Un vent de changement souffle sur le esport, et tout particulièrement sur les compétitions de League of Legends, jeu vidéo où les joueur·euses s’affrontent en équipe dans un univers d’inspiration fantastique.
Les joueuses amatrices de League of Legends vont enfin pouvoir concourir dans une ligue française 100% féminine sur le jeu vidéo iconique ! C’est en tout cas ce qu’a avancé Julie Jeanniot, cheffe d'équipe chez Riot Games France, au micro de BFMTV. Quand ce projet verra-t-il le jour ? Pourquoi cette ligue 100% féminine est-elle une avancée en matière de diversité dans l’esport ? Allez hop, on vous raconte tout ça !
Sur League of Legends (de son petit nom “LoL”), le principe est simple : vous faites votre choix parmi les 140 champions du jeu vidéo, avant d’affronter en équipe une team adverse pour détruire la base ennemie, appelée Nexus. “Qu’est-ce que c’est que ce truc-là ?” vous demandez-vous sûrement, si vous n’êtes pas adepte de ce jeu vidéo. Le Nexus, ou base, c’est la structure -sorte de campement ou QG- que vous devrez détruire côté ennemi et protéger de votre côté. Ce jeu, sorti en 2009 et signé Riot Games, connait depuis lors un engouement fort de la part des gamer·euses des quatre coins du globe. Ainsi, c’est tout naturellement que l’esport a rapidement mis en place des compétitions sur League of Legends.
Seulement voilà, ces compétitions officielles sont encore largement briguées par des gamers masculins, et beaucoup moins par les femmes expertes dans le domaine. Alors cette année, Riot Games a décidé de mettre un coup de fouet au milieu esportif en lançant la toute première ligue française 100% féminine en tournoi League of Legends. Ce n’est pas une idée sortie de nulle part, puisqu’en 2017, Sonia “NiwaaSan” Melia, joueuse amatrice sur LoL, avait d’ores et déjà lancé un projet similaire, intitulé La Ligue Féminine. Simple, efficace.
Malgré cela -et d’autres initiatives en faveur de la diversité des genres dans le gaming-, encore en 2020, selon l’association professionnelle Women in Games œuvrant pour la mixité dans l’industrie du jeu vidéo en France, seu·les 7% des amateur·ices avec classement et compétition étaient des femmes et le chiffre ne semble pas avoir beaucoup évolué depuis. “Bien que 35% jouent pour le Loisir hors classement et compétition, le chiffre tombe à 7% en Amateur avec classement et compétition, les femmes devant faire face à beaucoup plus d’obstacles que leurs homologues masculins pour prendre leur place sur la scène esport”, peut-on lire sur leur site. Par “obstacles”, on entend ici le harcèlement, le cyberharcèlement, un sponsoring plus difficile à obtenir, et autres joyeusetés.
Côté Riot Games, cette nouvelle ligue française 100% féminine devrait voir le jour courant 2023. Les modalités d’existence de cette ligue étant encore en négociations, on garde un œil sur les informations à venir, promis.
Si mettre les hommes d’un côté et les femmes de l’autre ne semble pas une solution pérenne pour assurer une mixité dans le domaine et réduire les faits sexistes, c’est en tout cas un premier pas vers l’accueil des femmes dans l’esport, et tout particulièrement en tournoi officiel League of Legends. À noter que celles-ci avaient déjà la possibilité de concourir aux compétitions officielles, puisque rien n’empêchait une femme d’y prendre part. Le problème viendrait donc d’ailleurs…
Eh oui, comme dans tout domaine, lorsque celui-ci est encore perçu comme masculin et peuplé comme tel, les femmes ont tendance à fuir ce milieu, et les quelques-unes qui s’y confrontent se retrouvent en proie au harcèlement et sa variante en ligne, le cyberharcèlement. Selon une étude conduite à la demande du Haut Conseil à l’Égalité entre les Femmes et les Hommes, “En dépit d’une mobilisation historique contre les violences sexistes et sexuelles facilitée par les réseaux sociaux via les hashtags #Metoo ou #BalanceTonPorc, Internet n’est pas toujours un espace de liberté et de sécurité pour les femmes, que ce soit via les réseaux sociaux ou les applications mobiles : les violences qu’elles y subissent sont massives. 73% des femmes déclarent en être victimes, et pour 18% d’entre-elles sous une forme grave”.
De fait, mettre en place des ligues non mixtes 100% féminines permettrait d’implanter durablement les femmes dans le milieu de l’esport tout en les préservant, tout du moins en compétition, du harcèlement et cyberharcèlement sexiste. “Le but, c’est de normaliser notre présence dans le domaine du jeu vidéo, du streaming et des compétitions esportives”, souligne Lana, jeune gameuse de 19 ans sur League of Legends, “Je trouve ça bien que des initiatives comme celle-là voient le jour, j’espère simplement que ça aura les effets escomptés”. Comme de nombreuses joueuses en ligne, Lana a fait l’amère expérience du cyberharcèlement sexiste durant ses streams. “Dès que les autres joueurs se rendent compte que je suis une femme, on me fait des bruits d’animaux, on essaye de m’humilier, on m’insulte ou on me propose des actes sexuels”, relate Lana, “Ça perturbe mon jeu, et je prends moins plaisir à jouer à cause de ça”. La joueuse a depuis intégré un groupe de joueuses féminines qui s’entrainent entre elles, et se protègent les unes les autres des cyberviolences sexistes autant que faire se peut. “Mais participer à des compétitions esportives 100% féminines, je trouve ça rassurant, ça donne un cadre plus safe, ça donne envie !”, se réjouit Lana.
Si comme Lana, vous aspirez à concourir en compétition esportive officielle, voici un avant-goût de leur organisation.
Au cœur de la compétition, l’adrénaline est à son comble et le travail en équipe -couplé aux compétences de ses membres- contribue à remporter la victoire. À noter que toutes les compétitions ne se passent pas en équipes, certaines se font en solo. Les joueur·euses s’affrontent ainsi de la même manière que dans toute autre compétition sportive : une équipe ou un·e joueur·euse affronte une autre équipe ou adversaire, et l’équipe ou l’esportif·ve vainqueur passe à l’affrontement suivant, tandis que les perdants se trouvent éliminés du tournoi. Rien de nouveau sous le soleil (ou la lumière bleue).
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’esport est bel et bien un sport ! Eh oui, pour tenir dans la durée et ne rien lâcher avant la fin d’un tournoi officiel, les esportif·ves, tout comme les athlètes des sports de l’esprit, doivent entretenir leur forme physique tout au long de l’année. Andreea Navrotescu, grand maître international féminin aux échecs et esportive, nous en parlait il y a quelques mois dans une interview dédiée au sujet.
En effet, pour réussir son tournoi, il ne suffit pas d’être bon joueur·euse, il vous faudra également travailler votre endurance, votre cardio et votre concentration. Pour cela, de bonnes séances de cardio-training peuvent vous apporter un avantage conséquent sur vos futur·es adversaires lors des compétitions en ligne.
Côté organisation, ce n’est que récemment que la loi est venue encadrer la mise en place des compétitions esportives. Vous retrouverez toutes les informations utiles sur le site dédié du gouvernement.
Si le milieu de l’esport a encore de belles avancées à mettre en place en matière de diversité, cette première ligue française 100% féminine sur League of Legends, par Riot Games, envoie un signal positif aux gameuses actuelles et en devenir : votre place est là où vous performez le mieux, peu importe ce qu’en pensent vos détracteurs.