Oui, « la vie est trop courte pour être trop sérieux » dixit “The Big Man”, Jonah Lomu, figure emblématique du rugby, mais elle n’est sûrement pas trop courte pour comprendre les règles du rugby ! Si, si, cramponnez-vous, le monde de l’ovalie livrera bientôt ses secrets.
Les grandes compétitions mondiales de rugby se profilent à l’horizon et vous aimeriez pouvoir suivre les matchs et comprendre un peu les subtilités de ce jeu. Plaquage, mêlée, ruck, je décrypte pour vous toutes les règles.
Au rugby, le but du jeu est de marquer le plus de points possible en plaquant le fameux ballon ovale - à la main - dans la zone de terrain située derrière la ligne des buts de l’équipe adverse (zone appelée "en-but"). Ça, c'est la version archi-simplifiée du rugby. Oui, car dans ce sport, il y a plein de règles à suivre. Et pour bien les comprendre, il faut d’abord connaître le fonctionnement d’une équipe. C’est parti !
Au rugby, chaque numéro de maillot correspond à un poste.
Une équipe de rugby à XV comporte donc - sans surprise - 15 joueurs ou joueuses avec 8 remplaçant·es au maximum. Mais il existe aussi le rugby à 7, le rugby à 13 ou encore le beach rugby qui se pratique à la plage, ou sur du sable, avec 5 joueur·ses. Pour en savoir plus, lisez notre article dédié : Les différences entre les différents types de rugby.
Les règles de rugby évoluent régulièrement, car d’après la World Rugby (l’organisme international qui gère le rugby à XV et le rugby à 7) cela permet aux joueur·ses de « jouer dans l'esprit de Jeu, et de protéger leur intégrité physique ». La World rugby instaure aussi parfois des changements de règles de jeu dans certaines régions pour les expérimenter avant de les mettre en vigueur dans le monde. Découvrez à la fin de cet article les nouvelles règles qui seront en vigueur pour la prochaine coupe du monde.
Un match de rugby à XV dure généralement 80 minutes et se joue en 2 périodes identiques de 40 minutes avec une mi-temps de 15 minutes. Cette interruption permet aux équipes et aux officiel·les de match de quitter l’enceinte de jeu, alors qu’auparavant ces minutes de repos devaient être prises sur le terrain. Ces règles s’appliquent au rugby XV, mais elles peuvent différer pour les autres variantes de ce sport.
La durée du match peut varier aussi s’il y a des prolongations : 20 minutes sont généralement accordées, réparties en deux périodes de 10 minutes. Les situations menant à une prolongation sont diverses : après chaque essai marqué ou transformation, le jeu et le chronomètre sont interrompus. S’il y a eu trop d’interruptions du jeu, l’arbitre décide de prolonger le match. Il·elle peut aussi décider d’augmenter le temps de jeu lorsqu’un·e joueur·se se blesse ou pour déterminer l’équipe vainqueure, en cas de score égal, dans les matchs à élimination directe comme dans la Coupe du monde.
Maintenant que vous connaissez le principe du rugby à XV dans les grandes lignes, passons en revue les principales règles de jeu.
Comme son nom l’indique, le coup d’envoi a lieu au début des deux périodes du match et des prolongations. Les coups d’envoi ou de renvoi sont effectués par un drop, de l’anglais, drop kick, qui signifie coup de pied tombé. Le ou la joueur·se laisse tomber le ballon de ses mains et, une fois qu’il touche le sol, le frappe du pied.
Le coup d’envoi est le rituel d’entrée du match, mais il a des règles bien précises :
► Les deux équipes se succèdent pour donner le premier coup de ballon, à chaque début de mi-temps, sur la ligne médiane du terrain. Toute l’équipe se tient derrière le· la coéquipier·ère qui va effectuer le coup. Le ballon doit tomber derrière les dix premiers mètres de l’équipe adverse sans sortir du terrain. Si ce n'est pas le cas, l’arbitre demande à jouer une mêlée ordonnée au centre du terrain.
Dans une mêlée ordonnée, les avants et les demis de mêlée se regroupent au centre du terrain, les trois-quarts se chargent de lancer l’attaque. Le ballon est introduit entre les deux lignes d’avants, les talonneur·ses essaient de prendre le ballon en le talonnant (en le poussant du talon) vers l’arrière en direction de leurs coéquipier·ères pour le mettre à la portée du demi de mêlée.
Un coup de renvoi est donné pour reprendre le match après une interruption ou après un essai marqué. Si le ballon a été poussé dans l’en-but, mais qu’un·e joueur·se de l’équipe qui défend a réussi à l’aplatir* au sol avant que l’essai ne soit marqué, un coup de renvoi est aussi décidé.
Lorsque le ballon est bloqué dans l’en-but sans être aplati, ou s’il y a un en-avant dans l’en-but (on explique ce dont il s’agit dans le paragraphe suivant), l’arbitre accorde à l’équipe qui défend un coup de pied de renvoi depuis sa ligne d’en-but. C’est aussi le cas si un·e défenseur·se aplatit dans son propre en-but après un coup de pied offensif d’un·e joueur·se de l’équipe adverse.
Cette règle du renvoi sur la ligne d’en-but, instaurée en 2021, réduit le nombre de mêlées et favorise les contre-attaques : l’équipe qui défend peut ainsi se dégager et renverser le jeu. Et le match n’en est que plus spectaculaire !
*aplatir : terme spécifique au rugby qui signifie exercer une pression sur le ballon du haut vers le bas.
C’est une des règles de base du rugby. Dans un jeu où les passes se font vers l’arrière, une passe vers l’avant est forcément considérée comme une faute. Et, qui dit faute, dit sanction.
Mais, parfois, la règle de l’en-avant ne s’applique pas, même si le ballon part en avant. Je vous explique.
Quand le ballon échappe des mains d’un·e joueur·se d’une équipe et qu’il roule en avant dans la direction de l’en-but de l’autre équipe, on considère qu’il y a un en-avant. Oui, mais seulement si le ballon a été projeté par une main ou un bras, ou a cogné la main ou le bras d’un·e joueur·se en mouvement. Il n’y a pas d’en-avant dans ces cas de figure :
► Le ballon va en arrière d’abord puis rebondit vers l’avant.
► Le ballon est projeté en avant par un coup de pied.
► Il rebondit en avant après avoir touché le torse ou la tête d’un joueur·se.
Et les sanctions ?
Si l’en-avant est involontaire, l’arbitre ordonne une mêlée. Si le·la joueur·se a commis intentionnellement un en-avant, la sanction est une pénalité (rendez-vous au paragraphe “Comment sont calculés les points au rugby ?” pour en savoir plus sur les pénalités).
On dit qu’il y a touche ou que le·la joueur·se a botté* le ballon en touche quand le ballon sort hors des limites du terrain :
● par un jeu au pied d’un ou d’une joueur·se
● quand le·la joueur·se est projeté·e par un·e adversaire alors qu’il·elle avait le ballon en main.
Mais il y a une condition : le ballon doit rebondir au moins une fois sur le terrain avant de sortir, sauf si le·la joueur·se est dans la ligne des 22 mètres. Sinon, la touche est accordée à l'équipe adverse à l'endroit où a lieu le coup de pied. Il n’y a pas touche quand le ballon sort dans la zone d’en-but.
On parle un peu de l’aire du jeu pour comprendre ces lignes ?
*Botté : terme spécifique au rugby signifiant le fait de frapper dans un ballon d’un coup de pied.
Un terrain de rugby est divisé en plusieurs zones.
Il y a la ligne d’en-but à partir de laquelle on marque les essais. Elle est présente au niveau des poteaux de but, ces fameuses barres qui forment un grand H.
La ligne des 5 mètres : elle est marquée en pointillés sur le terrain. Si un·e joueur·se commet une faute entre les 5 mètres et l’en-but, il y a pénalité et l’équipe en bénéficiant doit reculer sur cette ligne, tandis que l’équipe qui défend se place sur la ligne d’en-but.
La ligne des 22 mètres délimite la zone de renvoi quand le ballon sort du terrain à l’arrière de l’en-but. Elle joue un rôle stratégique dans la règle du 50:22 introduite depuis 2021.
La ligne des 10 mètres, appelée aussi ligne des 40 mètres, est, elle-aussi, marquée par des pointillés. Elle est fixée à 40 mètres de l’en-but ou à 10 mètres de la ligne médiane, d’où son nom. C’est la distance minimale depuis la ligne médiane pour effectuer un renvoi au pied. Si le renvoi est trop court, l’arbitre ordonne une mêlée au centre du terrain.
La ligne médiane, ou ligne des 50 mètres, est située à 50 mètres de la ligne d’en-but. C’est une ligne pleine située au centre du terrain qui délimite les deux équipes.
Il existe aussi deux autres lignes pointillées le long du terrain, placées à 5 et 15 mètres de la touche. Elles déterminent la distance de remise en jeu lors d’une touche.
À lire : les dimensions et les lignes d’un terrain de rugby
Cette règle a été appelée ainsi car l’équipe bottant le ballon depuis son camp, indirectement en touche dans les 22 mètres de l’équipe adverse, bénéficie du lancer en touche.
On parle de marque ou d’arrêt de volée quand un·e joueur·se attrape un ballon dans ses bras, suite à un coup de pied réalisé par un·e adversaire. Les règles ? Pour effectuer un arrêt de volée, le·la joueur·se doit en même temps crier “marque” et avoir au moins un pied sur la ligne des 22 mètres de son propre camp ou être à l’arrière de cette ligne.
Il y a 4 façons de marquer des points au rugby : l’essai, la transformation, le drop et la pénalité.
L’essai est le but ultime de toute action au rugby. C’est l’équivalent du panier au basket ou du but au football. Mais, contrairement au foot, il ne suffit pas que le ballon arrive dans la zone d’en-but pour être comptabilisé : le·la joueur·se doit aplatir le ballon sur le sol pour marquer un essai. Et un essai rapporte 5 points.
Si la défense d’une équipe casse délibérément une action de l’équipe adverse qui aurait pu mener à un essai, l’arbitre accorde ce que l’on appelle essai de pénalité. L’essai de pénalité rapporte automatiquement 7 points sans avoir besoin d’être transformé.
Une fois l’essai marqué, si un·e joueur·se de l’équipe réussit à botter le ballon pour le faire passer entre les poteaux de l’équipe adverse, au-dessus de la barre transversale, on dit que l’essai a été transformé. Une transformation compte pour 2 points. Un essai transformé rapporte donc 7 points en tout. Après chaque essai, un joueur peut essayer de transformer l’essai.
Un drop est réalisé quand un·e joueur·se frappe le ballon du pied au cours du jeu et l’envoie entre les deux poteaux, au-dessus de la barre horizontale. Un drop rapporte 3 points.
L’arbitre siffle une pénalité suite à une faute grave de l’équipe adverse et se joue aussi au pied. La pénalité rapporte 3 points si le ballon passe entre les poteaux.
L’équipe peut choisir de ne pas jouer la pénalité si l’endroit où elle a été accordée est loin des poteaux. Elle a alors plusieurs options : taper en touche, choisir une pénalité rapide, c’est-à-dire jouée à la main, ou demander la mêlée fermée (les 8 avants de chaque équipe se confrontent).
Un match de rugby se déroule sous le contrôle d’un·e arbitre, de 2 arbitres assistant·es et d’un·e arbitre vidéo. En cas de faute grave, l’arbitre peut délivrer un carton rouge, jaune ou blanc.
C’est la sanction extrême délivrée par un·e arbitre. Le joueur ou la joueuse concerné·e est exclu·e du jeu, n’est pas remplacé·e et rejoint le vestiaire. L’interdiction de jouer peut même aller au-delà du match. Le carton rouge est délivré en cas de faute majeure comme un plaquage cathédrale ou si la faute est volontaire. C’est aussi le cas si le·la joueur·se avait déjà été sanctionné·e par un carton jaune durant le match et a récidivé.
Un carton jaune signifie une expulsion temporaire pendant 10 minutes du ou de la joueur·se. Là aussi, il n’y a pas de remplacement, mais le·la joueur·se concernée reste sur son banc au bord de la pelouse. L’arbitre délivre cette sanction en cas de « geste de nervosité » ou de « manquement à la loyauté » comme précisé par les textes sur les règles de l’arbitrage en rugby. L’arbitre appelle alors le·la joueur·se avec les capitaines des 2 équipes, explique la faute et sort le carton.
Le carton blanc, rarement délivré par un·e arbitre lors de matchs internationaux, sanctionne des fautes techniques volontaires commises par un·e joueur·se ou toute action contre l’esprit du jeu. Il implique une exclusion temporaire.
L’organisme international qui gère le rugby à XV et le rugby à 7, la World Rugby, a instauré 5 nouvelles règles qui sont effectives depuis le 1ᵉʳ janvier 2023 dans les matchs internationaux afin d’accélérer le rythme du jeu.
Le·la buteur·se doit, lors d’une transformation, botter le ballon dans les 90 secondes à partir du moment où l’essai a été accepté, sinon le coup de pied est refusé.
Dans le cas d’une pénalité, le·la joueur·se a 60 secondes à partir du moment où l’équipe a choisi de botter le ballon plutôt que d’effectuer une autre action. Si ce n’est pas fait dans le temps imparti, le coup de pied est également refusé et une mêlée est décidée.
Le·la joueur·se ne doit pas perdre de temps sous peine d’être sanctionné·e. Il·elle doit se mettre en place sans délai et être capable de former la mêlée dans les 30 secondes après la décision de l’arbitre.
Les deux équipes doivent se mettre en place sans délai pour former l’alignement. Si ce n’est pas fait, la sanction serait un coup franc.
Les équipes doivent former la mêlée dans les trente secondes qui suivent la décision de l’arbitre.
La World rugby a aussi précisé que le recours à l’arbitrage vidéo qui, parfois, prend trop de temps dans les matchs, sera limité. Les arbitres et officiel·les du match sont ainsi encouragé·es à prendre des décisions plus rapides et n’avoir recours au replay que lorsqu’il est nécessaire.
Pour réduire les arrêts de jeu non indispensables, les porteurs d’eau ne pourront plus être aussi sollicités qu’avant, ils auront le droit de rentrer sur le terrain lorsqu’un essai est marqué.
Enfin, le jeu déloyal, comme le fait de conserver le ballon ou de s’éloigner avec le ballon durant les pénalités, sera fermement sanctionné et les arbitres seront encore plus intransigeant·es sur ce point.
Alors, envie de vous mettre au rugby ? Vous pouvez sinon commenter avec brio les prochaines grandes compétitions !
Adepte inconditionnelle de la marche sportive, je suis aux anges depuis que j'ai combiné mes deux passions : lire et marcher. Vous me verrez dans les salles de sport sur mon tapis avec ma tablette pour des heures d'évasion.
