Perdre du poids pour être beau : ça n’a pas toujours été comme ça
Premier enseignement : c’est assez nouveau. La perspective historique montre que la course à la perte de poids est une invention moderne. Longtemps, en effet, être mince n’avait pas vraiment la cote… Ainsi, au Moyen-Âge, être rond•e était perçu comme une très bonne chose : cela signifiait être
en bonne santé et ne manquer de rien. Perdre du poids, à l’inverse, c’était prendre le risque d’être emporté un peu vite par la première épidémie ou famine venues. Cet idéal de la rondeur va perdurer de longs siècles dans les sociétés européennes, y compris en France. Jusqu’au XIXe, plus
exactement.
Et puis est arrivé le XXe siècle, avec son progrès technique, son agriculture industrielle et son abondance alimentaire. D’un coup, avoir un peu de gras en réserve pour passer l’hiver ou surmonter une vilaine grippe est devenu inutile. Les kilos superflus vont donc perdre progressivement de leur intérêt. En France, par exemple, les années 20 et 30 marquent un tournant : la mode exige soudain des femmes qu’elles n’aient plus de formes. Exit les hanches dodues et les seins copieux, la femme moderne doit avoir un corps d’ado freluquet ! C’est la mode « garçonne ». Ce culte de la silhouette filiforme ne va cesser ensuite de s’amplifier, et ce jusqu’à aujourd’hui. En à peine 100 ans, donc, la norme s’est littéralement inversée.