Faire du ski quand on est handicapé, c'est possible. Nous avons rencontré Marco, l’inventeur d’une machine inédite : la GoToSki qui fait des miracles dans le monde du handicap ! Chaussez, prêt, partez !
Né dans une avalanche à Val d’Isère, Marco est un personnage de la montagne ! Il a le panache d’un italien et le cœur façonné par sa proximité aux personnes handicapées. Skieur, entraineur de médaillés d’or aux Jeux paralympiques, il est aussi l’inventeur de la GoToSki, anciennement appelée la Trotti-ski, une machine révolutionnaire qui relève les personnes handicapées pour les faire skier debout !
Marco a vu le jour au Foyer du Skieur de Val d’Isère en 1961 à la suite d’une avalanche. Déjà plein de vigueur, Marco est un homme à la fois persévérant et résilient. Une qualité qu’il tient sûrement de son père handicapé, qui lui a appris à vivre avec le handicap.
À 7 ans, Marco assure sur ses skis ! Promis à un avenir brillant, il se voit stoppé net par un accident la veille des qualifications pour l’Équipe de France de Ski. Mais il ne se laisse pas abattre. Le ski est plus qu’une passion pour Marco, c’est sa vie ! Alors c’est naturellement qu’il se consacre à l’entraînement et devient moniteur de ski à La Plagne. C’est là-bas qu’il découvre le handiski en 1985.
Cinq ans plus tard, il se retrouve à entraîner plusieurs skieurs professionnels handiski pour les faire entrer en Équipe de France et participer aux Jeux paralympiques de Lillehammer (Norvège) de 1994. Résultat des courses : une médaille d’or pour Ludovic Rey-Robert !
C’est à partir de là que Marco devient le « Monsieur Handicap » des pistes alpines en créant un premier fauteuil à skis. Sa réputation trouve un écho dans les vallées. Des skieurs professionnels handiski cherchent à être coachés par lui. Aujourd’hui, Marco évalue fièrement : « Deux médailles de bronze, deux médailles d’argent et deux médailles d’or! »
Marco n’en reste pas là ! Sa plus grande victoire reste celle d’ouvrir la piste aux personnes handicapées avec la création d’Antenne Handicap à La Plagne. Pionnier sur le projet du « ski pour tous », Marc a trouvé une solution pour « proposer aux personnes handicapées des pratiques qui permettent un ressenti identique à celui des valides dans les sports de neige et de montagne.» Tout cela grâce à des machines qu’il invente ! C’est d’ailleurs grâce à la confiance des équipes de Décathlon Bollène (Vaucluse) qu’il équipe ses premières machines avec des skis Décathlon. « Ils sont les premiers à me soutenir ! ».
Tel Gepetto dans son atelier, ce bricoleur dans l’âme, va jusqu’à créer un produit inédit : la GoToSki, appelée auparavant la Trotti-ski, une machine pour « faire skier debout des personnes dont le quotidien ne se vit que dans la position assise. »
Plein de pugnacité, Marco va plus loin pour partager ses rêves et joue une nouvelle carte. Il s’entoure des ingénieurs de l’entreprise Delta drone avec qui il développe de nouvelles machines via sa start-up Snowskut. Son but : proposer ses créations à un public plus large. 2021 promet ! Il a déjà un nouveau projet au bout des doigts : « J’ai toujours rêvé de faire un fauteuil électrique avec une commande électrique pour les personnes avec un handicap lourd. » Un projet qui devrait voir le jour en février 2021 !
Vous avez peut-être déjà croisé la GoToSki mais sous le nom Trotti-ski. C’est la même ! Elle a juste fait peau neuve par son nom : GoToSki, pour rendre hommage à celui de son créateur : Gostoli (Marc).
En 2001, je travaillais avec mon fils qui m’a dit : « Il faut que tu fasses un cadre car les gamins se battent pour être debout comme tout le monde ! ». Jusqu’alors j’accompagnais les personnes handicapées sur les pistes et les soutenais avec des bâtons. Alors j’ai pris le guidon d’une trottinette que j’ai fixé sur des skis parallèles. L’avenir est avec le ski debout ! La GoToSki c’est un produit d’avenir !
C’est comme une trottinette sur deux skis. Le guidon télescopique commande, ainsi avec les mains on gère les pieds. On travaille par le biais de la perception, car tout passe par les pieds !
C’est un matériel permettant la pratique du ski debout d’une manière autonome ou avec un accompagnateur pour les personnes atteintes d’un handicap. Le guidon horizontal de la GoToSki est relié à un mât central, lui-même accroché sur le châssis du mécanisme qui s’incline pour tourner. Le guidon empêche à la fois la chute avant, et surtout il permet de gérer les pieds et de les incliner pour tourner et glisser.
À toutes personnes qui peuvent se tenir debout au minimum 30 secondes. Y’a des gamins qui sortent de leur fauteuil et qui mettent les mains sur mon bureau et restent 30 secondes debout. C’est à partir de là que s’ouvre la possibilité de les faire skier 1h30 le matin et 1h30 l’après-midi. On y va crescendo, et on entre progressivement dans un programme qui devient ce qu’on appelle en Europe « le ski thérapeutique » ! La GoToSki fait d’ailleurs partie d’un programme européen pour la thérapie par le sport !
Sur le site de Marco, snowskut.com, il recense des types de handicap avec lesquels il travaille : Infirmité Motrice Cérébrale, déficience visuelle, cécité, hémiplégie, traumatisme crânien, autisme, amputation, trisomie, paraplégie basse, sclérose en plaque et myopathie.
C’est plus une question de pointure de chaussures de ski que d’âge. Dès qu’ils chaussent du 23, on a gagné ! Ce qui équivaut généralement à deux ans et demi - trois ans.
La GoToSki permet la pratique du ski alpin en famille ou entre amis. Elle utilise tous les types de remontées mécaniques et emprunte la majorité des pistes de ski (verte, bleue, rouge et noire) et hors-piste.
Les enfants qui l’utilisent sont des personnes qui ont du mal à tenir debout. Mais par l’usage de cet engin, elles acceptent une position de déséquilibre permanent qui permet de tenir un équilibre. Elles se retrouvent légèrement penchées en avant grâce à l’appui des chaussures et au maintien du guidon. Ainsi le fait qu’elles soient capables d’avancer la tête leur permet de mieux marcher ; car avant de poser un pied par terre, pour marcher, on avance d’abord la tête, ce qui déplace le centre de gravité. Finalement les micro-vibrations engendrées par la pratique du ski retonifient les muscles.
Je fais de la physique à tous mes cours de ski. Et dans mon bureau vous trouverez des dessins qui expliquent la loi de la gravité mais aussi comment la personne est positionnée sur ses skis, quels sont les angles adaptés et pourquoi la chaussure a un angle de 17° en avant.
D’abord psychologiquement, vous revivez ! Socialement, ce n’est pas la même chose, car on oublie les torticolis liés à la position assise d’une tête relevée pour parler aux autres. À ce moment-là vous êtes comme tout le monde, à la même hauteur. C’est donc l’intégration qui est plus facile. Physiquement, les muscles sont tonifiés. C’est une thérapie par le plaisir !
La GoToSki est un outil d’apprentissage. Le but est de donner de l’autonomie aux personnes handicapées, grâce à la machine. Et en tant qu’accompagnateur, il faut être à côté pour rassurer, rattraper les bêtises et laisser piloter. Accompagné, la chute est très rare !
Mais quoi qu’il arrive la chute fait partie intégrante de l’apprentissage. Les fixations de sécurité sur les skis sont respectées sur ces machines, et elles empêchent de se faire mal.
Oui ! Elle est conçue aussi pour les débutants « valides » pour leur apprendre rapidement le ski ! Mais elle permet aussi aux compétiteurs (skieurs valides et confirmés) de se perfectionner en peaufinant leur technique.
En août 2015, Olivier a un accident vasculaire cérébral (AVC) et se retrouve paralysé sur tout le côté gauche. Aujourd’hui principalement en fauteuil, il réussit à se relever pour de courtes marches, mais surtout pour skier ! D’abord grâce à la GoToSki, puis aujourd’hui en skis normaux, grâce à l’accompagnement de Zyto (Thomas), coéquipier de Marco Gostoli.
« Au premier virage, j’ai cru que j’allais me planter ! Mais Zyto m’a bien rassuré. Même si j’étais bon skieur, je ne cache pas que j’étais un peu inquiet avant la première descente. J’avais vu des vidéos de gens qui y arrivaient, et j’me suis dit qu’il n’y avait pas de raison pour que je n’y arrive pas.
Et finalement, avec le Mont-Blanc à l’horizon, tout s’est très bien passé et j’ai pu enchaîner plusieurs descentes de suite. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé tous mes progrès physiques et psychologiques depuis les premiers mètres en fauteuil roulant à l’hôpital. Quelle joie de sentir la neige crisser sous mes pieds et le vent siffler dans mes oreilles !
La GoToSki a été pour moi un outil de rééducation. Faut pas avoir peur, tout le monde peut essayer et ressentir (à nouveau) des sensations dans les jambes ! Cet engin génial permet de skier debout avec toutes les sensations du ski classique.
Pouvoir fléchir mes jambes, porter mon poids sur mes jambes, c’est génial !
Cette étape de guérison est essentielle dans mon parcours car elle était inespérée et est le fruit d’une volonté individuelle et d’un partage d’objectifs avec d’autres.
La pratique de la GoToSki m’a donné de l’espoir, et même de l’espérance !
Un jour, j’ai vu un autiste, sourd, aveugle et muet skier ! Les parents avaient peur mais je les ai rassurés.
Juste en passant, pour la Sécu : j’ai remarqué qu’en Suisse et en Italie les cours de ski pour les handicapés sont remboursés par les mutuelles…"
Quant à Zyto qui l’accompagne chaque hiver il se souvient :
« J’ai connu Olivier l’hiver 2019 pour le faire skier : j’ai vu une personne brisée par un handicap. Accrochés bras dessus bras dessous, la première piste nous fut très difficile. Après cette descente, les émotions ont clairement explosé ! Olivier a skié debout sur la GoToSki, avec moi aux commandes.
Quelques minutes pour récupérer, heureux de pouvoir skier à nouveau : « Tu crois que je pourrai reskier seul un jour ? ».
Olivier est un gourmand d’autonomie ! Lui qui était si sportif, adepte de randonnées, il refusait d’être faible et dépendant. L’autonomie devait commencer par cette acceptation. L’hiver suivant fut extraordinaire !
Et dans les belles histoires avec la GoToSki, j’ai aussi fait skier un jeune qui une fois rentré chez lui, ses médecins ne l’ont pas reconnu ! Tant musculairement il avait gagné et s’était redressé !"
Tous les hivers, Olivier et Zyto se retrouvent pour continuer ces escapades en montagne. Malgré son côté gauche paralysé, Olivier a su remonter sur des skis normaux, il s’est donné pour objectif dans l'année à venir de skier avec ses petits enfants. Bien sûr Zyto sera là pour l’accompagner !