Sportive se demandant pourquoi elle s'est lancée dans la pratique sportive

Aimer le sport : ça vient quand, exactement ?

Si certaines personnes semblent mordues de sport, de votre côté, entre l’effort physique et vous, c’est plutôt une longue histoire de désamour. Et si vous n’aviez pas trouvé le bon sport, ou ne lui avez tout simplement pas donné le temps de vous séduire pleinement ? Alexandra Gros, neuroscientifique, nous donne les clés pour établir la parfaite idylle entre le sport et vous. 

« Moi, la course à pied, je n’y arrive pas, je perds un poumon au bout de deux minutes et j’ai mal aux genoux ». Peut-être avez-vous déjà prononcé ou entendu ces quelques mots ? Eh bien, rassurez-vous, rien d’anormal là-dedans : aimer le sport à sa juste valeur, c’est une histoire de temps et d’hormones. Asseyez-vous, vous allez enfin comprendre cet·te ami·e marathonien·ne qui vous explique courir 42km « pour le plaisir ».

« Donne-moi le temps » d’aimer le sport

À l’inverse de votre ex, peut-être n’avez-vous pas vraiment donné l’occasion au sport de pleinement vous rendre heureux·se. Car oui, une seule séance ne vous permettra pas de ressentir tous les bienfaits d’une pratique sportive régulière, et donc de développer ce petit goût de « reviens-y » tant recherché. Pourtant, lors de cette première séance, il se passe déjà un petit quelque chose, une étincelle, des papillons dans les abdos… Entre le sport et vous, ça semble matcher.

Bon, avant de savourer ce premier shoot d’hormones, on ne vous cache pas qu’il faudra transpirer un peu. Les hormones ne se libèrent qu’une fois passé le cap si difficile des vingt premières minutes (c’est une moyenne, ne mettez pas de chrono, vous risquez d’être déçu·e), celles-là même durant lesquelles vous maudissez sur plusieurs générations cet ami qui vous a conseillé le footing « parce que ça fait un bien fouuuuu ». Vous pestez, jurez, et après vingt minutes de dur labeur sportif, paf ! Ça se débloque, et vous vous surprenez à apprécier l’effort.

« Magique » ? Non, chimique. « Faire bouger ses muscles et son système cardiovasculaire, rien que ça, ça libère déjà des hormones », explique Alexandra Gros. En effet, les signaux de stress envoyés par vos muscles et votre système cardiovasculaire à votre cerveau vont faire réagir ce dernier. « Un stress, ce n’est pas forcément négatif, mais dans le doute, le cerveau va libérer des endorphines pour vous aider à y faire face », continue l’experte, « il se passe d’ailleurs la même chose durant l’accouchement ».

Peut-être vous apprêtez-vous donc à donner naissance à une nouvelle passion sportive…

« L’envie d’aimer » l’effort, levier d’un rapport sain au sport

Vous êtes toujours là ? C’est bon signe, vous cherchez donc véritablement à apprécier la pratique sportive. Vous sentez impliqué·e dans cette nouvelle relation, et comptez bien la pérenniser. Et ça tombe bien, puisque l’envie est déjà une première source de motivation solide à laquelle vous accrocher pour trouver ce fameux sport qui vous suivra sur le long terme, le vrai, l’unique, le bon : celui qui fera valser vos hormones, gonfler vos muscles et vibrer votre système cardiovasculaire.

Cependant, commencer un sport est une chose, installer une relation saine à celui-ci, c’en est une autre. Pour ne pas brûler votre motivation sur l’autel de la passion, tout est question de dosage : on ne passe pas d’une absence d’activité sportive (ou presque) à cinq séances par semaine du jour au lendemain. 1) Vous risquez de vous blesser et 2) vous risquez de vous dégoûter du sport en question. Allez-y en douceur, apprivoisez votre toute nouvelle pratique sportive, découvrez vos limites, vos axes de progression et vos préférences… Car oui, le fait d’avoir pratiqué x fois un sport ne vous empêchera jamais de l’abandonner, de recommencer avec un nouveau sport ou d’en tester d’autres en parallèle. Vous avez le droit d’essayer et de vous tromper, il n’y aura personne pour vous blâmer !

Et chimiquement, à l’intérieur, il se passe quoi ? « La pratique sportive, qu’elle soit régulière ou occasionnelle, va moduler la libération de certains neurotransmetteurs, notamment ceux des systèmes de régulation : la dopamine, les monoamines (adrénaline, noradrénaline, sérotonine) », explique Alexandra Gros, « Ces neurotransmetteurs régulent les grandes fonctions de notre cerveau ». Ce rôle de modulation est important, puisqu’il permet de libérer les bonnes hormones au bon moment. En gros, plus vous pratiquez une activité sportive de manière régulière, plus vos muscles et votre cerveau s’habituent à l’effort et y réagissent de mieux en mieux.

Voilà pourquoi votre pote marathonien aime tant courir quand vous priez tous les dieux de vous achever au bout de 300 mètres de marche rapide.

running route
running route

Peut-on aimer le sport quand on est en dépression ? 

On ne vous fera pas le coup du « tu es triste ? Arrête (et cours) », mais il est important de noter que le sport peut être bénéfique en cas de dépression, puisqu’il favorise la libération de sérotonine, faisant défaut aux personnes dépressives. Cela ne traitera pas le fond du problème, mais une pratique sportive régulière peut vous permettre de sortir la tête du brouillard le temps d’un footing, par exemple.

Toutefois, certaines personnes faisant face à des épisodes dépressifs ont parfois du mal à se lever. Dans ce cas, rien ne sert d’insister, au risque d’ajouter la culpabilité à leur quotidien déjà bien difficile. Si vous ou l’un de vos proches vous reconnaissez ici, vous pouvez vous rapprocher du Centre Médico-Psychologique (CMP) le plus proche de chez vous pour une prise en charge gratuite, ou d’un·e psychiatre libéral·e.

« J’y pense et puis j’oublie » que le sport me fait du bien 

Pour que le sport ne soit pas qu’un coup d’un soir (ou du matin, tout dépend de quelle team vous êtes) et pour construire cette relation solide que vous convoitez tant, il va falloir le rappeler à votre bon souvenir. Si, si, souvenez-vous de ce bien-être qui vous a envahi·e en fin de séance, ce sentiment de légèreté et de training accompli… Extase, bonheur infini, vous aviez alors promis d’y retourner après une bonne journée de récupération. Pourtant, vous n’êtes jamais remonté·e en selle, n’avez pas sauté à nouveau dans le grand bain, ni renfilé vos baskets.

Pourquoi ? Parce que vous avez tout simplement oublié l’état de bien-être dans lequel vous vous trouviez alors, et vous êtes heurté·e entre temps au mur de la flemme. Ça arrive, ce n’est pas une fatalité. Si la flemme vous attrape dans ses filets, tentez au moins d’y échapper. Comment ? En amour comme à la guerre, armez-vous efficacement face à l’ennemi :
Préparez une playlist de Warrior (je ne veux pas vous influencer, mais mettez du Taylor Swift).
Préparez votre tenue de combat la veille, et disposez-la bien en évidence pour vous motiver.
Trouvez des allié·es : qu’il s’agisse de votre conjoint·e, de votre famille ou d’ami·es, planifiez votre prochaine sortie en groupe. Ainsi, impossible de baisser les bras sans excuse valable !
Prenez l’ennemi à son propre jeu. Allez-y en douceur : petits étirements avant le grand saut, petites foulées au grand air avant le sprint, brasse à la cool avant le crawl… Votre corps aussi a besoin de se préparer à l’effort.
Récupérez pleinement entre deux séances : on ne pratique pas tous les jours, sans donner le temps à son corps de récupérer ! La récupération fait d’ailleurs pleinement partie de votre entraînement. Sans récup’, pas de perf’ !

Qui plus est, tout couple a ses petites routines, et votre relation au sport n’y coupera pas. Avant de vouloir pimenter votre pratique, trouvez vos piliers pour habituer votre corps à cette toute nouvelle relation. Commencez par vous fixer des rendez-vous réguliers et objectifs réalisables, pour vous habituer aux petites victoires et éviter les frustrations. Ensuite, donnez le temps à votre pratique de se développer, et à votre agenda de s’adapter !

Votre crush sportif a désormais trouvé sa place dans votre vie, mais comment construire une relation physique durable et un amour véritable pour le sport ?

« Allumer le feu » de l’amour sportif, c’est bien, entretenir la flamme, c’est mieux

« Tu ne me portes plus comme avant », pleure ce petit jogging arboré tristement ou laissé au placard depuis trop longtemps. Bin oui, comme en amour, délaisser sa pratique sportive une fois, deux fois, trop de fois, laisser la routine s’installer… Mène fatalement à la rupture. Pour raviver la flamme entre le sport et vous, enfilez vos baskets, votre slip de bain ou tout autre équipement, et passez à l’action.

Pimentez votre relation sportive
Depuis quelque temps, entre votre sport et vous, ce n'est pas la joie. La routine s’est installée : métro, boulot, biscoteaux, dodo… Rien n’est perdu ! Surprenez-vous, et ouvrez-vous à une nouvelle pratique pouvant compléter votre activité sportive initiale. Pour les poleur·euses (NDLR : celles et ceux qui pratiquent la pole dance), tentez la musculation pour gagner en puissance, par exemple. Si le temps vous manque, vous pouvez aussi changer votre parcours, votre routine sportive ou tout simplement vous offrir une nouvelle tenue (en seconde main, de préférence) pour vous motiver à nouveau !

Créez le manque
Après de longues années de pratique, ou même quelques mois, peut-être vous êtes-vous lassé·e de ce sport qui autrefois vous faisait tant vibrer ? Une pratique intensive sans pause peut vite mener au dégoût. Pour éviter la rupture (des ligaments comme de votre relation au sport), accordez-vous des périodes de trêves sportives et une récupération suffisante. Bref, donnez-vous l’occasion de vous manquer, votre sport et vous.

Présentez votre sport à vos proches
On vous en parlait plus haut, mais le simple fait de partager votre passion avec vos proches peut aussi raviver la flamme entre votre sport et vous. Eh oui, un petit footing entre copains-copines ou en famille, et c’est toute votre pratique qui gagne en saveur ! « Faire du sport avec des personnes que l’on apprécie peut aussi permettre la libération d’hormones », précise même Alexandra Gros. 

Un homme et une femme en train de s'entraîner
Un homme et une femme en train de s'entraîner

« Je t’aime, moi non plus » : la relation toxique au sport

Véritable addiction ou trouble du comportement alimentaire, certain·es sportif·ves développent une relation au sport pour le moins toxique. Pourtant, selon Alexandra Gros, nous ne sommes pas toutes et tous égaux et égales face au risque d’addiction. « C’est un phénomène très particulier, il y a des facteurs génétiques, épigénétiques, environnementaux… Dans un même contexte, une personne pourra devenir addict au sport ou à une substance, quand une autre personne, non », souligne l’experte, « on ne sait pas si l’addiction est liée aux hormones ou à la pratique en elle-même ».

Cette addiction au sport relève d’une véritable pathologie, la bigorexie, aux symptômes bien précis, et on vous en parle juste ici.

À la question “aimer le sport, ça vient quand, exactement ?” plutôt qu’un timing précis, on répondra donc qu’en réalité, il existe autant de relations au sport que de sportif·ves. Toutes ces relations ont cependant été construites au fil du temps, à force d’efforts, de temps de récupération, de plaisir dans votre pratique mais aussi d’échecs. Vous voilà maintenant au courant des étapes de vie d’une relation saine au bon sport, celui qui vous fera du bien et que vous pratiquerez bientôt avec entrain. Promis, dans quelque temps, vous pourrez regarder derrière vous et faire un petit clin d’œil à votre « vous » passé, en train de grommeler dans un coin « le sport, moi, j’'aimerai jamais ». 

Val, autrice de l'article

VAL

Journaliste - rédactrice web

Journaliste société, passionnée de réseaux sociaux (la Twitter fever, tu connais) et de sport. À mes heures perdues, on me retrouve sur une barre de pole dance ou sous la barre de hip thrust, ça dépend des jours.

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