Parlons poids, parlons bien
7h, le réveil sonne. Si la nature m’oblige à m’octroyer cinq minutes dans le secret des cabinets, à 7h05, je me retrouve dans la salle de bain, face à un miroir qui me renvoie non un reflet flatteur, mais bien des complexes qui me titillent l’estime personnelle. Il fut un temps, mon réflexe aurait été de monter sur la balance, comme pour apaiser mon esprit tourmenté par l’obsession d’un poids toujours plus bas. Aujourd’hui, je sais que ce geste n’apporte rien à mon mental et fait plus de mal que de bien à ce corps trop malmené par le passé.
Ça, c’est parce qu’entre hier (bon ok, il y a dix ans) et aujourd’hui, s’est passé un sacré paquet de séances chez ma diététicienne-nutritionniste, ma psychologue et mon psychiatre. La raison à cette armada de professionnels de santé ? L’anorexie mentale et donc l’obsession, constante et dévorante, du poids. Matin, midi et soir, mon rituel m’imposait de monter sur la balance, anxieuse, et d’en redescendre en larmes, jamais satisfaite du chiffre affiché. Ce que cette balance ne me disait pas, en revanche, c’est qu’au fil des chiffres toujours plus bas, c’est ma santé qui s’amenuisait. Vertiges, malaises, maux de tête et perte de cheveux auraient sûrement pu m’alerter, mais non. Nada, niet, rien ne m’importait plus que mon poids, seulement mon poids.
« Oh, ça ne me concerne pas », vous dites-vous sûrement. Je vous souhaite d'avoir raison ! Même si l'anorexie ne fait pas partie de votre quotidien, dites-vous qu'elle peut trouver un chemin jusqu'à vous en arrivant par la porte socialement acceptable des régimes à répétition, et donc de la diet culture. Une chose est sûre, quelle que soit votre situation, ce chiffre sur la balance peut facilement vous gâcher la vie. Et pourtant, il ne dit pas tout !