Fréquence cardiaque élevée en sport : mon coeur bat trop fort ?

Fréquence cardiaque élevée en sport : mon coeur bat trop fort ?

Votre fréquence cardiaque monte lors de vos séances ? Vous hésitez à poursuivre vos efforts physiques ? Faisons le point avec un expert-cardiologue.

Vous avez envie de monter en intensité dans vos séances de sport, mais face à votre fréquence cardiaque élevée, vous n’osez pas ? Rencontre avec un expert-cardiologue du sport, Dr Nima Endjah, pour répondre à toutes vos interrogations sur le rythme cardiaque. 

Un cœur qui bat vite, c'est quoi ? Est-ce grave d'avoir un rythme cardiaque élevé à l'effort ?

Le cœur est une pompe qui envoie le sang riche en oxygène à l’ensemble des organes pour les ravitailler. L’activité du cœur se mesure en battements par minute ou bpm.   Cette fréquence cardiaque (en battements par minute) augmente dès lors que les muscles sont mis à contribution, quelle que soit l’activité physique. « L’augmentation de la fréquence accélère le débit cardiaque, ce qui donne l’apport d’oxygène quasi indispensable pour produire de l’énergie », explique Dr Endjah.

Retenez que plus l’effort est intense, plus le rythme cardiaque — et donc les battements par minute – augmente, jusqu’à atteindre sa propre fréquence cardiaque maximale (FC Max). « On peut, en partie, définir l’intensité d’un effort en fonction du pourcentage de sa FC maximale », poursuit le médecin.

Sans maladie cardiaque, il n’y a donc pas d’inquiétude à avoir si votre fréquence monte rapidement. Vous pouvez pratiquer une activité dite à haute intensité en réalisant, au préalable, un examen médical avec un·e médecin du sport ou cardiologue.

Quelle est la bonne fréquence cardiaque, celle à ne pas dépasser en sport ?

Soyons précis : il n’y a pas de fréquence cardiaque à ne pas dépasser.

Pour le comprendre, sachez que l’intensité de l’effort physique se traduit en seuils ventilatoires. Au plus votre effort est intense, au plus votre rythme cardiaque et votre consommation d’oxygène (appelée Vo² max) vont croître.

Pour s’y retrouver, Dr Endjah explique que physiologiquement, deux niveaux sont déterminés en laboratoire, grâce au test d’effort cardiaque. « Ces seuils sont appelés seuils ventilatoires. Le premier correspond à l’endurance fondamentale à environ 70% de sa VO²max ou 80% de sa FC max. Le second est le seuil de résistance, situé à 80% de la VO² max ou 90% de la FC max », illustre ainsi l'expert.

Ces chiffres restent des moyennes et ces seuils sont différents d’une personne à l’autre. Ils varient aussi avec l’entraînement ou un mode de vie sédentaire.  

Si vous avez l’habitude de pratiquer à une certaine intensité et que vous souhaitez pousser votre effort, il est tout à fait logique que votre rythme cardiaque augmente. « On peut considérer que lorsqu’on atteint sa FC max pour une activité donnée, la personne est proche de ses capacités physiques aérobies maximales », explique Dr Endjah.

Vous arrivez alors sur un effort dit maximal que vous ne pourrez pas maintenir très longtemps. « 1 à 2 minutes pour un simple actif, 3 à 4 minutes pour un·e sportif·ve, 5 à 6 minutes pour les très bons et 7 à 8 minutes pour les meilleur·es », précise notre expert-cardiologue.

En résumé, vous pouvez augmenter votre FC en fonction des seuils ventilatoires, pour travailler à différentes intensités. La bonne nouvelle, c’est que « vous ne pouvez pas dépasser votre FC Max ou vos capacités. C’est intrinsèquement impossible. » Le corps est bien fait !

Autrement dit : aucun risque sur le plan cardiovasculaire pour intensifier vos séances, à condition de n’avoir aucune pathologie cardiaque ou troubles du rythme cardiaque. « C’est d’ailleurs le principe des séances fractionnées pour progresser », ajoute le médecin.

Quelle fréquence cardiaque est normale en sport ? À combien de battements mon cœur doit-il battre ?

Tout comme il n’y a pas de fréquence cardiaque à ne pas dépasser en sport, il n’existe pas de fréquence cardiaque normale.

Si votre montre connectée s’affole en indiquant que votre fréquence cardiaque monte vite à l’effort, alors même que votre binôme de course reste plus bas, il n’y a pas d’inquiétude à avoir. « La réponse chronotrope (qui concerne le rythme cardiaque) à un effort est différente d’un individu à l’autre. Et justement, ça dépend de la FC Max », explique notre cardiologue.

Pour savoir si l’on monte vite, ou pas, il faut d’abord connaître sa fréquence maximale. Ensuite, pour chaque niveau d’intensité d’effort, plus on va fournir un effort intense, plus le rythme cardiaque va se rapprocher de la FC Max. « En réalité, il faut raisonner en pourcentage de la FC Max, et non en valeur absolue », résume Dr Endjah.

D’ailleurs, Dr Endjah précise que courir, c’est difficile. « Même lentement, la course à pied demande de porter son poids en faisant des petits bonds. Alors, que quand on fait un sport où l’on est porté (comme le vélo ou la natation) l’effort et l’intensité sont plus progressifs. Dans tous les cas, l'augmentation de la FC est linéaire et corrélée à celle de l’intensité. » Peu importe votre niveau, c’est valable pour tout le monde.

Notez par contre que la fréquence cardiaque n’est pas corrélée à la performance : deux personnes qui vont avoir une FC Max à 175 vont avoir deux chronos complètement différents au marathon (l’un va pouvoir le courir en 2 h 30 et l’autre en 4 h).

Comment gérer l'augmentation de ma fréquence cardiaque en sport ?

Vous pouvez gérer une augmentation de rythme cardiaque en régulant l’intensité de l’effort et/ou la durée de l’effort à une intensité donnée. Ce sont deux paramètres différents.

Pour illustrer, prenons l’exemple d’une personne qui commence la course à pied. Elle commence l’entraînement progressivement, avec une alternance de marche et course à pied. Elle poursuit avec des entraînements sur des distances courtes et plutôt répétées. Petit à petit, les distances s’allongent pour une même intensité d’effort, parce que cette personne va améliorer son endurance.

Le principe de l'endurance est de tenir plus longtemps une intensité donnée. À l’inverse, les entraînements fractionnés améliorent la vélocité et la puissance en allant chercher des seuils de résistance.

Notre expert conseille de mélanger ces deux formes d'entraînement. « Pour progresser, l’idéal est de faire de l’entraînement en résistance (20 %) et en endurance fondamentale (80 %). Ce sont des moyennes qui concernent le grand public, pas les spécialistes. Ensuite, cela dépend de l’objectif visé : un entraînement pour un 10 km sera totalement différent qu’une préparation d’un marathon. »

Retenez que si le cœur va bien, on ne prend pas plus de risque à monter en intensité. « Le cœur est fait pour encaisser des efforts. Par contre, quand on a une pathologie cardiaque sous-jacente non dépistée (type insuffisance cardiaque), il peut y avoir un risque à répéter un effort trop intense. »

D’où l’intérêt de consulter votre médecin pour obtenir un certificat de non-contre-indication et éventuellement un dépistage si cela est nécessaire.

Fréquence cardiaque élevée en sport : mon coeur bat trop fort ?

Le phénomène de la dérive cardiaque

Quand on pratique du sport longue distance ou longue durée, la FC va peu à peu augmenter à mesure que l’effort est prolongé à une même intensité. L’explication principale est la déshydratation : elle entraîne une baisse du volume sanguin que l’organisme n’arrive pas à compenser à 100 %.

Mon rythme cardiaque change. Est-ce une arythmie, une tachycardie ou une bradycardie ?

La tachycardie est une accélération de la fréquence cardiaque. Elle peut être soit physiologique (en lien avec un effort physique, de la fièvre, une douleur, un stress aigu) soit pathologique. « Dans ce cas, la tachycardie s'intègre dans une famille plus large de pathologies que l’on appelle les troubles du rythme cardiaque ou arythmies », précise l'expert.

Dans cette famille des arythmies, et à l’inverse la tachycardie, on retrouve la bradycardie qui est un ralentissement des battements du cœur.

« Pour une personne sans pathologie cardiaque sous-jacente, il n’y a pas de limite de fréquence cardiaque (la limite sera sa FC max qu’elle tiendra plus ou moins longtemps en fonction de son niveau). Dans un contexte de cardiopathie, le patient définit une limite, si besoin, selon sa pathologie et son traitement. Retenez tout de même que globalement, jusqu’au seuil de l’essoufflement (premier seuil ventilatoire), le risque d’un événement cardiaque aigu grave, de type infarctus du myocarde, est très peu probable », conclut Dr Endjah.

Une fréquence cardiaque élevée n’est pas une raison d’arrêter le sport. Toute activité compte, c’est un excellent médicament. Allez-y progressivement, avec un accompagnement si besoin.

Julie Rédactrice web

Julie Mascart

Rédactrice conseils

Ancienne conseillère technique sportive qui s’est lancée le défi de la reconversion en rédaction pour le Web. Pratiquante un jour, sportive toujours (avec un faible pour les activités artistiques, le yoga et les sports de nature) !

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