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Tout savoir sur le test d'effort cardiaque

Préparation, déroulé, analyse… Décryptons le test d’effort cardiaque avec un expert du sujet.

Vous commencez à pratiquer très régulièrement votre sport préféré et envisagez des challenges sportifs ? Êtes-vous concerné·e par le test d’effort ? En quoi consiste cette épreuve cardiaque et y a-t-il un risque ? Dr Nima Endjah, cardiologue du sport, répond à vos interrogations.

Pourquoi faire un test d'effort cardiaque ?

Sur le plan médical, le test d’effort cardiaque sert à dépister les troubles du rythme cardiaque ou l'ischémie myocardique.

Un test d'effort pour déceler l’arythmie

Les troubles du rythme cardiaque ou arythmies sont décelés grâce à l’épreuve d’effort cardiaque. L’arythmie se caractérise par des troubles des battements du cœur :
• s’il bat trop lentement, on parle de bradycardie ;
• s’il bat trop vite, on parle de tachycardie.

Cette anomalie cardiaque influe sur le débit sanguin du cœur, c’est-à-dire la quantité de sang qu’il éjecte dans l’organisme.

Un test d'effort pour dépister l’insuffisance cardiaque

Dr Endjah explique l’ischémie myocardique comme « une artère coronaire en train de se sténoser, de se boucher. Des plaques d'athérome se forment sur les parois et leur dépôt engendre des infarctus. La première cause d’événement cardiaque dans le cadre de la pratique sportive, c’est un problème coronaire, avec en tête de liste après 35 ans, l’infarctus. »

L’infarctus du myocarde crée une lésion irréversible du cœur et cause une insuffisance cardiaque. Le cœur n’arrive plus à propulser le sang correctement.

Or, un mécanisme du cœur optimal offre aux organes un sang riche en oxygène et en nutriments. D’où l’intérêt de muscler son cœur, comme le reste du corps, pour en prendre soin.

Les limites du test d’effort cardiaque

Comme beaucoup de tests, celui de l’épreuve d’effort a des limites.

La première est qu’il faut réaliser le test jusqu’au bout. « La personne doit être en capacité de fournir un effort court et intense », précise Dr Endjah.

La seconde limite est qu’il ne représente qu’un test de dépistage. « Il dépiste uniquement des artères bouchées à plus de 50 %, ce qui provoque un retentissement sur le cœur », précise l’expert. Pour illustrer, si vous avez toutes vos artères bouchées à 30 %, votre test d’effort restera “normal”.

C’est pour cette raison que le dépistage et l’évaluation du risque sont deux choses distinctes. Dr Endjah souligne que « ce type de test n’est pas un examen d’évaluation du risque. S’il y a un message à faire passer, c’est qu’avant de faire un dépistage sur un test d’effort, il faut évaluer le risque cardio-vasculaire global. »

Ce risque dépend de certains facteurs dont les 5 principaux sont : le tabac, l'hérédité cardiaque, le diabète, l’hypertension artérielle et le cholestérol. « On propose un dépistage en fonction du niveau de risque. Dès qu’on a un facteur de risque, on réalise un dépistage », précise Dr Endjah.

Pourquoi faire un test d'effort chez le cardiologue ?

Si l’indication du test est la recherche d’une pathologie cardiaque, l’idéal est de réaliser le test chez un·e cardiologue. C’est aussi le cas le plus fréquent, d’après notre expert. « Chez des sportif·ves déjà évalué·es médicalement, notamment sur le risque cardio-vasculaire, et/ou déjà dépisté·es, le test peut être réalisé par un·e médecin du sport essentiellement à visée de performance (seuils, VMA, PMA, FC max…) », explique-t-il ainsi. 

En revanche, toujours selon l’expert, les tests de type Ruffier Dickson sont à proscrire. « Ce test n’a aucune place dans une évaluation médicale, ni au sein des recommandations scientifiques. Il ne permet absolument pas de réaliser un diagnostic ou d’étudier le cœur. Il sert tout juste à évaluer, de loin, un niveau d’effort. », précise Dr Endjah.

Déroulement et préparation : comment se passe un examen du cœur comme le test à l’effort ?

La scintigraphie myocardique et l’électrocardiogramme sont-ils des tests d’effort ?

Plusieurs tests d’effort existent dans l’arsenal des cardiologues. « Le plus simple est le test d’effort usuel dit électrocardiogramme ou ECG d’effort, sur tapis ou vélo. Cependant, pour plus de précision, on peut coupler cet examen avec de l’imagerie », souligne l’expert.

Dans ce cas, une échographie de stress (d’effort ou pharmacologique dans certains cas) est réalisée. Moins coûteux, ce test est peu invasif et accessible. « En deuxième ligne, nous avons aussi la scintigraphie d’effort, voire l’IRM d’effort dans de rares centres », explique ainsi le dr Nima Endjah.

Le principe est toujours le même : réaliser par palier progressif un effort jusqu’à ses capacités maximales.

Comment se déroule un test d’effort ?

Le test se pratique soit sur bicyclette ergométrique, soit sur tapis de course, en fonction du sport pratiqué et des appétences du sujet. « Il n’est pas facile de courir sur tapis pour tout le monde. On peut parfois faire un test de marche en pente pour le remplacer », explique l’expert.

Dans tous les cas, le but est d’atteindre un effort maximal pour la personne, jusqu’à l’épuisement. « L’ECG d’effort calcule l’activité électrique cardiaque et la pression artérielle pendant l’épreuve. Le ressenti de l’effort est également analysé, par l’échelle de Borg. Les données sont ensuite étudiées pour déceler d’éventuelles atteintes artérielles ou des troubles du rythme cardiaque », poursuit-il.

Combien de temps dure un test d'effort ? Combien de paliers y a-t-il ?

L’effort dure entre 5 et 15 minutes. Il dépend de chacun·e puisque son principe est d’arriver à l’épuisement du sujet, de manière progressive, par paliers. S'ensuit une période de récupération de 5 à 10 minutes, dont 1 à 2 minutes de récupération active.

« Chaque test est adapté à la personne en fonction de son âge, son genre, son gabarit (IMC ou indice de masse corporelle) et son niveau d’entraînement. Des abaques permettent d’obtenir une cible à atteindre », détaille le Dr Endjah.

Les abaques sont des tables de calculs avec des formules de prédiction, dont découle le protocole individualisé du test. « Souvent, le test se déroule sur une dizaine de paliers fixes, après un petit échauffement et suivi d’une récupération », explique-t-il ainsi.

Par exemple, sur vélo, il peut s’agir de 10 paliers de 30W en partant de 100W pour un cycliste de haut niveau, alors que chez un cyclotouriste, ça sera plutôt 10 paliers de 15W en partant de 50W.

Pour un test sur tapis, un marathonien va démarrer à un palier de 12 km/h environ, puis monter progressivement, à 13, 14, 15… alors qu’une personne peu sportive, qui ne court pas, va démarrer à 2-3 km/h pour augmenter progressivement jusqu'à 6 km/h avec un pourcentage de pente pour compenser la vitesse faible.

Souvent, le test se déroule sur une dizaine de paliers fixes, après un petit échauffement et suivi d’une récupération.

Résultats de l'examen : comment savoir si mon test est positif ?

Une fois l’ECG d’effort réalisé, le ou la cardiologue analyse les données du patient et évalue si le fonctionnement cardiaque se trouve globalement normal, ou pas. « Encore une fois, un test d’effort normal n'exclut pas un risque. Il est possible d’être à haut risque (par exemple, un fumeur diabétique avec une hypertension artérielle) et avoir un test d’effort normal », précise Dr Endjah.

Comme le rappelle notre spécialiste, l’objectif du cardiologue, c’est de faire de la prévention, car prévenir, c’est guérir.

Préparatifs de l’examen : que manger avant une épreuve d’effort et comment s’habiller pour le test ?

Notre expert-cardiologue vous déconseille de réaliser l’exercice à jeun et vous invite à respecter un temps de digestion minimum. « Il n’y a pas de régime alimentaire spécifique à prévoir au préalable, mais les hyper-excitants cardiaques sont à éviter », souligne l'expert. Oubliez donc le tabac ou le café avant votre épreuve d’effort.

Pour la tenue, privilégiez une tenue de sport pour réaliser une activité physique. « Globalement, c’est short et baskets. Pour le haut, souvent les hommes sont torse nu et les femmes en brassière ou soutien-gorge, pour pouvoir placer les électrodes », illustre Dr Endjah.

Autre élément à savoir : si aucune préparation physique n'est nécessaire, évitez quand même de programmer un test d’effort le lendemain d’un ultra-trail ou d’un exercice physique intensif.

Peut-on mourir pendant un test d'effort ?

Un événement cardiaque (infarctus, troubles du rythme sévères, blessures, etc.) arrive de manière extrêmement rare à un·e patient·e au cours d’un test d’effort. « Un décès est encore plus rare », précise Dr Endjah.

Le test d’effort cardiaque reste pour autant une procédure encadrée par un·e médecin du sport ou cardiologue compétent·e et dans un milieu adapté.

Cette croyance sur la dangerosité du test provient du fait que l’effort intense est un facteur favorisant. « Un événement cardiaque est rarement lié à la procédure du test d’effort. Il s’agit plutôt d’un lien avec l’effort intense, facteur favorisant lorsqu’il y a une pathologie cardiaque sous-jacente, raison pour laquelle le test est souvent réalisé. Ce genre d’événement aigu peut tout aussi bien avoir lieu en montant simplement deux étages que lors d’une séance de sport intense », explique l’expert.

Vous savez dorénavant que le test d’effort cardiaque est sans danger, à condition qu’il soit bien encadré. Retenez que ce test de dépistage par un·e médecin ou cardiologue n’exclut pas une évaluation préalable du risque cardiaque. Merci au Dr Nima Endjah, cardiologue du sport chez Doc For Sport et en cabinet à Templemars, pour son témoignage sur le sujet ! 

Julie rédactrice conseils

Julie Mascart

Rédactrice conseils

Ancienne conseillère technique sportive qui s’est lancée le défi de la reconversion en rédaction pour le Web. Pratiquante un jour, sportive toujours (avec un faible pour les activités artistiques, le yoga et les sports de nature) !

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