Coach mental, psychologue du sport, préparateur mental pour sportif :

Coach mental, psychologue du sport, préparateur mental pour sportif : que choisir ?

Lorsque l’on pratique un sport à un certain niveau, on maîtrise déjà notre discipline. Pourtant, on s'appuie la plupart du temps sur un coach sportif pour nous guider et optimiser nos performances. Si le coaching physique est une évidence, pourquoi en serait-il autrement pour la préparation mentale ?

Tout comme le corps a besoin d'entraînement, le mental est un des éléments clés de nos performances. Ne pas l'entraîner revient alors à négliger une dimension essentielle de l'entraînement. Psychologues du sport, coachs et préparateurs mentaux, comment peuvent-ils nous accompagner ? Ont-ils des rôles différents ? On a posé nos questions à Matthias Watine, psychologue clinicien et préparateur mental dans le domaine sportif.

Coach mental, psychologue du sport, préparateur mental pour sportif : quelles différences ?

Premièrement, en termes de reconnaissance officielle du titre, il existe des différences importantes entre la psychologie du sport et la préparation mentale ou le coaching :

  • Le psychologue du sport a un titre de psychologue (correspondant à une licence, un master ou un doctorat), complété par une spécialisation dans le sport.
  • Préparateur·rice mental est un titre qui tend à être de plus en plus reconnu et encadré, par des Masters Spécialisés ou des Diplômes Universitaires. Cependant, aujourd'hui encore, une grande partie des diplômes de préparation mentale ne sont pas reconnus, car dispensés par des organismes de formation non certifiés. À ce jour, il n'existe pas vraiment de référentiel quant à cette profession.
  • Le titre de coach mental est plus flou, dans le sens où il n’est pas réglementé et il n’existe pas de diplômes d’État. Les formations existant sur le marché sont des cursus privés donnant lieu à des certifications ou des attestations de formation.
En ce qui concerne le champ d’application, j’ai posé la question des différences à Matthias :

« J’aime bien expliquer cela avec une vision en entonnoir. Commençons par le ou la psychologue du sport, car c’est la seule personne qui puisse avoir une approche globale. Elle agit à la fois sur la santé mentale des athlètes, leur bien-être et leur équilibre personnel, tout en ayant une vision de leur performance et de leur carrière sportive.

La préparation mentale intervient davantage sur la forme que le fond, c’est-à-dire, la gestion de certaines habiletés (gestion du stress, de la concentration, anticipations des différentes éventualités, mise en place de routines…). Son objectif est de se centrer uniquement sur le processus (les actions qui dépendent de l’athlète) et non sur la finalité, le résultat (qui lui, ne dépend pas toujours de l’athlète). En bref, grâce au préparateur ou à la préparatrice mentale, l’athlète doit pouvoir reproduire la même chose en compétition qu’à l’entraînement. »

Le coach mental a globalement le même champ d’application que le préparateur mental : son rôle est de faire en sorte qu'il n'y ait pas d'interférence mentale entre ce que vous êtes en capacité physique de faire et ce que vous faites vraiment.

Coach mental, psychologue du sport, préparateur mental pour sportif :

C'est quoi le coaching mental dans le domaine sportif ?

La préparation mentale va permettre d'agir sur plusieurs facteurs, notamment cognitifs. Son objectif est d’arriver à optimiser l’état de vigilance et la dynamique de l’athlète afin qu’il ou elle soit dans les meilleures dispositions.
Mais alors, quels sont les axes de travail de la préparation mentale ? Voici une liste (non exhaustive) :

  • Apprendre à réduire et à gérer son stress.
  • Améliorer sa concentration et son attention.
  • Travailler la motivation, la confiance en ses capacités et travailler à limiter ou chasser les pensées parasites automatiques, en les remplaçant par de pensées choisies qui vont nous centrer sur nous et sur ce qu'on a décidé de faire.
  • Apprendre à relativiser et à redonner la place au plaisir, là où la quête performance peut l'avoir totalement effacé.
  • Essayer d'anticiper les différentes éventualités afin de préparer le cerveau à y répondre. La préparation mentale va servir à entraîner le cerveau afin qu'il puisse réagir immédiatement comme si cette situation s'était déjà passée.
  • Apprendre à gérer les tensions physiques tout en étant dans un état de calme mental.
  • Gérer la reprise du sport après une blessure.

Pourquoi et quand faire appel à un psychologue du sport ou à un préparateur mental ? Comment savoir qui consulter ?

« Si on parle de psychologie du sport, je dirais qu’il est important d’aller consulter à partir du moment où notre pratique sportive nous met en souffrance. Quand je parle de souffrance, je parle d’un mal-être ou de difficultés qui nous accompagnent également en dehors de notre sport. Dans ce cas, il est important de se faire accompagner par quelqu’un qui va pouvoir agir sur notre santé mentale.

Si on parle maintenant de
préparation mentale ou de coaching, je dirais qu’il est utile de consulter lorsque nous sommes en difficulté dans la manière d’aborder notre pratique. Gestion du stress, tensions, état d’esprit négatif, difficulté à prendre du plaisir et à relativiser… On parle ici de tout ce qui est cognitif et qui va permettre d’être dans un meilleur état d’esprit », explique Matthias.

Lorsque l'on parle de santé mentale, on parle de psychologie (voire de psychiatrie). C'est de l'ordre de la santé, on ne parle pas de préparation mentale. « C'est un amalgame qui peut souvent être fait. Les deux démarches (psychologie et coaching) sont intimement liées et sont totalement complémentaires, il n'y a pas de débat là-dessus. Par contre, il faut garder en tête que les deux sont bien différentes », explique Matthias. Il m'explique d'ailleurs qu'environ 80% de son intervention relève de la psychologie. « Les gens viennent me voir pour une préparation mentale sportive, mais au fond, on découvre des blocages qui sont de l’ordre de la santé mentale. Une fois que le problème est identifié et réglé, la préparation mentale peut prendre le relais. »

Comment coacher mentalement un·e sportif·ve ?

« J'aime dire que l'accompagnement mental d'un·e sportif·ve se résume à une phrase : "l'optimisation du bien-être et l'accompagnement à la performance". Là où, d’ordinaire on parle plus souvent d’optimisation de la performance, à mes yeux, c’est vraiment le bien-être qui doit être central. Si on se sent bien mentalement, on augmente nos chances d’être dans les meilleures dispositions pour l’effort sportif. C’est là où l'approche globale, qui combine psychologie et coaching, est très intéressante », confie Matthias.

La préparation et le coaching mental sont centrés uniquement sur l’athlète. L'objectif est de maîtriser ce qui est maîtrisable. Un exemple de facteur non maîtrisable ? La météo. Si le jour de la compétition, il pleut, votre préparation mentale n'aura pas le pouvoir d'arrêter les gouttes (un jour peut-être, qui sait...). Par contre, ce que vous pouvez maîtriser, c'est l'anticipation de cette éventualité, à travers des exercices de visualisation et de planification.

En parlant d'outils et d'exercices, en voici quelques-uns qui sont fréquemment utilisés : la PNL, la cohérence cardiaque, l'hypnose, la méditation, la sophrologie, la visualisation, la mise en place de routine ou encore le travail sur des ancrages. En quelque sorte, la préparation mentale sert à donner une boîte à outils à l'athlète, dans laquelle il ou elle pourra toujours piocher selon ses besoins.

Quelle place pour le mental dans le sport ?

« Croire que dans le domaine sportif tout se base sur les capacités physiques et une illusion. Le physique et le mental sont intimement liés, ils ne peuvent pas être dissociés. Une athlète peut être totalement prêt·e physiquement, si le jour de la compétition, le mental ne suit pas car il n’a pas été préparé, les résultats ne seront pas au niveau attendu car toutes les composantes ne seront pas réunies », explique Matthias. « Émotions, énergie, douleurs, tout passe par le cerveau. Si on fait comme si tout ça n'existait pas, on se prive d’une capacité essentielle ».

Les mentalités évoluent de plus en plus concernant la santé mentale et la préparation mentale, notamment dans le domaine sportif. De nombreux noms de la scène Olympique prennent la parole pour raconter leurs expériences, ce qui permet de démocratiser ce sujet essentiel et de lever de nombreux tabous. Faire appel à un psychologue du sport ou à un préparateur mental a pu, par le passé, être vu comme une faiblesse, alors que c’est en réalité tout l’inverse. « Reconnaître ses limites est une très grande force (dans la vie perso comme dans le sport d’ailleurs). En connaissant ses limites et ses faiblesses, on peut alors agir dessus pour faire en sorte qu’elles ne constituent plus une difficulté. Sinon, ça s’appelle le déni, et on ne progresse pas en étant dans le déni », complète Matthias.

Témoignage de sportif·ve

Matteo fait du VTT de descente depuis « tout petit ». Cela fait bientôt 10 ans qu'il pratique son sport en compétition. Il me confie que ce qui le bloquait toujours, c'était « une perte de moyen et beaucoup de stress (mais pas du bon !) le jour de la compétition », ainsi qu'une incapacité à être satisfait de ses performances.

Durant sa saison 2022, il a eu l'opportunité de se faire accompagner par une préparatrice mentale. Il n'a pas hésité plus de quelques secondes. Son objectif principal ? « Arriver à me détacher du résultat et de la performance pure pour me recentrer sur le plaisir de faire du sport. À force de vouloir obtenir des résultats, j'avais oublié tout le plaisir que me procurait le VTT, alors que l'objectif premier, c'est quand même de s'amuser et de faire ce que tu aimes ». Ensemble, ils ont mis en place des routines d'avant-course : « technique de respiration, visualisation, phrases pour se booster, élaboration de scénarios dans ma tête concernant les différentes éventualités afin d’être prêt le Jour J... » 

Certaines techniques marchent chez les un·es et pas du tout chez les autres ! C'est une sorte de boîte à outils, on prend ce qui fonctionne chez nous.

Les bénéfices qu'il a tirés de cet accompagnement ? « J'étais beaucoup plus concentré sur le moment présent, le stress avait disparu. J'avais une routine, je savais quoi faire, je n'étais pas perdu. J'ai aussi appris à prendre les choses avec beaucoup plus de légèreté ! À la fin de la journée, j'étais content, j'avais donné ce que je pouvais, j'avais pris du plaisir et je ne m'étais pas blessé, c'est l'essentiel, ça veut dire que je peux continuer la saison et continuer de performer.

Le VTT de descente est un sport hyper ingrat. On passe des heures d'entraînements à rouler, rouler et encore rouler, pour une descente de 4min qui va déterminer notre place sur un tableau. Il faut être préparé mentalement à ça. »


Manon pratique quant à elle le concours complet d'équitation en haut niveau. Sa coach d'équitation était en reconversion vers de la préparation mentale et lui a proposé de lui faire passer des tests et de l'accompagner pour la saison. « J'avais du mal à me concentrer, j'étais souvent sujette aux trous de mémoire et j'avais tendance à oublier mes reprises lors des concours. Cet accompagnement m'a permis avant tout de mieux me connaître, j'ai beaucoup appris sur moi, sur ma manière de réagir et de repérer les signaux qui montrent que j'entre dans ma "zone rouge". Quand j'étais stressée, j'étais le clown de service, je faisais des blagues, personne ne pensait que j'étais stressée. Avec elle, j'ai appris à me concentrer sur moi et à me mettre dans ma bulle avant chaque compétition. »

Manon me confie : « Je n'ai jamais autant performé que quand j’étais avec elle ! Son accompagnement m'a donné confiance en moi pour faire du sport mais m'a aussi aidé à me connaître de manière générale, à savoir comment je fonctionne et à pouvoir optimiser de nombreux aspects de ma vie. »

Comment avoir un mental de sportif·ve de haut niveau ?

Le haut niveau, ça n'est pas que dans les jambes, c'est aussi dans la tête ! Alors, qu'est-ce qui différencie le mental de champion·ne des autres ? « Je dirais que c'est principalement la rigueur et le fait d'arriver à tenir les choses qui ont été mises en place en amont. Ce qui est aussi déterminant, c'est d'arriver à être centré uniquement sur soi et faire abstraction du monde extérieur afin de se mettre dans sa bulle avant une compétition », partage Matthias.

Coach mental, psychologue du sport, préparateur mental pour sportif :

L'importance de la santé mentale : savoir dire stop quand il le faut

Les prises de parole sur la santé mentale n'ont jamais été aussi nombreuses. Le "burn-out sportif" ne concerne pas que les athlètes élite, nous pouvons toutes et tous être concernés un jour. Trop d'entraînements, trop de pression quant aux objectifs à atteindre, trop peu d'air dans le calendrier ce qui donne la sensation d'étouffer... Quand c'est "trop", on a le droit de dire stop, et je dirai même, on doit dire stop. Savoir faire une pause, ralentir, voire s'arrêter un temps, n'est pas une honte ni une marque de faiblesse, bien au contraire. Comme le rappelle Matthias : « Que ce soit en psychologie ou en préparation mentale, ma vision c’est de pouvoir être dans le plaisir. Plus on est dans le plaisir, plus on augmente les chances d’avoir le niveau qu’on souhaite avoir, c’est-à-dire, être aligné avec soi-même ».

Il n'est pas toujours facile de se rendre compte que la situation est bancale et que notre santé mentale n'est pas au beau fixe. Cependant, les signes ne trompent pas (trouble de l'humeur, perte de motivation, fatigue, difficultés à performer...). Se faire accompagner par un·e professionnel·le est alors la meilleure solution pour identifier les problématiques et y remédier afin de repartir du bon pied.

Sommeil, nutrition, entraînement raisonné : les clés d'un mental au top

Les clés d’un mental au top ? Les voici (liste non exhaustive) :

  • La planification : qu’est-ce que je vais faire, à quel moment et de quelle manière.
  • La visualisation : imaginer les différentes étapes et les différents scénarios.
  • La relaxation (méditation, cohérence cardiaque, respiration…) : elle sera différente selon si on veut activer notre énergie ou au contraire ralentir et s’apaiser. La relaxation permet d’avoir le bon niveau de vigilance au bon moment.
  • Le switch : basculer d’un état d’esprit à autre.
  • L’attention et la concentration.
  • Travailler sur ce qui va se passer avant, pendant et après le jour de compétition afin d’avoir un schéma de la performance dans sa globalité.
« Le sommeil et la nutrition sont des composantes qui sont au centre du processus, d’ailleurs bien plus qu’on ne le pense. De nombreux sportif·ves de haut niveau ont pu aller aussi loin dans leurs performances, car tout leur programme est calculé, au millimètre près. Quand nos entraînements sont adaptés à notre rythme de récupération et que le plan nutritionnel est ajusté, on met toutes les chances de notre côté pour performer », explique Matthias.

La fatigue réduit les capacités cognitives, donc qu’on le veuille ou non, si on est fatigué, on est moins lucides, moins attentifs et moins concentrés. C’est alors compliqué de faire les bons choix. Le sommeil est l’une des clés essentielles pour garder le maximum de nos facultés cognitives.

Quant à l’alimentation, elle constitue notre carburant. Sans elle, nous n’avons pas l’énergie nécessaire pour nous entraîner et performer. Si on ne la gère pas de manière optimale, on va amenuiser nos chances d’arriver là où on le souhaite.

Formation et diplôme : les acteur·ices du mental des sportif·ves

Comment devenir psychologue du sport ?

Comme évoqué précédemment, le ou la psychologue du sport doit avoir suivi un cursus en psychologie, c’est-à-dire être diplômé·e d’une Licence (bac +3), d’un Master (bac +5) ou d’un Doctorat (bac + 8) en psychologie. Et le côté sportif ? Il est apporté par une formation complémentaire, souvent réalisée via un Diplôme Universitaire (DU).
En France, il n’y a qu’une seule université qui forme à la psychologie du sport : celle de Montpellier. 

Comment devenir préparateur·ice ou coach mental pour sportif·ves ?

Le métier de préparateur·rice ou coach mental n'est pas un titre protégé (en tout cas pour le moment), ce qui signifie que le contenu des formations ne suit pas de référentiel précis. Le contenu de l'apprentissage peut varier d'une formation à l'autre. Pour vous former en préparation mentale, vous pouvez vous rapprocher de certains Master Spécialisés (notamment une filière de STAPS) ou de Diplômes Universitaires. De nombreux organismes d'enseignements privés proposent également des formations pour devenir préparateur·rice mental ou coach mental dans le domaine du sport.

Alors, prêt·e à booster à la fois votre mental et vos performances ? Vous savez ce qu'il vous reste à faire : combiner préparation physique et mentale. Avec un·e coach mental ou un·e psychologue du sport à vos côtés, vous avez toutes les clés pour débloquer ce fameux palier. Et, n’oubliez pas que, sur le long terme, vos muscles et votre esprit travaillent en équipe. Alors, on vous attend sur la ligne de départ !

Marie Barreau

Marie

Rédactrice web

Passionnée de danse, férue des salles de musculation, amoureuse de l'eau et apprentie runneuse, quand je ne pratique pas de sport, j'aime écrire autour de son histoire et de ses bienfaits !

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