Tutu, pointes et arabesque... la danse classique transporte. Entre élégance, rigueur et professionnalisme, que se cache-t-il derrière une carrière de danseuse professionnelle ? Levons ces mystères avec Ania Bartkowski, jeune danseuse classique professionnelle.
À quoi ressemble une journée type dans la peau d’Ania, jeune danseuse professionnelle ? Comment prépare-t-elle ses auditions ? Est-ce possible de vivre cette passion pour la danse ? Voici ce qu’elle nous livre.
À quoi jouiez-vous à 6 ans ? Vous en rappelez-vous ? Pour Ania Bartkowski, c’est l’âge auquel elle réalise sa première année d’initiation à la danse à l’école du Ballet du Nord. Et c'est deux ans plus tard qu’elle a réellement décidé de franchir le pas en s'inscrivant à l’école de danse classique, celle de ses parents (c'est tout de même plus pratique), eux aussi danseurs : le studio Bartkowski.
Biberonnée aux ballets, sa passion pour la danse est presque une évidence. Dès ses 16 ans, Ania quitte la France pour intégrer l’école Royal du Ballet d’Anvers. Elle en profite pour enrichir sa technique et son interprétation et découvrir des cours de danse contemporaine, modern’ jazz, espagnole mais aussi la danse en couple grâce au pas de deux.
La création d’un projet chorégraphique pour son école est un des moments marquants de sa jeune carrière. C'est la première occasion pour elle de prendre en main la création d’un ballet entier pour son école. De l'apprentissage des chorégraphies aux enfants et jusqu'à l'interprétation sur scène, elle forge son expérience avec ferveur.
"Je commence la matinée par mon petit déjeuner et un bon petit café avant de prendre le train pour Paris. Après 1h de trajet, je prends un cours de danse classique d’environ 2h à la Cité Véron avec Jean-Marie DIDIERE. Ensuite, soit je reste un peu sur Paris, soit je rentre à la maison pour faire un peu de Pilates. Quand je ne suis pas dans une compagnie, j’essaie de m’occuper l’après-midi en travaillant sur mon corps pour le préparer et éviter de me blesser. Le soir je prépare des auditions et je travaille sur mon CV si j’ai vu des choses intéressantes. En général, je suis des cours de danse 6 jours sur 7 et chaque cours durent environ 2h."
En général, j’essaie d’adopter des habitudes saines que je peux maintenir sur la durée pour équilibrer mon rythme assez soutenu entre mes entraînements et mes allers-retours sur Paris qui sont fatigants. Mon alimentation est assez ordinaire. Je n’ai pas de régime alimentaire spécifique. Lorsque je suis dans une compagnie et que le rythme est plus intense, je ressens le besoin de manger davantage. Je m'adapte.
En ce qui concerne ma routine d’entrainement, j’aime bien réaliser ma petite routine Pilates à la maison. J’ai découvert cette pratique il y a maintenant 2 ans et ça m’a beaucoup aidé à appréhender ma grande taille quand je danse. Depuis que j’en fais, j'ai un meilleur port de tête, j’ai plus d’équilibre mais aussi une plus grande vitesse d'exécution de mes mouvements. Tous les danseurs devraient faire du Pilates selon moi ! En plus du Pilates je fais des séances de stretching tous les jours. En complément, cela m’arrive aussi de suivre des cours de variations même si je reste majoritairement sur des cours de classique pour le moment.
J’aime tout ce qui est sur pointes avec une base classique mais avec une petite touche néoclassique un peu décalée. je m'inspire principalement dans les répertoires de William Forsythe et de Jean-Christophe Maillot que j’adore et sur lesquels j’ai déjà travaillé auparavant ainsi que John Mayer que j’apprécie également.
J’en ai plusieurs ! J’ai très envie d’aller à Hamburg Ballet que John Mayer dirige. J’aimerais me consacrer davantage à un style néoclassique. Je n’ai pas un style 100% classique académique. Et plus je muris et plus je sais ce que j’aime…
Dans les prochains mois, ce sont toutes les auditions qui vont commencer. Je vais avoir un planning chargé avec des auditions toutes les semaines. J’aimerais aussi travailler et prendre des cours avec quelques compagnies pour voir comment se déroule une journée type. Je vais également passer des auditions pour des contrats courts car il y a toujours des compagnies qui en recherchent comme Casse Noisette. C’est important à mon sens de travailler avec des professionnels pour apprendre toujours davantage.
Ce qui est dur c’est de rester confiante jusqu’au bout même face aux rejets pendant les auditions. C’est très rare d’être prise dès le premier coup même pour les très bonnes danseuses. Et à ce stade, ce n’est pas que le niveau qui compte. Une compagnie cherche un type et un style de danseuse. Si tu ne corresponds pas à ce style, tu ne seras pas prise. C'est une chose à savoir. Pour ma part ça m’est arrivé que l’on me dise que j’étais trop jeune ou encore que j’étais trop grande, c'est comme ça.
Continuer à se battre et aller jusqu’au bout malgré les différents obstacles. Il faut avoir envie de le faire et avoir conscience de son niveau. Savoir écouter les personnes autour de soi et apprendre des autres. Mais le plus important c’est la confiance et savoir le montrer en audition. Même si c’est juste faire semblant au début, on a toujours un peu peur mais il faut rester fier de soi. Ne pas forcément se mettre derrière les autres etc.
Il y a une place pour tout le monde !
Je n’ai pas énormément de hobby en dehors du monde de la danse. J’aime bien la photographie, le yoga et toutes les activités en extérieur comme la randonnée que je partage avec mes proches. Mais il faut que ça bouge ! J’aime faire quelque chose de ma journée même si c’est juste pour sortir marcher avec mon chien.
Dans 3 ans je me vois encore en Europe avec un contrat corps de Ballet dans une compagnie. Je ne me vois pas encore partir aux Etats-Unis même si j’y ai déjà beaucoup pensé. Pas pour tout de suite car je ne me sens pas encore prête. Le répertoire en Europe m’intéresse plus à mon âge.
Merci à Ania Bartkowski de nous avoir ouvert les portes de son univers merveilleux.