À quel moment se dit-on « c’est le moment, je tourne la page sportive » ?
J’ai toujours su que le sport ne me ferait pas vivre, que je ne serais pas rentière une fois ma carrière terminée. J’ai aussi rapidement compris que je ne serais pas championne olympique. Oui, je ferais les Jeux Olympiques, mais je ne serais pas championne. Je suis tombée dans les années noires du dopage, notamment du côté des athlètes d’Europe de l’Est. Mes coéquipier·es et moi avons donc vite compris que les podiums seraient difficiles à atteindre.
Ayant conscience de cette réalité, j’ai poursuivi mes études en parallèle et j’ai travaillé en contrat d’insertion professionnelle (CIP). J'étais ultra-investie parce que je savais qu'à un moment, ma carrière sportive allait s'arrêter.
Peu de temps avant mes 30 ans, je me blesse. La blessure est grave, c’est une désinsertion partielle du tendon d’Achille, et elle a lieu juste avant les Jeux Olympiques de Sydney, en 2000. Clap de fin de ma saison, et je me dis également « ça y est, fin de carrière ». J’envisage une dernière saison après les jeux de Sydney, mais pas plus (ndlr : après sa blessure et une dernière tentative en championnat à Nice, Frédérique Quentin abandonne la course après 500 mètres sous le coup de la douleur et ne remettra plus ses pointes). Ma blessure n’était pas le seul critère decette décision : je sentais aussi que ce rythme commençait à me peser. Je ne vivais pas la même vie que tout le monde, trop encadrée et répétitive. Travailler, avoir des collègues, aller au cinéma, au théâtre, en soirée… Je passais à côté de tout ça.