Si sauter un repas est parfois présenté comme solution pour perdre du poids, détrompez-vous, cela vous fera plus de mal que de bien.
Anne-Laure Laratte, diététicienne-nutritionniste, nous éclaire quant aux conséquences de cette pratique.
Reprenons le problème à la base pour mieux comprendre ce que l'on entend par "sauter un repas". D’abord, il nous faudra préciser la différence entre sauter un repas dans la journée et faire un jeûne intermittent. Eh non, ce n'est pas la même chose !
Cette pratique est une tendance qui encourage à ne pas manger pendant un certain temps, sans pour autant avoir un impact sur les apports caloriques totaux au quotidien. Il en existe plusieurs types :
🕣 Le 16/8 : avec cette méthode, les personnes vont jeûner pendant 16 heures et respecter une prise alimentaire de 8h.
🕟 Le 20/4 : il s'agit d'une technique d'alimentation plus contraignante, notamment sur le plan social. Avec le 20/4, vous respectez une fenêtre de 4h de prise alimentaire, de 12h à 16h ou de 13h à 17h par exemple, et vous interrompez la prise alimentaire pendant 20 heures.
🕛 Le 24h : avec cette méthode, il convient de ne pas du tout manger pendant 1 à 2 jours maximum par semaine.
Attention cependant, le jeûne intermittent n'a pas d'effets bénéfiques prouvés scientifiquement à ce jour, et pourrait même à long terme présenter un risque cardiovasculaire. Qui plus est, faire un jeûne intermittent ne signifie pas se priver d'un repas dans la journée, mais bien regrouper les entrées caloriques sur une plage horaire donnée. "Si vous sautez un repas dans la journée de manière chronique, ce n'est pas un jeûne intermittent, mais un régime", précise ainsi Anne-Laure Laratte. Et vous savez ce que l'on pense des régimes... Non ? Eh bien, on vous le redit ici : nous, les régimes, on n'y croit pas vraiment.
Si vous sautez un repas dans la journée de manière chronique, ce n'est pas un jeûne intermittent, mais un régime
On vous le disait plus haut, le jeûne intermittent consiste en la prise de vos apports caloriques journaliers sur une plage horaire définie. Or, lorsqu'on parle de sauter un repas, on entend plutôt supprimer tout un repas, sans compenser la perte calorique de celui-ci par la suite. Niveau équilibre alimentaire, ce n'est pas franchement bénéfique, bien au contraire.
Et c'est là que le bât blesse : priver notre corps d'une partie des apports dont il a besoin, c'est mettre à mal le fonctionnement de notre organisme. Une fois ou deux, ça peut arriver et ce n'est pas moi, avec mon trouble de l'attention et ma fâcheuse tendance à zapper des repas, qui vous blâmerai pour cela, mais il ne faut pas que cela devienne une habitude, au risque de perturber votre métabolisme, mais également vos repères chaque jour. "Oui, parce que les repas et collations viennent rythmer votre quotidien", souligne Anne-Laure Laratte. Sans eux, on s'y perd, on fatigue et notre organisme n'aime pas franchement ça, d'où les fringales de sucre et les maux de tête en fin de journée en cas de repas sauté.
"Au niveau de la biologie et de la physio, on va stocker les glucides sous forme de glycogène, comme un réservoir d'essence. Ce stock dure entre 4 et 6 heures", explique l'experte, "donc si on saute le déjeuner, le dîner ou tout autre repas, en fin de réserve, on risque d'être confronté·e à pas mal d'effets indésirables". Parmi ceux-ci :
Si comme moi, au saut du lit, les œufs brouillés ou céréales ne passent vraiment pas pour vous, ou si vous faites votre sport le matin avant de prendre votre petit-déjeuner, il existe des solutions. Parce que oui, sauter le "repas le plus important de la journée", aka le petit-déjeuner, n'est pas franchement une bonne idée, puisque la fringale de 10h du matin vous guettera sûrement ! Ajoutez à cela des difficultés à vous concentrer, et voilà votre to do list du jour toujours vierge à midi. Bof bof.
Pour pallier le manque de calories au matin, optez pour une collation à 10h : focus sur les protéines notamment, pour vous caler jusqu'au prochain repas. Une tartine avec des œufs si vous êtes à la maison, un petit fromage blanc aux fruits ou au miel si vous emportez votre popote au bureau, et le tour est joué.
La réponse est : non. Je sais, il existe des tas et des tas d'articles, de vidéos et de régimes qui peuvent vous aiguiller vers la réponse contraire, mais toutes les ressources scientifiques vous soutiendront que cette pratique n'est pas saine et risque de nuire à votre corps sur le long terme. Oui, en sautant des repas, "vous observerez très certainement une perte de poids au fil des semaines, mais celle-ci s'accompagnera d'une fatigue grandissante, d'un moral en baisse et de tas d'autres désagréments", précise Anne-Laure. Pourquoi ? Tout simplement parce que votre corps a besoin de tous ses apports caloriques journaliers pour pleinement fonctionner. "Qui plus est, en reprenant une alimentation équilibrée classique et suffisante par la suite, vous reprendrez le poids perdu", poursuit l'experte.
Difficile donc de tenir un régime aussi restrictif sur le long terme, et vous savez ce qu'on dit ? "It's not a dream body if it's a nightmare to maintain". Comprenez ici : ce n'est pas un corps de rêve si c'est un cauchemar à entretenir ou obtenir.
En bref, petit-déjeuner, repas du midi ou dîner, on ne les saute pas - ou tout du moins, on n'en fait pas une mauvaise habitude -, pour éviter de perturber son organisme et conserver un équilibre alimentaire.
Vous l'aurez compris, la réponse est "non". À supposer même que vous ingurgitiez la totalité de vos apports caloriques journaliers sur un seul repas, votre corps aura du mal à assimiler la quantité de nourriture reçue en une prise, et notamment le glucose. Résultat ? Un pic glycémique monstre, des ballonnements et maux de ventre, et un mal de crâne assuré. Il vaut mieux plutôt manger deux ou trois repas par jour accompagnés de collations, pour éviter de malmener votre système digestif.
Si vous souhaitez perdre du poids via votre alimentation, demandez conseil à un·e diététicien·ne-nutritionniste, qui saura vous aider à opérer un rééquilibrage alimentaire éventuel, ou à identifier vos insécurités alimentaires en cas de trouble des conduites alimentaires.
Si vous venez de manger, il est normal d'atteindre un niveau de satiété et de ne plus ressentir de sensation de faim. En revanche, si la faim ne semble pas pointer le bout de son nez à intervalles réguliers, alors quelques questions peuvent se poser. Ici, c'est plutôt à votre médecin de répondre, puisque cela dépend de la source de votre absence de faim.
En bref, ne privez pas votre corps de son carburant si précieux, c'est lui qui vous portera dans vos aventures quotidiennes :) Allez, à table !
Journaliste société, passionnée de réseaux sociaux (la Twitter fever, tu connais) et de sport. À mes heures perdues, on me retrouve sur une barre de pole dance ou sous la barre de hip thrust, ça dépend des jours.
