Sport et eczéma : ça passe ou ça gratte ? 

Quand on pense eczéma, on pense souvent... démangeaisons. Et à raison, car celles-ci sont en effet l'un des premiers symptômes de cette maladie chronique.

Plus précisément, l'eczéma, est en fait une inflammation de la peau non contagieuse. C'est en tout cas ce que m'ont expliqué les experts de la Pierre Fabre Eczema Foundation. Bien que parfois difficile à vivre pour les malades, notamment sur le plan psychologique, l'eczéma reste le plus souvent bénin.

Cette maladie de la peau est très fréquente à tout âge et plus particulièrement chez les enfants. En France, par exemple, 15% des enfants et 4% des adultes sont touchés par l'eczéma.

À savoir, il existe trois types d'eczéma d'origines différentes : l'eczéma atopique, l'allergie de contact et enfin, l'irritation.

Aussi appelé dermatite atopique, ce type d'eczéma est causé par des facteurs génétiques. Ceux-ci auront alors un impact sur la structure de la peau, mais aussi, sur ses réactions de défense face à l'environnement : on parle de terrain "atopique", qui se développe souvent dès la naissance. La peau n'est alors plus capable d'assurer son rôle de "barrière" et s'inflamme plus facilement au contact de certains déclencheurs comme : le climat, la pollution, les changements de température, la sueur, le stress, certains allergènes...

L'eczéma atopique évolue sous forme de crises et de rémissions et ses manifestations peuvent durer plusieurs années, voire dans des cas plus rares, toute une vie.

Dans ce cas, la poussée d'eczéma est provoquée par le contact entre la peau et un allergène. Ici, l'eczéma est normalement réversible en évitant tout contact avec la substance responsable de cette réaction cutanée. Pour y parvenir, des tests d'allergologie permettent d'identifier et de confirmer l'allergie.

Au-delà de l'allergie de contact liée à l'exposition à un allergène, il est possible que la peau s'inflamme sous forme d'irritations lors de l'utilisation de détergent ou de dégraissant par exemple. On parle alors d'eczéma irritatif. À ce sujet, certain·es scientifiques parlent davantage d'une dermite d'irritation.

Visuellement, l'eczéma prend la forme de plaques rouges. D'ailleurs, sachez qu'à l'inverse du psoriasis (autre maladie chronique de la peau), les plaques d'eczéma n'ont pas de contours ni de limites exactes.

En cas de crise, que l'on appelle aussi poussée, la peau malade passe par plusieurs états. Dans un premier temps, celle-ci est gonflée et il est possible que de petites cloques apparaissent en surface. Celles-ci pourront ensuite suinter avant de se transformer en croûte ou encore, s'épaissir et devenir rugueuses, très sèches avec parfois, des crevasses douloureuses.

Bien sûr, il est possible que ces différents états évoluent et se manifestent différemment en fonction des personnes et de la sévérité de leur eczéma.

Enfin, en cas d'eczéma atopique, les plaques s'associent à une sécheresse particulière de la peau.

Il n'est pas possible de "traiter" un eczéma atopique. Par contre, des traitements et adaptations du mode de vie peuvent permettre aux personnes qui souffrent d'eczéma de calmer leurs symptômes et de les espacer.

Bien sûr, tout comme il y a différents types d'eczéma, il y a différentes manières de le traiter et de l’apaiser. Les traitements et gestes à adopter ne seront en effet pas les mêmes, qu'il s'agisse d'un eczéma d'origine atopique ou d'une poussée liée à une réaction allergique de contact. À ce sujet, les experts de la Pierre Fabre Eczema Foundation précisent que dans la majeure partie des cas, les crises disparaissent d'elles-mêmes au bout de quelques années.

Dans le cadre d'un eczéma atopique, deux traitements peuvent être proposés aux personnes pour lutter contre l'inflammation et hydrater leur peau. Mais avant tout traitement et pour toute prescription, il vous sera toujours recommandé de consulter un·e médecin·e ou d'un·e pharmacien·ne pour obtenir un avis médical.

En cas de forme plus aiguë d'eczéma, d'autres médicaments et traitements complémentaires pourront également être prescrits par un·e médecin·e.

Enfin, en cas d'eczéma de contact, un traitement local pourra vous être prescrit. En parallèle, les personnes malades seront encouragées à se soumettre à des tests allergologiques afin d'identifier la cause de la poussée et d'éviter ainsi l'apparition d'une nouvelle plaque.

Créatrice du compte Instagram @sask and the cities, du blog Sask and the cities, et d'une communauté d'"eczéma warrior" comme elle l'a baptisée, Saskia partage sur les réseaux son quotidien, ses astuces et découvertes autour de l'eczéma.

Atteinte de cette maladie chronique depuis sa naissance, Saskia vit avec depuis bientôt 30 ans entre périodes de crises et d'apaisements. À 25 ans, elle se retrouve lassée face à de nombreux retours de symptômes malgré le suivi régulier d'un traitement allopathique. Elle veut comprendre la source et l'origine de ses symptômes.

Alors qu'elle s'apprête à partir au Brésil pour plusieurs mois, elle comprend que le suivi de son traitement va être plus compliqué : "un mélange entre une incompatibilité avec son style de vie et un ras-le-bol général" explique-t-elle. Avec seulement un tube de sa crème fétiche dans son sac à dos, Saskia part à l'aventure : celle d'un nouveau pays et d'une nouvelle étape dans sa maladie.

À son retour, après plusieurs mois d'apaisement, "dans un cadre où l'eczéma peut à nouveau s'exprimer" me dit-elle, elle subit à nouveau une grosse crise d'eczéma. C'est à ce moment-là, qu'elle se lance dans la tenue d'”un carnet de peau" pour comprendre l'origine de ses plaques. Dans celui-ci, elle y note pendant trois semaines ce qu'elle mange, son niveau d'activité physique, mais aussi ses humeurs et émotions. Grâce à cela, elle comprend que l'origine de son eczéma vient de plusieurs choses : entre ce qu'elle met sur sa peau, (produits trop chimiques avec beaucoup d'ingrédients), les "pics d'émotions" (stress, surmenage, tristesse, incompréhensions, non-dits...) mais aussi son alimentation et hygiène de vie.

Alors qu'elle comprend l'impact de sa santé mentale sur l'apparition de ses plaques d'eczéma, Saskia décide d'entamer un suivi chez un psychologue pour travailler sur son hypersensibilité : "la peau, c'est ton premier rapport avec les autres, quand tu n'es pas bien, on dit souvent que t'es mal dans ta peau, et ce n'est pas pour rien" explique-t-elle. L'eczéma est un problème de perméabilité de la peau. En bref, celle-ci laisse entrer beaucoup d'éléments dont certains que notre système immunitaire perçoit comme un danger. De son côté, Saskia dit avoir voulu "faire de sa peau une barrière plutôt qu'une porte d'entrée aux agressions extérieures aussi bien mentalement que physiquement".

Deuxième étape pour Saskia : le soin de la peau et cela passe par un grand tri dans la salle de bain. Petit à petit, elle est de plus en plus attentive à ce qu'elle met sur sa peau en privilégiant toujours "des choses naturelles, brutes, sans parfum..." explique-t-elle.

Pour l'alimentation, elle se tourne vers sa maman, médecin nutritionniste : "j'ai toujours eu une sensibilité à ce sujet et puis en grandissant, j'ai fait le lien entre ce que je mangeais et les réactions de ma peau" se souvient-elle.

Bien sûr, dans cette démarche, Saskia n'est pas seule et elle le rappelle : "j'ai une mère et un frère médecin et ce parcours, je l'ai fait avec leur regard médical quotidien. J'étais sûre que je ne me mettais pas en danger sans supervision médicale".

Motivée à "décharger son corps de tout ce dont il n'a pas besoin, dont les toxines" Saskia reprend aussi une activité physique régulière. Elle constate tout de suite un meilleur équilibre mental et un niveau de stress diminué : "Le sport est nécessaire pour que je me sente bien dans ma peau, si bien que je ne peux plus m'en passer, c'est devenu vital pour moi, comme manger, dormir : ce n'est plus une option".

De son côté, elle pratique davantage d’activités cardio pour se défouler et "transpirer à fond" mais aussi du renforcement musculaire. Auparavant, Saskia a aussi beaucoup pratiqué le yoga.

À savoir, selon une enquête réalisée par l'Association Française de l'Eczéma fin 2023, "85,5% des patient·es atteint·es d'eczéma déclarent pratiquer une activité sportive régulière". Pourtant, encore 70,8% d'entre elles et eux "s'interdisent certains sports du fait de leur eczéma", faisant de la maladie un frein à l'activité physique pour 62%.

Chez une personne souffrant d'eczéma atopique, dit patient·e atopique, la pratique d'une activité physique et sportive peut permettre un allégement de la charge mentale liée à l'eczéma, en apaisant également le niveau de stress et en améliorant la concentration.

Chez les enfants souffrant d'eczéma atopique, il est possible que la qualité de sommeil soit perturbé à cause des douleurs et des démangeaisons. Pourtant, la qualité de leur sommeil est primordiale pour stimuler la croissance de leurs tissus, car l'hormone en cause est sécrétée durant le sommeil. À ce sujet, les experts constatent parfois qu'une dermatite atopique sévère pendant la petite enfance peut entraîner un retard staturo-pondéral lié à un développement d'une physionomie très mince. Le sport, en régulant le sommeil et en stimulant le développement musculaire et osseux, peut ainsi atténuer ces phénomènes.

Lorsque nous faisons du sport, la chaleur produite par notre corps provoque une dilatation des vaisseaux (c'est d'ailleurs cela qui nous donne les joues rouges à l'effort). Celle-ci augmente aussi notre production de sueur et donc le besoin de se gratter.

De plus, la sueur possède un pH acide et est constituée essentiellement d'eau et de sels minéraux, sa riche teneur en chlorure de sodium est alors responsable de l'effet piquant que celle-ci peut avoir sur notre peau.

La transpiration peut provoquer des démangeaisons voire des poussées d'eczéma, mais celles-ci peuvent être évitées par des mesures simples.

👉 Prendre une douche immédiatement après l'effort pour nettoyer la peau des substances irritantes présentes dans la sueur. En pratique, pour que cela soit efficace, il est recommandé de compter jusqu'à 30 sous une eau tiède ou fraîche.
👉 Utiliser un nettoyant sans savon et sans parfum
👉 Appliquer une crème émolliente sur l'ensemble du corps
👉 Enfiler des vêtements propres et secs
👉 Pratiquer une activité physique aux heures les moins chaudes
👉 Utiliser un bandeau de transpiration pour éviter que la transpiration ne dégouline trop sur la peau du visage

L'astuce de Saskia : "Je prends de l'eau pour arroser mes plaques et je porte des vêtements à manches longues en matière respirante (le plus souvent en coton) pour absorber ma transpiration tout en laissant ma peau respirer". Elle ajoute : "Et je bois beaucoup d'eau !" pour réhydrater son corps.

Tous les sports ! Bien sûr, il est tout de même recommandé de choisir la pratique d'un sport qui favorise une bonne évacuation de la transpiration. La pratique d'escrime sera par exemple moins confortable pour les personnes souffrant d'eczéma atopique, le bustier (tenue d'escrime) compliquera en effet l'évacuation de la sueur.

Pour Saskia, le bon sport, c'est avant tout celui qui nous procure du plaisir et nous correspond à nous ainsi qu'à notre état de forme : "En cas de poussée, la transpiration va démanger encore plus la peau. Ce n'est pas toujours évident de faire du cardio mais moi, je sais aussi que c'est dans ces moments-là que j'en ai le plus besoin". Elle ajoute : "L'important, c'est d'être à l'écoute des signaux de son corps".

Ici, c'est un peu au ressenti de chacun. Les experts recommandent tout de même, en cas de poussée, d'éviter les sports demandant des efforts trop extrêmes.

Hormis pendant les périodes de poussée, la baignade ainsi que la pratique de sports dans l'eau ne sont pas à proscrire pour les personnes touchées par l'eczéma. Certaines astuces et précautions permettront toutefois de limiter les sensations d'inconfort tout en protégeant au mieux la peau.

À ce sujet, Saskia précise : "La piscine, c'est à la fois bénéfique parce que le chlore désinfecte les plaques, mais d'un autre côté, ça assèche aussi énormément la barrière cutanée". "Alors le plus important, c'est de continuer à aller nager si ça nous rend heureux·se. Il suffit de bien prendre soin de sa peau et de se crémer avant et après" conclue-t-elle.

Avant la baignade, sont en effet recommandées l'application d'un lait ou d'une crème émolliente (assouplissante et adoucissante pour la peau), puis d'une crème "barrière" pour créer un film hydrolipidique sur la peau et la préserver des agents irritants.

Après chaque bain, un rinçage à l’eau douce sera encore une fois recommandé. Le séchage, quant à lui, se fera en tamponnant sans frotter la peau avec une serviette qui n’a pas séché dehors pour éviter la présence de pollens ou d’autres allergènes pouvant activer l’inflammation sur le tissu.

De retour dans la salle de bain, les experts recommandent de faire une toilette avec un gel nettoyant au cuivre et au zinc puis d'appliquer un émollient après un séchage doux.

Si des lésions d’eczéma un peu suintantes sont présentes, l’application d’une crème adéquate en couche épaisse sera conseillée sur les zones qui peuvent démanger.

Comme pour la piscine, avant la baignade, il est recommandé d'utiliser un émollient sous forme de lait ou de crème. Ensuite, une crème "barrière" permettra de réduire l'adhésion du sable sur la peau.

Le rinçage à l'eau claire ainsi que le renouvellement de la crème adaptée restent des étapes indispensables après chaque baignade, même si les périodes de baignades sont rapprochées.

L’idéal est également de garder sa serviette propre pour se sécher sans trop irriter la peau avec l'effet "papier de verre" d'une serviette remplie de sable...

De retour à la maison, direction la douche en utilisant un gel nettoyant surgras sans savon, ni parfum pour éliminer le restant de crème et de sel sur la peau. Les recommandations préconisent au moins trois minutes de rinçage avant de sécher la peau avec une serviette douce.

Ensuite, il est possible d’appliquer une crème adaptée sur les zones irritées et un émollient, lait ou crème sur les zones non irritées.

Lorsque l'on a de l'eczéma et que l'on souhaite pratiquer une activité sportive, il est important d'adapter sa tenue à la sensibilité de sa peau. De préférence, comme nous vous l'expliquions un peu plus haut, il est recommandé de porter des tenues en coton, en les choisissant une taille au-dessus pour réduire le contact avec la peau, si possible, avec des coutures extérieures ou des vêtements de sport en polyester léger.

Quelle que soit la tenue, il est indispensable de la laver après l’avoir achetée et avant de la porter. Pensez aussi à couper toutes les étiquettes (dans le cou ou sur le côté) pour éviter les irritations.

Les vêtements doivent également être lavés après chaque utilisation.

Pour l’entretien, les lessives liquides sont préférables aux poudres qui ont plus de mal à se dissoudre et doivent être bien rincées : deux fois si possible. On évitera aussi de sécher les vêtements à l’extérieur en période de pollen.

On récapitule !

↪️ Avant :
👉 Appliquer une crème hydratante ou émolliente sur la peau avant de pratiquer un sport permet de constituer un film hydrolipidique protecteur
👉 Éviter les efforts trop intenses lors d’épisodes aigus de dermatite atopique pour ne pas accentuer le développement des rougeurs
👉 Choisir, de préférence, des sports permettant une bonne évacuation de la transpiration 

↪️ Pendant :
👉 Porter des vêtements adaptés : en coton, une taille au-dessus, ou des vêtements spécifiques
👉 Ne pas pratiquer en plein soleil
👉 Utiliser un spray d’eau thermale et penser à boire (par petites gorgées) durant l’effort
👉 Essuyer sa sueur avec des poignées en éponge ou une serviette douce et non avec son tee-shirt

↪️ Après :
👉 Bien s’hydrater en buvant de l’eau minérale à volonté
👉 Attendre un peu avant de foncer sous la douche, car la sudation est retardée par rapport à l’effort
👉 Se rincer abondamment à l’eau claire tiède (rester sous l’eau en comptant jusqu’à 30) et utiliser un gel nettoyant sans savon et sans parfum.
👉 Bien sécher la peau sans frotter avec une serviette en coton doux ou en microfibre
👉 Appliquer un émollient de type crème ou lait (même en hiver)