Mal de tête pendant et après le sport : c'est grave ?

Mal de tête, migraine, céphalée… Nous sommes tous et toutes d’accord pour dire que c’est un mal dont nous nous passerions bien… Mais est-ce que c’est vraiment la même chose ? Pour comprendre les différences et les subtilités sémantiques, j’ai posé la question au Dr Claire Marse. « Maux de tête et céphalées veulent dire la même chose », m’indique-t-elle. Elle ajoute : « Simplement, la céphalée correspond au terme scientifique, au jargon médical. »
Aussi, on le sait, si l’on a tou·tes déjà eu mal à la tête, la douleur, l’intensité et sa localisation diffèrent souvent. Au-delà du ressenti subjectif de la douleur, c’est tout simplement parce qu’il ne s’agit pas du même type de céphalée !
Il semblerait que nous rentrions dans le vif du sujet… (sans prise de tête 🤯, on a promis 🙂).

Vous connaissez ce mal de tête frontal, cette barre profondément désagréable ? On vous présente la céphalée de tension. Ses caractéristiques ? Elle débarque souvent quand on a mal dormi, elle se manifeste comme une barre ou en casque, accompagnée d’une douleur un peu sourde, non battante contrairement à la migraine. Ici, la tension est plutôt frontale, bilatérale, en étau.

Et la migraine, justement ? 
« La migraine fait partie de la famille des céphalées. C’est un type de mal de tête caractérisé par une douleur hémicrânienne (localisée sur une moitié de la tête) la plupart du temps, pulsative (tel un battement de coeur), avec une intensité modérée à sévère. On estime qu’une crise migraineuse dure entre 4 et 72 heures », m’explique Claire. Elle ajoute : « Dans la migraine, on peut avoir une photophobie et phonophonie, c’est-à-dire que le bruit et la lumière vont être vécus comme douloureux, mais pas seulement. »
Parmi les symptômes des migraines, on retrouve notamment les nausées, voire les vomissements.

On estime que 6 à 7 millions de Français·es souffrent régulièrement de migraines : si la cause en est encore inconnue, on a effectivement mis le doigt sur un certain nombre de facteurs aggravants. Comme l’explique la docteure : « L’activité physique peut en être un au moment de la crise migraineuse, tout comme une activité aussi banale qu’une montée d’escaliers peut l’être également. En revanche, il semblerait que la pratique d’une activité sportive régulière soit davantage un facteur protecteur. »

Un simple mal de tête, ponctuel et reconnaissable (dont vous êtes familier.e) n’a pas lieu d’être une source d’inquiétude. Mais une céphalée intense et inhabituelle doit être notifiée au médecin généraliste et potentiellement faire l’objet d’une consultation immédiate aux urgences. Comme l’explique la docteure, il existe des formes de céphalées plus graves  « que l’on appelle la céphalée “coup de tonnerre”. Elle peut par exemple être symptomatique d’une hémorragie méningée. Dans ce cas, il est important de  pouvoir faire un diagnostic afin d’intervenir vite ».

Enfin, notez que la céphalée d’aggravation progressive, mal de tête qui s’installe dans la durée et qui monte en intensité, est également un signe d’appel.

En premier lieu, Claire avertit : « Il n’est pas normal d’avoir mal à la tête quand on fait du sport. Cela peut arriver à titre exceptionnel, comme lors d’une reprise sportive, mais si cela est fréquent, il est recommandé de consulter un·e médecin. »
En effet, une personne qui se plaint de céphalées à chaque séance d’entraînement peut souffrir d’un problème cérébral ou d’hypertension.
Si le sport a tendance à aggraver les céphalées de type migraineux, les céphalées de tension peuvent au contraire apporter un certain soulagement. La déshydratation ou la pratique en pleine chaleur sans le port d’une casquette, par exemple, peuvent aussi déclencher les maux de tête.

On vous parle de l’importance de l’hydratation avant, pendant et après le sport, en détail dans cet article.

Vous aussi, vous pensiez qu’il s’agissait du sport préféré des migraineux·ses ? Bingo, on a tout faux 😝 ! La marche migraineuse correspond au mode d’installation progressive de la céphalée migraineuse.
En réalité, cela décrit un mécanisme migraineux, celui de la céphalée avec aura migraineuse : des troubles visuels ou troubles sensitifs (des fourmillements dans les doigts ou des troubles de la vision, notamment) qui se manifestent peu de temps avant l’arrivée de la migraine.
Pour soulager ces symptômes, les migraineux·se se voient souvent prescrire des triptans (dont la posologie est à respecter selon l’ordonnance de votre médecin, si tel est votre cas).

Il existe bel et bien une céphalée d’effort qui intervient après le sport. On parle alors de céphalée secondaire (dont on connaît la cause, contrairement aux céphalées primaires dont l’origine est inconnue). Comme mentionné précédemment, un manque d’hydratation ou d’apport calorique en glucides avant l’effort peuvent en être la cause, mais aussi une hypertension à l’effort. On vous souffle quelques éléments de réponse juste après.

La bonne nouvelle, c’est que lorsqu’on en connaît la cause, il est simple d’agir pour éviter qu’elle se reproduise.

Vous l’aurez compris, une bonne alimentation et une excellente hydratation sont primordiales dans la pratique d’une activité sportive et notamment en prévention de maux de tête. Mais (et c’est là que je reconnais mon erreur !), une pratique progressive et à son niveau n’est pas non plus négligeable ! « Voilà pourquoi il est recommandé d’en parler à son ou sa médecin avant une reprise », préconise la neurologue.
Elle ajoute : « Pour les personnes sujettes aux migraines, tout changement d’habitude, d’environnement, de météo… peut aussi être un facteur déclenchant. » En cas de maux de tête, les anti-inflammatoires peuvent soulager une migraine. Mais avant toute prise médicamenteuse, sollicitez l’avis de votre médecin.

La réalité, c’est qu’on ne sait pas comment l'exercice pourrait causer des maux de tête (qui, on le rappelle, ne sont pas un symptôme normal lié à la pratique sportive). Cela peut être la combinaison d’un certain nombre d’éléments tels qu'un faible taux de sucre dans le sang, une déshydratation, un manque de sommeil ou encore un échauffement insuffisant. 
Que vos maux de tête interviennent pendant ou après le sport, les conseils prodigués par Claire s’appliquent : un bon échauffement, une bonne hydratation, un apport en glucides suffisant et un choix d’exercices adaptés à votre capacité… Avec ça, tout devrait aller comme sur des roulettes !

Les grand·es migraineu·ses ont en général intégré la pratique d’un sport d’endurance à leur routine : qu’il s’agisse de la marche, de la course à pied ou encore de la natation, cette pratique semble être un facteur de diminution de la crise migraineuse. Le tout est de ne pas démarrer une activité physique alors que la crise a déjà commencé, au risque de l’aggraver.

Et pour les autres ? Claire Marse, neurologue, conseille de faire du sport en plein air ou dans un lieu bien aéré, d’éviter les mouvements de flexion et d’extensions du cou qui peuvent provoquer des céphalées cervicogéniques, et de se préserver des éventuels coups de chaleur en commençant par bien s’hydrater. Du bon sens, en somme !

Retrouvez tous nos conseils nutrition d’avant sport ici.