Entrisme féministe dans le milieu sportif : un combat difficile, mais nécessaire
Est-on plus efficace dans le système, ou en dehors de celui-ci ? Cette question, toutes les féministes se la sont posée au moins une fois, et Béatrice Barbusse n’y échappera pas.
“C’est le documentaire sur Hillary Clinton qui m’a convaincue que c’est de l’intérieur que l’on peut faire bouger les choses, attaquer le système, tout en ayant également des personnes à l’extérieur de celui-ci”, explique l’experte, “Mais on ne se rend pas compte à quel point c’est épuisant, surtout dans un système où vous devez vous battre pour dénoncer, faire avancer les choses tout en faisant attention à ne pas y aller trop fort, faire attention à ce que vous dites et comment vous le dites…” Ce sont des monstres d’énergie que Béatrice Barbusse déploie chaque jour, notamment dans ses fonctions de membre du conseil d'administration de la Fédération française de handball à partir de 2013, puis de vice-présidente déléguée de la Fédération depuis 2020. Béatrice Barbusse n’hésite pas à jouer des coudes pour pointer du doigt les dysfonctionnements internes, les propos ou attitudes déplacés, les avancées à entreprendre plus ou moins urgemment en matière d’inclusion et de diversité… Quitte parfois à se faire qualifier de “casse-couille” (oui, rien que ça) pour ses prises de position en faveur de l’égalité des genres. “Si je peux contribuer à faire avancer une cause, je le fais volontiers, peu importe ce que l’on pense de moi”, souligne-t-elle cependant.
L’experte ne lâche rien, et continue son combat. “Aujourd’hui, je le fais parce que j’en ai les moyens, j’ai des ressources intellectuelles, de pouvoir, de statut, et je me dis aussi que c’est mon devoir”, explique Béatrice Barbusse, “Je trouve de la satisfaction non dans l’action, mais dans les résultats obtenus”. Parmi ces résultats, l’experte a notamment permis l’installation le 8 mars 2021 d’une statue au Comité national olympique : celle d’Alice Milliat, pionnière du sport féminin. Pied de nez symbolique aux propos de Pierre de Coubertin sur les athlètes féminines, la statue d’Alice Milliat a été installée à la même hauteur, et dans un style bien plus moderne que la statue dédiée à celui qui déclara en 1912 à propos des olympiades féminines : “Impratique, inintéressante, inesthétique, et nous ne craignons pas d’ajouter : incorrecte, telle serait à notre avis cette demi-Olympiade féminine. Ce n’est pas là notre conception des Jeux olympiques dans lesquels nous estimons qu’on a cherché et qu’on doit continuer de chercher la réalisation de la formule que voici : l’exaltation solennelle et périodique de l’athlétisme mâle avec l’internationalisme pour base, la loyauté pour moyen, l’art pour cadre et l’applaudissement féminin pour récompense.” Les femmes sont désormais dans les stades, sur les pistes de course et ailleurs, ne lui en déplaise.
Consciente de l’importance de la représentation et des rôle-modèles féminins, Béatrice Barbusse se dit particulièrement fière de cette installation, qui aura demandé sept ans de négociations. Loin de n’être qu’une statue, celle-ci fait figure de symbole, et donne le la à toutes les femmes évoluant dans le milieu sportif : vous y avez pleinement votre place, et votre voix peut et doit être entendue.
De la force et de l’énergie, Béatrice Barbusse aura donc su en déployer pour mettre en place les premiers changements nécessaires dans le milieu du handball, et diffuser ces évolutions bien au-delà. Pour y parvenir, l’ex-athlète a également usé de tactique et mise sur les futures générations pour reprendre ce flambeau capital.