Apprendre à gérer l'échec dans le sport

Apprendre à gérer l'échec dans le sport

Vous êtes sportif·ve ou supporteur·ice et la peur de l'échec vous fait peur ? On en parle dans cet article.

Rater. Louper. Perdre. Échouer. Se dire que l'on est nul·le, pas assez ci ou trop cela. Ce sont des choses qui vous parlent ? Vous êtes au bon endroit. Dans cet article, on parle du rapport à l'échec dans le sport avec Matthias Watine, psychologue clinicien,  psychologue du sport et préparateur mental.

Qu’est-ce que l’échec ?

Pour le psychologue du sport, l’échec est avant tout une perception. Il explique : “Une même action, qui pourrait être perçue comme un échec par une personne, peut tout à fait être vue différemment par une autre”. On comprend alors qu’un même événement, ou qu'une même situation peuvent être vus comme un échec par certain·es et comme une réussite par d'autres. “Tout est une question de point de vue, de sensibilité, d’approche, de niveau et même d’objectif. C’est multifactoriel”, résume finalement Matthias Watine.

“L’échec, c’est quelque chose de très subjectif”, ajoute-t-il, “Pour certain·es, ce peut être le résultat, le processus…”

Alors finalement, l'échec, ça n'existe pas vraiment ? Eh bien, il faut plutôt envisager les choses comme suit : "Soit je réussis, soit j’apprends”.

D'ailleurs, très souvent, ce n’est pas l’échec, mais la peur de l’échec qui nous fait le plus de tort. Or, celle-ci se fonde sur une anxiété anticipatrice de quelque chose qui n’a pas eu lieu (en tout cas pas encore). Finalement, c’est elle, le frein au processus que l’on veut mettre en place et à la finalité qu’on veut attendre. La solution ? Rester dans l’instant présent et ne pas être dans l’anticipation de ce qui va se passer. Il faut encore moins se focaliser sur les facteurs extérieurs qu’on ne peut contrôler, grâce à des méthodes de pleine conscience par exemple ou avec l’accompagnement de professionnel·les. L’important, c'est donc de se concentrer sur soi dans le moment présent. Le fameux lâcher prise, vous savez… 🙄

Qu’est-ce que l'échec peut provoquer chez les sportif·ves ?

Échec et répercussions physiques

Une mauvaise gestion de certaines émotions peut avoir des répercussions sur nos capacités physiques et sportives.

D’un point de vue physiologique, cela peut nous faire développer un stress dû à une production plus importante de cortisol (l'hormone du stress), de l'anxiété, voire des comportements dépressifs ou encore des troubles psychosomatiques (troubles du sommeil, de l'appétit…).

Finalement, de tels évènements peuvent entraîner tout type d’émotions et de réactions, aussi bien positives que négatives, sur notre corps et notre esprit : tout dépend de notre niveau de gestion et d'acceptation de cet échec.

Pourquoi ? Tout simplement parce que “gérer une émotion forte nous coûte en fatigue", explique le psychologue. Il ajoute : "C'est cette fatigue-là qui peut engendrer ensuite des répercussions physiologiques, comme une moins bonne récupération et en conséquence, des courbatures ou encore diverses douleurs et blessures…”

Comment se libérer de la peur d'échouer dans le sport ?

Peut-on s'y préparer ?

“Je ne dirais pas que l’on se prépare à un échec, je dirais plutôt que l’on va se préparer ou en tout cas anticiper ce qui pourrait nous mettre en difficulté, sans pour autant se dire que cela va nous mener à l’échec”, répond Matthias Watine.

Ainsi, “on peut s’appuyer sur différents facteurs de vigilance (aussi bien physiques qu'émotionnels) et c’est ce qui va pouvoir être une force pour un·e athlète”.

“Dans beaucoup de situations que rencontrent certain·es sportif·ves, l’échec dans le sport vient de quelque chose de plus personnel", constate le psychologue. Il donne en exemple le regard de l’autre, la peur de l’abandon… D'où l'importance de trouver l'origine des problématiques pour les travailler et, à terme, y remédier.

Est-ce que certaines personnes sont plus impactées par l’échec ?

Ici, la réponse est assez simple : oui, celles qui s'investissent le plus. En fait, plus on s'investi·e, plus on risque d'être déçu·e. C'est en tout cas ce qu'explique Matthias Watine : “Tout dépend de l’implication, du temps et de l’énergie consacrés, mais aussi de si cet événement est partagé ou non… Plus il y a de facteurs, plus cela risque de nous impacter."

Mais n'y voyez pas une raison de vous désintéresser du sujet, pas du tout ! Simplement, vous pouvez essayer de repenser vos objectifs et, surtout, d'apprendre à les questionner en vous intéressant par exemple à l'ensemble du processus qui vous mènera vers la réussite.

Apprendre à gérer l'échec dans le sport

L’objectif : bonne ou mauvaise idée ?

“Bonne et mauvaise”, répond en souriant le psychologue. En tout cas, pas comme “l’objectif que l'on entend, nous, en tant qu'adulte et qui rime avec résultat” : performer, transformer son corps, perdre du poids… Des objectifs souvent mesurables et très (trop ?) concrets.

L'idée, c'est donc de retrouver l'un de nos premiers "objectifs"...

“Bien souvent quand on commence le sport, notamment quand on est enfant, on n'a pas d’autre but que celui de s’amuser et de prendre du plaisir”, remarque Matthias Watine. Le voilà, notre bon objectif, tout aussi important à l'âge adulte ! Pour cause, bien souvent, si l’on ne prend pas de plaisir en faisant du sport, on finit par arrêter.

"Avec notre vision d’adulte, l’objectif est omniprésent", constate Matthias Watine. Il ajoute : "La vraie question, c’est plutôt de savoir quels sont pour nous les bons objectifs en essayant de se décentrer des résultats. Car, de toute façon, il n’y a toujours qu’une personne qui gagne. Or ce n’est pas parce que l’on ne gagne pas que ce que l’on fait est nul”, rappelle-t-il.

Alors, on fait quoi ? Eh bien l'idée, c’est de se dire que oui, on a perdu, mais également de se questionner quant à notre tactique ou encore notre présence physique sur le terrain par exemple, notre niveau d'énergie, de plaisir...

Oui, oui, avoir pris du plaisir pendant un match ou une séance de sport peut être un très bon objectif. Le psychologue le rappelle d'ailleurs : “L’essence même de la pratique sportive durable, c'est le plaisir, que l’on soit amateur·ice ou professionnel·le. D'ailleurs, bien souvent, plus on retrouve la notion de plaisir, plus on atteint ses objectifs".

Et la notion de contrôle dans tout ça ?

“La notion de contrôle, de maîtrise est importante aussi chez les sportif·ves. C’est sur cela que sont basées les routines leur permettant de se mettre dans les meilleures dispositions pour performer. Par contre, vouloir  tout contrôler pour répondre à tout prix à des objectifs non adaptés, c’est négatif, car tout simplement impossible”. Pour cela, il est recommandé d'apprendre à mettre à distance tout ce qui est immaîtrisable.

🎧 En podcast : Le déclic de Méline Rollin

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Athlète, data analyste et cuisinière… Méline a beaucoup de choses à raconter.

Dans cet épisode, on discute de course bien sûr…

Ne vous inquiétez pas, si vous le running ce n’est pas trop votre truc, cet épisode vous concernera forcément puisqu’on y parle aussi de l’équilibre entre le pro, le perso et le sport dans nos vies bien chargées, mais aussi : de comment gérer l’échec, la pression, et prendre soin de son corps et de sa tête pour réussir à trouver son équilibre.

Comment accepter l'échec sportif et rebondir après ?

“C’est un peu comme lorsque l’on vit un deuil. Il y a différentes étapes”. “Au début, on peut être assommé, on ne réalise pas forcément, ensuite, on peut passer par la colère, la déception, la frustration, l’acceptation…”, constate le psychologue. Il poursuit :  “Il y a différentes phases et c’est important de pouvoir exprimer ses ressentis à chacune d’entre elles”.

Première chose à faire donc : exprimer ses ressentis. Ensuite ? Se demander ce que l’on peut faire. Finalement, est-ce que ce que l’on perçoit comme un échec en est vraiment un ? On sort alors de ce “j’ai échoué, j’ai mal fait” pour le remplacer plutôt par un “qu’est-ce qui s’est passé ?”

C’est peut-être là que vous vous rendrez compte que ce que vous considériez comme un échec jusqu’alors n’en était peut-être pas un.

“Il est important de sortir de son prisme. Seul·e, cela peut être compliqué, d’où l’importance de se faire accompagner par des coachs, préparateur·ices mentaux·les, psychologues du sport…”, ajoute Matthias Watine.

Il n’existe pas un ou une athlète au monde qui ait réussi tous ses coups, services, défenses, paniers ou autres toute sa carrière. Les plus fort·es ne sont pas celles et ceux qui ne ratent jamais, mais bien ceux et celles qui ratent le moins"

Comment retrouver confiance en soi ?

L'essentiel à ce sujet, c'est d'apprendre à réaliser que certaines choses se sont bien passées même si la finalité et le résultat ne correspondent pas à nos attentes, car contrairement à ce que l'on pense parfois, il y a toujours des choses positives à tirer d'un événement.

Pour cela, il vaut mieux voir les choses sur le long terme et de se dire : "Qu’est-ce que cela va m’apporter ou comment transformer cette déception en source de motivation ?".

Aussi, il est primordial de s’accorder le droit à l’échec et d’accepter que, dans le sport comme dans tout autre domaine de notre quotidien, "rater fait partie de la vie, qu’on le veuille ou non”, remarque Matthias Watine. En ce sens, il n’existe pas un ou une athlète au monde qui ait réussi tous ses coups, services, défenses, paniers ou autres toute sa carrière. Les plus fort·es ne sont pas celles et ceux qui ne ratent jamais, mais bien ceux et celles qui ratent le moins".

L’accompagnement psychologique et mental est indispensable chez les sportif·ves ?

“À mon sens oui. Mais encore une fois, il n’y a pas qu’un seul accompagnement psychologique. Il y a l’entourage, un·e conjoint·e, le staff, des professionnel·les de santé…, remarque Matthias Watine.

Il explique alors qu'un “accompagnement ne peut que nous aider à comprendre ce qui se passe en nous lorsque l’on traverse un échec, mais aussi pourquoi nous nous sommes retrouvé·es en difficulté, comment remettre du sens dans notre pratique, se recentrer la notion de plaisir, d’envie, de besoins et trouver des réponses qui sont parfois ailleurs que dans notre pratique sportive”.

Accompagner une personne touchée par l’échec

Comment remonter le moral d'un·e proche après une défaite ou un échec ?

Prendre le temps, offrir du soutien, être présent·e et à l’écoute, c’est déjà un accompagnement, mais encore une fois, “il n’y a pas qu'une seule manière d’être touché·e par l’échec ni une seule manière de montrer aux personnes qui en ont besoin qu’on est présent·es”, explique le psychologue du sport.

Selon lui, il est important de garder en tête que “même si la personne ne l’entend pas, il peut être important de lui rappeler ce qui s'est bien déroulé, car trop souvent, quand on a la sensation d’être en échec, on pense que tout a été mal fait alors que des choses ont été très bien faites”.

La raison ? Un mauvais tour de notre cerveau. Celui-ci a tendance à retenir les choses qui ne se sont pas passées comme il le souhaitait et à minimiser ce qui s’est passé correctement.

L’échec en tant que supporter·ices

Comment se remettre de l'échec sportif ?

Laisser à chacun·e ses responsabilités.

Matthias Watine explique : “L’échec, on l’associe plus souvent à une action que l’on a soi-même réalisée, pour laquelle on a été acteur·ices. Vivre l’échec d’une équipe que l’on soutient reviendrait donc à se rendre responsable de quelque chose que l’on n'a pas fait”.

Ainsi, dans ce cas, on parle d’émotions comme la frustration, la déception, la colère…  

Pourquoi est-ce que l'on ressent ça ? Eh bien, comme les attentes que l'on peut avoir envers soi-même, on a souvent mis un espoir derrière le, la ou les sportif·ves que l'on soutient. Rappelez-vous, plus on y croit, plus l’émotion ressentie à l’issue, qu'elle soit positive ou négative, est forte.

Alors, la solution ? Accepter que les déceptions comme les grandes joies font partie du cycle du sport et du quotidien des supporteur·ices", explique Matthias Watine. Il ajoute : "Rien n’est jamais figé. C’est d’ailleurs cette incertitude qui attise toute l’excitation liée au sport”. Mais c’est aussi ça la beauté et la magie du sport, non ?

"C'est en se trompant qu'on apprend", en voilà une belle phrase à ajouter à votre petite liste de citations. Car oui, l'essentiel est là, et vous, tout comme moi, nous avons le droit d'échouer ! Ce n'est pas forcément négatif, bien au contraire, et avec ces quelques clés, je suis sûre que vous allez transformer tout ça en véritable atout. Croyez en vous ! 🙏

Apprendre à gérer l'échec dans le sport

Manon

Journaliste & rédactrice sport

Runneuse de coeur, je suis toujours partante pour tester avec vous de nouveaux sports !
Mon objectif ? Vous transmettre mes tips et ma passion pour le sport à travers mes contenus.

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