Le skate art ou l'iconographie de la skate culture

Le skate art ou l'iconographie de la skate culture

Lorsque l’on entre dans un skate shop, on intègre un espace chargé d’illustrations, de dessins, de photos en tout genre. Mais ça ne s'arrête pas là...

On l'a vu dans notre premier article sur l'art et le skateboard, l'image du skate est partout. C'est-à-dire ? On s'en dit plus ici...

L’iconographie de la « skate culture » est donc très riche, elle s’affiche dans un grand nombre de magazines et gagne les planches dès les années 1980. Lorsque l’on entre dans un skate shop, on intègre un espace chargé d’illustrations, de dessins, de photos en tout genre.

Si l’on s’en tient aux boards exposées à la Condition publique par le collectif Chalk organisateur de l’exposition « European Custom Board Show », on accède déjà à un bel échantillon de ce qui se fait. Des artistes issus du graphisme, de la peinture, du tatouage, du street art, de la gravure, de la sculpture sur bois ou de la sérigraphie utilisent les planches de skate comme support de création dans ce que l’on nomme le skate art”. 

À Roubaix, l’Asie s’offre au regard avec le dyptique Kyō-To-Kyō de Maxime Hurdequint, on pointe les influences du graff et du tatouage dans Burger double triple de l’artiste lyonnais MaxiMega, les planches deviennent des guitares (oui, oui ! Stratoskate, Hairy Harry et d’autres…) par la grâce de Jug Instruments, qui se produisent même en concert ! On traverse les siècles avec les planches de Cyrille Aron peintes à l’huile selon un style naturaliste influencé par Le Caravage. L’univers des comics s’invite dans les jeux de découpe et de superposition du triptyque Croc/Kong/Smoker de Quentin Caillat. Les motifs, formes et trames de street art envahissent les planches de l’artiste lilloise RESCO, une joyeuse troupe de personnages anthropomorphiques se serre sur la No Name 3 de l’artiste Sibylle, la précision du travail au stylo à bille s’admire sur les œuvres de Kristof Van Beversluys aka Studio Kri Kri. Greggarts, scultpeur dans l’industrie des effets spéciaux, évide et cisèle une board pour y inscrire « Think » entre les sillons des lobes cérébraux. Victoria Firth, utilise la technique du pointillisme au Posca pour mettre à l’honneur les créatures océaniques sur les planches Squid, Octopus ou Cuttle Fish. On admire également le travail de pyrogravure détaillant le masque de Barong, dieu de la mythologie balinaise, dans l’œuvre d’Ali Hazri et les boards pop en bas-relief d’Ivan Crozon, au croisement de la peinture et de la sculpture, sans oublier les travaux photographiques soulignant l’architecture d’Adrien Battez ou de Frédéric Maciejewski. Enfin, témoignage supplémentaire de la culture DIY au cœur de la culture skate, cette incroyable série de planches faites avec des matériaux de récupération par de jeunes Zambiens faisant partie de l’association We Skate Mongu qui promeut le skateboard comme outil développant la confiance en soi, l’autonomie et la créativité.

Avec cette petite sélection contemporaine, on mesure l’écart avec le travail graphique effectué sur les premières planches des années 1960 où seul le logo de la marque était figuré – ce qui consistait simplement à apposer le nom de la marque. Dans les années 1980 puis 1990, le skate art émerge avec les premières illustrations de Jim Phillips, directeur artistique de la célèbre marque Santa Cruz et créateur de la main hurlante. La culture punk/rock domine cette époque ce qui se traduit par une belle panoplie de têtes de mort et de monstres sur les boards. Le style cartoon se développe également avec Marc McKee qui dessine pour les marques World Industries, 101 et Blind. La sérigraphie est supplantée durant les années 1990 par de nouvelles techniques d’impression, les possibilités graphiques se multiplient. De nombreuses marques se développent : Element, Girl, Chocolate, Zero, Cliché… avec chacune une identité visuelle bien marquée.

À partir des années 2000, la planche est utilisée comme support dédié à la création d’œuvre d’art. On la coupe, la taille, la recolle, l’évide en modifiant sa forme d’origine pour en faire une sculpture, un objet du quotidien, du mobilier. À l’inverse, certains matériaux n’ayant rien à voir avec la culture skate sont utilisés pour former une planche. Les emblématiques sculptures de l’artiste Haroshi, façonnées à partir de planches cassées et récupérées auprès d’ami·e·s et des skateshops, révèlent avec maestria comment un procédé de recyclage sert la création d’œuvres d’art. À la croisée de la sculpture et du design, soulignons également les élégantes réalisations Peix Eskatat et El Banc de colors du Catalan Esteve Ayma avec sa compagnie Aymaboards.

Le skate art ou l'iconographie de la skate culture

Julien

Un peu sauvage, aime parcourir monts et vallées à biclou, la popote dans la sacoche, la boussole tous azimuts.

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