Outre la prononciation souvent malmenée de la discipline en elle-même - prononcée à l’allemande “handball” (comme une balle) et non “handbole”, ce sport revêt un vocabulaire pour désigner certaines actions pour le moins… surprenant.
Dans le registre du handball, le pastis ne désigne pas la boisson, la roucoulette n’a aucun rapport avec les pigeons, le kung-fu n’est pas un sport de combat et le trapèze ne se pratique pas en hauteur. Tour d’horizon du vocabulaire loufoque (j’ai un certain âge dans ma tête, donc le droit d’employer ce mot, laissez-moi tranquille) du handball !
Ce n’est ici ni un Pokémon, ni une chanson à fredonner sous la douche. Le chabala, en handball, désigne le fait, face à un·e gardien·ne de but, de feinter un tir tendu vers le bas, pour obliger celui-ci ou celle-ci à s’abaisser pour le stopper, avant d’opérer un revirement de situation en cassant le poignet pour le placer sous la balle, pour faire lober celle-ci par-dessus le ou la gardien·ne de but. Un peu fourbe, mais ce geste technique considéré comme offensif est parfois nécessaire pour parvenir à ses fins et mettre le but décisif !
Concernant l’origine de ce nom, il semblerait que cela reste un grand mystère…
On vous voit venir… Non, il ne s’agit pas ici d’une petite pause apéro d’après-match dans les vestiaires. Le pastis désigne bel et bien un geste technique en handball. Quand un·e gardien·ne de but parvient à arrêter un tir des deux mains, sans que la balle ne retombe au sol, on appelle cela un pastis, rapport peut-être à la tentation de boire pour oublier la petite honte ressentie par le ou la joueur·euse quand cela lui arrive (un bon entrainement pour éviter cette situation sera bien plus utile qu’un petit verre, soyons honnête).
Pas d’art martial ici ni de corps à corps. Le kung-fu, dans le domaine du handball, désigne ici un geste bien précis : il s’agit d’une action spectaculaire incluant deux joueur·euses, dont l’un·e, détenteur·ice de la balle, cherche à berner le ou la gardien·ne avant de passer la balle à son ou sa co-équipier·e pour qu’il/elle opère le fameux tir aérien décisif. Précision et timing parfait viendront faire de votre kung-fu une réussite !
Ce geste nous vient tout droit de l’Allemagne, puisqu’il a été inventé par Bernhard Kempa dans les années 50, qui lui donne son nom, encore employé en Allemagne : le Kempa-trick. Mais alors pourquoi « kung-fu » est-il employé partout ailleurs pour désigner cette action ? Parce que c’est en Corée du Sud que ce geste a été tout particulièrement mis en lumière, 30 ans après sa création par Bernhard Kempa, dans les années 80.
Franchement, quand j’ai lu ce nom, je me suis imaginé des circassiens arrivant sur le terrain dans une chorégraphie offensive sur trapèzes, et j’ai trouvé ça archi stylé. Il s’avère que la réalité est moins acrobatique, mais surtout plus efficace sur un terrain de handball. Logique (mais un peu décevant quand même).
Le trapèze désigne le positionnement bien spécifique des attaquants autour de la zone (ndlr : l’espace réservé au ou à la gardien·ne de but) : deux ailiers et trois arrières, formant ainsi un… trapèze, eh oui !
Non, la roucoulette n’est pas la femelle du roucool, ce gros pigeon issu de Pokémon. En handball, pour effectuer une roucoulette, il va falloir vous entrainer de prime abord, et bien échauffer vos poignets. Dans un match, la roucoulette désigne le fait pour un·e joueur·euse d’arriver près de la zone par l’un ou l’autre de ses côtés, et d’opérer un tir avec un effet, de telle façon que la balle contournera le ou la gardien·ne pour rebondir au sol et atteindre la cage de but. Ce geste, inventé selon certaines sources allemandes par le joueur soviétique Alexander Karchakewitsch et popularisé dans les années 80 par l’Allemand (oui, encore) Jochen Fraatz, nécessite à la fois une certaine souplesse du poignet, mais également de la colle (ou résine) pour que la balle ne vous échappe pas des mains avant le tir.
Voilà, maintenant que vous comprenez le lexique un peu étrange du handball, il ne vous reste plus qu’à vous exercer pour les maîtriser sur le terrain et éblouir les gradins.