Julien, 29 ans, adepte de musculation et souffrant de dysmorphie musculaire
"D'aussi loin que je me souvienne, je suis passionné de musculation. Au début, c'était un moyen de me sentir bien dans ma peau, d’acquérir une certaine confiance en moi. Mais peu à peu, cela a pris une place disproportionnée dans ma vie. J'ai commencé à aller à la salle tous les jours, parfois deux fois par jour, en délaissant mes amis et même ma famille au profit de mes entrainements. L'image que je voyais dans le miroir ne me satisfaisait jamais assez. Même si les autres me disaient que j'étais déjà très musclé, pour moi, ce n'était jamais suffisant.
Au fil du temps, j'ai développé une obsession telle que mon premier réflexe le matin était de vérifier si mes muscles étaient assez saillants, et je planifiais toute ma journée autour de ma routine sportive et de mon régime alimentaire, très strict. Cela allait jusqu'à annuler des sorties parce qu’elles interféraient avec mon programme. Je pesais chaque gramme de nourriture et je calculais chaque calorie, dominé par la peur de perdre en masse musculaire ou de gagner en masse grasse si je ne mangeais pas parfaitement bien.
Mon corps était constamment douloureux. J'ignorais les blessures, continuant à m'entraîner malgré les avertissements de mon corps. J'ai fini par avoir une blessure grave qui m'a obligé à arrêter la musculation pendant plusieurs mois, un moment dévastateur pour moi, car je me sentais perdu sans ma routine sportive. C’est à ce moment que j’ai réalisé que ma passion était devenue une pathologie.
Avec l'aide d'un psychologue spécialisé dans les troubles de l'image, j’ai commencé à travailler sur mes problèmes sous-jacents de dysmorphie musculaire. Cela n'a pas été facile. Chaque jour est un combat pour changer ma perception de mon corps et retrouver un équilibre dans ma vie. La thérapie m’aide à comprendre pourquoi j'ai développé cette obsession et comment je peux construire une relation plus saine avec mon corps et l'exercice.
Maintenant, je m'entraîne de manière plus modérée et j’essaie de me concentrer sur ma santé plutôt que sur l'apparence seule. Cela prend du temps, mais je suis sur la voie de la guérison, apprenant à vivre sans que mon estime personnelle soit dictée par la taille de mes muscles ou le sport plus en général. »
Julien partage son histoire dans l'espoir d’aider d'autres personnes qui pourraient souffrir en silence de ce trouble complexe et souvent incompris.