La dyspnée d'effort : un symptôme courant et des causes variées

La dyspnée d'effort : un symptôme courant et des causes variées

Si votre essoufflement à l’effort vous gêne, vous êtes au bon endroit. Bienvenue ! 

Vous courez et votre essoufflement vous gêne ? Vous vous demandez s’il est normal, ou non d’être essoufflé·e en montant deux étages avec un sac de courses bien rempli ? Parlons de ce qui semble être une dyspnée d’effort. Que signifie ce terme médical et comment il se traduit dans la vie quotidienne ? Rencontre avec un cardiologue du sport, Dr Nima Endjah, pour parler de cette gêne respiratoire si fréquente.

Définition d'une gêne respiratoire : c’est quoi la dyspnée d’effort ?

Dr Nima Endjah, cardiologue du sport, précise d’emblée : « La dyspnée est un symptôme. C’est la perception d’un essoufflement anormal par le sujet. Contrairement à certaines idées reçues, ça n’est pas une maladie. » Donc, la dyspnée d’effort est un essoufflement anormal ressenti par le sujet pendant une activité physique.

Pourtant, la pratique sportive induit une accélération de la fréquence respiratoire. « Quand vous courez, vous ressentez un essoufflement et il est normal. La course à pied est contraignante pour le corps qui porte son poids. Il s’adapte en augmentant sa fréquence cardiaque pour apporter plus d’oxygène aux muscles », poursuit le médecin.

Alors, comment savoir si son essoufflement est normal ou non ?

Comme il est question de perception individuelle, la dyspnée à l’effort est difficilement mesurable de manière objective. « L’essoufflement dépend de l’effort pratiqué et de son niveau d’intensité. La tolérance à la gêne respiratoire qu’il induit est propre à chacun·e », précise l’expert. Pour illustrer, vous serez plus vite essoufflé·e si vous marchez en montagne que si vous faites du vélo.

Les échelles de dyspnée : comment évalue-t-on l’essoufflement ?

Pour l’évaluation de la dyspnée d’effort, Dr Endjah estime qu’une « personne sportive est beaucoup moins essoufflée au repos, par sa pratique du sport. Elle est plus tolérante à la gêne respiratoire induite par l'activité. Donc, on considère que la dyspnée d’effort correspond chez cette personne à une baisse de performance brutale ».  

Pour vérifier s’il y a lieu de s’inquiéter ou non, il évalue ce qu’il nomme “la part subjective du sujet” (sa tolérance individuelle à l’effort) avec un test d’effort couplé à l’une des échelles de dyspnée existantes.

Ainsi, pendant le test d’effort, Dr Endjah interroge le sujet sur son ressenti, grâce à l’échelle de Borg en 10 niveaux (le niveau 0 correspond à « aucune dyspnée » et le 10 à « dyspnée maximale »). Il mesure si le ressenti est corrélé à l’intensité réelle du test d’effort pour savoir s’il est normal ou non.

Sachez qu’il existe d’autres échelles de dyspnée, comme l’échelle visuelle utilisée chez les enfants.

Les symptômes de la dyspnée : pourquoi j'ai du mal à respirer à l'effort ?

Dans 90 % des cas, la sensation de manque d’air ressentie est tout à fait naturelle. « Elle s’explique souvent par le déconditionnement physique du sujet. Certaines personnes confondent le fait d’être active (de travailler, d’avoir des activités associatives, etc.) avec la pratique d’activité physique », alerte notre expert cardiologue du sport.

Pour déceler une origine pathologique, l’expert interroge ses patient·es sur :
• le moment où la sensation d’étouffement est perçue ;
• depuis quand cette gêne respiratoire est survenue ;
• les facteurs favorisant l'essoufflement ;
• les activités physiques pratiquées ;
• l’évolution de la dyspnée à l’effort.

Sur ce dernier point, l’élément qui alerte les spécialistes est le changement brutal de perception. « Si du jour au lendemain, un·e patient·e m’explique ressentir une sensation d’étouffement sur un trajet qu’il fait habituellement, là, on s’alerte », explique ainsi Dr Endjah.

La dyspnée à l’effort est un symptôme, mais il existe différentes façons de la décrire. Par exemple, si la dyspnée est caractérisée par une hyperventilation, elle peut être une dyspnée de stress en lien avec une crise d’angoisse. « Docteur, je respire trop vite, trop fort, j’ai une sensation de manque d’air, d'étouffement, etc. Il y a plusieurs manières de décrire ce qu’on appelle des modes de ventilation. Ils nous aiguillent dans la recherche des causes de la dyspnée d’effort », explique Dr Endjah.

Les causes de l'essoufflement : qu'est-ce qui peut causer la dyspnée d'effort ?

Dr Endjah met fin à une idée reçue en précisant que « les poumons (sains) ne limitent jamais l’effort ». Exit l’excuse du « je n’ai plus de poumons » pour arrêter de courir ! Eh oui, c’est bien le cœur qui limite l’effort et plus précisément, le débit cardiaque, c’est-à-dire le volume de sang éjecté dans le corps.

« Les sportifs·ves sont limité·es par le cœur ou par le mental qui, par exemple à haut niveau, fait toute la différence. Chez les personnes sédentaires, la limitation de l’effort est très souvent liée aux muscles. Le déconditionnement est l’une des causes majeures de dyspnée d’effort » rappelle notre expert.

Hormis ces limitations « classiques », toutes les autres causes sont pathologiques. Plus précisément, trois organes sont à l’origine du symptôme de la dyspnée d’effort.

Chez les personnes sédentaires, la limitation de l’effort est très souvent liée aux muscles. Le déconditionnement est l’une des causes majeures de dyspnée d’effort 

Une difficulté respiratoire d’origine pulmonaire

Dans les causes de dyspnée aiguë, typiquement on retrouve les crises d’asthme. « Les maladies chroniques respiratoires comme l’asthme, l'emphysème, les broncho pneumopathies chroniques obstructives (BPCO) sont à l’origine du symptôme de la dyspnée à l’effort », détaille notre expert.

Notre spécialiste rappelle que ces pneumopathies sont pour beaucoup liées au tabac. Une bonne raison pour arrêter, surtout quand on sait que cette sensation d’étouffement diminue avec l’arrêt du tabac.

D’autres causes bénignes comme la bronchite expliquent aussi la dyspnée. Aucune inquiétude à avoir : avec un gros rhume ou une toux importante, il est normal d’être momentanément essoufflé·e.

Une dyspnée cardiaque

Ici, la gêne respiratoire est liée soit à un problème de débit cardiaque (ou problème d’éjection) soit à un problème de rythme, comme dans les arythmies.

« L’une des premières causes de dyspnée d’origine cardiaque est une coronaropathie, ou maladie des artères du cœur » détaille Dr Endjah. C’est le cas, par exemple, des insuffisances cardiaques. 

Une dyspnée chronique d’origine musculaire

La cause la plus connue des dyspnées d’origine musculaire est donc : le déconditionnement physique. Bonne nouvelle, « avec une reprise sportive encadrée, il est tout à fait possible d’inverser la tendance » !

Les autres causes musculaires sont les cytopathies mitochondriales ou les myopathies, mais là, on s’éloigne de la dyspnée d’effort. Revenons donc à notre sujet.

Elle peut aller d’une crise de panique à une maladie du cœur. « Comme la fièvre peut expliquer une simple angine ou être un symptôme de tumeur cérébrale, la dyspnée d’effort est un symptôme courant aux origines très variées » résume Dr Endjah.

Comment soigner la toux à l'effort ? Traitement de la dyspnée et sport sont-ils compatibles ?

« Il n’y a pas de traitement puisque ça n’est pas une pathologie », rappelle notre spécialiste du cœur, « Il faut déterminer la cause pour la traiter. »

Quand la dyspnée est liée au déconditionnement physique, notre expert prescrit la reprise d’une activité physique. « L’erreur à éviter est de reprendre brutalement. Cette reprise doit être progressive, au risque de se blesser ou de s’écœurer. »

Pour notre expert, l’idéal est d’être accompagné·e par des professionnels de santé. « Les kinésithérapeutes ou les professeurs d’activités physiques adaptées sont en mesure de vous accompagner pour adapter l’intensité de l’exercice d’un point de vue cardiaque et musculaire », poursuit l'expert.

À noter que pour certaines affections de longue durée, quelques mutuelles prennent en charge ce qu’on appelle le sport sur ordonnance.

Si la dyspnée est d’origine pathologique, il convient de traiter en premier lieu sa cause. « Ensuite, des services adaptés de réadaptation cardiaque (pour les maladies du cœur) ou de réhabilitation respiratoire (pour les pneumopathies) prennent en charge la reprise d’activité physique », souligne ainsi Dr Endjah.

Pour les personnes atteintes de limitations ostéo-articulaires liées à des pathologies ou traumatismes, là aussi l’activité physique est recommandée. « Par exemple, les écoles du dos s’adressent à des personnes souffrant de problèmes à ce niveau. Elles interviennent pour limiter le déconditionnement », explique le spécialiste.

Dans la grande majorité des cas, dyspnée et sport sont tout à fait compatibles, à condition que l’activité soit adaptée. Demandez conseil à votre médecin traitant qui pourra vous orienter vers des spécialistes.

Quand on vous dit que le sport, c’est la santé !

Est-ce que la dyspnée est grave ? Les risques du manque d'air

Si vous avez tout suivi jusqu’ici, vous savez que dans la plupart des cas, la dyspnée est liée à une trop grande sédentarité. Il serait facile de dire qu’elle n’est pas grave (en soi, elle ne l’est pas), mais les conséquences à long terme peuvent le devenir : « Être déconditionné·e n’est pas un problème aujourd’hui. Mais dans 10, 15, 20 ans, le risque de pathologie cardiaque et autres maladies métaboliques ou pulmonaires augmente considérablement », prévient notre expert.

Allez hop, on enfile ses baskets ! Voilà ce qui conclut cette interview sur la dyspnée d’effort. Comme le dit l’adage, mieux vaut prévenir que guérir. Si vous ressentez un essoufflement difficile à supporter, interrogez-vous sur les moments où il survient et sur vos habitudes. Si elle caractérise une trop grande sédentarité dans la majorité des cas, la dyspnée à l’effort peut traduire certaines pathologies. N’hésitez donc pas à consulter un·e professionnel·le de santé pour en évaluer les causes et traiter son origine. Un grand merci à notre expert, Dr Endjah, cardiologue du sport pour Doc For Sport et à Templemars.

La dyspnée d'effort : un symptôme courant et des causes variées

Julie Mascart

Rédactrice conseils

Ancienne conseillère technique sportive qui s’est lancée le défi de la reconversion en rédaction pour le Web. Pratiquante un jour, sportive toujours (avec un faible pour les activités artistiques, le yoga et les sports de nature) !

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