Handibasket : les règles du basket fauteuil

« À l’origine, le handibasket est une pratique sportive née dans les centres de rééducation pour les soldats blessés lors de la Seconde guerre mondiale », rappelle l’entraîneur Stéphane Binot, « L’idée était, pour ces hommes le plus souvent devenus tétraplégiques, de réapprendre à se déplacer et d’appréhender la mobilité en fauteuil roulant via une activité ludique et collective. » D’abord aux États-Unis puis au Royaume-Uni, les ex-soldats commencent donc, au lendemain de la guerre, à manier le ballon, à dribbler, à shooter, le tout en fauteuil roulant… Un exercice de revalidation qui, peu à peu, va donner naissance à une discipline à part entière : le handibasket.

En France, le basket fauteuil apparaît un peu plus tard, dans les années 1950. En 1955, deux premiers centres de rééducation commencent ainsi à le pratiquer : Fontainebleau et Garches. Petit à petit, la pratique se structure, des clubs naissent, permettant l’organisation du tout premier championnat de France en 1968. Il compte alors 7 clubs. Seulement deux ans plus tard, en 1970, ils seront 17 ! Dans l’intervalle, en 1969, on a créé la Commission Fédérale de Handibasket, dont le travail permettra d’enraciner ce sport en France.

« Que ce soit au niveau des règles, de la vitesse de jeu ou encore du rythme des saisons (championnat et coupes), le handibasket est très proche du basket valide », souligne le joueur pro Louis Hardouin.

« S’il fallait résumer, on pourrait dire que 99% des règles du handibasket sont les mêmes qu’au basket-ball : 24 secondes par attaque, cinq joueur·euses par équipe, mêmes valeurs pour les paniers, etc ». Il y a seulement deux petites variations :

• la reprise de dribble, qui est autorisée au handibasket. Un·e joueur·euse peut donc stopper son dribble puis le reprendre sans être pénalisé.e.
• la règle du marcher, qui est forcément différente. Elle se compte ici en poussées et non pas en pas. Un·e joueur·euse peut faire un maximum de deux poussées avant / arrière ou simultanée / alternative entre chaque rebond.

« Au handibasket, par souci d’équité, la composition des équipes repose sur un système de classification individuelle », décrypte Stéphane Binot, « Concrètement, chaque joueur·euse se voit attribuer une classe (de 1 à 4,5) selon son handicap et son volume de jeu (capacité à tirer, à passer, à dribbler, etc.). Le total des cinq joueur.euses sur le terrain ne doit pas dépasser 14 points ».

La classification individuelle varie donc selon les capacités fonctionnelles (comme la rotation du tronc), et elle est graduelle, augmentant par 0,5 point du plus lourdement handicapé (1) au moins handicapé (4,5). La classe 1 indique par exemple une paraplégie complète ; et la classe 4,5 une amputation ou un handicap minime.

Cette classification est fixée par des classificateurs officiels qui observent les entrainements, les matchs et les déplacements des joueurs lors des compétitions.

C’est bien simple, pas de traitement de faveur pour les handibasketteur·euses … : la hauteur du panier est rigoureusement la même que dans le basketball. Soit un arceau placé à 3,05 m de haut. De quoi bien travailler les bras et les épaules pour les athlètes…

Idem pour la dimension du terrain. Elle est identique : 28 m de longueur x 15 m de largeur.

Le handibasket féminin ne diffère pas du basket fauteuil masculin, à un tout petit détail près : la taille du ballon. Les handibasketteuses jouent en effet avec un ballon de taille 6, contre un ballon de taille 7 chez les handibasketteurs.

À noter que, et ce n’est ici pas un détail, le handibasket un sport dont la pratique peut être mixte. « Les femmes sont globalement moins nombreuses que les hommes dans le handibasket. Former des équipes 100% féminines est donc parfois complexes. C’est pourquoi elles peuvent jouer avec leurs homologues masculins au niveau national en France », explique l’entraineur Stéphane Binot.
On estime qu’il y a aujourd’hui en France environ 2 000 licencié·es de handibasket, dont seulement 10% de femmes.

Les matchs de handibasket suivent le format classique du basket-ball : ils se déroulent en 4 x 10 minutes.

Si le nombre de joueur·euses est le même au handibasket qu’au basket-ball (cinq), la répartition des postes peut légèrement différer. « Alors qu’il y a cinq postes chez les valides, on s’organise généralement en trois postes au handibasket : intérieur, meneur et arrière », témoigne le joueur de l’équipe de France Louis Hardouin.

Côté compétition, la France est plutôt bien dotée. Elle compte une soixantaine d’équipes, réparties en quatre divisions : l’Élite Nationale Bastide Médical, puis la Nationale 1, la Nationale 2 et la Nationale 3.

Il n’existe pas à proprement parler de « Fédération française de handibasket » et ce, pour une raison simple : en France, tous les Handisports sont réunis au sein d’une seule et même fédé, la Fédération française Handisport. Chaque discipline y est représentée par une commission.

L’institution qui gère le basket fauteuil en France est donc la Commission Basket au sein de la Fédération française Handisport.

Au handibasket aussi, il y a des champion·nes et des favori·es…

Côté sélections nationales, la scène mondiale est dominée par deux équipes et leurs athlètes : « Les USA et l’Angleterre sont actuellement les deux grandes nations du basket fauteuil, témoigne le handibasketteur Louis Hardouin. L’équipe américaine de handibasket a d’ailleurs gagné le dernier Championnat du Monde, à Dubaï en 2023. »
Derrière ces deux cadors, on retrouve un groupe de quatre nations européennes très compétitives, elles aussi : l’Espagne, l’Allemagne, les Pays-Bas et la France. Un casting de favoris auquel on peut ajouter le Japon, le Canada et l’Australie.

Côté athlètes, on trouve évidemment dans le handibasket pléthores de grand·es champion·nes, que ce soit aux championnats du monde, d'Europe ou dans d'autres compétitions internationales.

En France, il y a par exemple la handibasketteuse tricolore Angélique Pichon. Au compteur : notamment quatre Championnats d’Europe entre 2009 et 2015. On peut aussi citer la nouvelle génération, bien représentée par Marion Blais, Championne d'Europe de basket fauteuil U24 en 2017, ou Loeiza Vari Le Roux, trois participations aux Championnats d'Europe et une carrière désormais menée… aux États-Unis.

Chez les messieurs, l’un des joueurs les plus célèbres en France reste Philippe Baye. Aujourd’hui sexagénaire, il a constitué durant sa longue carrière l’un des plus costauds palmarès du basket fauteuil tricolore : sept titres de Champion de France et quatre de Champion d’Europe. Plus récemment (il est né en 1985), l’équipe de France a pu compter sur Nicolas Jouanserre, qui a participé à deux Championnats du Monde et cinq Championnats d’Europe. Quant à la jeune génération, elle est aujourd’hui incarnée par Alexis Ramonet (né en 1995), joueur pro en Espagne dans le club de Gran Canaria et membre de l’équipe de France.