S’il est une discipline qui exige de la technique, c’est bien la gymnastique artistique féminine. Découvrons ses subtilités et ses agrès, des pratiques dans la pratique !
Agrès, vous avez dit agrès ? Ce terme vous parle-t-il ? Pour votre gouverne, il définit d’abord les éléments qui se rapportent à la mâture d’un navire, tels les voiles et les cordages. Par extension, il désigne, dans le cadre qui nous intéresse, les équipements sportifs et les pratiques associées.
Pour la gymnastique artistique féminine, ils sont donc quatre : les barres asymétriques, la poutre, le sol et le saut de cheval.
“A 6 ans, lorsque les jeunes gymnastes découvrent cette discipline, elles sont initiées à la pratique des quatre agrès”, confie Mathilde Esqurial, assistante chef de produit gymnastique chez DECATHLON et ancienne pratiquante en compétition nationale.
“Bien évidemment, chaque gymnaste a généralement une préférence et se sent plus à l’aise sur tel ou tel agrès. Pour ma part, j’ai toujours bien aimé les barres asymétriques, une pratique qui exige beaucoup de technicité. Mais les différences entre chaque agrès font de la gymnastique artistique un sport très complet, qui fait travailler la totalité du corps. Car chaque agrès exige des pratiquants différents mouvements, aptitudes et techniques.”
Concrètement, cet agrès se compose de deux barres asymétriques en bois, l’une plus basse que l’autre. La gymnaste doit réaliser des changements d’exercices, et passer d’une barre à l’autre sans temps d’arrêt.
“Selon moi, c’est l’agrès le plus technique”, indique Mathilde. “Il exige beaucoup de force dans les bras et une très grande concentration. L'enchaînement dure en général une trentaine de secondes, un temps durant lequel il ne faut rien lâcher techniquement. À l’entraînement, c’est l’agrès sur lequel la sportive passe le plus de temps, car il faut minimum réaliser 7 éléments pour faire un mouvement complet. Et l’apprentissage technique des éléments est long. Il faut vraiment faire preuve de patience et de persévérance.”
Et pas question de lâcher la barre lors d’un élément ! C’est sur cet agrès que la gymnaste utilise de la “poudre blanche” ou encore de la “farine”… Autrement dit, en langage gymnique, de la magnésie. Cette dernière absorbe la sueur des mains et permet à la gymnaste de ne pas glisser, avec ou sans manique.
L’agrès de toutes les peurs… Qui n’a jamais ressenti de stress à l’école en gymnastique éducative sur la poutre ? Pas grand monde, il me semble !
“En compétition, la poutre, c’est l’agrès juge de paix”, confie Mathilde. “S’il se passe bien, la gymnaste est en confiance pour la suite et a tout à gagner. Mais elle sait qu’un petit déséquilibre peut lui coûter extrêmement cher ! Rien n’est ainsi joué d’avance tant que la compétitrice n’a pas passé cette épreuve.”
Cet équipement mesure 5 mètres de long et seulement 10 cm de large, et peut être placé à 1,60 m du sol. “Le classement se joue généralement sur la poutre.”
Pour maîtriser son mouvement, la gymnaste doit évidemment faire preuve de beaucoup d’équilibre, mais aussi d’agilité et de souplesse. “Il faut être vraiment très concentrée”, reprend l’assistante chef de produit. “Le mouvement peut aller jusqu’à 1 min 30 et durant ce laps de temps, il faut être hyper attentive et rester vraiment focalisée. Un déséquilibre ou une chute peuvent vite survenir…”
Troisième agrès, le sol.
Mais attention, ne confondez pas cet agrès de gymnastique artistique avec la gymnastique rythmique !
Au sol, les gymnastes réalisent une performance durant 1 min 30, sur une musique instrumentale sans parole.
Leur terrain de jeu : un grand tapis ou praticable, carré de 12 mètres de côté, sur lequel la gymnaste réalise des enchaînements gymniques en diagonales et une chorégraphie.
Cet agrès allie grâce, technique et légèreté : la compétitrice y réalise de nombreux sauts périlleux en tout genre. “C’est véritablement au sol que la gymnaste peut exprimer son dynamisme et faire preuve d’élégance”, confie Mathilde. “Idéalement, l'enchaînement doit allier grâce et technicité pour convaincre.”
Enfin, le dernier agrès, le saut de cheval, est aussi le plus court !
Après une course d’environ 25 mètres où elle prend un maximum d’élan, la gymnaste doit rebondir sur un tremplin puis prendre appui sur le saut et réaliser un élément. Elle se retrouve ainsi dans les airs quelques secondes, le temps de livrer la maîtrise de son mouvement.
Cet agrès requiert puissance, rapidité, légèreté et toujours beaucoup de technique !
“Le saut de cheval est un agrès qui se déroule très vite. Depuis le début de la course jusqu’à l'atterrissage, je pense qu’il doit se passer une vingtaine de secondes”, décrit Mathilde.
“A l’entraînement, c’est un agrès qui doit être répété, répété, répété… Mais comme il est rapide à réaliser, une gymnaste, sur les 2h, 2h30 d’entraînement, n’y passe généralement pas plus d’une demi heure.”
La gymnastique artistique féminine, par la définition de ses quatre agrès, est une discipline extrêmement complète, qui exige des gymnastes de nombreuses qualités : technique, souplesse, force, légèreté…
“Il faut beaucoup s’entraîner”, confie Mathilde.
“La gymnastique est un sport exigeant et les entraînements, pour maîtriser les quatre agrès, durent longtemps. C’est pour cela que les gymnastes démarrent en général assez jeunes ! Il faut se montrer assidu, régulier et persévérant pour progresser. Certains caps peuvent être plus difficiles que d’autres à passer. Mais quel plaisir de parvenir à réaliser tel ou tel élément !”
Conscients du degré technique exigé par la discipline, certains clubs proposent cependant des catégories loisirs aux néophytes…
De quoi vous initier aux différents agrès en vous faisant plaisir !
Et vous, sur quel agrès êtes-vous le plus à l’aise ? Quelle a été votre plus grande fierté en tant que gymnaste ? Partagez avec nous votre expérience, on attend tous vos témoignages avec impatience !