Enfants sportifs : comment bien les accompagner ?

Enfants sportifs : comment bien les accompagner ?

Dans cet article, on vous explique comment accompagner les enfants vers une pratique sportive saine et plaisir.

Quand on est sportif·ve, c’est toujours super de partager sa passion avec ses proches ou, simplement, de les motiver à leur tour à faire du sport  : que ce soit ses amie·s, ses collègues, sa famille ou peut-être aussi… ses enfants. Et même si l’on ne pratique pas, les soutenir et les encourager à bouger, c’est toujours une bonne idée ! 

Pour les plus jeunes, il est cependant important de connaître leur niveau d’activité physique et de forme pour respecter au mieux leur développement, leur rythme et, surtout, leur bien-être. 

Pour tout savoir et faire au mieux avec nos petits bouts comme nos ados, c’est la médecin du sport et de rééducation au CHR de Lille, Docteure Valérie Wieczorek qui a répondu à mes questions. Elle accompagne au quotidien les sportif·ves de tout âge, “de l’amateur·e jusqu’au haut niveau”.

Dans cet article, vous découvrirez aussi le témoignage d’Eyden Cazes, 8 ans, qui s’est lancé le défi de courir 10 kilomètres.

En vérité… Il n’y a pas d’âge spécifique. Comme le rappelle la médecin du sport Valérie Wieczorek : “Les enfants sont faits pour bouger et se dépenser !”. Alors, plus tôt ils et elles se mettent en mouvement, mieux c’est !

En ce qui concerne les activités sportives davantage structurées, c'est-à-dire en club, fédération ou association, les animations débutent souvent dès la section “baby” (qui correspond à la tranche d’âge des 3-4 ans). L’avantage en se tournant vers ce genre de structure, c’est qu’elles sont souvent encadrées par des professionnel·les du sport qui adaptent la pratique sportive au niveau de développement des enfants et des adolescent·es. D’ailleurs, au niveau “baby”, pour reprendre cet exemple, Valérie Wieczorek constate que l’on “ne va pas se concentrer sur la réalisation du sport en lui-même, mais plutôt sur l’utilisation du matériel, pour stimuler le développement moteur” des enfants.

La médecin du sport encourage également à se tourner vers ces organisations pour offrir aux enfants un cadre et une dimension plus collective du sport.

De votre côté, si vous êtes passionné·es de tennis, foot, running ou que sais-je, restez à l’écoute de votre enfant si vous décidez de l’emmener avec vous : il est primordial d'adapter l’activité à votre enfant, son âge et son développement.

Pour l’aspect médical : on consulte ?

Généralement, avant toute inscription, les structures vous demandent un certificat médical : l’occasion pour vous et votre enfant de faire un point sur son état de santé physique, moral et sur son développement, tout en vérifiant qu’il ou elle ne présente pas de contre-indications (bien que celles-ci “restent extrêmement rares” constate la médecin du sport).

Cette consultation est l’occasion entre autre, de s’assurer que “le développement physique de l’enfant est bien en concordance avec l’activité qu’il pratique”.

La médecin du sport rappelle qu’il est d’ailleurs important de faire la différence entre l’âge chronologique (lié à la date de naissance), et l’âge physiologique propre au développement de chacun·e. Elle constate : “L’âge de la puberté peut être très variable d’une personne à une autre, ce qui fait que pour un même âge chronologique entre 8 et 18 ans, il peut y avoir de grandes différences au niveau de l’âge physiologique”. Ainsi, les recommandations et précautions face à l’effort seront différentes en fonction de chacun·e, d’où l’importance de solliciter un avis médical.

Pour ce faire, consultez votre médecin généraliste ou un·e médecin du sport.

Comment expliquer ce qu’est le sport aux enfants ?

Selon Valérie Wieczorek, l’important est de “mettre en avant l’engagement du plaisir et de faire en sorte que l’enfant trouve le sport dans lequel il ou elle s’amusera et se dépensera tout en s’amusant”. Et de conclure : “À mon sens, c'est ça le plus important chez l’enfant”.

Pour motiver les enfants à se mettre en mouvement, il est également judicieux de leur montrer quotidiennement ce qu’est être actif·ve : eh oui, vous êtes un modèle pour elles et eux, alors courez, sautez, dansez… En bref, bougez ! D’ailleurs, vous aussi, vous y trouverez plaisir et amusement !

Enfants sportifs : comment bien les accompagner ?

↪️ Amélioration du rapport à soi et aux autres
“Le sport et l’activité physique doivent faire partie du quotidien des enfants, que ce soit pour leur développement physique (équilibre, coordination, musculature…), psychologique (meilleure estime de soi), comme pour l’appréhension des relations sociales (respect de l’autre, des règles…)”
explique la médecin du sport.  

↪️ Apprendre à aimer le sport
En tant qu’adulte en devenir, il est important d’apprivoiser le sport dès le plus jeune âge pour l’intégrer pleinement à ses habitudes et à son mode de vie : “Adulte, si l’on n'a pas fait de sport ou bien que l’on n'en a pas été sensibilisé·e pendant l’enfance et l’adolescence, il sera plus dur d’aimer le sport”. Même si bien sûr, ce n’est jamais peine perdue, rassurez-vous !

👉 Aimer le sport ça vient quand exactement ?

↪️ Lutter contre la sédentarité
Autre point pour lequel le sport à toute son importance : la lutte contre la sédentarité qui “prend de plus en plus d’ampleur chez les enfants et qui cause une majoration de l’obésité et de l’ensemble des facteurs de risques cardiovasculaires chez les jeunes” constate la médecin.
Une pratique régulière et adaptée du sport chez les jeunes permet de lutter en partie contre ces maladies.

👉Jeune et sédentarité : le mouvement avant tout

↪️ Améliorer la concentration et le sommeil
“Si la séance de sport n’est pas faite de manière intense, ni juste avant le coucher, le sport peut favoriser une bonne qualité de sommeil, une meilleure récupération, et donc de meilleures capacités d’apprentissage par la suite” explique la professionnelle de santé. Bon, ce n’est pas magique non plus, 1h de foot avec les copains et copines, ça n’offre pas systématiquement un endormissement en deux temps trois mouvements…

30mn de sport par jour, est-ce que c’est trop pour mon enfant ?

Une demi-heure de sport par jour et par enfant dans toutes les écoles primaires françaises, c’est l’engagement qu’annonçait prendre le gouvernement pour la rentrée 2022.

Une activité physique et sportive qui vient s’ajouter aux trois heures d’éducation physique et sportive obligatoire à l’école et qui surtout, vient lutter contre la sédentarité et l’inactivité physique grandissante chez les enfants.

La question que vous vous posez, c’est mais “est-ce que c’est trop” pour mon enfant ? Surtout si, il ou elle pratique déjà une activité sportive extrascolaire ?
Et bien non, loin de là. Comme je vous l’explique juste en dessous, aujourd’hui, les recommandations préconisent au minimum 1h de sport par jour pour les enfants et adolescents à partir de 7 ans, soit, en âge d’être à l’école primaire.

Et même si votre enfant pratique déjà plus qu’une heure de sport après l’école, ces 30 minutes d’activité physique en plus ne lui seront que bénéfiques, et ce, pour tous les bienfaits cités précédemment.

Enfin, pour être certain·es que votre enfant soit au top aussi bien dans son sport que dans son corps, rendez-vous quelques lignes plus bas pour parler d’entraînement intensif et de surentrainement.

Enfants sportifs : comment bien les accompagner ?

En prenant en compte le sport encadré et l’activité physique, les recommandations actuelles sont de 3 heures par jour chez les enfants de moins de 6 ans. Après cet âge et jusqu’à 17 ans, c’est 1h par jour (le double des recommandations pour les adultes).

En marge de cette activité physique et sportive, il est aussi important de chercher à limiter au maximum la sédentarité (dont nous parlions un peu plus haut chez les jeunes), soit le temps pendant lequel ils et elles restent assis·es.

Selon les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé et du Plan National Nutrition Santé, les enfants et adolescent·es ne devraient pas rester plus d’une heure assis·es en continu pour les moins de 5 ans et plus de deux heures pour les 6 à 17 ans.

Sport et compétition : comment encourager son enfant sans dépasser ses limites ?

Lors de leur pratique sportive, les enfants sont guidé·es par la passion et le jeu. Penser aux potentielles blessures, fatigues ou à l'enjeu du match ou de la compétition à laquelle ils et elles participent ou que sais-je, c’est souvent bien loin d’elles et d’eux, et tant mieux ! Simplement, du côté des parents, il est important de garder en tête ces aspects et de prendre aussi un peu de recul quant à l’intensité de la pratique de leurs enfants et leur niveau de bien-être physique et mental.

Concernant la compétition en elle-même : “Celle-ci n’est pas mauvaise pour les jeunes si c’est une volonté de leur part et pas seulement des parents” explique la médecin du sport. Valérie Wieczorek ajoute : “Les parents peuvent s’en assurer en veillant à ce que leurs enfants et l’ados soient épanoui·es, et qu’ils et elles prennent du plaisir dans ce qu’ils et elles font sans se mettre trop de pression sur leur niveau ou leurs résultats”.

Le témoignage d’Eyden “ J’ai 8 ans et j’ai couru 10 kilomètres”

À 8 ans, Eyden Cazes s’est lancé le défi de courir 10 kilomètres : “C’est papa qui m’avait donné cette idée”.  Son papa, Claude Cazes, est sportif et explorateur. Une source d’inspiration pour Eyden. Ce qu’il aime dans le sport ? “Sentir que je deviens plus fort”.

Avec son fils et sa fille, Claude a pris l’habitude de courir régulièrement. De petites distances au début, puis petit à petit “Eyden en a demandé finalement un peu plus” constate-t-il. Il ajoute : “Voyant qu’il prenait du plaisir à courir, j’ai fini par lui dire : “peut-être qu’un jour, tu pourras courir un 10 kilomètres” : une distance significative pour les coureur·ses. Et puis “10 kilomètres, c’est déjà bien pour un enfant” ajoute Eyden.
Cette idée fait son chemin dans l’esprit d’Eyden. “Un jour, pendant qu’on courait avec papa, j’ai vu une affiche d’une association d’enfants malades et j’ai eu envie de courir pour eux”, se souvient le jeune garçon.

Pendant 6 mois, Eyden se prépare et court plusieurs fois par semaine. Aux côtés de son papa, il apprend qu’il faut “toujours écouter son corps”. Il ajoute : “Moi, quand j’ai une douleur, je respire et je me dis que ça va passer et si ça ne passe pas, je ralentis ou m’arrête un peu”.
Ces enseignements, c’est Claude, son papa qui les lui a transmis : “Je pense qu’on ne se connait pas réellement soi-même tant que l’on ne s’est pas testé. Pour les enfants, je ne dis pas qu’il faut les tester à l’extrême, mais on peut voir comment ils se comportent lors de l'entraînement pour qu’ils apprennent à écouter leur corps, que ce soit sur le moment, mais aussi a posteriori”. De son côté, il insiste sur ce point auprès de ses enfants pour qu’il et elle puissent apprendre à  “fixer une douleur par exemple, puis l’évaluer et ensuite voir comment renforcer leur corps pour l’éviter par la suite”.
Claude Cazes rappelle aussi qu’“il ne faut pas non plus hésiter à inviter les enfants à s’arrêter en leur expliquant bien que l’important, ce n’est pas de faire un chrono en allant le plus vite possible, mais plutôt d’apprendre à tenir sur la longueur. Comme dans la vie finalement ” ajoute-t-il en souriant.

Le jour de la course, Eyden est prêt et confiant. Un point essentiel pour la santé mentale et physique des jeunes sportif·ves.

Pendant la course, il pense au chemin qu’il a parcouru depuis qu’il a commencé la course à pied : “Je me disais que maman et papa devaient être très fiers de moi”.

Enfants sportifs : comment bien les accompagner ?

L'entraînement intensif

“Il n’y a pas de définition véritablement établie, mais on considère qu’un enfant est dans une situation d'entraînement sportif intensif quand il est à plus de 6 heures d’entraînement structuré par semaine avant 10 ans et plus de 10 heures après 10 ansexplique la médecin du sport.
Si votre enfant ou votre ado fait plusieurs sports, il faut bien sûr prendre en compte le cumul de ces heures d’activités.

Au-delà de ces indications, il est important de rester attentif·ve pour que le sport n'ait pas de conséquences sur la santé des plus jeunes (retard de la puberté, ralentissement de la croissance, apparition plus fréquente de blessures…). La meilleure option ? En parler avec votre enfant et ne pas hésiter à consulter régulièrement un·e médecin du sport ou un·e généraliste pour faire le point !

De son côté, Claude Cazes propose une vision bienveillante du sport à ses enfants : “Le sport, c’est quelque chose que les jeunes doivent avoir envie de faire, comme pour toutes leurs activités”. S'il dit leur apprendre à “toujours aller au bout de ce qu’ils commencent en apprenant notamment à gérer les difficultés, qu’elles soient physiques ou psychologiques”, il insiste également sur le fait que ses enfants “finissent toujours leurs efforts dans un bon état”.

“Courir un 10 kilomètres à 8 ans, ce n’est pas forcément recommandé. Si j’ai laissé Eyden le faire, c’est parce que je connais mon fils et que j’ai vu ses capacités et son corps se développer progressivement et s’adapter pour être prêt”.

Le surentraînement chez les enfants et adolescents

Chez les jeunes, l’un des premiers signes de surentraînement est “l’altération des performances physiques ou sportives malgré la poursuite des entraînements” selon la médecin du sport. On parle ici de résultats plus irréguliers, moins “bons”, en tout cas inhabituels.

Plusieurs autres signaux d’alerte peuvent apparaître :

- Les troubles du sommeil ;
- Une modification de l’humeur, du comportement ;
- Un retentissement sur la scolarité (baisse des résultats scolaires) ;
- Des blessures à répétitions ;
- Des excuses pour ne pas aller à l'entraînement ;
- Les troubles de la conduite alimentaire : perte d’appétit, changement des habitudes.
Sur ce point, il est important d’avoir une vigilance accrue lorsque les jeunes pratiquent une activité sportive à catégorie de poids ou des sports à composante esthétique.

“Si l’entourage n’est pas à l’écoute de comment se sent l’enfant sur le plan physique et psychologique, il peut passer à côté”
explique la médecin du sport. Le meilleur conseil et comportement à adopter, c’est donc d’être attentif·ve au comportement de vos enfants. En cas de doute, demandez conseil et avis à des professionnel·les de santé, ils sont là pour ça !

Aussi, vous pouvez consulter le Questionnaire de dépistage du surentraînement élaboré par la Société Française de Médecine et de l’Exercice du sport. Vous avez aussi la possibilité de le remplir en ligne en cliquant sur ce lien. 👈

Quelles sont les consignes concernant la récupération ?

“De manière générale, l’enfant et l’adolescent récupèrent mieux que l’adulte” note Valérie Wieczorek. Sur ce point, ce qu’il faut surveiller, c’est surtout le respect du sommeil et du rythme alimentaire.
Pour rappel, entre 5 et 7 ans, il faut compter entre 10h et 12h par nuit et entre 8h et 10h à partir de 8 à 9 ans. Ensuite ? Entre 8h à 9h.
Surtout, il faut réduire au minimum  les modifications d’horaires entre le lever et le coucher pour essayer, autant que possible, d’avoir un rythme de sommeil régulier.

Bouger, se mettre en mouvement et s’amuser : c’est un peu la recette magique du sport… Et ça marche dès le plus jeune âge ! Se dépasser ? Oui parfois aussi, mais sans jamais oublier les limites de son corps. Alors, prenez plaisir à pratiquer avec les enfants sans oublier de rester à leur écoute !

Enfants sportifs : comment bien les accompagner ?

Manon

Journaliste & rédactrice sport

Runneuse de coeur, je suis toujours partante pour tester avec vous de nouveaux sports !
Mon objectif ? Vous transmettre mes tips et ma passion pour le sport à travers mes contenus.

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