Une vie sportive est possible après un accident vasculaire cérébral, mieux, elle est vivement recommandée pour retrouver sensation et sourire !
Comme son nom l’indique l’accident vasculaire cérébral est un accident, il se manifeste d’un coup, ne prévient pas et change le regard des personnes qui l’ont vécu. C’est de cet « après » à la fois difficile et réjouissant que Benoît Duvivier, collaborateur chez DECATHLON, a bien voulu nous parler. Nous avons également demandé au docteur Stéphane Idee de l’Institut Universitaire de Réadaptation Clémenceau (IURC)* comment la reprise du sport après un AVC se met en place.
L’accident vasculaire cérébral (AVC) survient lorsque le flux de sang allant au cerveau rencontre un obstacle (caillot sanguin ou vaisseau sanguin rompu) touchant les vaisseaux sanguins. Si les cellules du cerveau ne sont plus alimentées en oxygène à travers l’apport de sang, elles meurent en quelques minutes et ne peuvent pas être remplacées.
Il existe deux types d’AVC :
- les AVC ischémiques ou infarctus cérébral (80 % des AVC) : artère bouchée par un caillot de sang ce qui bloque la circulation sanguine ;
- les AVC hémorragiques : rupture d’une artère, déclenchant une hémorragie intracérébrale ou rupture d’anévrisme.
« Miraculé », c’est le premier mot qui vient à la bouche de Benoît lorsqu’il repense à son accident vasculaire cérébral. En septembre 2016, en sortant de la douche, il subit une rupture d’anévrisme, lucide, il s’accroupit les bras en avant pour se protéger, puis perd connaissance.
Quelques minutes plus tard, il se réveille, avec une migraine terrible, les secours arrivent et rapidement il comprend qu’il va vivre. Cette chance, Benoît la doit selon lui, à son hygiène de vie, sa bonne constitution, la qualité de son sang qui rapidement « a stoppé l’hémorragie cérébrale en coagulant ». Suite à l’opération, Benoît se remet rapidement sur pied et retrouve des sensations, « je revivais les premières fois, être debout, mettre un pied devant l’autre, se balader, monter des escaliers, je voulais être le plus actif possible car c’était une manière efficace de prendre soin de moi et de récupérer mes capacités ».
Grâce aux séances de rééducation, de kinésithérapie et d’ostéopathie, Benoît se reconnecte à son corps, ça lui donne confiance pour la suite, sa motricité n’a pas été touchée, sa récupération est rapide. « Quand j’ai repris les exercices physiques puis un peu plus tard le sport, psychologiquement c’était très fort, car je me rendais compte des capacités que j’avais, et je savais qu’avec de l’entraînement j’allais les améliorer. J’étais dans une spirale vertueuse. »
Si bien que quelques semaines après sa sortie d’hôpital, il redécouvre le plaisir de faire du VTT, « je retrouvais la technique, la tonicité en moins, mais c’était magique ». Cet hiver-là,, il ira même goûter à un sport qui le fait « vibrer », le ski. Il descendra quelques pistes en douceur, le sourire aux lèvres.
Faire du sport après un AVC, bonne idée ? « Oui, assure le Dr Idee, on doit en faire comme toute personne qui n’aurait pas fait un AVC. Mais la reprise du sport doit être rigoureusement encadrée par des kinésithérapeutes, médecins de rééducation, neurologues et cardiologues. Cela peut nécessiter la réalisation d’une épreuve d’effort pour détecter les éventuelles contre-indications qui sont généralement liées à l’intensité du sport et de l’effort physique associé. »
Et c’est précisément l’entraînement du corps, la répétition des exercices qui va agir positivement. Le Dr Idee précise :
« L’important est de stimuler un maximum de programmes de façon à récupérer le plus possible de capacités. Après un AVC, la plasticité cérébrale perdure, et plus on va la stimuler, plus on a de chances d’améliorer ses capacités d’attention, d’équilibre, d’endurance, etc. Par exemple, plus vous allez marcher, plus vous allez améliorer votre facilité de marche, vous allez marcher plus longtemps, plus facilement, donc aller plus loin. »
Bien entendu, l’aptitude au sport ou l’envie de pratiquer une activité sportive ne sont pas garanties après un AVC. Les conséquences motrices, sensitives et cognitives sont très variées, elles s’accompagnent d’une désadaptation à l’effort du fait de l’alitement et des troubles fonctionnels. Benoît revient sur cette phase difficile. « La première semaine, après l’opération chirurgicale, je supportais une très légère clarté dans la pièce pas plus, sinon ça me brûlait les yeux. Tout était pénible, la clarté du téléphone, envoyer des sms, écouter un message, parler, bouger, je n’avais plus aucune énergie, mon cerveau fonctionnait au ralenti, la mémoire, la compréhension étaient très altérées. Je ne pensais pas que j’allais récupérer si vite. »
Pour reprendre une activité physique, le personnel soignant doit analyser le parcours de la patiente ou du patient : plutôt sportif·ve ou sédentaire ? Présence de maladies associées comme le diabète, l’hypertension, insuffisances cardiaques, troubles du rythme ? Quels sont les traitements médicamenteux en cours ? Et bien d’autres facteurs à prendre en compte dans le choix de l’activité physique à pratiquer.
« La grande difficulté, c’est de trouver le sport qui vous donne envie, ajoute le Dr Idee, ensuite, c’est en fonction des capacités de chacun·e puisque, bien souvent, il y a des choses qu’on ne peut plus faire après un AVC. Il existe une activité sportive qui convient au plus grand nombre sans devoir consulter les spécialistes auparavant, la marche. Faire de la marche à vitesse de confort au moins 30 min 3 fois par semaine est une pratique sportive tout à fait bénéfique. À noter que cette recommandation du Stroke Council of the American Heart Association* vaut pour tout le monde (AVC ou pas). Le sport permet aussi de rencontrer d’autres personnes, de rester dans la société, l’aspect social du sport a un rôle très important pour lutter contre la dépression puisque les personnes ayant une pathologie éventuellement invalidante ont tendance à se refermer sur eux et chez eux alors qu’au contraire il faut essayer d’en sortir. »
Après un AVC, l’objectif est clair, diminuer les facteurs de récidive en retrouvant la forme. Pour cela, la mise en place d’un programme d’éducation thérapeutique adapté et le contrôle de l’alimentation avec une bonne hygiène de vie sont essentiels. Ce n’est pas tout, l’exercice physique a, lui aussi, un rôle crucial à jouer.
Le Dr Idée détaille ce point :
« Quand on a fait un AVC qu’il soit d’origine ischémique ou hémorragique, il faut baisser la tension artérielle et le cholestérol, équilibrer le diabète, améliorer la cognition, la densité osseuse et réactiver les muscles. Le sport, l’effort physique, permet cela, il diminue les facteurs de risque et contribue à améliorer la perception de soi et le bien-être. »
*Gordon N.-F., Gulanick M., Costa F. et al. - « Physical activity and exercise recommendations for stroke survivors: an American Heart Association scientific statement from the Council on Clinical Cardiology » - Stroke 2004 ; 35 : 1230-40.
On ne va pas se mentir, la rééducation est souvent très longue, mais au bout de 6 mois plus de 90 % des victimes d’un AVC sont capables de marcher**. Benoît faisait du sport une à deux fois par semaine avant son accident, aujourd’hui il a repris ce rythme en étant plus prudent sur l’intensité des séances. « Entre les sensations fortes et la protection, j’ai placé le curseur un peu plus du côté de la protection. » Cette prudence, il l’associe à une soif de vivre décuplée. « Avant, j’étais déjà optimiste, mais ce qui m’est arrivé a renforcé mon optimisme, on n’a qu’une vie, il faut en profiter, je me le dis tous les matins. Et puis, j’en suis intimement convaincu, le fait de pratiquer du sport régulièrement a joué un rôle très important pour ma survie et ma récupération post-AVC. »
**Yelnik A.-P., Bonan I.-V., Simon O., Gellez-Leman M.-C. « Rééducation après un accident vasculaire cérébral » - EMC (Elsevier Masson SAS) - Paris - Neurologie 17-046-U-10, 2008.
Le conseil du Dr Idee.
« Plutôt que d’aller spontanément dans un club de sport classique, n’hésitez pas à vous rapprocher des clubs handisport où des personnels formés au handicap vous donneront des conseils de prise en charge adaptés. »
http://www.handisport.org
Comme beaucoup de soucis de santé, l’activité physique est l'un des moyens les plus efficaces pour les prévenir, mieux vivre avec ou se remettre en forme après ! Le tout est de l’adapter, avec l'aide de professionnels de la santé. Et puis, en plus de vous offrir une meilleure forme, vous vivrez de superbes moments et de belles rencontres. ;)