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Testostérone : tout savoir sur cette hormone quand on fait du sport

Hormone essentielle, souvent considérée comme clé de la performance sportive pour certain•es, la testostérone est un sujet qui revient très souvent dans les discussions de vestiaires comme sur les réseaux sociaux… Avec son lot d’idées reçues et de conseils inappropriés. Décryptage.

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Des performances en berne ? Certain•es pensent en première hypothèse à un manque de testostérone dans leur organisme. Une envie de compétition ou de devenir un•e champion•ne accompli•e ? D'autres cherchent d’emblée un moyen d’augmenter, naturellement ou non, leur taux de testostérone. Pour démêler le vrai du faux sur la testo, nous avons interrogé Jacques Young, endocrinologue expert des troubles hormonaux chez les sportif•ves. Accrochez-vous bien, car certaines idées reçues vont en prendre un sacré coup !

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Qui consulter pour parler testostérone ?

Un premier conseil, qui vaut sur ce sujet comme pour tant d’autres : pas d'automédication et pas de honte ou de gêne à s’adresser à un ou une professionnel•le de santé. 

Il est tout à fait possible d’évoquer le sujet avec sa ou son médecin traitant, surtout si l’on craint d’avoir un manque de testostérone — ce qui est assez rare en dehors de pathologies précises ou — dans certains cas — d’un déficit calorique (sur ce dernier point, on en parle plus bas). Ce dernier ou cette dernière vous invitera à consulter si besoin un ou une endocrinologue qui pourra répondre à toutes vos questions.  

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Qu'est-ce que la testostérone et quel est son rôle ?

« La testostérone est une hormone complexe de type stéroïde, avec une structure chimique bien spécifique et qui est naturellement présente dans notre organisme », explique Jacques Young, qui précise qu’elle est « sécrétée essentiellement par les hommes. »

Pendant l'enfance, les taux de testostérone sont quasiment nuls chez tous les êtres humains, peu importe leur genre. C’est seulement plus tard que les taux diffèrent selon le sexe biologique. Cette différence hormonale s’exprime au moment de la vie fœtale, c’est son action qui conduit alors à exprimer des organes sexuels de type masculins. Pendant la puberté et l’âge adulte, les personnes masculines* vont en produire, ce qui va les conduire à exprimer des caractères comme la pilosité accrue ou encore une musculature en moyenne plus développée.

Précision importante, les femmes produisent tout de même une petite quantité de testostérone : « En moyenne, à l'âge adulte, les hommes produisent plus de dix fois plus de cette hormone que les femmes », nous explique le spécialiste.

*Certaines femmes peuvent également être concernées, par exemple en cas de SOPK ou de dérèglement hormonal plus généralement.

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Testostérone et muscle : quel lien ?

C’est bien l’écart naturel de production de testostérone qui explique pourquoi hommes et femmes ne développent pas leur musculature de la même façon. Mais cette réalité est parfois surinterprétée, et conduit beaucoup de sportifs et sportives à fantasmer ou à considérer cette hormone comme un outil magique, notamment dans le cadre de compétitions. « C'est une hormone dont on parle beaucoup dans le milieu sportif parce que, parmi ses effets, elle développe la musculature », confirme l’endocrinologue.

Pour casser les idées reçues, il faut d’abord comprendre comment l’hormone fonctionne concrètement dans notre corps. Notre expert décrit : « Les cellules musculaires, appelée fibres, possèdent des récepteurs à testostérone. Elles y sont très sensibles. Quand elles détectent la testostérone, elles se développent. La testostérone va donc faire grandir le muscle et augmenter sa force, quantitativement et qualitativement. »

Attention toutefois à ne pas tout mettre sur le compte de cette hormone. « La testostérone n’explique pas tout. L'activité physique joue aussi un rôle crucial dans le développement musculaire. Une femme qui court souvent pourra avoir des quadriceps plus développés qu’un homme assez sédentaire », poursuit Jacques Young. Un exemple qui prouve bien que la testostérone n'est pas seule responsable de nos progrès musculaires. En revanche, à niveau d'activité physique égal, les personnes qui produisent de la testostérone auront en général un niveau de masse musculaire plus important.

Testostérone : tout savoir sur cette hormone quand on fait du sport
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Surplus ou manque de testostérone : comment les identifier 

Ce qui découle sur une autre idée reçue, qui va faire grincer des dents dans certaines salles de sport : « L'activité sportive ne fait pas augmenter durablement le taux de testostérone, ce taux est en réalité plutôt constant chez les individus », affirme Jacques Young.

Si cette hormone est indispensable pour le développement musculaire, son taux plus ou moins important dans notre organisme n’est pas forcément corrélé à notre activité ou à notre talent sportif. Dit autrement, “+ de muscle” n’est pas forcément synonyme de “+ de testo”.

« Prenons un individu qui a un niveau X de testostérone. Il va rester à ce niveau X dans un intervalle de temps assez long, le fait qu’il fasse du sport n’aura pas d’impact constatable », explique l’endocrinologue. Si la testostérone fluctue légèrement et naturellement, c'est seulement en fonction de l'âge :  les taux de testostérone tendent à baisser progressivement après 30 ans. Elle pourra aussi fluctuer de façon temporaire selon :

  • Le moment de la journée : elle atteint son pic, notamment le matin, et peut croître temporairement après une activité physique intense ;
  • Le cycle menstruel chez les femmes ;
  • Le taux de masse grasse ou la qualité ou la quantité de l’alimentation ;
  • Le stress : il peut causer une diminution temporaire de la testostérone.
Toujours est-il que notre taux de base ne va pas grimper miraculeusement avec l'entraînement. Et c'est même parfois l'inverse ! Prenons l'exemple des sports d'endurance : « Les marathonien•nes ou autres sportifs et sportives d'endurance, s’ils ou elles se restreignent au niveau des calories ou s’ils ne mettent pas en place une bonne stratégie de compensation des apports alimentaires, peuvent voir leur taux de testostérone diminuer. »

Notre expert précise : « C'est le manque de masse grasse qui est en cause, puisque la masse grasse sécrète des hormones pour activer la commande cérébrale du testicule producteur de testostérone. En dessous d’un certain seuil de masse grasse, cette commande cérébrale est moins activée. »

Attention, les conséquences pour la santé peuvent alors être nombreuses et sérieuses : chute de la libido, fatigue chronique, déprime ou dépression… Croyant ainsi maigrir ou améliorer leurs performances sportives, les athlètes d’endurance qui restreignent leur alimentation peuvent entrer dans un cercle vicieux qui peut mettre en péril leur santé.

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Peut-on augmenter son taux de testostérone ?

Commençons par tordre le cou à quelques idées reçues sur les méthodes naturelles en la matière. Non, manger des œufs crus au petit-déjeuner ou soulever de la fonte ne va pas booster votre taux de testostérone. Ces croyances relèvent plutôt du stéréotype de genre. Une seule exception concerne les personnes en surpoids : « Si vous êtes obèse et que votre testostérone est basse, elle pourra en moyenne augmenter un peu si vous perdez du poids », précise notre expert, qui nuance ensuite : « votre taux restera dans la fourchette moyenne. »

Et les moyens non naturels ? Bon, les injections, concrètement, c'est non. Mais qu'en est-il des compléments alimentaires ? Eh bien, sur ce point, méfiance ! Si la créatine peut présenter des bienfaits dans la pratique sportive, elle n'a cependant pas d’incidence sur la testostérone. « C'est une idée reçue qui est entretenue à des fins commerciales », indique Jacques Young.

De même, utiliser des compléments alimentaires n’a pas d’effets démontrés sur le taux de testostérone pour les personnes qui ont une alimentation équilibrée. Pire, mal choisis, ils peuvent même comporter des substances nocives ou dopantes comme des stéroïdes anabolisants. L'Agence Mondiale Antidopage (AMA) partage régulièrement des études sur ce sujet. Dans son rapport 2022, elle indiquait que près de 10% des contrôles positifs au dopage sont liés à la consommation de compléments alimentaires ainsi contaminés.

Les risques des compléments alimentaires destinés aux sportif•ves y compris amateurs et amatrices ont aussi été clairement établis par l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire), notamment dans une étude publiée en 2016. L'agence y alertait sur « la présence possible de substances interdites ou dopantes non mentionnées sur l'étiquetage » et rappelait que « certains compléments alimentaires peuvent présenter des risques pour la santé des sportifs », et concluait : « De façon générale, l’absence de données d’efficacité scientifiquement démontrée rend les bénéfices escomptés de ces compléments alimentaires très fortement hypothétiques, rendant ainsi l’intérêt des produits les contenant largement discutable au regard des risques encourus. »

Les risques en cas de consommation de produits dopants ? Ils sont nombreux et graves : « Risque d'infarctus, effets secondaires ophtalmologiques, dépendance et donc syndrome de sevrage », énumère le médecin. Une vraie spirale infernale dont il est difficile de sortir.

Le bon réflexe si vous souhaitez prendre des compléments alimentaires est de vous rapprocher de votre médecin traitant pour en parler.

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La testostérone fascine toujours autant dans le monde du sport, mais gare aux raccourcis trop faciles ! Comme le rappelle Jacques Young : « Les sportifs et les sportives doivent faire attention aux idées et croyances, car rentrer dans ce genre de logique peut compromettre notre santé. » Un message clair : pour des performances sportives durables, privilégiez une pratique saine, une alimentation équilibrée et des informations fiables diffusées par des professionnel•les de santé. 

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Testostérone : tout savoir sur cette hormone quand on fait du sport

Thibaut

Journaliste

Journaliste depuis 15 ans, passionné de course à pied en général et de trail en particulier depuis une petite dizaine d'années. Je suis attaché à ce que la magie du sport ne passe par la diffusion de fausses informations, et vice-versa.

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