Règles, tenue, culture : tout savoir sur le judo

Des règles à la culture qui entoure cet art martial, en passant par la tenue et les compétitions, plongée dans l'univers des judokas et des judokates.

Le judo est bien plus qu'un sport de combat : c'est un art martial avec une histoire et une culture riches, ainsi qu'une philosophie profonde. 

Les origines et règles du judo

L'histoire du judo

Ce sport a été créé par Jigoro Kano au Japon en 1882. Pratiquant d'arts martiaux, Jigoro Kano a étudié différentes formes de jujitsu avant de créer sa propre école, le Kodokan Judo, qui est aujourd'hui l'un des styles les plus répandus de ce sport dans le monde. Le but ? Développer une méthode d'auto-défense plus sûre et plus efficace que les formes de jujitsu traditionnelles qui utilisaient des techniques brutales et dangereuses.

Il a également cherché à créer un système d'éducation physique et mental qui permettrait aux étudiant·es de développer leur force physique, leur confiance en eux et leur respect des autres.

Le judo de Kano a été conçu pour être plus qu'un sport de combat, pour promouvoir des valeurs telles que la politesse, le respect, l'honneur, l'humilité et l'amitié. Aujourd'hui, ces valeurs sont toujours au cœur de la pratique et sont considérées comme essentielles à la formation complète des adeptes.

La tenue des judoka·te·s

La tenue officielle du judoka ou de la judokate est appelée... judogi ! Si vous pensiez qu'il s'agissait du kimono, rassurez-vous, vous n'étiez pas seul·e dans ce cas-là. Le kimono désigne en réalité l'ensemble des tenues traditionnelles du Japon et dépasse ainsi le seul cadre du judo. Le judogi se compose de trois pièces principales :

  • une veste, ou uwagi
  • un pantalon, aussi appelé zubon
  • une ceinture, aussi appelée obi
De manière générale, les judogis que vous verrez seront blancs. Pour distinguer les deux adversaires sur le tatami, lors des compétitions, une aide visuelle était mise en place : l’un·e portait par-dessus sa ceinture une autre version, blanche, quand l'autre revêtait une version supplémentaire également, rouge cette fois-ci. Le rouge et le blanc étant des couleurs d'opposition au Japon, ce choix portait le poids d'une forte symbolique.

Aujourd'hui, il est d'usage que l'un·e des deux combattant·es arbore un judogi bleu, et que son adversaire enfile la traditionnelle version blanche. Toutefois, cette façon de faire est contestée dans le monde du judo, le bleu n'ayant aucune véritable valeur dans la discipline.

Quel est l'ordre des ceintures, des Kyu et des Dan au judo ?

Avant d’atteindre les grades supérieurs que sont les dan, il vous faudra passer par les Kyu. Ils sont au nombre de six, et s’attribuent comme suit :

  • 6ème kyu : ceinture de couleur blanche pour un niveau débutant et blanche-jaune par la suite.
  • 5ème kyu : ceinture de couleur jaune, puis jaune-orange
  • 4ème kyu : couleur orange puis orange-verte
  • 3ème kyu : couleur verte
  • 2ème kyu : couleur bleue
  • 1er kyu : couleur marron
Ensuite, place à la ceinture noire et aux Dan ! On compte 10 Dan, attribués officiellement lors des examens officiels de la Fédération Française de Judo. Pour les judokas et judokates les plus expérimenté•es, deux couleurs supplémentaires sont à décrocher :
  • une rouge et blanche, pour les 6e, 7e et 8e Dan
  • une rouge, pour les 9e et 10e Dan

Quel est le but, au judo ?

Si vous voulez sortir vainqueur•e de votre combat, le but est plutôt simple, c'est le chemin pour y parvenir qui peut être assez compliqué, selon qui vous affrontez. Pour rafler la victoire, il vous faudra faire tomber votre adversaire sur le dos, dans un espace délimité sur le tatami et ce, en ayant respecté les règles de saisie du judogi.

Le code moral du judo

Quelle est la devise du judo ?

La devise est "Jita Kyoei" ou, en français, "entraide et prospérité mutuelle". Cette devise a été créée par Jigoro Kano, le fondateur du sport de combat, pour exprimer l'importance de la coopération et de l'entraide dans la pratique et l'enseignement de ce sport auprès des jeunes judoka·tes comme des plus expérimenté·es. 

Cette devise reflète l'esprit de la discipline et se trouve au cœur même de l'enseignement du judo, qui consiste à utiliser la force de son adversaire pour le vaincre, plutôt que d'utiliser sa propre force. Cette approche encourage la coopération et la compréhension mutuelle, plutôt que la compétition, l'attaque et l'agressivité parmi les combattants et combattantes.

L'entraînement au judo

Comment se déroule un cours de judo ?

  • Salutation : Au début du cours, les élèves se tiennent debout en rangée face à leur professeur•e, et saluent en se courbant en avant. C'est une marque de respect envers l'instructeur·ice, les autres practicien·nes, et l'art du judo lui-même.
  • Échauffement : Les élèves effectuent une série d'exercices d'échauffement pour préparer leur corps à l'entraînement. Cela peut inclure des étirements, des exercices cardiovasculaires et un temps pour effectuer des mouvements de base.
  • Technique : Le ou la professeur·e démontre une technique de judo spécifique, puis les disciples la réalisent par paires ou en petits groupes. Ces dernières peuvent inclure des projections, des immobilisations et des étranglements.
  • Randori : Le randori est une forme d'entraînement où les élèves pratiquent des techniques de l'art martial dans un contexte de combat simulé. Ils travaillent ensemble lors du randori pour appliquer les gestes qu'ils et elles ont apprises, tout en développant leur capacité à lire les mouvements de leur adversaire.
  • Étirements : À la fin du cours, les élèves effectuent une série d'étirements.
  • Salutation finale : Comme au début du cours, les disciples saluent en se courbant en avant pour marquer la fin de la séance d'entraînement.
Les cours peuvent varier en fonction du niveau des judoka•tes, de l'instructeur·ice et des objectifs de l'entraînement. Certains cours peuvent se concentrer sur des techniques spécifiques, tandis que d'autres peuvent se concentrer sur le développement de la force et de l'endurance.

Les kata, clés de progression

Le kata est un élément important de la pratique du judo, qui consiste en une série de mouvements préétablis et stylisés qui représentent des situations de combat imaginaires contre un·e ou plusieurs adversaires. Il est généralement effectué par paire, où un·e judoka·te joue le rôle de l'attaquant·e et l'autre le rôle du défenseur. Les mouvements sont exécutés avec précision et fluidité, en utilisant des techniques de projection, d'immobilisation et d'étranglement.

Le kata est considéré comme un moyen de développer la technique, l'équilibre, la coordination, la force et la concentration. Il aide également à renforcer la compréhension des principes fondamentaux, tels que la posture, la distance, le timing et la respiration.

Il existe différents katas, chacun avec sa propre séquence de mouvements et sa propre signification.

Les katas les plus couramment pratiqués sont :

  • Le Nage-no-Kata : Ce kata est axé sur les techniques de projection et représente des situations de combat debout.
  • Le Katame-no-Kata : Ce kata est axé sur les méthodes d'immobilisation, d'étranglement et de clé et représente des situations de combat au sol.
  • Le Kime-no-Kata : Ce kata est axé sur les techniques de self-défense et représente des situations de combat réelles.
  • Le Ju-no-Kata : Ce kata est axé sur les méthodes de flexibilité et de mouvement et représente des situations de combat contre plusieurs adversaires.
Le kata est souvent utilisé comme un moyen de tester le niveau de compétence de chacun·e, en particulier pour les grades élevés. Les judoka·tes doivent être en mesure de démontrer leur maîtrise des gestes, leur coordination et leur concentration lors de l'exécution du kata pour réussir leur examen de grade.

Les prises principales au judo

Les quatre familles de prises debout :

  • Les prises de bras ou de son nom japonais "te waza"
  • Les prises de jambe ou de son nom japonais "ashi waza"
  • Les prises de hanche ou de son nom japonais "koshi waza"
  • Les prises dites "de sacrifice" ou de son nom japonais "sutemi waza".
À ces prises s'ajoutent les techniques de maitrise, ou katame waza. Ce dernier n'est pas propre à cet art martial, mais englobe les techniques de maîtrise du jiu-jitsu, art martial duquel découle le judo.

Il existe trois groupes de katame waza :
  • Les techniques de combat au sol par immobilisation, ou "osae waza"
  • Les techniques d'étranglement, ou "shime waza"
  • Les techniques de luxation, ou "kansetsu waza"
Cinq prises fondamentales à connaître :
  • Méthode de projection par une épaule ou "ippon seio nage"
  • Renversement par barrage ou "tai otoshi"
  • Grand fauchage extérieur ou "o soto gari"
  • Blocage de la jambe en pêchant ou "sasae tsuri komi ashi"
  • Fauchage de la jambe intérieure ou "uchi mata"

Combien coûte la licence de judo ?

En France, le tarif de la licence est fixé par la Fédération Française de Judo : 46 €, tout du moins jusqu'en septembre 2025.

Compétition : comment ça se passe ? 

Les catégories des compétitions

Par âge :

  • Mini-Poussins (6 à 7 ans)
  • Poussins (8 à 9 ans)
  • Benjamins (10 à 11 ans)
  • Minimes (12 à 13 ans)
  • Cadets (14 à 15 ans) et Juniors (16 à 18 ans) pour les jeunes judoka·tes
  • Seniors (19 à 40 ans) et Vétérans (40 ans et plus) pour les judoka·tes plus expérimenté•es. 
Par poids : chaque tranche d'âge s'affronte par paliers de poids, par simple mesure de sécurité. Les plus jeunes s'affrontent dans des catégories variant de 3 à 4 kilogrammes, quand celles des adultes varient de 5 à 8 kilogrammes. Les compétitions européennes, comme le championnat d'Europe, et internationales, comme les championnats du monde, utilisent généralement les mêmes catégories de poids, selon le genre des combattant·es. 

Pour les hommes :
  • Moins de 60 kg
  • Moins de 66 kg
  • Moins de 73 kg
  • Moins de 81 kg
  • Moins de 90 kg
  • Moins de 100 kg
  • Plus de 100 kg
Pour les femmes :
  • Moins de 48 kg
  • Moins de 52 kg
  • Moins de 57 kg
  • Moins de 63 kg
  • Moins de 70 kg
  • Moins de 78 kg
  • Plus de 78 kg
Les compétitions peuvent également inclure des catégories de poids supplémentaires pour les jeunes judoka·te·s, les vétérans et ceux et celles ayant des handicaps. Dans ces cas, les catégories de poids peuvent varier en fonction de l'âge, du genre et du niveau de handicap des participant•es.

Il est important de noter que ces catégories peuvent avoir un impact significatif sur les tactiques et les stratégies employées lors des combats. Certain·es cherchent souvent à gagner ou à perdre du poids pour pouvoir concourir dans des catégories de poids spécifiques afin de maximiser leurs chances de succès.

Ippon, waza-ari : les points-clés au judo

Ippon : c'est le score le plus haut que l'on puisse obtenir dans le cadre d'un combat de judo. On l'écrit 一本 en japonais, et celui-ci signifie "un point entier". Lorsque l'un·e des deux combattant·es marque un ippon, l'arbitre lève la main haut au-dessus de sa tête, paume vers l'avant, et le combat s'arrête.

Le ippon s'obtient de quatre manières différentes :

  • votre adversaire chute sur au minimum la moitié de son dos ;
  • votre adversaire est immobilisé 20 secondes au moins ;
  • votre adversaire frappe par deux fois le tatami, marquant son abandon ;
  • vous avez marqué deux waza-ari.
Waza-ari : on l'écrit 技あり en au Japon, et ce mot signifie "il y a technique".

Il compte pour sept points au judo, et s'obtient de deux manières distinctes :
  • votre adversaire tombe sur le dos, mais il manque un critère pour que l'on vous attribue un ippon ;
  • vous immobilisez votre adversaire entre 10 et 20 secondes.

Le judo, c'est pour tout le monde ?

À quel âge peut-on commencer le judo ?

En France, il est possible de commencer dès l'âge de quatre ou cinq ans, selon les recommandations du ou de la pédiatre de votre enfant. On parlera alors plutôt d'éveil au judo, plutôt que du sport pur et dur.

Est-ce un sport réservé aux hommes ?

Eh non, comme tous les sports, c'est ouvert à tout le monde ! En revanche, en France comme partout ailleurs dans le monde, les combats en compétitions ne sont pas mixtes, et chacun·e concourt dans sa propre catégorie en fonction de son genre, de son âge et de son poids.

Vous êtes désormais prêt•e pour votre premier combat, à vous de jouer !

Val

Journaliste - rédactrice web

Journaliste société, passionnée de réseaux sociaux (la Twitter fever, tu connais) et de sport. À mes heures perdues, on me retrouve sur une barre de pole dance ou sous la barre de hip thrust, ça dépend des jours.

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