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Graisse viscérale : de quoi parle-t-on ?

La graisse viscérale, c'est ce ventre un peu trop présent à votre goût que vous n'aimez pas trop — voire pas du tout. Vous aimeriez bien en perdre un peu, ne serait-ce que pour votre confort. D'ailleurs, est-ce que ce ventre est vraiment le signe d'un problème de santé ?

Dr Laurence Plumey, médecin nutritionniste spécialisée dans le surpoids des enfants à l'hôpital Necker (Paris) et de l'obésité des adultes à l'hôpital Antoine Béclère (Clamart), et créatrice de la NAPSO-thérapie, nous aide à comprendre ce qu'est cette graisse viscérale et comment vivre avec, sans paniquer.

Qu'est-ce que la graisse viscérale ? En quoi diffère-t-elle des autres types de graisse ?

Comme son nom l'indique, la graisse viscérale est le tissu adipeux qui entoure les viscères présents dans le ventre : le cœur et les organes digestifs. On l'appelle aussi graisse périviscérale, ou graisse intra-abdominale.

« C'est une graisse qui présente plusieurs caractéristiques », explique Dr Laurence Plumey, « Déjà, sur le plan anatomique, elle est composée de volumineux adipocytes très sensibles à l'action des hormones sexuelles masculines, c'est-à-dire la testostérone. Ce qui fait que quand ils prennent du poids, les hommes, qui sont évidemment bien plus sous l'imprégnation de cette hormone que les femmes, développent davantage cette graisse viscérale qui se trouve derrière les abdominaux. »

L'autre caractéristique notable de la graisse viscérale est « qu'elle est très active et surtout très agressive, puisque plus elle se développe, plus elle favorise l'apparition de maladies métaboliques et cardiovasculaires : mauvais cholestérol, diabète, hypertension. »

Les femmes ménopausées se retrouvent aussi exposées au risque de développer cette graisse viscérale. Pourquoi à ce moment précis ? « La testostérone, également présente dans le corps des femmes, n'est plus contrebalancée par les œstrogènes et la progestérone », les hormones sexuelles féminines, « et devient de fait dominante dans l'organisme. Donc à partir de ce moment-là, les femmes ménopausées commencent à prendre du ventre de la même façon que les hommes ». Avec les mêmes conséquences pour leur santé.

De quoi se compose la graisse viscérale ? Comment la reconnaitre ? Quel est son rôle ?

Besoin d'une explication un peu détaillée – ou d'un bon rappel — sur la graisse viscérale et les différents types de graisses dont notre corps est constitué ? On vous dit tout dans cet article. Pas le temps de tout lire ? Consultez directement la partie détaillant qu'est-ce que la graisse viscérale et celle sur quelle est la différence entre la graisse sous-cutanée et la graisse viscérale.

La Dr Laurence Plumey insiste sur l'importance de la graisse dans le bon fonctionnement de notre organisme. « Le gras est un organe utile. Il représente 15% à 20% du poids du corps chez les hommes et 20% à 25% du poids du corps chez les femmes de façon tout à fait normale », selon l'âge et les origines ethniques, « Le gras a plein de rôles à jouer. Il est une réserve de calories, il contribue à la régulation des comportements alimentaires, il échange avec les autres organes, il fabrique des hormones sexuelles. Il dépollue le corps parce qu'il stocke beaucoup de produits chimiques, comme des pesticides, qui sont solubles dans le gras. »

Femmes, hommes : quel taux de graisse viscérale viser ? Pourquoi mesurer la graisse viscérale ?

Le taux de graisse viscérale à viser est indirectement apprécié par le tour de taille (le centimètre passe au niveau du nombril) qui idéalement ne devrait pas dépasser 88 cm pour une femme et 102 cm pour un homme. Ce taux est une moyenne qui dépend aussi des origines ethniques. Comme nous l'expliquait ici le Dr Jean-Michel Lecerf : « par exemple, les personnes de type asiatique ont des chiffres "normaux" plus bas que les populations européennes » (blanches).

Excès ou manque de graisse viscérale : quelles conséquences sur la santé ?

L'excès de graisse viscérale, c'est ce qu'on appelle de façon plus familière « le ventre à bière ». Mais si, vous visualisez tout de suite de quoi on parle ! Cette expression populaire ne vient pas de nulle part, « En cas de consommation excessive d'alcool, cela fait beaucoup de calories supplémentaires et donc cela fait grossir. Un seul verre de vin apporte entre 100 et 150 calories ! », rappelle Dr Laurence Plumey. Une raison de plus pour ne pas abuser à l'heure de l'apéro ou d'un bon dîner, même en ayant une pratique sportive régulière.

« Mais ce gros ventre ne vient pas que des excès caloriques. Il y a beaucoup d’autres causes dont la sédentarité qui touche insidieusement pratiquement une personne sur deux », éclaire la médecin nutritionniste, « La sédentarité est d’ailleurs reconnue comme facteur de risque de maladie cardio-vasculaire. Il est important de bouger ne sera-ce que 30 minutes de marche par jour et monter les escaliers régulièrement. »

À l'inverse, le manque de graisse viscérale est rare, mais il existe. « Il y a une maladie qui s'appelle la lipoatrophie. Elle concerne les gens qui ont moins de 5% de masse graisseuse dans leur corps. Ces personnes ont les mêmes complications de santé que celles ayant un excédent de graisse. » Logique, puisque le gras nous est aussi utile. Et la graisse située au niveau de l'abdomen protège des chocs de la vie quotidienne, pouvant abîmer tous les précieux organes vitaux qui y sont logés !

Comment se calcule ou se mesure la graisse viscérale ?

Pour savoir quel taux de graisse viscérale on a, il suffit de s'armer d'un ruban de couture et d'un peu de minutie afin de bien mesurer son tour de taille. La marche à suivre est ici !

Qu'est-ce qui cause la graisse viscérale ?

Si vous avez bien lu cet article jusque-là, vous l'avez probablement déjà compris : l’excès de graisse viscérale est causé, entre autres, par un excès de sédentarité qui fait que nous mangeons trop par rapport au faible niveau de dépenses caloriques que nous avons. Le Dr Laurence Plumey insiste, par ailleurs, sur l'importance d'un sommeil suffisant et de qualité. Elle préconise de « se coucher avant minuit et dormir 8h par nuit », pour réguler l'organisme, dont l'équilibre alimentaire et hormonal.

La médecin nutritionniste alerte également sur les risques des régimes restrictifs : « Les gens qui font des régimes s'abîment la santé. Quand ils arrêtent, ils font le yo-yo pondéral et ensuite re-grossissent. » Sans compter qu'ils détruisent au passage notre rapport à la nourriture et notre estime de soi. On vous explique d'ailleurs ici pourquoi on ne croit pas aux régimes !

Est-on tous et toutes égaux·ales face à la graisse viscérale ?

On ne vous apprend rien : la réponse est non. « On n'est pas à égalité dans la façon dont notre métabolisme se gère », confirme Dr Laurence Plumey, « Certaines personnes grossissent très vite, d'autres plus difficilement. Il faut être à l'écoute de son corps et comprendre ses besoins. » Vous n'êtes pas responsables de votre bagage génétique, ni de la façon dont votre corps réagit aux divers événements de la vie : arrêt du tabac, grossesse et post-partum, stress, troubles du sommeil et autres troubles mentaux. C'est plus facile à écrire qu'à appliquer mais : ne laissez pas votre ventre, ni le regard que porte la société sur celui-ci, définir votre valeur !

Une pratique sportive régulière et qui vous plaît va à la fois vous aider à perdre un peu de cette graisse viscérale, et à (re)trouver une relation plus apaisée à votre corps et ses capacités. Par ici le guide !

En société, quel poids fait-on peser sur les personnes concernées ?

Là aussi, nous ne sommes pas tou·tes à égalité. « La graisse viscérale est plus mal vue chez les femmes que chez les hommes », constate le Dr Laurence Plumey, « On dit d'un homme qu'il se porte bien, en riant, tandis qu'on reproche à une femme de se laisser aller, d'être trop faible et gourmande. La grossophobie envers les femmes est bien plus forte », même à morphologie égale. Ce qui les pousse encore souvent à multiplier des régimes sévères et contre-productifs.

Ce double standard n'est pas pour autant plus sain pour les hommes. « Les hommes attendent souvent d'être malades pour réagir, si leur médecin leur dit qu'ils souffrent de diabète ou d'hypertension. Les femmes se soucient davantage de leur santé. »

La graisse viscérale n'est pas notre ennemie tant qu'elle n'est pas trop présente. Mais même si c'est le cas, inutile de vous culpabiliser : profitez-en pour dormir davantage, faire une activité physique qui vous plaît et manger des aliments à la fois délicieux et bons pour votre organisme.

Graisse viscérale : de quoi parle-t-on ?

Lucie Inland

Journaliste

Journaliste indépendante et autrice, j'ai redécouvert les plaisirs du sport il y a quelques années et suis déterminée à participer à le rendre plus inclusif. Entre deux sujets de société, je me vide la tête grâce à une session de barre au sol, de Pilates ou de yoga.

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