Une intense course technologique
Cette performance est d’abord celle d’une athlète ultra-douée, bien sûr, mais elle est aussi celle d’une technologie. En l’occurrence, des prothèses de jambes très perfectionnées. Depuis son émergence, au lendemain de la seconde guerre mondiale, le mouvement handisport n’a en effet jamais cessé de faire dialoguer sport et technique. Au point de nourrir une course technologique dont on voit aujourd’hui les prouesses sur les pistes du monde entier. L’exemple des prothèses est sans doute le plus impressionnant. Longtemps, les prothèses de jambe furent composées de bois, de mousse et de cuivre. L’ensemble créait un équipement lourd et peu maniable. Et puis vint le titane et les travaux avant-gardistes de l’ingénieur américain Van Phillips.
C’est lui qui, dans les années 1980, inventa celle qui devient alors la grande star des épreuves paralympiques contemporaines : la fameuse Flex-Foot, avec sa lame en fibre de carbone et sa forme en L. Inspirée de la patte arrière d’un guépard, la prothèse révolutionnaire va rapidement faire l’unanimité chez les sportifs. Elle permet de remplacer plusieurs parties du corps : mollet, talon, plante et pointe des pieds.
Un exemple parmi d’autres... Car sous l’impulsion des athlètes eux-mêmes, les progrès technologiques ont changé la face du handisport dans son ensemble, a fortiori au haut niveau. On pense, bien sûr, aux fauteuils : il y a encore quelques décennies, ces derniers, fabriqués en acier, pouvaient peser jusqu’à 30 kilos… De véritables chars d’assaut comparés aux modèles de 2022 ! Aujourd’hui, certains n’excèdent pas les 5 ou 6 kilos, à l’instar de ceux utilisés dans le basket. Les modèles se perfectionnent pour s’adapter aux disciplines, comme le tennis, où certains champions, tel le Français Stéphane Houdet, ont eux-mêmes mis au point leur équipement.
Citons aussi l’apparition il y a une vingtaine d’années des genoux mécaniques, qui permettent d’amortir les flexions et les extensions lors des courses. Ou encore l’impression 3D de prothèses sur mesure, les gants facilitant la prise en main des accessoires sportifs, ou même, plus récemment, les bonnets de bain qui alertent les nageurs déficients visuels de l’approche du bord du bassin directement grâce à un système de vibrations.