Et si le minigolf était bien plus physique que vous ne l’imaginiez ? Au-delà de l’activité ludique, découvrez le minigolf de compétition, où le divertissement laisse place au sport.
Loin des vastes parcours de golf, la version miniature de ce sport relève bien souvent du loisir dans l’imaginaire collectif. Pourtant, derrière l’attraction familiale, se cache une véritable activité physique et stratégique.
On trouve les premières traces du minigolf en 1912, dans les archives du média The Illustrated London News. Ce que l’on appelle alors “golfstacle”, contraction de “golf” et “obstacle”, présente les prémices du minigolf tel qu’on le connaît aujourd’hui : un mini parcours de golf truffé d’obstacles géométriques que les joueur·euses doivent surmonter.
Cette version miniature du golf connaît une véritable démocratisation grâce à un Américain, Garnet Carter. En 1927, cet habitant du Tennessee décide d’assurer la fabrication et la distribution des parcours de minigolf à travers tout le pays.
Quand on parle de minigolf, la première chose qui nous vient en tête est bien souvent cette activité ludique et familiale présente dans les parcs, publics ou d’attraction. Il faut bien l’avouer, le minigolf a toujours la cote, et séduit petits et grands depuis bien des générations. “Nous, on aime bien se faire des parties de minigolf avec nos petits-enfants quand les beaux jours reviennent”, confie Jacqueline, retraitée de 67 ans, “ça les dépense sans trop nous fatiguer, et on rigole bien”. Petit bonus : la plupart des minigolfs proposent des lots aux gagnant·es de chaque groupe. De quoi ravir et motiver celles et ceux qui ont la gagne dans le sang ! Bon, on est plus sur de la peluche un peu cheap que sur une médaille d’or, mais un prix reste un prix.
Cependant, si le minigolf tel qu’on se l’imagine relève du divertissement bon enfant, le minigolf de compétition, quant à lui, perd de sa légèreté pour s’inscrire comme véritable sport stratégique.
“Ma passion pour le minigolf, je la tiens de mon père, qui la tient lui-même de son propre paternel, etc”, souligne Tim, Américain de 31 ans et professeur de minigolf pour adolescents de 12 à 16 ans. Le minigolf n’a rien d’un jeu enfantin pour le professionnel. “C’est un sport, et comme dans toute discipline, l'entraînement est l’une des clés fondamentales de la victoire”. Dans son club, en Géorgie, Tim entraine ses élèves pour en faire de véritables champion·nes. “On a beaucoup de garçons dans notre club, mais de plus en plus de filles s’intéressent à ce sport, et s’illustrent en compétition”, explique-t-il, “je trouve cela vraiment chouette de voir que la discipline gagne en mixité, parce qu’on partait tout de même de loin”.
Pour Tim, l’image ludique du minigolf revêt autant d’avantages que d’inconvénients. “Le positif, c’est que les parents inscrivent plus facilement leur enfant au minigolf, et assez tôt pour leur permettre une belle évolution”, souligne ainsi l’expert, “le point négatif, c’est qu’ils sous-estiment la discipline, l’investissement nécessaire pour progresser, les déplacements en compétition… Alors, on fait preuve de pédagogie, et on leur explique la réalité de ce sport avant toute inscription dans le club”. Ce qui n’empêche en rien les adolescent·es de s’amuser autant qu’ils se dépensent. “Dans tout sport, il doit y avoir une part importante de plaisir, c’est la clé pour progresser”, poursuit Tim, “on prend le temps de rire, de dédramatiser les échecs et de rebondir pour assurer une performance la fois suivante, c’est important, surtout avec les plus jeunes”.
Certain·es abandonnent le minigolf par la suite, quand d’autres en font leur carrière, comme Tim. “Aujourd’hui, je vis pleinement de mon métier, et voir mes élèves évoluer à des niveaux professionnels m’enchante vraiment”, sourit l’expert. Minigolf, maxi-passion.
Pour mieux comprendre les enjeux sportifs du minigolf, voici les trois qualités à travailler pour un jeu au top !
“Certains gestes sont directement empruntés du golf, comme le grip”, explique Tim, “il est important de travailler la technique autant que possible avant de peaufiner son adresse et sa précision : on construit une base solide avant d’y poser un château, en gros”.
Pieds à largeur d’épaules, mains au niveau de la ceinture, on fléchit légèrement les genoux en penchant le buste vers l’avant, on empoigne son club d’un grip sérieux, et c’est parti ! “Dans cette position, on mobilise les fessiers et on engage les abdos pour gagner en précision dans le geste”, détaille Tim.
Pour gagner en adresse, les élèves de Tim prennent rapidement des réflexes de professionnel·les de la discipline. Parmi ceux-ci, l’étude des futurs parcours. “Les parcours sont réglementés, on ne fait pas n’importe quoi, on ne les agence pas n’importe comment”, explique Tim, “avant les compétitions, on peut étudier les parcours pour mieux les appréhender au moment de l’épreuve”. Chaque obstacle est ainsi travaillé en amont pour une adresse optimale le jour de la compétition.
Tout est pensé au millimètre près, y compris lorsqu’il s’agit du choix de la balle. “Certaines ont plus de rebond que d’autres, et le choix est à l’appréciation du joueur ou de la joueuse”, détaille Tim, “on voit nos élèves développer leurs petites habitudes en la matière, mais loin d’être des caprices, c’est vraiment une histoire de maîtrise de la balle et donc in fine de précision de jeu”. Cette précision nécessite un niveau de concentration optimale du côté du joueur ou de la joueuse.
En somme, le minigolf est un mix entre un jeu au putter -comme au golf classique- et la précision du billard. De fait, on retrouve bien de solides arguments pour pouvoir classer le minigolf dans la liste des sports.
En matière de minigolf, l’Allemagne se place en haut du podium des pays les plus actifs dans la discipline. Avec 30 000 licencié·es, le pays est également le siège de la Fédération internationale de minigolf. Une référence en la matière, donc.
Un petit château par-ci, un petit pont par là… Non, non, non. Si vous pensiez que les parcours de minigolf se dessinaient au petit bonheur la chance, on vous arrête tout de suite : dans le monde du minigolf de compétition, la définition d’un parcours, c’est du sérieux.
De 18 trous, il existe trois typologies de parcours reconnus par la Fédération internationale de minigolf :
• Le golf miniature ou Eternit : composés de fibrociment ou de béton aux normes Eternit, ces pistes ont une longueur de 6,25 m, une largeur de 0,90 m et un diamètre de cercle de 1,40 m
• Les pistes Bongni, en béton : ces pistes ont une longueur de 12 m, une largeur de 1,25 m et un diamètre de cercle de 2,50 m
• Les pistes Filz, en moquette : ces pistes ont une longueur comprise entre 7 et 18 m, une largeur de 0,90 m et un diamètre de cercle compris entre 1,80 et 2,40 m
• Le Minigolf Open Standard : ces terrains peuvent être construits de manière plus libre, tout en respectant certaines Règles spécifiques au système « MOS » abréviation de Minigolf Open Standard communément appelé fantaisie.
Seuls trois types de matériaux sont ainsi autorisés sur les parcours de minigolf : le béton laqué, la moquette et le fibrociment.
Les pistes autorisées en compétition de minigolf dont détaillées dans le règlement sportif officiel de la Fédération française de minigolf (FFM), disponible en ligne.
Là encore, tout n’est pas autorisé. Dans le règlement sportif de la discipline, les obstacles doivent répondre à un cahier des charges bien précis : ils doivent être “de construction et de forme dépouillée, correspondre à leur but sportif et montés de façon fixe”. L’ornement éventuel de l’obstacle “ne doit pas porter préjudice à la valeur sportive”.
En gros : on n’ajoute pas à l’obstacle des fioritures qui pourraient empêcher le joueur ou la joueuse d’opérer un calcul de jeu pour passer ledit obstacle.
Côté matériel, les adeptes de la discipline n’ont droit qu’à un putter avec une bande en caoutchouc. Pas question donc d’user d’un fer 9 pour envoyer sa balle direct à l’objectif.
En ce qui concerne les balles utilisées, le règlement est formel : “Sont autorisées toutes les balles de minigolf ou de golf quels qu’en soient les composants (...) Le diamètre de la balle doit être compris entre 37 mm et 43 mm”. Qui plus est, seules les balles autorisées par les accords de “licences de balles” peuvent être utilisées en compétition.
Dans le cadre d’une compétition officielle classique, chaque coup vaut un point. Seulement voilà, si après six coups, le ou la joueur·euse n’a toujours pas atteint son but, le jeu s’arrête, et on attribue 7 points au candidat ou à la candidate. Le vainqueur final est le joueur ou la joueuse ayant le moins de points à son actif à la fin du tournoi.
Les championnats de France de minigolf se déroulent généralement en juillet, sur deux jours, et sur un circuit homologué par la Fédération internationale de minigolf. Ils sont au nombre de 14 en France, selon le site de la FFM.
S’il vous prend l’idée de construire un parcours de minigolf homologable, il vous faudra mettre la main au porte-monnaie. Envisagez un investissement allant de 40.000 € à 90.000 € pour l’achat de 18 pistes. Côté terrain, prévoyez au moins 1000 m² pour un Eternit/T5000 et 3000 m² pour un Filz ou un Bongni.
La prochaine fois que mamie vous propose une partie de minigolf, assurez-vous que celle-ci ne se soit pas inscrite en club, au risque de subir une défaite cuisante… Parce qu’en effet, le minigolf, pratiqué avec un certain sérieux, c’est bien du sport !