Parfois un cauchemar pour les sportif·ves, c’est aussi la blessure qu’on ne souhaite à personne : la fracture de fatigue. Est-elle évitable ? Quels sont les signes avant-coureurs et les traitements ?
La fracture de fatigue ou de stress arrive quand nous faisons subir trop de contraintes, trop de stress à notre corps ! Oui, tout est dans le nom. Dans cet article, on vous dit tout sur cette blessure, comment la traiter, la guérir et, surtout, comment l’éviter !
Il y a 4 ans, en 2020 et à la sortie du confinement, alors que je me lève de ma chaise pour prendre un livre, ma cheville cède. La douleur est immense, le bruit effrayant, le diagnostic, sans appel : fracture de fatigue ! Voilà que je re-signe pour un été immobilisé, avec mes béquilles, cette fois. Avec le recul, y avait-il des signes qu’une telle blessure allait se produire ? Ma reprise intense du footing, quelques mois plus tôt, a-t-elle un lien ? Mathilde Rubin, kinésithérapeute spécialisée dans la kiné du sport à Seignosse, nous répond. Tout, vous saurez tout sur la fracture de fatigue.
« Une fracture de fatigue, c’est lorsqu’un os cède après avoir subi trop de contraintes », explique Mathilde Rubin. Elle ajoute : « Une fracture de fatigue n’intervient pas parce que l’on a fait une randonnée un après-midi, mais parce que l’on a fait subir trop de contraintes, trop de charges, à l’os depuis un certain moment. » Une pathologie de charge, donc, qui peut être évitée. C’est plutôt une bonne nouvelle, non ?
Trois termes différents, je sens que je m’y perds, pourtant « c’est la même chose ! », m’arrête Mathilde. « On parle plus généralement de syndrome de stress. En réalité, la fracture de fatigue est une fissure, c’est-à-dire que l’os n’est pas rompu », continue Mathilde. Un égarement linguistique, donc ?
D’après le Manuel msd, les fractures de fatigue sont de petites fractures incomplètes (fissures) de l’os : le résultat de stress répétés plutôt qu’une lésion distincte. Ce qu’il faut retenir, c’est que, lorsque l’on parle de fatigue et de stress, il y a une fissure : l’os n’est donc pas cassé. Et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle 😉 (encore une !)
Ce sont les efforts sportifs excessifs qui peuvent causer une fracture de fatigue. Mais alors, est qu’un·e débutant·e est plus à même de souffrir d’un syndrome de stress ? Eh bien, détrompez vous. « C’est plus rare, car il ou elle souffrira d’abord d’autres pathologies, comme des tendinites par exemple. Sinon, cela voudrait dire qu’il ou elle ne s’est pas écouté·e du tout », explique la kinésithérapeute.
Ah ! Aurais-je oublié d’écouter mon corps alors que mon niveau en course à pied était en effet, à l’époque, plutôt celui d’une débutante ? Possible…
La fracture de fatigue est l’étape qui suit la périostite, c’est-à-dire une inflammation du périoste, la zone qui enveloppe l’os. Un·e coureur·se de longue distance est donc un·e bon·ne candidat·e à la fracture de fatigue : c’est assez rare qu’une personne ne pratiquant pas d’activité physique souffre de cette dernière.
🔍 Quid des femmes ? Sont-elles plus exposées à ce type de blessure ?
Toujours selon le Manuel MSD, il apparaît que les femmes et les jeunes filles qui pratiquent l’exercice physique avec intensité sans répondre aux besoins de leur organisme ont plus de risques de subir des fractures de fatigue. En effet, la dénutrition favorise l’aménorrhée (l’absence de règles depuis plus de 3 mois au moins) et l’ostéoporose. Cette affection est connue sous le nom de triade de l’athlète féminine (aménorrhée, troubles des conduites alimentaires et ostéoporose).
Comme à l’accoutumée, nous vous recommandons de consulter votre médecin traitant en première intention ou de vous rendre aux urgences afin d’obtenir un diagnostic et un traitement adapté. À l’imagerie classique (radio et échographie), la fracture de fatigue ou fissure n’est pas évidente : en effet, la lésion est minime, précise et requiert souvent une IRM pour que le diagnostic soit clair. En revanche, à la palpation, la fracture de fatigue montre un point particulièrement sensible et douloureux qui met le personnel médical sur la voie.
L’examen clinique est plutôt simple : vous ne pouvez plus poser le pied à terre ? La douleur sur la zone est intense ? Il est fort probable que vous souffriez d’une fracture de stress.
Un petit récap des blessures auxquelles on s’expose en faisant du sport ? C’est par ici !
Les fractures de fatigue se développent lorsque la mise en appui de façon répétitive dépasse la capacité des muscles et des tendons de support à absorber la fatigue et à amortir les os. Les fractures de fatigue peuvent donc mettre en cause les os de la cuisse, du bassin ou le tibia. Plus de la moitié des fractures de fatigue impliquent la partie inférieure de la jambe, le plus souvent les os du milieu du pied (métatarsiens). « Au cabinet, c’est surtout la zone du tibia que je traite », indique notre kiné du sport.
Contrairement aux tendinopathies qui touchent souvent les membres supérieurs, notamment l’épaule, les fractures de fatigue, elles, puisqu’il s’agit de pathologies de charge, impactent davantage les membres inférieurs.
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Le repos relatif, c’est-à-dire mettre la zone lésée au repos tout en continuant l’activité, est indispensable. Pour ce faire, on conseille alors des sports portés, comme le vélo d’appartement par exemple. Le dés·entraînement est à éviter, car il favorise les risques de pathologies lors de la reprise.
« En tant que kiné, on redouble de vigilance avec les patient.es souffrant d’une fracture de fatigue puisque cette pathologie est typique des patient.es peu à l’écoute de leur corps », indique Mathilde. L’idée n’est pas d’emprisonner le ou la patient·e, mais de veiller à ne pas retarder la guérison et, surtout, à ne pas empirer la situation ! Car oui, on peut aggraver les choses, en passant d’une simple fissure à une fracture classique ! 😱
Les étapes :
1️⃣ La mise en place d’un renforcement musculaire est la première étape dans la prise en charge et notamment dans la phase de repos.
2️⃣ Il y a ensuite une phase d’éducation ou de pédagogie : revoir les bases, notamment de la technique de course s’il s’agit d’une blessure au niveau des membres inférieurs, car c’est en changeant les mauvaises habitudes qu’une récidive sera évitée.
3️⃣ En dernier lieu, on prodiguera des conseils pour modifier l’hygiène de vie, notamment un arrêt du tabac, une diminution de l’alcool, un sommeil réparateur pour une meilleure cicatrisation.
Autrefois, on immobilisait la zone en posant un plâtre, mais ce n’est plus (ou rarement) pratiqué aujourd’hui. En revanche, le repos strict peut être imposé aux patient·es qui ont la bougeotte.
Avant la fracture de stress (ou de fatigue), on voit forcément l’apparition d’un syndrome de stress, des signes avant-coureurs. Il est donc important de rappeler que celle-ci peut être évitée en restant à l’écoute de son corps et en ne produisant pas d’efforts sportifs excessifs. Une fois la fissure établie, « on estime qu’il faut a minima 6 semaines pour que le corps s’englue, c’est-à-dire qu’une sorte de colle se crée sur la zone cassée, 3 mois pour que cette colle devienne de l’os, puis quasiment 1 an pour la consolidation de l’os. Au bout de 6 semaines, vous pourrez donc solliciter la zone blessée », précise Mathilde. Vous l’aurez compris : la patience sera votre plus grande vertu !
Si le repos et la non-sollicitation sont recommandés au début, la botte de marche ou la chaussure de décharge permet, comme son nom l’indique, de décharger la zone lésée. On peut également marcher avec une béquille sur la jambe opposée. En revanche, hors de question de poser le pied avec des chaussures inadaptées ! Concernant le sport, comme indiqué précédemment, on intègre petit à petit du sport porté ou de la natation dans le cadre du repos relatif faisant partie du traitement.
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Lorsque l’on conduit, le poids du corps n’applique pas une charge sur notre zone lésée, on peut donc imaginer que l’activité est envisageable, surtout si l’on possède une voiture automatique et que la jambe (par exemple) impactée est la gauche.
Et le travail, dans tout cela ? Évidemment, tout dépend de votre activité professionnelle ! Si vous souffrez d’une fissure au pied et que votre job consiste à marcher des kilomètres au quotidien, un arrêt s’impose.
Dans tous les cas, n’oubliez pas de demander l’avis de votre médecin qui saura vous donner les conseils et recommandations adaptés à votre situation.
Alors guérir d’une fracture de fatigue en résumé ? On ne force pas, on s’écoute et on consulte au moindre doute ! Votre corps est suffisamment bien fait pour vous prévenir lorsque quelque chose ne va pas. Prenez soin de vous ! 😉
Runneuse en post-partum, j’ai délaissé un temps le fractionné pour pratiquer le footing-poussette. Admiratrice des capacités insoupçonnées du corps humain, j’ai un leitmotiv : la curiosité amène la passion !
