Perte de poids et grossesse : tout savoir

Prendre du poids pendant la grossesse est tout à fait normal. Est-ce obligatoire de gagner quelques kilos ? La réponse est presque tout le temps oui. Mais pas forcément. (Je n’aime pas trop les généralités !)
Comme l’explique Mélanie Gobillard, sage-femme : « La plupart des femmes prennent du poids pendant la grossesse. Cela va dépendre de la morphologie, du poids de base de la patiente et de son IMC (Indice de Masse Corporelle). La prise de poids classique, c'est 1 kg par mois les 6 premiers mois et ensuite 2 kg par mois. » Si je fais le calcul pour vous, on est donc entre 10 et 14 kilos en tout. Mais encore une fois, cela va dépendre de beaucoup de facteurs. Comme le souligne notre experte : « C’est difficile de mettre les gens dans des cases ! »

Les hormones (progestérone et œstrogènes) se diffusent et votre organisme s’adapte alors à l’état de grossesse. De multiples changements s’opèrent pour permettre la croissance du bébé, mais aussi du placenta et de l’utérus. Par exemple, ce dernier mesure en moyenne 6 centimètres de haut en temps normal pour atteindre en fin de grossesse 36 centimètres !
Les raisons principales de la prise de poids pendant la grossesse sont :
⇾ Une augmentation du volume sanguin d’environ 30 % ;
⇾Une absorption digestive augmentée au niveau de l’intestin : « La maman va capter beaucoup plus de nutriments », explique Mélanie Gobillard.
⇾ Une diminution des excrétions : « C'est-à-dire moins de perte d’eau, moins de perte de nutriments dans les selles et les urines », complète la sage-femme. C’est la fameuse “rétention d’eau” qui peut faire gonfler les jambes, par exemple.
⇾Une augmentation du poids et de la taille de la poitrine liée à la préparation de la glande mammaire à la lactation afin de démarrer l’allaitement après l’accouchement ;
⇾ Une hyper-insulinémie pour faire des réserves de nutriments. 

« Il y a plus d’insuline, donc on stocke plus d’énergie dans les tissus adipeux. Ce sont des petites réserves qu’on peut voir se former au niveau des hanches, au niveau de la poitrine, du ventre », précise Mélanie Gobillard.

Pour faire simple, la prise de poids pendant la grossesse se divise en trois gros tiers : le premier avec le poids du bébé, du placenta et de liquide amniotique, le deuxième avec l’augmentation du volume sanguin et du liquide dans le corps, le dernier tiers avec la réserve dans vos tissus adipeux.

Rassurez-vous, si ces changements sont inconfortables pour certaines personnes, ils sont là pour que le bébé puisse grandir et grossir, il a besoin d’énergie et vous aussi !  Votre corps est une machine extraordinaire : vous êtes en train de fabriquer un petit être humain (et ce n’est pas rien !). Si vous avez du mal à gérer ces bouleversements aussi bien intérieurs qu’extérieurs, dites-vous que vous n’êtes pas seule. N’hésitez pas à vous rapprocher de votre sage-femme, il ou elle saura vous conseiller un·e professionnel·le qualifié pour vous aider.

Il n’est pas rare de perdre du poids en début de grossesse. Eh oui, les symptômes du premier trimestre ne sont pas toujours une partie de plaisir : nausées, vomissements, aversions alimentaires, sensibilité aux odeurs… Rien qui motive vraiment à manger ! L’intensité de ces symptômes varie bien sûr en fonction de chacune, mais quand ils se manifestent, ce n’est pas toujours agréable… 
Dans ce contexte, il arrive bien souvent que les femmes ne prennent pas de poids, voire constatent une perte de poids. Mais ce n’est pas grave. Mélanie Gobillard rassure : « Souvent, cela passe à la fin du premier trimestre de grossesse. » Son astuce ? « Je conseille aux femmes de manger plus souvent, mais en petites quantités, en général l’estomac supporte mieux. » Si ces symptômes vous handicapent trop, parlez-en à votre médecin ou aux professionnel·le·s de santé qui vous suivent : ils vous aiguilleront vers un traitement adapté (médicament, homéopathie, remèdes naturels, etc.).

Lorsque les nausées et vomissements ne cessent pas, on parle des vomissements incoercibles de la grossesse. « Ils sont récurrents, incontrôlés et durent », explique la sage-femme. Il existe des traitements pour les soulager. Pour limiter la perte de poids, il est souvent recommandé de limiter le stress et de se reposer au maximum lors de cette période. Mélanie Gobillard précise : « Il y a aussi parfois un contexte psychologique à ces symptômes, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide, auprès d’un·e psychologue ou un·e psychiatre. »
Vous avez dépassé le premier trimestre de grossesse et votre perte de poids continue ? N’hésitez pas à vous rapprocher de votre sage-femme ou votre gynécologue pour lui en parler. Comme l’indique Mélanie Gobillard : « On va surtout regarder l’état général de la future maman : si elle n’est pas fatiguée, si elle ne fait pas de malaise, si elle ne fait pas de déshydratation. Et aussi la croissance de leur bébé. » Si besoin, un traitement adapté vous sera prescrit, éventuellement des compléments alimentaires ou des complexes vitaminiques pour vous donner un petit coup de pouce (et coup de boost !).

Spoiler alert : faire un régime qui favorise la perte de poids pendant la grossesse, ce n’est pas une bonne idée. Par régime, j'entends une restriction alimentaire particulière, par exemple un régime hypocalorique ou hyper protéiné. Mélanie Gobillard met en garde : « Ça ne sert à rien, on va être fatiguée. C’est complètement contre-productif. »
En effet, c’est une période où vous avez besoin d’énergie que vous trouvez dans les vitamines et nutriments et d’une alimentation variée et équilibrée. Si vous avez plus d’appétit, pensez aux collations avec des oléagineux et un fruit par exemple. Donc, oui au rééquilibrage alimentaire (si besoin) pour faire le plein de fruits et légumes frais et de saison, de bons sucres (glucides complexes), de protéines de qualité et d’aliments qui vous apportent toutes les bonnes choses dont vous avez besoin… Et non aux régimes restrictifs ! Vous avez par ailleurs déjà pas mal de restrictions liées aux risques de toxoplasmose et compagnie, n’en rajoutez pas ! Et si vous mourez d’envie de manger du chocolat… Spoiler alert numéro 2 : go ! Bon, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : on ne se nourrit pas exclusivement de chocolat, bien sûr.
La pratique sportive permet aussi de rester en forme et de vous préparer, mine de rien, au marathon que vous avez débuté… Avec le grand final qui vous attend : l’accouchement ! Découvrez quel sport pratiquer lors de votre grossesse.

Ce n’est pas toujours facile de voir son corps changer. La prise de poids peut faire peur pendant la grossesse et la crainte de ne pas perdre ces kilos peut être présente chez certain·e·s d’entre vous. Essayez d’être patient·e et indulgent·e envers vous et votre corps. Si toutes ces transformations sont difficiles à vivre et que vous êtes perdu·e, demandez conseil à votre sage-femme, à un·e diététicien·ne ou un médecin nutritionniste, il ou elle vous guidera pour adopter une alimentation sereine et équilibrée.

Il y a la théorie : un kilo par mois les six premiers mois, puis deux kilos par mois jusqu’à l’accouchement. Et il y a la vraie vie et toutes ses subtilités ! « C’est difficile de mettre des chiffres sur la prise de poids. Il faut être intelligent, c’est du sur mesure. Parce qu’après, ça génère du stress pour les femmes », insiste Mélanie Gobillard. Avant de compléter : « Elles ont déjà pas mal d’inquiétudes, pas mal de choses à penser, donc rajouter les kilos qui les tracassent... Est-ce qu’il y a un vrai intérêt à ça ? » La question est posée.
La prise de poids pendant la grossesse dépend en effet de plusieurs facteurs : le poids de départ, mais aussi la morphologie, l’âge, la génétique de la personne, son mode de vie (Très actif ? Sportif ? Sédentaire ?), à quel point la grossesse va modifier ce mode de vie, etc. Vous l’avez compris, il n’y a pas vraiment de schéma classique.

« Il y a des professionnels de santé qui sont cash, mais il y a une façon de dire les choses », insiste notre experte. Elle précise : « Les femmes qui ont eu des soucis de poids et qui ont un problème avec ça peuvent se sentir agressées et frustrées. » En effet, la question des troubles alimentaires est posée lors du suivi de grossesse, car une personne avec des antécédents d’anorexie ou de boulimie ne sera pas prise en charge de la même manière qu’une personne souffrant d’obésité ou que quelqu’un qui n’a jamais eu de TCA. « Il y a des professionel·le·s de santé qui sont à cheval sur le poids et qui peuvent culpabiliser alors qu’on doit mettre la femme à l’aise pour qu’elle le soit avec son corps », insiste Mélanie Gobillard.

Vous l’avez peut-être remarqué, la prise de poids est une inquiétude pour certain·e·s du côté de la future maman comme du côté médical. Quels sont les risques d’une prise de poids excessive pendant la grossesse ? « Ce n’est pas pour une question d’esthétique. C’est pour empêcher les risques obstétricaux et les risques aussi pour le bébé et la maman », explique la sage-femme. Elle ajoute : « Contrairement à ce que l’on peut entendre parfois, être enceinte, ce n’est pas “je mange pour deux”. »

Et pour cause, prendre du poids peut avoir des conséquences sur la mobilité de la future maman avec des douleurs articulaires, les jambes qui gonflent, des problèmes de dos (sciatique), des douleurs aux genoux. Cela peut aussi induire une hypertension artérielle. « Ce sont finalement les mêmes risques que pour n’importe qui en surpoids », explique Mélanie Gobillard.

Mais la prise de poids, spécifiquement chez la femme enceinte, augmente le risque de diabète gestationnel. Ce diabète a lieu pendant la grossesse, mais peut être un facteur de risque pour la jeune maman d’en développer plus tard. Un diabète gestationnel peut aussi engendrer ce qu’on appelle des « gros bébés » (macrosomie). « Cela amplifie les difficultés à l’accouchement, et cela implique des risques cardiaques pour le bébé », précise Mélanie Gobillard. Pour détecter le diabète gestationnel, un test est réalisé chez les femmes représentant un risque, il leur est proposé ensuite un régime alimentaire adapté pauvre en glucides (sucres).
Encadrer la prise de poids pendant sa grossesse permet aussi de limiter le risque de pré-éclampsie (hypertension artérielle et présence de protéines dans les urines) et donc d’éclampsie (œdème cérébral chez la future maman).