Motivation : c’est inné ou ça se travaille ?
Certaines personnes sont-elles naturellement plus motivées que d'autres ? La réponse n'est pas si simple, mais il est vrai que les prédispositions génétiques peuvent jouer un rôle dans notre propension à être plus ou moins motivé·es. Une étude publiée en 2012 dans le Journal of Neuroscience a contribué à creuser ce sujet, et notamment le rôle de la dopamine dans le déclenchement de l'action menant à la récompense. "En utilisant une technique de cartographie du cerveau appelée tomographie par émission de positons (TEP), les chercheurs ont constaté que les "fonceurs", prêts à travailler dur pour obtenir une récompense, libéraient davantage de dopamine, un neurotransmetteur, dans des zones du cerveau connues pour jouer un rôle important dans la récompense et la motivation, à savoir le striatum et le cortex préfrontal ventromédian", précise l'étude en question. En revanche, les personnes moins disposées à travailler dur pour obtenir une récompense présentaient des niveaux élevés de dopamine dans une toute autre zone du cerveau jouant un rôle dans l'émotion et la perception du risque, l'insula antérieure. Pour vulgariser : la dopamine ne suffit pas à susciter la motivation, encore faut-il qu'elle soit délivrée dans la bonne zone du cerveau.
Qu'on se rassure cependant, la motivation est loin d'être figée à la naissance. Elle se cultive, se développe et peut même se renforcer au fil du temps. "Le tout est de comprendre comment la stimuler", précise Luisa, psychiatre à Atlanta (États-Unis), "Si vous avez du mal à vous fixer des objectifs sur le long terme, alors il faudra vous fixer de petits objectifs à court terme, pour déclencher votre système de récompense plus régulièrement, le temps de vous construire une habitude sportive". L'experte suggère ainsi de se donner d'abord pour objectif de faire du sport une fois par semaine pendant un mois. Puis, deux fois par semaine pendant deux mois, jusqu'à atteindre l'objectif final choisi. "Et si vous loupez une séance pour X ou Y raison, ne baissez pas les bras", rappelle la psychiatre, "Les effets bénéfiques du sport s'installent sur le long terme, une simple séance loupée ou écourtée ne ruinera pas vos efforts si vous persévérez les semaines suivantes". Un rappel qui… fait du bien, on ne va pas se mentir.
À large échelle, l'environnement, l'éducation et les expériences influencent aussi grandement notre niveau de motivation. Les encouragements reçus, les succès remportés, mais aussi les échecs et les obstacles surmontés, forgent notre détermination. "Un enfant qui grandit dans un environnement qui ne valorise pas la pratique du sport, ou qui dévalorise ses efforts, aura plus de mal à s'auto-motiver par la suite", souligne la psychiatre, "Une thérapie, même tardive, peut aider à travailler cet aspect-là pour retrouver pleinement une confiance en soi suffisante, clé de déclenchement de la motivation".
Dans l'immédiat, la fatigue va aussi jouer son rôle dans votre niveau de motivation. "Lorsque l'on est plus fatigué·e qu'à l'accoutumée, on aura davantage tendance à procrastiner", souligne Luisa, "Ceci, parce que notre cerveau va nous pousser vers le choix le moins énergivore, pour nous préserver". D'où l'intérêt également de ne pas foncer tête baissée dans une routine sportive quotidienne, mais plutôt d'installer notre pratique petit à petit, jusqu'à trouver le rythme adéquat, celui qui nous fait nous sentir bien, avec des jours de repos suffisants dans la semaine. Vous habituez ainsi votre cerveau à recevoir sa petite dose de dopamine à chaque réussite, de quoi vous motiver les jours de grisaille ou de bad mood : si dans l'immédiat, vous mettre en mouvement ne vous fait que peu envie, vous vous rappellerez qu'à la fin, on se sent bien. Il est là, le tremplin !
Enfin, on peut aussi s'inspirer des meilleur·es ! Les athlètes utilisent des routines bien particulières pour rester motivé·es : visualisation de leurs performances, coaching mental, fixation de petits objectifs intermédiaires ainsi que l’utilisation de mantras motivants. La motivation est donc bel et bien une compétence qui se travaille et s’entretient au quotidien… comme un muscle, finalement !