Douleurs aux genou en course à pied

Tout savoir sur les douleurs au genou en course à pied

Pourquoi j'ai mal au genou quand je cours ? Vaste question qui concerne aussi bien les débutant·es en course à pied que les runners et runneuses aguerri·es. 

La course à pied, mauvaise pour les genoux en raison des impacts répétés sur les articulations ? Qu'en est-il vraiment ? Quand s'inquiéter d'une douleur au genou ? Quelles sont les principales blessures et comment les éviter ? On a posé toutes ces questions à Cédric Vincent, kinésithérapeute.

Pourquoi est-ce que j'ai mal au genou quand je cours ?

« Très bonne question », répond le kinésithérapeute. Il ajoute : « Globalement, on peut identifier plusieurs structures douloureuses sur un genou lorsque l'on court : les ménisques, les tendons, le cartilage... »

Alors, quels sont les facteurs pouvant entraîner une douleur ? Là encore, ils sont multiples : une mauvaise gestion de l'entraînement (surtout chez débutant·es), une mauvaise technique de course, un surpoids pouvant entraîner des contraintes sur l'articulation du genou...

« Quelle que soit l'origine structurelle des douleurs, celles-ci interviennent souvent lorsque l'on court trop, trop vite ou bien lorsque la planification de l'entraînement n'est pas bonne », précise Cédric.

La douleur au genou peut aussi être causée par vos chaussures. Si votre douleur apparaît après les avoir changées, faites un test avec vos anciennes (ou avec d'autres, si les anciennes ont déjà rejoint la poubelle 🙄) afin de voir si vous avez toujours mal. Si la douleur disparaît, il se peut qu'elle vienne de vos nouvelles chaussures qui ne sont pas adéquates. Rassurez-vous, on fera un petit point chaussures à la fin de cet article !

Est-ce normal d'avoir mal au genou après avoir couru ?

Pas vraiment, alors pour juger si une douleur est normale ou pas, il est essentiel de bien analyser ses sensations : on distingue la douleur de type courbature de la douleur s'apparentant à une blessure.

Cédric précise : « Ressentir un inconfort ou bien une lourdeur musculaire post effort (souvent le lendemain) est tout à fait normal. Cependant, certaines pathologies tendineuses se caractérisent par une augmentation de la douleur et de la raideur après la course et également le lendemain de celle-ci. »

Alors, quand s'inquiéter d'une douleur au genou ?

« Si l'augmentation de cette douleur après la course est systématique, on peut considérer qu'elle n'est pas normale et doit nous alerter : nous sur-sollicitons probablement notre système musculo-squelettique (tendon, muscle, articulation...). »

S'il y a un doute, il n'y a pas de doute ! À ce moment-là, il semble nécessaire de consulter un·e professionnel·le de santé (médecin et kinésithérapeute) afin de poser un diagnostic et d’adopter par la suite le bon comportement face à ces douleurs.

Quelles sont les principales blessures au genou liées à la course à pied ?

Il peut y en avoir beaucoup, mais voici les 3 principales : le syndrome rotulien, le syndrome de l'essuie-glace et la tendinite rotulienne.

➡️ Le syndrome rotulien (ou syndrome fémoro-patellaire)

Le syndrome rotulien est dû à une sur-sollicitation du cartilage dont les causes peuvent être multiples : mauvais alignement entre la rotule et le fémur, faiblesse des muscles fessiers, affaissement du pied entraînant le genou vers l'intérieur...

Comment savoir si votre douleur au genou est un syndrome rotulien ?

Premièrement, la douleur. Elle se situe sur le devant du genou (entre la rotule et le fémur) et est souvent accompagnée d'une instabilité de l'articulation. Vous pouvez également ressentir des sensations de craquements, de blocage ou de lourdeur au niveau du genou.

Quand intervient la douleur ? Principalement pendant l'effort, dès lors que vous pliez le genou, même si elle est généralement ressentie plutôt en descente qu'en montée. L'inflammation peut aussi se ressentir en position assise prolongée.

Comment soigner un syndrome rotulien ?

Direction votre médecin ou kinésithérapeute ! Des exercices de renforcement musculaire sont essentiels pour renforcer vos genoux, compenser les éventuels déséquilibres musculaires des membres inférieurs, mais aussi travailler les muscles stabilisateurs de la rotule.

Tout savoir sur les douleurs au genou en course à pied

➡️ Le syndrome de l'essuie-glace en course à pied, c'est quoi ?

Aussi appelé syndrome de la bandelette ilio-tibiale, ce syndrome touche en moyenne 1/4 des coureur·ses !

Mais alors, quelle en est la cause ? Cédric nous répond :

« Il s'agit bien souvent de l'épaississement ou de la compression d'une bourse séreuse sur la partie inférieure de fascia lata (tissus fibreux sur le côté extérieur de la cuisse). C’est la répétition identique et régulière du mouvement de flexion/extension lors de la course à pied qui entraîne cette contrainte excessive sur le côté du genou. »

On appelle ce syndrome “essuie-glace”, car l’inflammation est causée par ces frottements répétés qui rappellent le mouvement des essuie-glaces d’une voiture.

Comment savoir si on a le syndrome de l'essuie-glace ?

« L'apparition de la douleur est souvent assez caractéristique : vous avez mal sur le compartiment externe du genou après un certain temps de course (bien souvent le même à chaque sortie) et la douleur ne cède que lorsque vous stoppez votre course, ou bien parfois lorsque vous modifiez votre vitesse de course (cela modifie la biomécanique et ainsi la contrainte induite).

Chez les traileur·ses, l'apparition des douleurs lors des descentes peut aussi être caractéristique de ce syndrome de l'essuie-glace.


Il existe quelques tests cliniques pour affiner le diagnostic, mais celui-ci est bien souvent réalisé grâce aux caractéristiques de la douleur (zone, contexte d'apparition, etc.). »

Est-ce que le syndrome de l'essuie-glace se soigne ? Comment soigner le syndrome de l'essuie-glace au genou ?

« Votre kinésithérapeute est à même de vous aider à régler ce syndrome de l'essuie-glace. Pas de recette miracle, il faudra faire un bilan, identifier certains déficits ou "maillon faible" dans votre musculature et vos mobilités, bien souvent améliorer la stabilité du bassin et de la hanche, modifier la planification de votre entraînement, etc. C'est un traitement qui peut durer plusieurs semaines, mais vous devriez recourir sans douleur au bout du compte ! »

Comment continuer à courir avec le syndrome de l'essuie-glace ?

« Simplement : sans déclencher la douleur ! Si vous courez 1 heure chaque dimanche et que vous avez mal systématiquement au bout de 35 minutes de course, vous allez par exemple être autorisé à courir 3 fois par semaine, seulement 20 minutes ! Vous pouvez également alterner les temps de course avec des temps de marche. »

Avec un syndrome de l'essuie-glace, il est important de ne pas dépasser votre seuil d'apparition de la douleur, cela ne ferait qu'entretenir la problématique !

➡️ La tendinite rotulienne

La tendinite rotulienne est la troisième pathologie du genou courante chez les sportif·ves et notamment les adeptes de course-à-pied ou de sports de sauts et d'appui-réception (basket-ball, volley-ball, handball...).

Il s'agit d'une inflammation du tendon rotulien (situé juste en dessous de la rotule). La tendinite du tendon rotulien compte trois stades de progression : réactionnel, remaniement et dégénérescence.

Quand la douleur se manifeste-t-elle ?

Lors des montées et descentes d'escaliers, des sauts et réceptions, de l'agenouillement, de la course...

Côté symptômes, ça donne quoi ? Premièrement, une douleur (souvent progressive) sur le devant du genou, en dessous de la rotule. Cette douleur peut être accompagnée d'un épaississement du tendon (gonflement du genou), une sensibilité à la palpation ainsi qu'une sensation de chaleur.

Comment soigner une tendinite rotulienne ?

Encore une fois, il est nécessaire de consulter un·e professionnel·le de santé afin de poser le diagnostic et d'établir un traitement adapté à votre pathologie.

« Ce qui est préconisé, c’est surtout un repos relatif, et j’insiste bien sur le relatif. Le repos total est en effet néfaste pour le tendon, autant que l’excès de contrainte. L'essentiel est de diminuer les activités aggravant la douleur », précise Cédric.

Douleur genou course à pied

Est-ce que la course à pied abîme les genoux ?

Comme souvent, tout est question de dosage. La course à pied n'abîme pas les genoux, au contraire elle « permettra aux structures musculaires, tendineuses et cartilagineuses de s'adapter positivement ».

Comment protéger ses genoux en course à pied ?

« Déjà, il est important de respecter une certaine régularité dans sa pratique. Comme le recommande tous les organismes acteurs en Santé (OMS, HAS...), il est essentiel de favoriser une pratique régulière et modérée si l'on veut éviter les problèmes. Si je décide de m'entraîner plus intensément pour satisfaire un objectif personnel (marathon, trail...), il est indispensable de compléter mes sorties de course à pied par du renforcement musculaire spécifique des membres inférieurs, du travail de gainage, de la proprioception... Ce travail de préparation physique générale ne doit pas être négligé si je cours très régulièrement et/ou de façon intense », partage Cédric.

On vous propose 5 exercices de PPG à faire chez soi pour mieux courir !

Pratiquer un entraînement croisé (c’est-à-dire inclure plusieurs sports complémentaires dans son planning d’entraînement) peut également être bénéfique pour vos genoux et votre condition physique globale, surtout si vous misez sur des sports portés comme la natation ou le vélo.

👉 Pour découvrir les bénéfices de l'entraînement croisé, c'est par ici !

L'échauffement est primordial, en course-à-pied comme dans tous les sports. Cette partie de l’entraînement ne doit pas être négligée. Elle est d'autant plus importante si vous êtes sujet·tes à des douleurs au niveau du genou. Il est également recommandé de varier les terrains d'entraînement (forêts, terrains vallonnés, sable...) et d'éviter, du moins pendant un temps, de courir uniquement sur des surfaces dures telles que le bitume.

Adapter sa façon de courir pour avoir moins mal au genou, bonne idée ? Oui ! Cédric nous explique : « Sur la façon de courir, on peut essayer de courir en faisant le moins de bruit possible, afin de diminuer les forces d'impact au sol et ainsi la contrainte sur les genoux. Une cadence de course élevée (nombre de pas/minute proche de 170) pourrait également permettre de diminuer la contrainte sur les genoux. »

Continuer à courir avec une douleur au genou : bonne ou mauvaise idée ?

« Sur le principe : mauvaise idée. La douleur est un signal envoyé par notre cerveau pour modifier notre comportement face à une activité inadaptée ou trop intense. Sans le sur-interpréter, il faut donc écouter ce signal douloureux et modifier notre pratique. Après, tout dépend de la pathologie sous-jacente et de l'intensité de la douleur perçue », souligne Cédric.

Le bon réflexe si la douleur persiste ? Se rapprocher d'un·e professionnel·le de santé (médecin, kiné) afin d'avoir un avis médical.

Comment renforcer ses genoux pour courir ?

« Les exercices "basiques" sont souvent les meilleurs ! Faire la chaise contre un mur, faire des squats, des ponts fessiers, des fentes, du gainage dynamique... 

On peut aisément complexifier les choses, mais commençons déjà par maîtriser les basiques avant de nous lancer dans des vidéos en ligne de préparation physique intense et probablement inadaptée si l'on n'a pas l'habitude de ce type de travail ! »
, précise Cédric.

Chaussures de running

Quelle chaussure de running quand on a mal aux genoux ?

« Le chaussage est un paramètre parmi beaucoup d'autres à prendre en compte lorsque l’on a une pathologie au genou », souligne le kinésithérapeute.

En course-à-pied, la "bonne chaussure" est celle qui convient à notre pied, ajustée à notre foulée (pronatrice, supinatrice ou neutre) et à notre type de pratique (jogging, 10 km, marathon...). « Ce n'est pas évident d'apporter une réponse qui fonctionne pour tout le monde », confie Cédric. La chaussure idéale, c'est tout simplement celle dans laquelle vous vous sentez bien lorsque vous courez !

Quand et pourquoi changer de chaussures ? Cédric nous répond : « Ce qui est sûr, c'est que si vous n'avez pas de problème, ce n'est pas la peine de changer de chaussures, sauf quand celles-ci sont trop usées, bien évidemment. »

Pour bien choisir votre paire de chaussures, gardez en tête ces quelques points :

  • Essayez votre paire de chaussure avant de l'acheter.
  • Si vous le pouvez, faites une analyse de foulée dans un magasin spécialisé.
  • Dans votre choix, le confort doit TOUJOURS primer sur l'esthétisme.
  • Ne passez pas d'une paire de chaussures minimalistes (drop 0) à des chaussures maximalistes (drop important) et inversement.
« Les chaussures que l'on porte ont différentes caractéristiques (le poids, la flexibilité, le drop, l'épaisseur de la semelle, etc.). Devant une pathologie persistante, on pourra essayer de modifier une ou plusieurs de ces caractéristiques. Une chaussure plus souple et moins lourde pourrait par exemple apporter des bénéfices dans certaines pathologies, mais il faut faire attention à ne pas effectuer ces changements de façon trop rapide et radicale, sous peine de générer d'autres problèmes sans laisser le temps à votre corps de s'adapter », explique Cédric.

La douleur au genou en course à pied nécessite une attention particulière. En posant le bon diagnostic, vous pourrez adopter les bons gestes pour courir plus sereinement tout en évitant les douleurs.

Tout savoir sur les douleurs au genou en course à pied

Marie

Rédactrice web

Passionnée de danse, férue des salles de fitness, amoureuse de l'eau et apprentie runneuse, quand je ne pratique pas de sport, j'aime écrire autour de son histoire et de ses bienfaits !

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