L’athlète nous livre ici ses conseils pour (bien) se faire suer au bureau.
L’ancien champion de 400 mètres haies, toujours aussi passionné par le sport, s’investit sans compter pour en diffuser la pratique. Et notamment en entreprise, où l’activité physique peut faire des merveilles.
Stéphane Diagana : Pas tant que ça ! Sport et entreprise font en fait très bon ménage. A fortiori aujourd’hui, dans un monde du travail où la sédentarité caractérise de plus en plus d’emplois. Le nombre de personnes assises toute la journée au travail ne cesse d’augmenter… Or nos corps ont été fabriqués par et pour le mouvement. Au même titre que respirer ou dormir, l’activité physique fait partie intégrante de nos besoins physiologiques. Pour satisfaire ce besoin, faire dialoguer sport et travail a donc beaucoup de sens !
Absolument. D’autant que s’il maintient en santé, le sport agit également positivement sur une myriade de maladies. Or, les personnes malades… on les retrouve aussi en entreprise. Rappelons que 11 millions de Français vivent avec une affection de longue durée, et qu’un Français sur deux souffre de surpoids ou d’obésité. On ne peut ainsi pas faire l’impasse : l’entreprise doit être un lieu qui donne accès au sport, un lieu qui aide à s’y mettre vraiment.
C’est bien simple, l’activité physique -c’est désormais largement documenté- a un triple effet : physique, psychique et social. S’agissant du psychique, les vertus sont multiples. Le sport diminue le stress au travail, il abaisse l’anxiété et prévient la dépression et les burn-out. D’un point de vue plus mental, il améliore la performance cognitive. Je cite souvent l’exemple de ce champion d’échec qui, pour stimuler son cerveau lors de ses parties d’entrainement, marche simultanément sur un tapis roulant.
L’activité physique rend meilleur au travail, et ce très facilement : une simple pause active (debout) toutes les 45 minutes permet déjà d’être plus présent mentalement !
C’est vrai, en entreprise, le sport a un très fort potentiel de décloisonnement. Il crée du lien. Lorsque j’interviens sur le terrain, j’entends souvent des salarié•es dire qu’ils ne se sont jamais autant parlé que depuis qu’ils font du sport ensemble. Ça fédère ! Et puis, la pratique sportive en milieu professionnel a une portée symbolique utile : elle horizontalise les relations et permet de gommer, pendant un temps donné, le poids parfois lourd de la hiérarchie.
On pourrait débuter avec quelque chose qui me semble clé : la nécessité d’être accompagné•e par un•e pro. C’est vraiment important, et c’est aussi un message adressé aux chef•fes d’entreprise qui voudraient favoriser le sport dans leur boîte. Il m’est arrivé de visiter de grandes entreprises qui avaient tout l’équipement qu’il fallait (des vestiaires, des douches, des infrastructures en propre, etc.) et pourtant, on y trouvait toujours des salarié.es qui ne s’y mettaient pas... Essentiellement parce qu’on n’était pas venu les chercher, les informer, les guider. Donc voilà mon premier conseil : s’entourer de professionnel•les pour parvenir à lever les freins qui entravent celles et ceux d’entre nous qui sont les plus éloigné•es du sport.
Il y en a plusieurs, comme le manque d’infrastructures, mais les principaux sont psychologiques. Beaucoup de salarié•es se disent qu’ils et elles ne vont pas être capables de suivre, vont être ridicules, n’y arriveront pas... Ces freins peuvent être levés justement avec le bon accompagnement. Avec quelqu’un qui va écouter les équipes, et établir avec eux le programme idoine.
Les deux sont bien. En fait, je ferais plutôt le distinguo entre sport seul et sport en groupe. Dès lors, je recommande la seconde option. Ce peut tout à fait être un sport individuel, comme la course ou le cardio-training, mais à pratiquer à plusieurs. Le collectif est, pour beaucoup de gens, un puissant facteur d’assiduité. Il ne faut pas le négliger ! Savoir que l’on retrouve un groupe, qui nous attend et qui compte sur nous, ça génère une motivation sociale forte. Et ça incite à maintenir la pratique dans la durée. Quitte, quand on n’est pas nombreux dans la boîte, à mutualiser avec d’autres entreprises voisines. On peut imaginer se partager un coach à plusieurs entreprises.
C’est vrai. Je compte ouvrir prochainement un campus Sport & Santé dans les Alpes-Maritimes. Il sera justement installé dans une zone d’activité (Sophia Antipolis), où bossent quelque 40 000 salarié•es. L’idée est d’accueillir aussi bien des sportifs compétiteurs amateurs que des pratiquants locaux réguliers à l’année.
Il faut s’écouter et choisir un sport qui nous fait plaisir ! Le but n’est pas de suivre les collègues au jogging de la pause déj’ alors qu’on trouve ça ultra pénible… Juste, je recommanderais de sélectionner une activité qui matche avec les recommandations de l’OMS : celle-ci conseille de pratiquer une activité d’endurance d’intensité modérée ou soutenue. Ainsi, le yoga est par exemple très bien, mais d’un peu trop faible intensité pour agir au niveau cardiovasculaire. Ça ne suffira donc pas. Pour le reste, cela dépend des infrastructures.
On peut citer le padel tennis, qui est plus accessible techniquement que le tennis, tout en étant très ludique et collectif (2x2).
Le Pilates, aussi, est une très bonne idée. Si l’on manque d’infrastructures, il y a bien sûr le running, à pratiquer cependant par groupes de niveau, ou encore le cardio-training. Celui-ci ne demande pas beaucoup d’équipement : un banc de pliométrie, quelques tapis au sol et des haltères.
Envie, vous aussi, de marier sport et boulot ? Allez hop, on chausse ses baskets et on sprinte jusqu’à la porte des RH … ! (Et pour dégoter un coach, c’est ici).