Le sport sous le prisme des réseaux sociaux : un goal inatteignable
Depuis quelques années, la tendance des vidéos “morning routine” trouve un terrain favorable sur Youtube, Instagram et TikTok. Mais si ! Ce sont ces vidéos où vous voyez l’influenceuse ou l’influenceur rayonner dès 6h du matin, et enchainer sur une session de vélo elliptique/pilates/yoga/rayez la mention inutile… Avant de vous expliquer les bienfaits de cette routine et sa simplicité. Spoiler : non, ce n’est pas simple pour tout le monde, voire pour pas grand monde (du tout).
Parfois décriés à juste titre, les chiffres de ces vidéos sont pourtant bien là : beaucoup d’internautes sont friand·es de ce type de contenus, puisqu’ils et elles y trouvent une routine perçue comme saine et idéale. D’ailleurs, ce phénomène porte même un petit nom : c’est le “that girl” routine. “That girl” (ndlr : “Cette fille” en français), c’est cette fameuse influenceuse qui arrive à se lever aux aurores, a le temps de prendre soin d’elle, de faire du sport quotidiennement, le tout dans un foyer où pas un pet de poussière ne traine, sans effort apparent.
Cette fille, on la déteste autant qu’on l’envie, alors on regarde ses vidéos pour trouver comment copier son train de vie (ou on hate watch depuis notre canapé, ça arrive aussi).
“Il est où, le problème alors ?” Le souci, c’est que ce qui est présenté dans ces vidéos est difficilement applicable par monsieur et madame Michu (comprenez : vous et moi). “Tout est mis en place pour vous laisser penser que ces routines sont atteignables”, analyse Nawal Abboub, “On vous dit ‘parce que ça a marché pour moi, ça doit marcher pour vous aussi’, mais scientifiquement, c’est un argument un peu fallacieux, puisqu’on ne fonctionne pas tou.tes de la même manière”.
Se lever à 5h du matin -comme suggéré dans le fameux livre “Miracle Morning”, référence en la matière- pour méditer, faire du sport, écrire quelques lignes… Sur le papier, ça donne, certes, l’idée que le monde vous appartiendra une fois cette routine en place. Mais la réalité, c’est que se lever si tôt, puis enchainer sur un 9h-18h au travail, et s’occuper de la maison ou autre activité en rentrant le soir, c’est une tout autre affaire. La fatigue se fait vite sentir, on finit par abandonner cette routine, on se sent nul·le, et on part la recherche d’une autre routine inatteignable. En bref : on rentre dans un cercle vicieux de motivation, déception, culpabilisation qui vient attaquer notre santé mentale. Pas ouf, cette routine-là.