Commençons par un petit jeu : préparez-vous pour la pesée.
C’est bon ? Vous êtes les deux pieds sur la balance ?
Ok, maintenant que lisez-vous ? Votre poids en kilogrammes, jusque là rien de surprenant. Et pourtant, quelqu’un pesant exactement le même poids n’aurait pas la même composition corporelle que vous.
D’où l’importance de dissocier la masse musculaire de la masse grasse et de la masse osseuse dans le suivi de votre courbe de poids : tant qu’à s’informer sur l’évolution de son poids, autant le faire de manière détaillée et utile !
Tanguy Davin, ingénieur Recherche et Développement chez Decathlon Sportslab, nous fait profiter de son expertise en la matière...
LA MASSE MUSCULAIRE
Elle représente l’ensemble des cellules composant les muscles.
La masse musculaire joue un rôle non négligeable sur la dépense énergétique quotidienne et engendre un coût métabolique plus important que la masse grasse. Pour simplifier, cela signifie que vos muscles demandent et dépensent plus d’énergie que votre graisse.
Lors d’une perte de poids, il est important de s’assurer que la masse musculaire reste stable car une diminution de la masse musculaire provoque une diminution du métabolisme de repos. C’est à dire que la perte de muscles vous fait dépenser moins d’énergie, même quand votre corps n’est pas en activité.
LA MASSE GRASSE
La masse grasse est l’ensemble des cellules composant les graisses de votre corps.
Ces cellules, pourtant tant redoutées, sont essentielles au bon fonctionnement de l’organisme. Il est donc primordial d’en avoir un pourcentage suffisant.
Par exemple, chez la femme, une masse grasse inférieure à 22% peut entraîner des troubles hormonaux. Par contre, une surcharge pondérale peut entraîner des troubles du métabolisme.
Cette réserve d’énergie considérée comme inépuisable est plus sollicitée dans des efforts de faible intensité à modérée et aussi lors de la phase de récupération post effort.
L’équilibre pondéral est atteint lorsque la quantité d’énergie apportée par l’alimentation est égale à la quantité d’énergie dépensée pendant la journée.
Une perte de poids se traduit par un déséquilibre en faveur du nombre de calories dépensées. A l’inverse, la prise de poids se caractérise par une prise alimentaire supérieure à la dépense énergétique journalière.
Pour perdre du poids il est important de réduire sa consommation alimentaire en obligeant son corps à piocher dans les réserves de masse grasse, mais aussi d’augmenter la dépense énergétique journalière à travers l’activité physique.
Dès la fin du XIXe siècle les propriétés électriques des tissus du corps humains ont été découvertes. Il a fallu attendre les années 60 pour que l’impédancemétrie soit utilisée pour déterminer la masse maigre et l’eau contenue dans le corps.
L’évolution des méthodes a fait de l’impédancemètre un outil transportable et sans risque, la mesure est simple et non invasive et les résultats sont reproductibles et rapides à obtenir.
L’impédancemétrie s’est largement démocratisée pour être utilisée aussi en dehors du cadre médical permettant ainsi de suivre facilement l’évolution de sa composition corporelle en plus de son poids.
Comment ça fonctionne et que mesure-t-on réellement ?
L’impédancemètre envoie un courant électrique imperceptible d’une électrode à une autre. Le courant traverse alors les différents tissus de note corps.
Ces tissus (muscles, organes, graisses…) contiennent de l’eau et des électrolytes qui conduisent plus ou moins bien l’électricité.
Les muscles possèdent un pourcentage d’eau et d’électrolyte supérieur à la masse grasse, le courant traversera alors plus facilement la masse musculaire que la masse grasse.~Ainsi en alliant l’analyse des différents flux électriques et les connaissances scientifiques de la composition en eau de chaque type de tissus, il est alors possible d’estimer le pourcentage de masse grasse et de masse musculaire de votre corps.
Vous l’aurez donc compris, l’impédancemétrie mesure la quantité d’eau comprise dans les différents compartiments du corps, cette mesure est sensible à toutes modifications des différents compartiments induites par exemple par la digestion, le sport, l’hydratation du corps, la quantité d’urine dans la vessie et de selles dans les intestins.
La mesure est donc standardisée pour obtenir un résultat fiable et utilisable pour suivre l’évolution de sa composition corporelle.
Pendant la journée la quantité d’eau contenue dans le corps varie, il est possible d’observer des différences de mesure entre le matin et le soir. Le sport et la fatigue peuvent également perturber la mesure. Il est donc recommandé en fonction de votre objectif de ne se peser qu’1 à 2 fois par semaine et toujours dans les mêmes conditions.
Le moment de la journée qui réunit le plus facilement toutes les conditions est le matin au réveil, à jeun, après un passage aux toilettes.
Ingénieur Recherche et Développement chez Decathlon Sportslab
- COSTILL, David L. et WILMORE, Jack H. Physiologie du sport et de l'exercice: adaptations physiologiques à l'exercice physique. De Boeck Supérieur, 2006.
- KYLE, Ursula G., BOSAEUS, Ingvar, DE LORENZO, Antonio D., et al.Bioelectrical impedance analysis—part I: review of principles and methods.Clinical nutrition, 2004, vol. 23, no 5, p. 1226-1243
- KYLE, Ursula G., BOSAEUS, Ingvar, DE LORENZO, Antonio D., et al.Bioelectrical impedance analysis—part II: utilization in clinical practice. Clinical nutrition, 2004, vol. 23, no 6, p. 1430-1453.
Quel que soit votre objectif sportif, surveiller l’évolution de votre masse grasse et masse musculaire vous permettra :
> d’avoir un indicateur plus préçis que votre simple poids en kg
> d’adapter votre régime alimentaire en fonction de votre objectif
> d’avoir une source de motivation supplémentaire
Alors, convaincu(e)s ? À vos pesées !