Malbouffe, tabagisme, consommation d’alcool, manque de sommeil : le sport peut-il nous protéger de leurs effets négatifs ? Réponse.
“54 % des Français pensent que le sport nettoie les poumons de la cigarette” publiaient les médias français en ce début d’année 2023. Un constat dressé suite à la parution du Baromètre cancer 2021 réalisé par l’Institut national du cancer (INCA) et Santé publique France.
Mais alors quel est le véritable impact du sport sur notre corps et notre santé ? L’activité physique peut-elle nous protéger de comportements ou de certaines consommations ?
Pour comprendre, j’ai questionné la médecin du sport et médecin de rééducation au CHR de Lille, Docteure Valérie Wieczorek. Elle accompagne au quotidien les sportif·ves, “de l’amateur jusqu’au haut niveau”.
Commençons par la bonne hygiène de vie. Pour la médecin du sport Valérie Wieczorek il s’agit de l’ensemble “des comportements qui nous permettent d’être en bonne santé”.
Dans le cas d’une mauvaise hygiène de vie, il s’agit de comportements pouvant engendrer “des conséquences néfastes sur notre santé”. C’est le cas par exemple quand “nous ne respectons pas les règles hygiéno-diététiques recommandées”. Par exemple : “le tabagisme, une alimentation déséquilibrée, une consommation inappropriée d’alcool, l’absence d’activité physique, le manque de sommeil…”
Avant toute chose, “il est important de noter la différence entre sport et activité physique” rappelle le Docteur Valérie Wieczorek.
On parle d’activité physique “à partir du moment où l’on réalise un mouvement, qui sollicite une contraction musculaire et une consommation d’énergie plus importante que lorsque le corps est au repos”. Il s’agit par exemple de votre marche pour aller acheter du pain.
Quand on parle d’exercice physique, on fait davantage référence à “une activité structurée, planifiée, avec pour objectif d’améliorer notre forme physique” : une séance de sport prévue pour se dépenser.
Enfin, le sport est davantage relié à la notion de “performance”. Il s’agit généralement de sport encadré et/ ou en compétition.
“Non !” répond la médecin du sport. Elle explique : “le sport n'accélère pas l’élimination de l’alcool, c’est le foie qui s’en occupe”.
Pour le tabac, la pratique du sport ne peut ni contrebalancer, ni nettoyer les effets néfastes de la cigarette sur le corps. Comme l’explique Valérie Wieczorek : “Le tabac, par ses différents composants entraîne une irritation et une inflammation au niveau bronchique que le sport ne pourra pas annuler”.
Le sport n’est définitivement pas une baguette magique. Comme l’explique la médecin du sport, il peut, tout comme l’activité physique, “être une aide dans le maintien d’une composition corporelle saine entre masse maigre et masse grasse, mais il ne peut pas compenser une alimentation déséquilibrée”.
“Si le sport peut donner de l’énergie (cela est lié à la sécrétion d’hormones : endorphine, dopamine, adrénaline ndlr.), il ne peut pas remplacer le sommeil” répond la Docteur Valérie Wieczorek.
Bien dormir vous assurera en plus une bonne récupération après l’effort ainsi qu’ une optimisation de vos performances sportives, tout comme de meilleures sensations à l'entraînement.
Enfin, la médecin du sport nous le rappelle : “le sommeil est nécessaire pour faire du sport de manière sécuritaire et éviter le risque de blessure”. Elle précise que “des études montrent qu’avec une durée moyenne de sommeil plus faible, on observe une augmentation du risque de blessure lors de pratique sportive.”
On ne rappellera donc jamais assez des bienfaits du sommeil sur notre corps et notre bien-être !
Selon les 10 règles d’Or du Club des cardiologues du sport, il ne faut pas fumer avant de faire du sport et encore moins dans les 2 heures avant ou après l’effort, car cela augmente le risque d’infarctus.
Pour l’alcool, vous n’êtes sûrement pas sans savoir que sa consommation déshydrate. Et comme le rappelle Valérie Wieczorek, “en état de déshydratation, les performances physiques diminuent”. Résultat : on observe une baisse des performances sportives et surtout, une augmentation du risque de blessures. Cela s’explique par une altération de la coordination, de la vigilance et de la précision des gestes. Dangereux ? Oui, un peu.
Jamais recommandée, la consommation d’alcool est même interdite pour les sports automobiles ou de tir.
Côté alimentation, si vous vous dites qu’après votre burger-frites-cheesecake, courir 10km vous permettra de compenser ce repas plus généreux, vous faites fausse route. Et sans parler d’une séance de sport, aller au restaurant en marchant, ne compensera pas non plus votre dessert : votre corps ne fonctionne tout simplement pas comme ça ! On vous explique pourquoi dans notre article Le sport : une solution pour compenser les plats gras ?
Par contre, sachez que ce n’est pas dangereux de faire du sport après un repas riche. Simplement votre corps utilisera “beaucoup d’énergie pour la digestion, et donc moins pour vos muscles”. En bref, vous ne risquez rien de grave, simplement de vous dégoûter car votre séance sera probablement plus dure et je vous le repète : ne “compensera” pas grand chose.
Comme nous le rappelait la Docteur un peu plus tôt, l’activité physique, “est un effort moindre”. Selon elle, celle-ci “fait directement partie de l’hygiène de vie au même titre que le tabac, l’alcool, l’alimentation et le sommeil”.
La première chose, c’est de savoir qu’il y a autant d’hygiène de vie que de personnes. À vous donc de trouver celle qui fait du bien à votre corps et à votre tête. 🙏
Les médecins recommandent tout de même de ne pas trop s’éloigner “des recommandations générales”.
Besoin d’un petit rappel ? On est là pour ça.
Pour l’alcool, il est recommandé de ne pas dépasser les “10 verres d’alcool par semaine, avec un maximum de 2 par jours en gardant des jours dans la semaine sans consommation”.
Pour l’alimentation, il est conseillé d’avoir une alimentation équilibrée, diversifiée avec des fruits et des légumes, des féculents, des protéines… Sans négliger l’hydratation.
👉 Le pouvoir d'une bonne hydratation
Enfin, on oublie pas de se faire plaisir ! Simplement, gardez en tête que plus vous serez dans la recherche de performance physique, plus “les écarts devront se faire rares”. En bref, pour les sportif·ves réguliers mais hors compet’ ne vous prenez pas trop la tête.
“Oui ! Une bonne hygiène de vie dont le sport fait partie, permet de préserver la santé” explique la spécialiste. Elle ajoute : “L’activité physique diminue plusieurs facteurs de risques cardiovasculaire. Il prévient aussi des cancers du sein et colorectaux”. Enfin, “elle est bénéfique dans la quasi totalité des maladies chroniques (dont les addictions). Dans ce cas, elle doit être encadrée médicalement” ajoute Valérie Wieczorek.
Si le sport n’est pas en soit un remède miracle, il améliore bel et bien votre qualité de vie, aussi dans le cadre de certaines maladies. Enfin, retenez que dans tous les cas le sport “améliorera votre santé, votre qualité de vie, votre moral et votre bien-être” résume la Docteure.
Vous avez à présent toutes les clés en main pour trouver l’hygiène de vie sportive (ou non) qui vous correspond. Plus d'excuses pour ne pas prendre soin de soi !