La gestion de la charge mentale dans le sport

“La charge mentale, c’est l’ensemble des efforts cognitifs, émotionnels et organisationnels qu’une personne doit effectuer pour répondre aux attentes internes et externes”, explique Matthias Watine.

Il ajoute : “Notre charge mentale a des conséquences sur nos manières de traiter l’information, notre mémoire, notre concentration, notre manière de nous organiser ou encore, notre capacité à prendre des décisions comme à gérer nos émotions. En cas de mal-être causé par une surcharge de celle-ci, cela pourra aussi se traduire par un dérèglement de ces aspects ou encore l’apparition de troubles du sommeil et de l’appétit.” 

En bref, “une charge mentale, c’est lorsque l’on bascule dans un trop” et ce, quel que soit le domaine, c'est ce qu'explique le psychologue du sport.

Comprenez donc que oui, la question de la charge mentale concerne aussi le milieu du sport et ce, pas uniquement les athlètes professionnel·les ou les sportif·ves de haut niveau.

Mais alors qu'est-ce qui peut engendrer cette charge mentale sportive ?

C'est souvent l'accumulation de beaucoup de choses, mais comme le constate Matthias Watine : “La charge mentale peut être le fruit d’une pression et d'attentes sociales importantes ou encore de responsabilités envers soi et les autres."

Par exemple, en pratiquant votre activité sportive ou avant mais aussi après l'avoir pratiqué, vous pensez ou plutôt ressassez le déroulé de votre séance, les conséquences que celles-ci pourraient avoir sur votre objectif, les doutes que vous avez, les contraintes que cela engendre, vos peurs de ne pas réussir, de vous blesser, d'oublier telle ou telle chose, et souvent d'appréhender ce qu'on pourra dire, penser de vous ou de ce que vous avez fait (la fameuse question du regard de l'autre), etc.

“La charge mentale peut nous épuiser et augmenter nos difficultés à nous mettre en action comme on le veut en complexifiant les tâches ou du moins en donnant l’impression que celles-ci le sont davantage. Le temps accordé à une tâche devient alors souvent plus long”, constate Matthias Watine.

Ainsi, il précise que “cette charge mentale entraîne une fatigue cognitive qui elle-même peut mener à l'apparition de blessures, de douleurs, de fatigue physique, mais aussi de difficultés à se concentrer, à prendre des décisions, ou entraîner des oublis, un manque de lucidité, du stress, de l’anxiété et de l'irritabilité ou encore des difficultés à gérer ses émotions avec un sentiment d’être débordé voire une perte de contrôle sur ce que l’on ressent et ce que l'on fait”.

La fatigue mentale, c'est un phénomène un peu différent de la charge mentale bien qu'il soit très proche. Selon Matthias Watine, psychologue clinicien, il s'agit plutôt “d'une conséquence de la charge mentale, bien que cette dernière puisse aussi impliquer une fatigue mentale. Il se peut en effet qu'à cause de celle-ci, on ait la sensation que les autres efforts que l’on doit produire deviennent une charge mentale. C'est simplement parce que l'on a moins d’énergie, alors, tout ce que l'on doit faire devient un effort.”

Une chose est sûre, fatigue ou charge mentale : il est important d'y veiller !

Qu'elle soit liée à notre pratique sportive ou non, oui, la charge mentale peut conduire à un certain burn-out, que l'on appellera d'ailleurs dans certains cas un burn-out sportif.

Comme l'explique Matthias Watine, “le burn-out est un épuisement physique, psychologique et émotionnel.  Ainsi, si l’on pratique une activité qui nous épuise sur ces trois aspects, on s’expose d'une certaine façon au burn-out.”

Dans le cadre de la pratique sportive, cela peut se traduire par l’apparition de gênes, de maux, voire de blessures ou encore une incapacité physique à bien récupérer. Il est aussi possible de ne plus ressentir de plaisir à l'entraînement. Votre motivation peut également être impactée. En bref, le sport qui vous animait et vous motivait devient une corvée et une épreuve aussi bien physique que mentale, et ce de manière continuelle et prolongée.

Pour alléger la charge mentale, notamment dans le cadre de la pratique sportive, on peut mettre en place “une préparation mentale avec de la visualisation, de la relaxation, de la pleine conscience, etc.", explique le psychologue. L'objectif ? "Apprendre à gérer son temps et à identifier ses facteurs de stress” pour se sentir plus apaisé·e.

Encore une fois, “il est aussi important d’avoir un soutien social pour pouvoir parler et communiquer sur ce que l’on ressent”, rappelle Matthias Watine.

Particulièrement chez les sportif·ves, “il est important de s’autoriser à récupérer aussi bien physiquement avec un bon sommeil, une bonne alimentation, du repos, une réduction de la charge d’effort, que mentalement en faisant une pause par exemple ou en coupant pour se concentrer uniquement sur les choses et activités que l’on aime faire et qui nous changent les idées”.

Finalement, l’essentiel sera de se couper autant que possible de l’environnement qui a causé l'apparition de cette charge mentale.

Dans le cadre du sport, cela passera tout simplement par le fait d'essayer un autre type d’activité physique, ou sportive, au moins le temps de se ressourcer et de se retrouver soi, son énergie et son envie.

Enfin, avec l'aide d'un·e professionnel·le, vous pourrez travailler sur votre vision des choses. C'est ce qu'explique le préparateur mental et psychologue du sport qui aide à “se recentrer sur soi, sur le processus et non sur la finalité, car trop souvent, c'est le résultat qui nous fait peur, ajoute du stress, des difficultés et des émotions désagréables”.

“Quand les symptômes et signaux d’alerte deviennent multifactoriels et s’installent dans le temps en impactant notre envie et notre détermination, c'est qu'il est temps de veiller à votre charge mentale”, explique Matthias Watine. Mettez alors en place les conseils cités un peu plus haut et surtout tournez-vous vers des professionnel·les de santé qualifié·es.