Faire face à l'échec à l'âge adulte : à chacun·e sa sensibilité
Chacun d'entre nous est unique et réagit différemment aux épreuves de la vie. Cette réaction dépend de multiples facteurs : l'éducation, les expériences passées, les valeurs et les mécanismes de défense personnels.
Pour certain·es, l'échec est une source de profonde remise en question. Ils et elles se sentent alors submergé·es par des émotions négatives (culpabilité, colère, tristesse…). Leur confiance en elleux peut être ébranlée, et ils ou elles ont du mal à relativiser leurs erreurs. Cela peut entraîner des sentiments de désespoir et de dévalorisation personnelle, les poussant parfois à abandonner leurs objectifs. C’était le cas d’Élodie, avant qu’elle n’entame une thérapie. “À chaque échec, j’avais l’impression que toute ma vie s’écroulait, que j’étais nulle, que ça ne servait à rien de persévérer”, explique l’assistante sociale de 27 ans, “À cause de ça, j’ai notamment abandonné le sport, parce qu’au moindre obstacle, je sortais de la salle en larmes, avec un sentiment d’échec profond”. La jeune femme finit par se lancer dans une thérapie auprès d’une psychologue et trois ans de travail sur elle-même plus tard, c’est une tout autre Élodie qui en ressort !
D'autres personnes réagissent à l'échec de manière différente. Elles considèrent les revers comme autant d’opportunités d'apprentissage et de croissance. Plutôt que de se laisser envahir par la négativité, elles cherchent des leçons à tirer de leurs erreurs. Cette attitude peut les motiver à persévérer, à ajuster leur approche, et à travailler plus dur pour atteindre leurs objectifs. Pour elles, l'échec n'est pas un point final, mais une étape sur le chemin du succès. “C’est cette perspective qui me manquait : je voyais l’échec comme une fin, et j’ai appris à le voir comme un début, un challenge à surmonter, une opportunité de me prouver que j’étais forte, résiliente”, explique Élodie, “Aujourd’hui, je vais régulièrement à la salle, j’ai un objectif final et des objectifs intermédiaires pour me motiver à continuer ma pratique”. Oui, changer sa façon de vivre l’échec, ça s’apprend, rien n’est figé dans le marbre !
La sensibilité individuelle face à l'échec est complexe et multifactorielle. Elle peut être influencée par des expériences de vie, telles que des échecs passés, des traumatismes, des succès précédents, les valeurs... En bref, plein de choses propres à chacun·e ! Par exemple, une personne élevée dans un environnement qui valorise la performance à tout prix peut être plus encline à mal vivre un échec, quand une autre ayant déjà fait face à bien des déceptions dans l’enfance relativisera plus facilement face à celui-ci.
Les mécanismes de défense personnels jouent un rôle crucial dans la façon dont nous réagissons à l'échec. Certain·es ont des mécanismes de défense plus adaptatifs, ce qui signifie qu'ils sont capables de faire face à leurs émotions, d'accepter leurs erreurs, et de chercher des solutions. D'autres ont tendance à adopter des mécanismes de défense moins sains, tels que la fuite dans le déni ou la projection de la responsabilité sur les autres. Le classique “c’est pas toi, c’est moi” devient alors “c’est pas moi, c’est toi”.
Le sport se révèle un outil puissant pour aider chacun·e à mieux comprendre et gérer sa sensibilité face à l'échec. En pratiquant un sport, on est confronté à des défis, des échecs, et des succès, tout en bénéficiant d'un environnement structuré et d'un encadrement. Cette expérience aide à développer une meilleure connaissance personnelle et des réactions émotionnelles plus saines. On y apprend à canaliser ses émotions négatives, à persévérer malgré les obstacles, et à adopter une attitude de résilience. “Personnellement, j’ai appris à rationaliser les échecs : j’ai échoué parce que je n’étais pas en forme, parce que j’ai manqué un élément essentiel, ou tout simplement par manque d’attention ? En fonction de la réponse, je réajuste la fois d’après, pour un résultat plus satisfaisant, et je me fais moins de nœuds au cerveau face à l’échec !”, souligne Élodie, “Après la thérapie, le sport a été le terrain de jeu de mon travail personnel : la salle de sport m’a permis de mettre en œuvre ce que j’avais appris et de voir que l’échec n’est pas un ennemi, juste un passage obligatoire de la vie, dans tous les domaines. On peut en faire un problème constant ou une source inépuisable d’apprentissage”.
Le sport favorise la création de mécanismes de défense plus adaptatifs. Les sportif·ves apprennent à faire face à l'échec en cherchant des solutions, en s'appuyant sur leurs compétences, et en acceptant que les revers font partie intégrante de la compétition. Cette approche peut être transférée dans d'autres domaines de la vie, aidant ainsi les adultes à relativiser leurs échecs et à les considérer comme autant d’opportunités d'apprentissage.