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C'est possible, le sport écolo ?

Faire du sport "de manière responsable", ça peut être un challenge... Comment concilier sport, environnement, et bonne conscience ?

Trouver un vêtement de sport éthique, une basket de sport écolo, une gourde écolo... On n'a pas encore commencé que ça semble déjà se compliquer. Et on n'avait pas dit que le sport, c'était de la détente, du loisir et pas un autre moyen de se mettre la pression ?

Des vêtements de sport éco responsables, ça existe ?

En tout cas ce n'est pas simple ! En cause : les matériaux utilisés, souvent techniques, et un processus de production qui nécessite forcément de l'énergie, de la matière première.

Prenons le polyester : il s'agit d'une matière issue du pétrole. Il faut donc puiser dans les ressources naturelles pour en produire... tandis que des bouteilles en plastique pourraient elles très bien être recyclées pour répondre à ce besoin ! De là à penser qu'il y a une connexion à faire, il n'y a qu'un pas...
Du côté du coton, c'est mieux ? On pourrait imaginer que cette matière est plus naturelle, oui... Mais non, ce serait sans compter sur les énormes quantités d'eau nécessaires pour le produire. Et comme si ça ne suffisait pas, le coton est une proie facile pour les insectes... ce qui implique aussi une grosse utilisation de pesticides. Alors on fait quoi ? On regarde du côté du coton recyclé. L'idée consiste à utiliser des chutes de fabrication ou de vieux vêtements. Le principe : retirer les fibres de ces vêtements en les mélangeant à du coton vierge, pour ensuite en créer un nouveau. Objectif : recréer une source de coton avec un impact réduit. Et quand on voit le gisement considérable qui existe... on se dit qu'il y a des choses à faire.

Vous en voulez plus ? Parlons plastique recyclé... Créer du plastique, ce n'était pas compliqué. Aujourd'hui ? On en consomme trop. Et issu du pétrole, ce matériau épuise les ressources. Alors autant l'utiliser avec parcimonie ! Ou encore mieux : utiliser du plastique recyclé : recollecter via le tri sélectif, broyer et refondre. Tout ça a aussi un impact, c'est vrai, et ça demande de l'énergie. Mais de façon moindre, par rapport à la création d'une matière plastique depuis zéro. Cela dit, on ne peut pas recycler à l'infini le plastique : chaque broyage abîme les fibres. Le monde de demain ne pourra pas être un monde avec seulement du plastique recyclé : il faudra aussi trouver des alternatives (et réduire cette consommation).

Pour en savoir plus sur la façon dont on travaille les matériaux recyclés, vous pouvez jeter un oeil ici.

Des matériaux moins énergivores et des techniques moins gourmandes pour une approche écolo

De quoi on parle ?
Du dope dye, c'est-à-dire l'intégration de la couleur directement à la conception du fil. L'intérêt : économiser l'énergie et limiter la consommation d'eau. L'idée : chauffer ensemble le pigment, le colorant et le polymere principal. On met le tout dans une vis sans fin pour en tirer un fil. Avec ces techniques, les propriétés techniques sont préservées, ce qui n'est pas rien quand on parle de vêtements techniques. L'idée aussi : proposer des couleurs stables dans le temps et intemporelles. Histoire de garder son vêtement longtemps !

On parle aussi de bi-ton : l'impact principal de la teinture, c'est la consommation d'eau et le besoin de chauffer à haute température. La technologie du bi-ton consiste à teindre un fil sur deux. Et le seul fil coloré utilisé est un dope dye (vous savez, ce dont on vient juste de parler). Ce fil coloré vient en trame, de façon horizontale, le fil non coloré, à la verticale, en chaine. La difficulté ? Le rendu final n'est pas toujours bien connu à l'avance. On sait néanmoins qu'on obtiendra quelque chose de clair, qui plaira tout de même souvent.

En résumé ? Tout produit, aujourd'hui, a un impact environnemental. Reste à voir comment il se situe sur le marché. Car il ne s'agirait pas de remplacer un produit polluant par un autre...

Comment concilier environnement et sport ?

Se déplacer à vélo, c'est une bonne idée ?

Les études ne manquent pas pour peu qu'on s'y intéresse : se déplacer à vélo c'est bon... et pas seulement pour sa propre santé !
- le vélo est la solution la plus rapide en ville (et la marche reste la solution la plus efficace pour les trajets de moins de 2 km),
- le vélo est meilleur pour l'environnement (le vélo émet entre 500 et 700 fois moins de polluants qu’un véhicule thermique, Libé en a fait un excellent article)
- et les enfants ? et les courses ? et pour les femmes enceintes ? les seniors ?

Bonne nouvelle : tout ceci est possible aussi à vélo (ne vous emballez pas, on sait aussi que tout n'est pas toujours possible à vélo, personne n'a dit que les voitures étaient bannies à vie).

En bonus : vous redécouvrez votre ville, faites vivre vos commerces de proximité, créez votre propre sas de décompression avant/après le travail, faites des économies (on en parle, de la différence du coût d'une voiture vs un vélo ?)...
Les bonnes raisons sont vraiment très nombreuses.

Comment concilier environnement et sport ?

Le plogging, c'est quoi cette histoire ?

"Je cours, je cours mais quand ce n'est pas une course, je me demande souvent pourquoi j'avance", on reproche souvent à la course à pied de ne pas avoir de but... affaire résolue, sac poubelle sous le bras, les yeux en mode radar anti-déchets vous voilà en route pour ramasser tous les détritus que vous croiserez sur votre chemin.

Comment concilier environnement et sport ?

Le sport sans emballages, une bonne piste non ?

Le zéro déchet, ou en tout cas une utilisation raisonnée de l'emballage, c'est un joli pas aussi.
Si vous voulez faire du sport écolo, vous pouvez emporter une gourde réutilisable (remplie d'eau du robinet, parce que si vous videz une bouteille d'eau en plastique pour remplir votre gourde... ça n'a pas beaucoup de sens), après avoir cuisiné vos propres barres de céréales.
Si vous cherchez des idées, on vous en propose ici

Comment concilier environnement et sport ?

Des labels environnement et sport, ça existe ?

Le label Fair play for planet vise à reconnaitre les clubs et les évènements sportifs ayant un réel engagement environnemental. Ce label part d’un constat et de quelques chiffres, comme 10 millions (le nombre de balles de tennis jetées chaque année en France) ou 2,5 tonnes (le volume de déchets généré par une manifestation sportive de 5 000 personnes).

Alors oui, consommer des balles de tennis, pour jouer au tennis, c'est incontournable. Générer des déchets, pour accueillir des milliers de personnes, c'est difficile à éviter. Mais tâcher de favoriser les "déplacements verts", favoriser le réemploi des produits sportifs, limiter l'arrosage des terrains quand c'est possible... Il existe un certain nombre d'actions accessibles aux clubs de sport.

Aujourd'hui, certaines marques, propose un affichage environnemental de leurs produits (un bon moyen de comparer avant de choisir), et si on imaginait un affichage similaire pour les événements sportifs ?

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Le sport et l'écologie, ça donne quoi ?

Dans Dictionnaire culturel du sport, on peut lire que "le sport est aussi un moyen de découvrir les paysages et les territoires naturels tout en respectant l'équilibre de ces espaces."
On y note aussi que "Les Verts" (le parti politique) envisagent de réduire le soutien aux sports ayant un impact environnemental négatif. Le terme de "sports polluants" ou "dangereux" est ainsi mobilisé pour caractériser le développement de nouvelles pratiques de pleine nature motorisé (course de voitures, aériens...).

Pour tout vous dire, on ne sait pas bien où en est cette initiative aujourd'hui. Toujours est-il que le football professionnel a malgré tout pris en compte ce défi. On peut citer l'UEFA qui a ainsi promis de planter 50 000 arbres pour compenser son dernier Euro disputé dans douze pays, des clubs de supporters qui organisent des marches urbaines inspirées du plogging...
Des initiatives intéressantes mais... ce sont aussi des arbres qui cachent la forêt, quand on pense à l'organisation de la prochaine Coupe du Monde au Qatar, à coup de stades climatisés.
Manchester est même allé jusqu'à imaginer la fin du football en mettant en scène le dernier match des Skyblues. Objectif : sensibiliser les supporteurs, supportrices à agir concrètement pour protéger les ressources en eau.

Comment concilier environnement et sport ?

Alors, faire du sport écolo, c'est possible ?

Ce même Dictionnaire culturel du sport apporte une réponse intéressante :
"La diversification des pratiquants suscite de nouveaux besoins : sport loisir, sport santé ou équipements sportifs. Outre ces besoins structurels, sociologiques, financiers et politiques, les défis planétaires du 21e siècle s'imposent désormais au sport qui doit les prendre en compte dans son développement territorial. Le sport est ainsi concerné par chacun d'eux et en présente des spécifications : la pollution atmosphérique met l'accent sur la santé des sportifs : le réchauffement climatique interroge la production de gaz à effet de serre par le chauffage des équipements ou certains engins sportifs ; la consommation excessive trouve son corollaire dans la demande croissante de matériel sportif ou l'attention portée aux ressources d'eau conduit à limiter sa consommation en quantité considérable pour les piscines ou les golfs.

(...)

Depuis les années 2000, l'ancrage du développement durable dans le sport en France est devenu significatif. L'axe principal des actions sport et développement durable au cours des dix dernières années a été celui de la protection de l'environnement. Or pour la plupart des acteurs du sport, les sports de nature sont les principaux concernés. Il y a une confusion renforcée entre environnement et développement durable, notamment par les organismes d'État qui communique peu sur la transversalité du développement durable.

Cette approche environnementale est restrictive dans la mesure où le personnel encadrant et les pratiquants perçoivent la nature comme un support de la pratique sportive mais pas comme un maillon de l'écosystème."

Pour déterminer si un sport intègre une démarche de développement durable, il est nécessaire de s'appuyer sur des outils méthodologiques pertinents pour évaluer la durabilité sportive. L'empreinte écologique, sociale et environnementale permet d'établir des distinctions entre les sports
(transport, infrastructure sportive, matériel (extraction, transformation, fin de vie), pédagogie, évaluation de la nuisance subie par les habitants, etc.).

En bref, le sport écolo oui, mais il faudra d'abord passer par une profonde mutation dans le sport, dans son rôle et son fonctionnement.

Rédacteur Guillaume Dupont

Bérangère

Vélotaffeuse avertie. Runneuse en progression. Cyclotouriste qui s'accroche.
Billard (français) d'argent !
Kids friendly.

#TeamDecath

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