son apogée !

Si vous peinez à vous motiver, rassurez-vous, nous sommes nombreux dans la team procrastination et il y a une explication à cela. On vous en parle ici, mais aussi là (oui, on a été prolifiques sur le sujet).

Pour trouver un sport qui vous fera sortir du lit (ou du canap’, ou peu importe où vous vous trouvez), suivez quelques petites étapes qui vous permettront d’installer une chouette routine sportive :
• Trouvez un sport que vous aimez : oui, ça suppose de se tromper, mais l’échec fait aussi partie du monde sportif.
• Trouvez un rythme qui vous convienne : ni trop, ni pas assez. Trop de sport épuiserait votre corps et vous perdrez rapidement votre motivation, ainsi que votre énergie. Pas assez de sport laisserait trop de temps à votre cerveau pour en oublier les nombreux bienfaits et notamment cet infini sentiment de bien-être après une bonne séance.
• Trouvez des compagnons pour pratiquer votre sport en team : si vous avez du mal à vous motiver de votre côté, quelques ami·es sportif·ves pourraient vous aider ?
• Écoutez votre corps : si vous sentez que vous êtes trop fatigué·e pour pratiquer, préservez votre organisme. À trop tirer sur la corde, elle finit par céder !

En bref, avant de nouer des liens trop étroits avec votre balance, mettez un peu de distance entre elle et vous, pour que votre relation au poids ne finisse pas par peser (ahah) sur votre moral. Le poids n’est qu’un indicateur parmi tant d’autres et seul·e un·e professionnel·le de santé saura vous offrir le bilan complet auquel vous fier. 

Ce que la balance ne nous dit pas

Val

Journaliste - rédactrice web

Journaliste société, passionnée de réseaux sociaux (la Twitter fever, tu connais) et de sport. À mes heures perdues, on me retrouve sur une barre de pole dance ou sous la barre de hip thrust, ça dépend des jours.

De la même autrice :

une femme qui sort de son lit

Il se passe quoi dans notre cerveau quand on procrastine ?

Pourquoi notre cerveau est-il aussi récalcitrant face à l’effort, et nous pousse à procrastiner ?
Béatrice Barbusse : parcours d’une féministe en milieu sportif

Béatrice Barbusse : l'engagement égalitaire en milieu sportif

Sociologue et vice-présidente déléguée de la Fédération française de handball, Béatrice Barbusse répond à nos questions !
Aux poids libres, les femmes prennent le pouvoir

Aux poids libres, les femmes prennent le pouvoir

Vous questionnez votre légitimité à vous trouver en ce sacro-saint lieu du biceps développé et du dos dessiné ? Et si vous repreniez le pouvoir ?
deux femmes à vélo

Girls on Wheelsh : à vélo en non-mixité choisie

Ouvertes à tout le monde ou aux seules femmes et personnes non-binaires, les sorties à vélo prennent désormais différents visages. Pourquoi ?