Avoir la gagne ou l'esprit de compétition : c'est inné ?

Avoir la gagne ou l'esprit de compétition : c'est inné ?

L'esprit de compétition, cette pulsion qui pousse certain·es à tout donner pour gagner, est-il inné ou peut-il être acquis ?

L'esprit de compétition, la "gagne" : ces termes évoquent un désir ardent de surpasser autrui, d'atteindre la victoire à tout prix. Mais d'où vient cette flamme intérieure qui pousse certaines personnes à se dépasser continuellement ? Est-elle présente dès la naissance, ou est-elle le fruit d'influences environnementales et d'apprentissage ?

Gagne, esprit de compétition : quelle définition ?

Pour comprendre l'origine de l'esprit de compétition, commençons par le commencement : qu’entend-on par ce concept ? “L'esprit de compétition est bien plus que le simple désir de gagner à tout prix. Il englobe une série de comportements et de traits psychologiques qui se manifestent lorsque des individus se trouvent dans des situations compétitives”, explique Alice, psychologue accompagnant sportifs et sportives dans leur pratique, “Ces comportements peuvent varier d'une personne à l'autre, mais ils partagent certaines caractéristiques fondamentales”.

Tout d'abord, la compétitivité implique une aspiration constante à l'amélioration de soi-même, selon l’experte. Les personnes compétitives ont tendance à se fixer des objectifs ambitieux et à persévérer dans leur quête de l'excellence. Elles considèrent les défis et les obstacles comme autant d’opportunités de grandir et de se développer.

En outre, les personnes compétitives trouvent leur inspiration dans la rivalité, utilisant la présence d'adversaires ou de concurrents comme “un catalyseur pour donner le meilleur d'elles-mêmes”, toujours selon Alice. “Cette comparaison peut être source de stimulation, les poussant à dépasser leurs propres limites”, poursuit-elle ainsi.
L'esprit de compétition inclut également une tolérance relative à l'échec. Prêtes à accepter les revers et les déceptions, les personnes compétitives voient ces expériences comme des étapes sur le chemin de la victoire finale. Après, rien ne les empêche non plus de devenir de véritables mauvais·es perdant·es, mais c’est un autre sujet, dont on vous parle juste ici !

Enfin, la compétitivité ne se limite pas à un domaine spécifique de la vie. Elle peut s'exprimer dans divers contextes, tels que le sport, le monde professionnel, l'éducation, les jeux, voire les activités quotidiennes. Les personnes compétitives cherchent à exceller dans tous les aspects de leur vie, qu'il s'agisse de remporter une course, de décrocher un poste convoité, ou de surpasser leurs pairs dans de simples loisirs.

En somme, l'esprit de compétition est un ensemble complexe de traits de personnalité et de comportements qui trouvent leur expression dans des situations compétitives. Bien que chacun puisse différer dans son niveau de compétitivité et dans la manière dont il ou elle la manifeste, c’est un élément fondamental de la nature humaine. Mais alors, est-ce une caractéristique innée ou celle-ci peut-elle être cultivée au fil du temps ?

Naît-on vraiment avec l'esprit de compétition dans le sang ?

L'idée que l'esprit de compétition puisse être inscrit dans notre biologie est fascinante et semble trouver une part de vrai ! De récentes études en neurosciences et en psychologie vont en tout cas en ce sens, suggérant que certaines bases biologiques pourraient influencer le développement de la compétitivité.

Une des découvertes les plus marquantes réside dans la corrélation entre certaines zones du cerveau et la motivation liée à la compétition. Le cortex préfrontal, une région cérébrale associée à la prise de décision, à la planification, et au contrôle des impulsions, semble jouer un rôle essentiel dans la réponse à la compétition. Des études d'imagerie cérébrale ont montré une activation significativement plus forte de cette région chez les individus compétitifs lorsqu'ils sont confrontés à des défis ou challenges.

De plus, les hormones, telles que la testostérone, ont également été liées à l'esprit de compétition. Les niveaux de testostérone augmentent chez les personnes exposées à des situations compétitives, ce qui peut renforcer leur motivation à gagner. Encore une fois, tout dépend du taux de testostérone présent dans le corps de chacun·e.

Cependant, même si ces bases biologiques peuvent créer une prédisposition à la compétitivité, elles ne déterminent pas un destin figé. L'influence de l'environnement est cruciale. En grandissant dans des environnements familiaux ou sociaux par extension favorisant la compétition, on devient alors plus susceptibles de développer et de renforcer un esprit de compétition.

Par conséquent, l'esprit de compétition n'est pas purement inné, mais il peut être influencé par des facteurs biologiques comme environnementaux. Bien que certaines personnes puissent naître avec une certaine prédisposition en raison de leur biologie, la façon dont elles développent cette compétitivité tout au long de leur vie dépend largement de l'environnement dans lequel elles évoluent et des expériences qu'elles vivent.

Avoir l'esprit de compétition, ça s'apprend dès l'enfance ?

L'éducation joue un rôle central dans le développement de l'esprit de compétition. Dès l'enfance, les interactions familiales, l'éducation scolaire, et les activités parascolaires peuvent influencer la manière dont les jeunes perçoivent et vivent la compétitivité.

Le rôle des parents

Les parents ont un impact significatif sur la formation de l'esprit de compétition de leurs enfants”, explique ainsi Alice, “Les encouragements, la valorisation de l'effort, et la gestion des succès et des échecs peuvent fortement influencer la perception de la compétition par un enfant”. Des parents qui encouragent une attitude de persévérance et de résilience face à l'échec contribuent de fait à renforcer l'esprit de compétition.

L'éducation scolaire

L'école est un autre environnement clé où les enfants sont exposés à la compétition”, poursuit l’experte, "Les systèmes d'éducation qui favorisent des environnements compétitifs, où les élèves sont récompensés pour leurs réalisations et encouragés à se surpasser, peuvent influencer positivement le développement de l'esprit de compétition”. La psychologue précise tout de même que tout le monde ne réagit pas positivement à la mise en compétition. La reconnaissance des talents individuels et des performances exceptionnelles peut inciter les élèves à chercher l'excellence, mais l’exposition à l’échec répété peut avoir l’effet inverse…

Les activités parascolaires

Les activités sportives, artistiques, et académiques offrent des opportunités uniques pour les enfants et les adolescents de développer leur compétitivité. “Les compétitions sportives en particulier enseignent des valeurs telles que la discipline, la collaboration et le dépassement de soi”, souligne Alice, “La participation à des compétitions artistiques ou académiques peut également nourrir l'ambition et le désir de réussite, en plus de leur permettre de cultiver leurs talents”.

L'environnement social

Les pairs et l'environnement social dans lequel un enfant évolue jouent également un rôle clé”, poursuit l’experte, “Être entouré·e d'autres enfants compétitifs peut stimuler la volonté de se mesurer à eux et de s'améliorer”. En revanche, un environnement qui stigmatise la compétition ou qui décourage l'ambition peut freiner le développement de l'esprit de compétition.

L'apprentissage de l'esprit de compétition dès l'enfance repose sur des principes tels que la valorisation de l'effort, la persévérance, l’accompagnement et la capacité à tirer des leçons des échecs. Toutefois, la compétitivité n'implique pas nécessairement de chercher à écraser les autres, mais plutôt de se dépasser soi-même pour atteindre des objectifs personnels et collectifs.

L'esprit de compétition peut donc être cultivé et renforcé dès l'enfance par le biais de l'éducation, des interactions sociales, et d’autres expériences variées. Cependant, il est essentiel de le faire de manière équilibrée, en encourageant une compétitivité saine et en veillant à ce que les enfants développent également d'autres compétences sociales et émotionnelles cruciales pour leur bien-être.

Devenir compétiteur·ice à l'âge adulte, c'est possible ?

La compétitivité ne se limite pas à l'enfance et à l'adolescence, et de nombreuses personnes souhaitent cultiver cette compétence à l'âge adulte pour exceller dans leur vie professionnelle, sportive ou personnelle. Et bonne nouvelle, c’est loin d’être impossible !

Se fixer des objectifs ambitieux (mais réaliste)

Le premier pas pour développer un esprit de compétition à l'âge adulte consiste à se fixer des objectifs ambitieux. Ces objectifs doivent alors être stimulants, mais atteignables, et doivent pousser à se dépasser continuellement. Une vision claire des objectifs personnels ou professionnels peut stimuler la compétitivité en donnant un sens à chaque effort. On sait ce qu’on fait, et surtout pourquoi on le fait !

S'entourer de personnes compétitives

Si l'entourage joue un rôle majeur dans l’enfance, c’est aussi le cas dans le développement de l'esprit de compétition à l'âge adulte. Être entouré·e de personnes compétitives, qu'elles soient des collègues, des amis, ou des mentors, peut motiver à adopter une mentalité compétitive. L'émulation avec des pairs peut inciter à s'améliorer, ce n’est plus un secret ! Attention toutefois à ne pas tomber dans la comparaison constante : à chacun·e ses capacités et ses objectifs.

L’auto-motivation

La compétitivité à l'âge adulte est souvent alimentée par une motivation intrinsèque. La satisfaction personnelle de relever des défis, d'apprendre de l'échec, et de se surpasser peut devenir une source puissante de motivation. Les compétiteur·ices adultes sont souvent animés par un désir ardent de réussir pour eux-mêmes, indépendamment des récompenses externes.

La persévérance

La compétitivité adulte est étroitement liée à la persévérance. La capacité à travailler dur, à surmonter les obstacles, et à continuer à avancer malgré les échecs est essentielle pour exceller dans des domaines compétitifs. La résilience face à l'adversité est l'une des caractéristiques les plus marquantes des compétiteur·ices.

Il est donc tout à fait possible de devenir compétiteur·ice à l'âge adulte. La compétitivité n'est pas réservée à la jeunesse (fort heureusement), et de nombreuses personnes découvrent cette qualité en cours de route. Se fixer des objectifs ambitieux, s'entourer de personnes compétitives, cultiver ses sources de motivation, faire preuve de persévérance et viser l'excellence sont autant de moyen d’y parvenir. La compétitivité à l'âge adulte peut ouvrir des portes vers le succès et la réalisation personnelle, que ce soit dans le monde professionnel, sportif, ou dans d'autres domaines de la vie. Elle offre la possibilité de se dépasser continuellement, de sortir de sa zone de confort, de relever des défis, et de trouver un sens profond dans la poursuite de l'excellence, mais attention, elle peut aussi plomber votre santé mentale, si certains garde-fous ne sont pas mis en place…

Les effets de l'esprit de compétition sur la santé mentale et le bien-être

L'esprit de compétition peut apporter de nombreux avantages, mais il peut aussi avoir des conséquences sur votre santé mentale et votre bien-être, en particulier lorsqu'il est poussé à l'extrême.

Stress et anxiété

Lorsqu'elle est mal gérée, la compétitivité peut conduire à un niveau de stress et d'anxiété excessif. “Les personnes compétitives peuvent ressentir une pression constante pour atteindre des objectifs élevés, ce qui peut entraîner des niveaux élevés de stress, de tension et d'inquiétude”, alerte Alice, “La compétition acharnée peut parfois conduire à un stress chronique, ce qui peut avoir un impact néfaste sur la santé mentale”. Quand le stress prend le pas sur l’excitation, s’entourer des conseils d’un·e expert·e en santé mentale peut alors vous être bénéfique.

Estime de soi et image de soi

L'esprit de compétition peut influencer l'estime de soi et l'image de soi. Les individus compétitifs peuvent baser leur propre valeur sur leurs performances et leurs succès. Alors, quand l'échec pointe son nez, la chute peut être rude. “Les échecs peuvent être particulièrement difficiles à gérer pour ceux ayant une forte compétitivité, puisqu’ils peuvent percevoir ces échecs comme des remises en cause de leur valeur personnelle”, souligne Alice, “Attention donc à se laisser des temps de repos suffisants, et à ne pas tomber dans la comparaison constante”.

Rapport à autrui

Une compétitivité excessive peut également affecter vos relations interpersonnelles. Les personnes compétitives ont parfois du mal à travailler en équipe, car elles peuvent percevoir leurs collègues ou coéquipier·es comme des rivaux ou des freins plutôt que comme des partenaires. Cela peut entraîner des conflits et des tensions dans des environnements professionnels et personnels.

Épuisement

L’esprit de compétition peut mener à l'épuisement, voire au burn-out. La recherche constante de la réussite et l'investissement excessif dans le travail ou une discipline (sportive ou non) au détriment de la santé et de la vie personnelle peuvent conduire à un épuisement physique et émotionnel. “On se repose suffisamment, on adopte une alimentation saine et équilibrée, et on ne pousse pas son corps jusqu’au point de non-retour”, conseille alors Alice.

L'esprit de compétition peut donc avoir des effets sur la santé mentale et le bien-être, en particulier lorsque la compétitivité est extrême ou mal gérée. La compétitivité peut être une source de motivation puissante, mais il est essentiel de veiller à ce qu'elle n'ait pas un impact négatif sur votre santé mentale et votre bien-être général. Gagner, c’est bien, être bien dans ses baskets au moment de soulever votre coupe, c’est mieux !

Avoir la gagne ou l'esprit de compétition : c'est inné ?

Val

Journaliste - rédactrice web

Journaliste société, passionnée de réseaux sociaux (la Twitter fever, tu connais) et de sport. À mes heures perdues, on me retrouve sur une barre de pole dance ou sous la barre de hip thrust, ça dépend des jours.

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