Le sport comme traitement ? Depuis 2017, les médecins peuvent prescrire de l’activité physique adaptée.
À qui ? Pourquoi ? Comment ça marche ? Mélody Paillat, enseignante APA (activité physique adaptée) auprès de la fédération française “Sports pour tous”, nous explique tout !
Mélody Paillat a plusieurs rôles bien engagés :
enseignante APA (activité physique adaptée), chargée de mission sport santé des Pays de la Loire au CREPS (Centre de Ressources, d'Expertise et de Performance Sportives) et intervenante à l’IFEPSA (Institut de Formation en Education Physique et en Sport d’Angers).
Autant vous dire qu’en sport santé, elle s’y connaît !
Prêt⸱e pour en savoir plus sur le sujet ?
Mélody Paillat : “Je suis enseignante APA (suite à une formation STAPS : sciences et techniques des activités physiques et sportives), salariée du comité régional “Sports pour tous” des Pays de la Loire. Pour les personnes venant de la même région, un dispositif a été mis en place pour aider les personnes avec une pathologie chronique à faire de l'activité physique dans le cadre du sport sur prescription médicale : la plateforme "ON Y VA !".
Ailleurs en France, d’autres dispositifs de ce type existent ! On peut les retrouver sur le site des ARS (Agence Régionale de Santé) par région.
Au CREPS, nous allons proposer de la formation continue pour les éducateurs sportifs dans le cadre de l’activité physique sur prescription médicale. On compte leur apporter la connaissance nécessaire pour les rendre aptes à encadrer un public avec des pathologies chroniques.”
Mélody P : “Sport sur ordonnance : les termes n’ont pas été forcément bien choisis. “Sport” peut vite faire peur, faire penser à la compétition. On parle surtout d'“activité physique”. On veut promouvoir le fait de se mettre en mouvement, bouger au quotidien : se déplacer en marchant, en faisant du vélo, du ménage… Éviter la sédentarité !
C'est ce qui est important et bon pour sa santé physique, psychique et sociale. On recommande de faire de l’activité physique “dynamique” au quotidien de limiter les temps passés assis⸱e.
Le décret du sport sur ordonnance est sorti en 2016 pour préciser les conditions de dispensation d’une activité physique adaptée, mais c’est en 2017 suite à une instruction que les médecins ont pu commencer à prescrire une activité physique adaptée dans le cadre du parcours de soins des patient⸱es atteint⸱es d’une affection de longue durée (ALD).”
L'article fondateur de ce décret présente le sport sur ordonnance sous ces mots : "Dans le cadre du parcours de soins des patients atteints d'une affection de longue durée, le médecin traitant peut prescrire une activité physique adaptée à la pathologie, aux capacités physiques et au risque médical du patient."
MP : "Seuls les médecins traitants et médecins spécialistes prenant en charge le patient peuvent prescrire du sport sur ordonnance, ils orientent ensuite les patients vers des professionnels formés, dont les professionnels de l’activité physique adaptée (APA)."
MP : “Les personnes qui ont des affections de longues durées (ALD), maladies chroniques ou présentant des facteurs de risques comme le diabète, la maladie de parkinson, de l’asthme, des problèmes cardiovasculaires, les cancers, l'obésité ou encore la dépression.
Pour les personnes qui ne souffrent pas de pathologies chroniques, le médecin ne prescrira pas d’activité physique adaptée, mais il peut bien sûr encourager son patient ou sa patiente à bouger au quotidien ou pratiquer une activité physique qui leur plaît.
On encourage à bouger pour prévenir et retarder l’apparition de pathologies chroniques et vieillir en bonne santé.”
MP : “Concrètement, le médecin fait un point sur la pathologie de la patiente ou du patient et peut ensuite l’orienter vers un⸱e encadrant⸱e de l’activité physique et sportive adaptée (APA).
L’encadrant pourra faire un bilan de la condition physique du patient et l’accompagner dans la pratique d’une activité physique adaptée et personnalisée tout en étant suivi par son médecin.”
MP : “Il n’y a pas de conditions particulières sinon celle d’avoir une affection de longue durée, une maladie chronique ou des facteurs de risques."
On peut retrouver la liste de la trentaine d’ALD (affection de longue durée) juste ici :
MP : “Toutes les complémentaires santé ne prennent pas en charge le sport sur ordonnance, ça va dépendre de chacun. Ce qu’il faut, c’est se renseigner auprès de sa complémentaire santé, sa mutuelle ou son assurance pour voir si elle peut aider financièrement pour les programmes en activité physique adaptée. Ni la prescription, ni la dispensation d’une activité physique ne sont remboursées par l’assurance maladie.”
MP : “Plusieurs lieux permettent d’encadrer et de proposer une activité physique adaptée.
Il y a les Maisons sport-santé, 288 en France pour le moment, de plus en plus de structures se labellisent “maison sport-santé”. Ce sont des lieux de ressources qui peuvent prendre plusieurs formes : centre médical, club sportif, bus sport santé, etc.
Cela peut aussi se faire au travers d’associations sportives ou encore des structures privées qui ont des professionnels formés, des micro-entrepreneurs, des enseignants APA…”
MP : “La plupart des sports peuvent être prescrits du moment que les sports sont adaptés. Adaptés à la pathologie, aux besoins, aux envies de la personne, aux capacités du ou de la patiente, mais on peut tout adapter ! Le tout dans un cadre sécuritaire.”
MP : “Un⸱e coach APA c’est spécifique. “APA” c’est assez large. Il faut bien différencier les enseignant⸱es en activité physique adaptée du coach APA. Les enseignant⸱es APA proviennent de formations universitaires STAPS, bac + 3 ou +5 et qui sont formés en autre par des professionnels de la santé sur la pathologie chronique et l’activité physique.
Dans le cadre du sport sur ordonnance, une personne enseignante APA peut encadrer des personnes avec une ALD jusqu'à des limitations fonctionnelles modérées voire sévères.
Ensuite, il y a l’éducateur sportif qui peut proposer de l’activité physique adaptée. Les éducateurs sportifs peuvent suivre un complément de formation dans le domaine des activités physiques et de la santé, avec une certification permettant d’encadrer le sport sur ordonnance. Ils⸱elles pourront prendre en charge des personnes ayant une pathologie chronique stabilisée avec aucune limitation voire des limitations fonctionnelles minimes.”
MP : “l’APA a pour objectif de permettre à la personne de retrouver un capital santé, de développer ses capacités physiques, d’atténuer les effets de la maladie, permettre de la stabiliser et de réduire les traitements.
Pour avoir de réels résultats, il faut faire de l’activité physique, mais il faut qu’elle soit régulière ! Si je fais ma séance de sport prescrite par mon médecin une fois par semaine, mais que les autres jours je ne bouge pas, c’est mieux que rien certes, mais on ne profitera pas de tous les bénéfices.
Avec une activité physique régulière, on va renforcer ses muscles, obtenir plus de force, de souplesse et d’équilibre aussi (très intéressant pour prévenir des chutes, notamment pour les personnes séniors).
En bougeant au quotidien, on peut avoir une meilleure endurance cardiovasculaire, être moins fatigué⸱e, monter les marches sans s’essouffler…
On améliore son quotidien, on se sent mieux, on est en meilleure santé et en plus de ça, on crée souvent du lien social qui fait du bien au moral !”
MP : “Il y en a plein ! Aller au travail à vélo, choisir les escaliers, marcher, si on prend les transports en commun s’arrêter un arrêt plus tôt pour faire le reste à pied, pour les petites courses privilégier les sacs plutôt que le caddie, quand on passe un coup de fil on peut marcher en même temps, au travail on peut aussi faire des réunions en marchant.
C’est tout ça l’activité physique, ces petits gestes au quotidien qui nous font bouger et qui permettent de s’offrir plus de bien-être.”
Maintenant, vous savez tout sur le sport sous ordonnance !
Merci à Mélody pour toutes ces explications, sa bonne humeur et son professionnalisme durant notre échange.
Contact professionnel de Mélody Paillat : [email protected]