Contrer les douleurs menstruelles par le sport : c’est possible ?

Contrer les douleurs menstruelles par le sport : c’est possible ?

Roulée en position fœtale, je m’interroge : est-il vraiment possible de faire du sport alors que les douleurs menstruelles m’assaillent ? Si la bonne question était plutôt : “Comment le sport peut-il m’aider à atténuer ces douleurs ?” 

Bon, même sans en venir à la position fœtale, la première chose qui nous vient à l’esprit quand on souffre de crampes et autres douleurs de règles plus ou moins fortes n’est pas “courir un 10km”, “faire une bonne séance de HIIT” ou encore “tenter une inversion impossible au yoga”. Cependant, le sport et l’activité physique à plus petite dose peuvent avoir des effets positifs sur les douleurs menstruelles. On vous dit tout sur le sujet !

Douleurs menstruelles : les comprendre pour mieux les atténuer

Si le sport peut avoir des effets salvateurs sur vos douleurs, dans certains cas, il ne pourra pas tout faire disparaitre. Franchement, on aimerait bien, mais on n’a pas encore trouvé d’exercice miracle en la matière…

Pour mieux comprendre les douleurs menstruelles, quelques termes sont à découvrir. Dans le jardon scientifique, on parle notamment de “dysménorrhée” pour désigner ce phénomène (douloureux). Astuce vie en société : pour un langage plus soutenu, vous pourrez désormais souffler “purée de dysménorrhée” durant lesdites douleurs (de rien).

D’où viennent les douleurs menstruelles ?

Selon la National Health Service (ndlr : la NHS est l’agence publique pour la santé au Royaume-Uni), “Les règles douloureuses surviennent lorsque la paroi musculaire de l'utérus se resserre (se contracte). De légères contractions se produisent continuellement dans l'utérus, mais elles sont généralement si légères qu'elles ne sont pas perceptibles par la plupart des personnes concernées”. Seulement voilà, pendant les règles, la paroi de l'utérus se contracte plus fortement pour faciliter l'élimination de la muqueuse utérine. “Lorsque la paroi de l'utérus se contracte, elle comprime les vaisseaux sanguins qui tapissent l'utérus. Cela interrompt temporairement l'approvisionnement en sang - et en oxygène - de l'utérus. Sans oxygène, les tissus de l'utérus libèrent des substances chimiques qui déclenchent la douleur”, précise la NHS, “Pendant que votre corps libère ces substances chimiques qui déclenchent la douleur, il produit également d'autres substances chimiques appelées prostaglandines. Celles-ci encouragent les muscles de l'utérus à se contracter davantage, ce qui augmente encore le niveau de douleur”. Nul/20, je vous l’accorde.

Je sais ce que vous allez dire : “Pourquoi certaines personnes ont-elles moins mal que d’autres, voire pas mal du tout ?” Je serais tentée de vous répondre qu’à la distribution de malchance à la naissance, certaines d’entre nous étions visiblement premières dans la file, mais ce ne serait pas super scientifique. On va plutôt se baser sur la réponse de la NHS : “On ne sait pas pourquoi certaines femmes ont plus de douleurs menstruelles que d'autres. Il est possible que certaines personnes aient une accumulation de prostaglandines, ce qui entraîne des contractions plus fortes.

À noter toutefois qu’en cas de fortes douleurs pendant les règles, un rendez-vous chez un·e professionnel·le de santé peut vous aider à en déterminer la cause. Cela peut être dû à une pathologie, dont on vous parle juste après !

Endométriose, fibrome, SOPK : les douleurs menstruelles dites pathologiques

Toutes les douleurs menstruelles ne sont pas dues au fonctionnement classique de l’utérus. Certaines pathologies viennent ainsi accentuer ces douleurs :

L'endométriose : les cellules qui tapissent normalement l'utérus se développent à d'autres endroits, notamment dans les trompes de Fallope et les ovaires. Ces cellules peuvent provoquer des douleurs intenses lorsqu'elles sont évacuées lors des règles.
• Les fibromes : des tumeurs non cancéreuses peuvent se développer dans ou autour de l'utérus et peuvent rendre les règles abondantes et douloureuses.
• Maladie inflammatoire pelvienne : infection de l'utérus, des trompes de Fallope et des ovaires par des bactéries, qui provoque une grave inflammation.
• L'adénomyose : le tissu qui tapisse normalement l'utérus commence à se développer à l'intérieur de la paroi musculaire de l'utérus, ce qui rend les règles particulièrement douloureuses.
• Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) : selon l’Association Française et Européenne de Lutte contre le SOPK, “dans le cadre du SOPK, les douleurs ovariennes sont le plus souvent liées à un défaut de maturation folliculaire avec accumulation dans l’ovaire de follicules (ovules non matures) qui se traduit par une ‘anovulation’ (absence d’ovulation), ou à la croissance excessive d'un ou plusieurs follicules conduisant à la croissance de kystes ovariens fonctionnels et à la déformation des ovaires. On parle alors de ‘dystrophie endocrinienne’”.

Sport et douleurs menstruelles : pourquoi ça fonctionne ?

Si vous aussi, vous avez envie de mettre le feu à la terre entière en période de règles, le sport peut vous aider à apaiser vos douleurs (et votre esprit). Bien sûr, cette technique (le sport, pas la pyromanie) a ses limites et ne peut donc pas opérer de miracle. En revanche, prenons un exemple : personnellement, je soufre d’endométriose et le pic de mes douleurs se situe en début de règles. Les douleurs sont telles que je n’ai pas vraiment d’autre choix que de me rouler en boule contre ma bouillotte, anti-douleurs à l’appui, le temps que ma tempête utérine se calme (oui, charmante image, vous en conviendrez, mais j’ai réellement l’impression qu’on joue au jokari avec mes ovaires, alors bon). Sauf que plusieurs fois, je me suis surprise à vouloir m’étirer de tout mon long pour atténuer cette souffrance, par pur réflexe. Une fois, deux fois, trois fois… Et puis un jour, je me suis dit : “Si je tentais une série d’étirements ?” L’air de rien, cette mini-séance est devenue un véritable rituel : la crise commence, je prends mon anti-douleur, j’enfile mon jogging le plus confortable, je déroule le tapis et hop, c’est parti. Le temps que mon comprimé fasse effet, l’effort fourni a capté une bonne partie de mon attention et la douleur s’en trouve alors réduite.

Plusieurs mois plus tard, lors d’un rendez-vous de routine avec ma gynécologue, je lui demande innocemment pourquoi les étirements me font autant de bien en période de crise d’endométriose. “Il y a deux raisons à ça”, me répond l’experte, “Grâce aux hormones sécrétées lors d’une activité physique, notamment les endorphines, l’activité physique peut calmer naturellement les douleurs, dans la limite du possible. Ensuite, la distraction générée par l’activité entamée permet au cerveau de se concentrer sur vos mouvements, votre séance sportive et plus sur votre activité utérine”. En gros, vous dites à votre cerveau : “EH REGARDE LÀ-BAS, UN EXERCICE PHYSIQUE” et paf, il oublie vos douleurs menstruelles (bon, pas totalement, mais un peu quand même). Malin.

Et si pour moi, les étirements constituent le Graal, pour d’autres, ça peut être la marche, le yoga, la danse ou même le patin à roulettes. C’est le cas d’Adeline, 37 ans, “endogirl” depuis ses premières règles. “Je me suis longtemps privée de sport pendant mes crises d’endo, parce que je ne pouvais tout simplement pas quitter ma salle de bain ou mon lit”, précise-t-elle, “Avec un traitement de la douleur adapté, j’ai décidé de sauter le pas, pour atténuer la souffrance restante”. La comptable se lance alors dans une quête sportive : trouver l’activité physique qui saura lui plaire ET calmer les douleurs d’endo restantes. “J’ai fini par me laisser tenter par le patin à roulettes”, explique Adeline, “J’ai vite compris que le fait de me concentrer pour éviter les chutes, en plus de l’effort physique fourni, calmait le reste des douleurs une fois mes comprimés pris”. En bref, sur ses patins, Adeline s’éclate !

Contrer les douleurs menstruelles par le sport : c’est possible ?

Endométriose : le sport, ça aide ? 

Étant concernée par cette pathologie, je vous avoue que je n’étais pas super convaincue de prime abord. Seulement voilà, maintenant que j’ai adopté ma petite routine sportive pendant les crises de douleur ou au tout début de celles-ci, j’avoue être plutôt heureuse de m’être trompée sur la question. On vous en parle plus longuement dans notre podcast dédié au sujet.

Quel sport pour contrer les douleurs menstruelles et à quelle intensité ?

Vous êtes probablement en train de me maudire ainsi que ma famille sur plusieurs générations à l’évocation même du sport pendant vos règles, mais sachez que je viens en paix (sportive). Au fond, je ne suis que la messagère de la science, puisque bien des études ont montré que l’activité physique peut avoir des effets bénéfiques sur les douleurs menstruelles.

Du sport, oui, mais en douceur

Si vous aussi, vous avez déjà lancé un bon gros “MAIS MYTHO” à votre télévision au moment des publicités sur les protections menstruelles, vous n’êtes pas seul·e. Quoi de plus agaçant que de voir à l’écran une femme au top de son activité physique, toute pimpante, alors même que l’on se transforme en animal sauvage au premier jour de nos règles ?

Si l’activité physique était en fait une solution contre vos douleurs menstruelles ? “Vous n'avez peut-être pas envie de faire de l'exercice pendant vos règles, mais l'activité physique peut réduire les douleurs”, précise la NHS, “Essayez de nager en douceur, de marcher ou de faire du vélo”.

Voici quelques idées de sports qui pourraient vous convenir :
• La natation : les sports dits portés sont un plus en cas de ballonnement. Qui plus est, ce sport sans impact permet à votre corps de libérer des endorphines sans pour autant envoyer valser votre utérus dans tous les sens.
• La marche sportive : petit holà tout de même, en cas de problèmes de transit durant vos règles, préférez une petite balade non loin de votre domicile, afin d’éviter les catastrophes. Si vous souhaitez en savoir plus sur le syndrome de l’intestin irritable, ou sur ce qui se passe dans votre ventre quand vous faites du sport, on a aussi écrit sur le sujet ! En dehors de ça, la marche sportive peut vous apporter de nombreux bienfaits, sans les impacts de la course à pied.
• Le vélo : aussi surprenant que cela puisse paraître, le vélo a ses avantages en matière de douleurs menstruelles. Les mouvements des jambes étirent doucement la zone pelvienne, améliorent la circulation sanguine dans cette zone et atténuent par là-même les douleurs ressenties.

Les activités physiques relaxantes

Outre les endorphines sécrétées lors de l’activité physique, la respiration ventrale, le Pilates ou le yoga peuvent également vous distraire de vos douleurs par la relaxation que ces disciplines provoquent. Enfin, si vous préférez tout simplement vous relaxer sans effort, voici comment vous y prendre.

Contrer les douleurs menstruelles par le sport : c’est possible ?

Et côté nutrition ?

Là aussi, pour faire du bien à votre utérus en pleine bataille, ce que vous mettez dans votre assiette peut faire la différence. Globalement, plus vous favorisez une alimentation équilibrée, plus vous donnez de chance à votre corps de favoriser son bon fonctionnement et donc de réagir positivement face aux crampes utérines.

Si vous ne parvenez pas à vous mettre en tenue de sport ou à vous lancer dans une activité, rappelez-vous que la position de l’enfant fait aussi partie du registre du yoga. Dites que vous faites un “balasana”, et basta.

Contrer les douleurs menstruelles par le sport : c’est possible ?

Val

Journaliste - rédactrice web

Journaliste société, passionnée de réseaux sociaux (la Twitter fever, tu connais) et de sport. À mes heures perdues, on me retrouve sur une barre de pole dance ou sous la barre de hip thrust, ça dépend des jours.

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