Le sport et le challenge : c’est dans la tête ?

Le sport et le challenge : c’est dans la tête ?

Vous aussi, vous avez déjà entendu dire que le sport, c'était avant tout une question de mental. On vous explique pourquoi.

“Tu n'as jamais regretté une séance de sport, alors vas-y !” : voilà ce que je me dis parfois quand je n'ai pas trop de motivation pour faire du sport, voire un peu la flemme disons-le. C’est d’ailleurs probablement ce que je vais me dire après avoir fini cet article, quand il sera l’heure pour moi d’aller courir. Pourtant, je suis convaincue des bienfaits du sport pour ma tête et mon corps. Bouger, ça fait même pleinement partie de mon quotidien. Alors, j'avoue que je ne comprends pas trop : pourquoi c’est toujours aussi dur de se motiver parfois ?
Surtout que j’ai l’impression d’être un peu contradictoire, car je suis aussi cette personne qui adore participer à des courses et qui vient même de décider qu’elle allait bientôt courir un marathon.
Alors pour comprendre ce qui se passe là-haut, dans notre cerveau, quand on pense au sport et qu’on se lance de nouveaux challenges, je suis allée poser quelques questions à la psychologue passionnée par les neurosciences, Anaïs Roux. 

On dit souvent que le sport “c’est dans la tête” : c’est vrai ?

Notre cerveau, c’est celui qui nous accompagne au quotidien dans tout ce que l’on fait, dit, pense. Anaïs Roux le définit : “comme le centre de contrôle de notre corps, celui qui régule nos organes, nos muscles et nos nerfs”. C'est lui qui décide si oui ou non, on va la faire cette séance de sport. Mais concrètement, qu’est-ce qu’il se passe dans notre tête ? 🤔

Pour m’expliquer comment se traduit l’effort dans notre cerveau, Anaïs Roux m’explique une expérience menée par Boris Cheval, chercheur suisse en Neuropsychologie. Pour ce test, les participant·es étaient face à un ordinateur. Ils et elles devaient cliquer avec leur souris sur un avatar avec la possibilité de le glisser soit vers une image qui représentait une activité physique et sportive, soit vers une image qui représentait une activité plus sédentaire : lecture, télévision, plage… Ensuite, il a été demandé aux personnes de rapprocher l’avatar le plus rapidement possible des images liées au sport puis de l’éloigner des images représentant la sédentarité et inversement. Résultat ? “D’un point de vue purement comportemental, les participant·es étaient plus rapides pour aller vers le sport et éviter ainsi les images de sédentarité” explique la psychologue.

Alors on en retient quoi ? Que chez la majorité d’entre nous, l’intention d’être sportif·ve et d’aller vers le sport est bien là. Par contre, pour notre cerveau, c'est une autre histoire. Elle poursuit : “plus les participant·es se rapprochent rapidement du sport et s’éloignent des activités sédentaires, plus cela leur demande de ressources énergétiques”. Cela signifie donc que notre cerveau travaille plus et consomme davantage d’énergie à l’idée de faire du sport qu’à l’idée d’aller s’allonger sur la plage pour bouquiner ou bien, à celle de s’installer devant une série.

“Aller vers le sport à un coût plus important pour notre cerveau que de ne rien faire”
et c’est normal, car de base, “notre cerveau est là pour économiser de l’énergie”. En bref ? Comprenez que oui, le sport, c'est dans notre tête. En fait, si “instinctivement, nous aurons davantage tendance à aller vers la sédentarité” c’est parce que notre cerveau nous orientera toujours vers les activités les moins énergivores.

En fait, lorsque l’on décide de faire du sport, certaines zones de notre cerveau sont particulièrement stimulées : la zone de gestion de conflits (sport = conflit, oui oui) et la zone qui “empêche les comportements automatiques“ (aller vers la sédentarité = automatisme). Et ça, ça marche pour tout le monde, même chez les grand·es sportif·ves.

Alors pourquoi cette envie de faire du sport ? Parce qu’une fois que l’on s’est affranchi·e de tous ces obstacles, et que nous avons bougé, on constate assez rapidement les bienfaits et les bénéfices sur notre corps et notre mental. On se sent bien tout simplement et on en redemande !

Le sport et le challenge : c’est dans la tête ?

Comment dompter notre cerveau pour se motiver à faire du sport ?

Déjà voir des gens faire du sport, ça aide. Alors n’hésitez pas à vous laisser inspirer par vos proches, mais aussi des personnes que vous suivez sur les réseaux ou un personnage de livre, film, série…  
Aussi, ayez conscience que faire du sport, c’est contre-intuitif pour notre cerveau : “ça vous évitera de lui donner de bonnes excuses” explique Anaïs Roux en souriant. Ben oui, pensant bien faire, votre cerveau qui veille bien sagement à vous mettre en mode “économie d’énergie” vous trouvera toujours une bonne excuse… Ne lui en voulez pas, il n’y est pour rien.

L’astuce, c’est donc, dans votre quotidien, “d’instaurer le sport comme on instaure une habitude en commençant au plus simple et en se motivant petit à petit”. Pour “la première étape, il faut être sûre qu’on va la réussir”, ça peut être une séance de 30 minutes le week-end par exemple. Ensuite, à force de répétition, votre cerveau va en faire un nouvel automatisme et c’est là que vous allez pouvoir rajouter une séance et/ou, de l’intensité.

“L’important ce n’est pas d’être parfait dans ce que l’on fait, mais plutôt d’être consistant, il ne faut pas chercher la perfection”.


Enfin, n’hésitez pas à ajouter une récompense. “Une récompense tellement forte qu’on va l’anticiper. Il ne faut donc pas lésiner là-dessus. Ça peut être : une soirée détente, une douche chaude, un bon repas… Tout ce qui peut vous procurer un fort plaisir !”

Le sport et le challenge : c’est dans la tête ?

Est-ce qu’il y a un profil type de personnes motivé·es ?

À ce sujet, Anaïs Roux me parle plutôt de psychologies et de personnalités différentes : “les personnes qui font beaucoup de sport (voire à outrance) et d’exploits sportifs, sont des personnes qui sont très souvent à la recherche du risque”. Le plus souvent, elles ont aussi beaucoup d’énergie, sont très optimistes, ont confiance en elles, et un besoin de contrôle important. Contrairement à ce que l’on peut croire, “ce n’est pas une impulsivité chez eux”, c’est plutôt un besoin de contrôle et une quête de risque. (Je vous explique le goût du risque, du défi et du challenge un peu plus bas 👇)

Pour les personnes qui ont plus de difficultés à se motiver, beaucoup de facteurs entre également en jeu : “le fait de lutter contre un automatisme”, “notre volonté : on a parfois un quotidien qui nous prend beaucoup d’énergie et qui en laisse très peu pour se motiver à faire du sport”, cela peut aussi être lié à notre personnalité. Enfin, ces personnes ont généralement une “mauvaise définition du défi, et en se mettant de mauvais objectifs, on observe une mauvaise motivation, voire un abandon”. L’astuce ici, c’est plutôt de se fixer un objectif “légèrement au-dessus de nos compétences sans que l’on ait pour autant besoin de se surpasser”.

Donc, on n'est pas tous et toutes égales et égaux ?

“Il faut faire attention, notamment dans le monde du sport, à ne pas se laisser porter par cette notion de potentiel, de don ou de talent” m’explique Anaïs Roux. Il faut éviter de se dire que certaines personnes sont “câblées pour être de grand·es sportif·ves et que d'autres ne le sont pas”. En réalité, il s’agit plutôt d’“une construction qui vient de l’éducation, de l’environnement duquel on vient etc”.

On retient donc que : normalement, sauf question de génétique, on a tous et toutes les mêmes capacités de bases et le même potentiel”, ensuite, tout dépend de si nous décidons de l’exploiter ou non. Et cela peut évoluer en fonction de “comment notre cerveau évolue, mais aussi de notre entourage, ainsi que de notre société et de ses tendances”. C’est ce dont je vous parlais un peu plus haut quand je vous disais que le fait d’être entouré par un univers et des personnes sportif·ves allait forcément jouer sur notre motivation et donc notre potentiel à se mettre en mouvement.

En fait, qu’est-ce qu’il se passe dans notre cerveau quand on fait du sport ?

“Une sorte de cascade de réactions physiologiques” me répond Anais Roux. Oui, mais encore ? “Une activité physique va commencer par entraîner la sécrétion d’hormones” qui délivrent des messages à certaines parties de notre corps pour que celles-ci s’activent ou pas. Après quelques minutes de sport, c’est d’abord le cortisol : l’hormone du stress. Celle-ci envoie alors un message pour augmenter l’apport de glucose dans le sang : en réaction à la dépense énergétique. Ensuite, c’est l’adrénaline et la noradrénaline qui sont sécrétées. Celles-ci vont envoyer des messages au cœur pour qu’il accélère, idem pour notre respiration. Et suite à la sécrétion de ces hormones, la tension artérielle va aussi devoir augmenter.
En bref, le corps s’adapte à l’effort et ça fait du bien.

Oui, mais au bout de combien de temps alors ? L’auteure l’explique dans son livre “Comment utiliser votre cerveau pour vivre mieux !” que : “selon les directives du ministère de la Santé, pour qu’une activité physique ait un impact sur votre corps et votre cerveau, celle-ci doit être pratiquée pendant au moins 2h30 chaque semaine à une intensité modérée ou 1h15 par semaine à une intensité plus élevée”.

Quels sont les bienfaits du sport sur notre cerveau ?

Sauf en cas de pratique extrême, le sport n’a pas de méfaits connus sur notre cerveau.
“La bonne pratique, modérée et régulière, va avoir beaucoup d’avantages autant sur l’humeur et les émotions que sur le cerveau” explique la psychologue. Parmi eux : “une réduction du stress et de l’anxiété liée à la sécrétion d’hormones du bonheur : l’endorphine, la sérotonine et la dopamine qui génèrent des émotions agréables”.
L’activité physique entraîne aussi une “amélioration de la concentration, de l’apprentissage, de la mémoire et de l’attention” et permet une meilleure gestion du stress et l’anxiété.

Enfin, l’activité physique protège contre des pathologies cérébrales comme Alzheimer. Elle prévient aussi l’apparition de stress post-traumatique et autres troubles anxieux.

À son tour, l’activité sportive intense
“stimule plutôt le système de récompense et de plaisir qui peut exciter un sentiment d’euphorie chez certain·es grand·es sportif·ves”.

Le sport et le challenge : c’est dans la tête ?

Que se passe-t-il dans notre cerveau quand on se lance un challenge ?

Quand on prend un risque ou que l’on “se lance un challenge, on crée un stimulus dans notre cerveau qui va être obligé de mobiliser toutes nos ressources, connaissances et compétences antérieures : raisonnements, persévérance, perspicacité…” constate Anaïs Roux. 

Après avoir fait appel à toutes ces ressources, c'est lorsque que l’on voit ensuite les résultats obtenus que l’on peut ressentir un sentiment “encore plus puissant qui génère une satisfaction et un plaisir très intenses (la dopamine), et c’est ça qui peut rendre accro”
D’où cette envie et ce besoin presque toujours inassouvi de défi et de challenge une fois que l’on a mis le nez dedans…

Et quand on échoue alors ?

Plusieurs facteurs sont à prendre en compte : ils peuvent être d’origine cérébrale, mais aussi sociale, environnementale ou psychologique. Nous pouvons ressentir le besoin de se prouver quelque chose à nous-mêmes ou être influencés par les réseaux sociaux, les applications de sport, l’entourage… Et ce sont davantage ces éléments qui auront une influence sur notre choix ou non de nous remettre à nouveau en selle après un échec.

Le challenge et la prise de risque : c’est contagieux ?

Contagieux peut-être pas. Par contre, “nous homo sapiens, nous avons un biais cognitif que l’on appelle le biais de conformisme (tendance à penser et agir comme les autres)” explique Anaïs Roux. Ainsi, si l’on est entouré·e de personnes qui relèvent de nombreux défis sportifs, nous allons être tenté·e·s de faire pareil pour développer un sentiment d’appartenance.  
L’important, c'est alors de se demander pourquoi on fait ou décide de relever ou non ce challenge.

Est-ce que le challenge est dangereux ?

Nous en parlions un peu plus tôt, les réseaux sociaux peuvent nous influencer et nous donner envie de nous lancer dans un gros challenge sportif. Mais “le problème, c'est que parfois cela inspire aussi des personnes qui n’ont pas les bonnes compétences pour le faire”.

Il est donc important de toujours garder un esprit critique et de se dire “ok, j'ai envie de le faire, mais est-ce que j’ai les compétences pour ? le temps ? la motivation ? et sinon comment je m’entraîne pour ?”

Là où le challenge peut aussi être dangereux, c’est lors de “l’après” : “dès qu’on a des objectifs extrêmes, l’excitation que ça procure est, elle aussi, extrême, et une fois le défi relevé, une dépression majeure peut suivre” liée à la redescente de ce “shoot” de bonheur, constate la psychologue.

Alors, on fait quoi ?

De la métacognition : la science des pensées. En gros, ayez conscience de vos pensées, choix et comportements (et ça, ça marche pour tout, pas que pour le sport). Posez-vous toujours la question : “si je me lance dans ce challenge, pourquoi est-ce que je le fais ?”
En effet, il y a une importante différence entre le fait de relever un challenge parce que l’on sait que ça va nous faire du bien, que l’on a envie d’être stimulé, de se prouver des choses, de partager un moment et de le faire pour une mauvaise raison. Par exemple : “je le fais pour poster un truc incroyable sur les réseaux sociaux, parce que tous les membres de mon entourage l’ont fait et du coup, je me force à le faire alors qu'au fond, je sais que je n’en suis actuellement pas capable”.

Aussi, Anaïs Roux conseille de garder en tête (c’est le cas de le dire), que “quand on ressent des frustrations et que l’on constate que ça ne nous fait plus plaisir à 100%, ou au contraire qu’on a le sentiment de devenir un peu addict, c’est qu’il est temps de se questionner sur le pourquoi”.

Eh bien au moins maintenant, on en est sûr·es, le sport et le challenge, c'est bien dans la tête que ça se passe. Enfin, dans les muscles aussi. C’est plutôt la décision de se mettre ou non en mouvement qui elle vient de là-haut.  
Moi, j'ai maintenant compris pourquoi mon mental me jouait parfois des tours. Heureusement, ça, ça se muscle aussi !
Alors à votre tour, n’ayez plus peur de vous lancer un challenge sportif ! Adaptez-le simplement à votre niveau, trouvez votre pourquoi, et surtout : faites-vous plaisir ! 

Le sport et le challenge : c’est dans la tête ?

Manon

Journaliste & rédactrice sport

"Runneuse de coeur, je suis toujours partante pour tester avec vous de nouveaux sports !
Mon objectif ? Vous transmettre mes tips et ma passion pour le sport à travers mes contenus."

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