Comment les athlètes atteignent-ils de telles performances en ski alpin, et remportent les tant convoités prix aux championnats du monde de leur discipline ? On vous explique tout ça !
Les championnats du monde Courchevel Méribel de ski alpin 2023 commence lundi 6 février ! L’occasion de revenir sur les disciplines de cette compétition, et de comprendre en quoi la biomécanique se révèle une alliée de choix dans les performances des athlètes, avec Thomas Choury de Lavigerie, ingénieur produit-maintien articulaire et ingénieur recherche et développement chez Decathlon.
Pour en savoir plus sur les disciplines et records en ski alpin, ou juste pour se la péter en soirée, voici quelques chiffres bien utiles. À chaque catégorie officielle son record, et les voici !
• La descente
Comme son nom l'indique, le but dans cette catégorie est de dévaler une piste le plus rapidement possible. "La vitesse des skieur·euses peut dépasser les 130 km/h dans cette catégorie en compétition officielle", illustre Louis dans une interview donnée à Conseil Sport sur le ski alpin, "les pistes peuvent revêtir quelques virages, jamais serrés, quelques bosses également, d'où l'importance de connaitre son terrain de glisse pour s'éviter de mauvaises surprises le jour-J". Cette discipline se dispute en une manche unique.
• Le Super G
Contrairement à la descente, les skieur·euses n'ont pas la possibilité de partir en reconnaissance à pleine vitesse sur la piste en Super G.
✏️ Le record à noter
Le record du monde de vitesse, de 254,948 km/h, a été réalisé par Ivan Origone à Vars en 2016, en kilomètre lancé, une discipline qui n'est pas au programme des championnats du monde de ski alpin. C’est plus de deux fois la vitesse d’un guépard aux trousses de son antilope-déjeuner, et ça correspond également à la vitesse d’un avion sur la piste, juste avant qu’il ne décolle. Petite anecdote : l’Italien a ainsi battu le record du monde anciennement détenu par… Son propre frère, Simone Origone !
• Le slalom
Le but est ici de dévaler la piste le plus rapidement possible, tout en franchissant de 40 à 75 portes (deux piquets flexibles placés de 4 à 15 m de distance) en slalomant. Cette épreuve se compose de deux manches, réalisées sur deux parcours distincts de 800 à 1 100 mètres pour les hommes et de 500 m à 800 m pour les femmes.
• Le parallèle
Sur le principe du slalom, prenez un premier parcours, puis placez-en un identique à côté, en parallèle (d’où son nom). Lancez un·e joueur·euse sur chaque parcours et chronométrez-les. Inversez ensuite les joureur·euses sur les parcours, et réitérez l’opération. Il suffit ensuite de faire la moyenne des temps de chaque joueur·euse pour déterminer le vainqueur.
✏️ Le record à noter
C’est une femme, Mikaela Shiffrin, qui détient le record de victoires hommes et femmes confondus, avec 17 victoires en 2018-2019. Elle détient également depuis 2022 le record de victoires en slalom, avec 52 victoires à son actif, et 74 podiums.
Non, on ne parle pas de téléphone, ici, mais bien d’une discipline aux championnats du monde de ski alpin. Réalisée en deux manches, cette catégorie combine (eh oui) une épreuve de vitesse, la descente, et une épreuve technique, le slalom.
Lors d’une coupe du monde de ski alpin, vous ne trouverez pas de coupe à proprement parler lors des remises de prix. Non, les athlètes se voient alors remettre de véritables globes de cristal ! Des gros pour les vainqueurs généraux et des petits pour les vainqueurs de chaque discipline.
C’est l’Autriche qui détient le plus de médailles dans les différentes catégories en ski alpin, en championnats du monde, avec 302 médailles obtenues, dont 101 médailles d’or.
“Ce n’est pas comme le cardio ou le développement de la masse musculaire. C’est une manière d’analyser une pratique sportive, comme on utilise la mécanique pour analyser un matériau, les contraintes qu’il va subir lors de la pratique, les déformations…”, explique Thomas Choury de Lavigerie, “La biomécanique, c’est la mécanique appliquée au corps humain : les forces que l’on va subir, les mouvements, la cinématique, les vitesses angulaires, etc.” Eh oui, vous l’aurez compris, il ne suffit pas de s’entrainer sur le terrain pour donner un coup de boost à ses performances en ski alpin, il faut aussi potasser ses futurs parcours pour mieux réagir au terrain que vous comptez arpenter. Et pour ça, la biomécanique est votre alliée !
En ski alpin, les paramètres à prendre en compte sont donc :
• La gravité : c’est elle qui nous fait avancer et descendre
• Le poids, en lien direct avec la gravité
• Les forces de frottement entre les skis et la neige
• La vitesse, qui impacte les forces de frottement au niveau de la neige et dans l’air, mais aussi les forces générées au cours de la pratique, notamment dans les virages (force centrifuge). Selon leur inclinaison ou encore leur rayon de courbure, l’athlète ne les abordera pas de la même façon.
La biomécanique trouve donc sa place dans l’entrainement des sportif·ves en ski alpin, et leur permet d’acquérir des réflexes d’adaptation sur le terrain. “Lors de l’entrainement, la biomécanique va permettre d’analyser la pratique de l’athlète : par exemple, on va voir qu’il ou elle a tendance à être en retard à chaque porte, et comprendre pourquoi en décortiquant le virage”, explique Thomas, “Par cette analyse, on va pouvoir lui expliquer qu’en remontant un petit peu plus tôt, il ou elle va réduire les forces de frottement, gagner en timing et perdre moins de vitesse”.
“Plus la personne est lourde, plus on aura d’inertie”, précise Thomas, “Ça aura un impact dans les virages, et sur les forces subies par l’athlète”. Tout dépend donc de la capacité musculaire de l’athlète à appréhender ces forces. Vulgairement, si vous vous lancez tout schuss dans une descente, mais que vos gambettes n’ont pas vécu de renforcement musculaire depuis Mathusalem, vous risquez fort de vous vautrer méchamment au premier virage, faute de force pour faire face à celui-ci et aux forces générées.
“Sur la partie prise de vitesse, on pourrait de fait croire qu’une personne plus lourde ira plus vite, mais ce n’est pas toujours le cas”, explique l’expert, “Parfois, elle subit trop de forces et n’arrive pas à les maitriser, et va ainsi perdre de la vitesse à ce moment-là”. Bon, logiquement, les athlètes en ski alpin ont bien conscience de ce risque, et adaptent leurs entrainements pour pouvoir performer au mieux le jour-J. “En ski, le moteur de notre vitesse est la gravité. Dans les virages, le corps va subir de fortes accélérations, car il s’y oppose, il va donc falloir être en résistance. Pour travailler cela, il y a notamment le travail de la force excentrique”, explique Thomas, “Il faut travailler les muscles en résistance, c’est-à-dire qu’on va les travailler en retenant le mouvement, au contraire du travail en force explosive. Par exemple, en squat, l'athlète va mettre une charge proche de son max, voire supérieur à sa charge max et va travailler uniquement sur le fait de retenir la charge dans le mouvement. Pour remonter, il devra être aidé. Il vaut mieux être accompagné d’un·e coach pour ce genre d’exercice, car il peut être très traumatisant pour le corps (muscles et articulation).”
Tout dépend de la façon dont vous fonctionnez ! Si vous aimez que l’on vous explique pourquoi tel mouvement vous permettra d’améliorer vos performances, alors une analyse biomécanique de votre pratique peut vous aider. “La biomécanique va forcément être utilisée dans le sport de haut niveau pour faire de l’optimisation de la performance et gratter en timing à certains endroits. Mais ce regard peut aussi être utile pour l’amateur·ice s’il ou elle veut progresser, comprendre la technique derrière le ski et ne plus skier qu’au feeling”, explique Thomas.
Rien d’obligatoire cependant, vous pouvez tout à fait laisser la biomécanique aux athlètes de haut niveau, et arpenter les pistes comme bon vous semble, dans le respect des règles de sécurité, bien entendu.