Mauvais·e perdant·e : ça vient d’où, et comment s’en défaire ?

Mauvais·e perdant·e : ça vient d’où, et comment s’en défaire ?

Envie d’insulter vos adversaires sur trois générations au moindre échec sportif ? Vous êtes probablement mauvais·e perdant·e. Pas de panique, on vous explique d’où ça vient et comment vous défaire de cette attitude néfaste ! 

Être ou ne pas être mauvais·e perdant·e, de quoi ça dépend ? En réalité, de multiples facteurs, et cela peut s’exprimer de différentes manières. Moi, je boude principalement et il m’arrive à l’occasion de renverser le plateau de jeu de société. Et vous ? 

C’est quoi un·e mauvais·e perdant·e, déjà ?

Selon le dictionnaire de la langue française, un·e mauvais·e perdant·e est une “personne qui n’accepte pas la défaite, qui la prend mal”. Selon l’entourage des mauvais·es perdant·es, ce sont des personnes difficiles à vivre dans un cadre compétitif (je le sais, j’en suis une et mon conjoint refuse désormais de jouer au Monopoly avec moi au prétexte que “renverser le plateau quand on a perdu pour qu’on ne puisse pas identifier le vainqueur n’est pas autorisé dans les règles du jeu”, BORING).

Bon, trêve de plaisanterie. Les mauvais·es perdant·es peuvent avoir plusieurs comportements :
• Ils ou elles peuvent faire preuve d’impulsivité, d’agressivité pour éviter la défaite et les frustrations qui en découlent
• Certain·es vont jusqu’à pratiquer l’auto-sabotage pour éviter d’imputer leur défaite à un éventuel manque de compétences. "J'ai moi-même joué dans une équipe de football amateur et j'ai observé que certain·es joueur·euses commettaient des fautes horribles et inutiles lorsque la défaite semblait certaine", précise ainsi le psychologue Macià Buades-Rotger, de l'université de Barcelone, coauteur d’une étude datée de 2021 sur le sujet, "Ce qui est encore plus intriguant, c'est que certaines personnes qui agissaient de la sorte n'étaient pas particulièrement colériques en dehors du terrain".
• D’autres, enfin, souffrent en silence. Si leur comportement n’a donc pas d’incidence sur leur entourage, il en a suffisamment sur eux-mêmes pour que le problème soit adressé.

Mauvais·e joueur·euse, mauvais·e perdant·e, mauvais·e gagnant·e : quelle(s) différence(s) ?

Spoiler : ces trois attitudes sont différentes les unes des autres, mais peuvent malheureusement se cumuler. Par exemple, je suis mauvaise perdante ET mauvaise gagnante (mais promis, j’en parle à mon psy).

La psychologie du ou de la mauvais·e perdant·e

Le ou la mauvais·e perdant·e peut avoir une éthique indubitable… s’il ou elle n’est pas également mauvais·e joueur·euse (les deux ne sont pas incompatibles, malheureusement).

Côté psychologie, le ou la mauvais·e perdant·e ne supporte pas l’échec. “Celui-ci dévoile une forme de faiblesse qu’il ne souhaite pas partager au monde, en général”, souligne notre experte, “Ce comportement peut traduire un manque de confiance en soi ou un sens de la compétition extrapolé”. 

La psychologie du ou de la mauvais·e joueur·euse

Aussi coriace que déterminé, le mauvais joueur est prêt à tout pour gagner. Fourberie, vice, tricherie… Tous les coups sont permis ! Enfin, pas vraiment, puisque le ou la mauvais·e joueur·euse n’aura aucun mal à outrepasser les règles pour remporter la partie.

Côté psychologie pure et dure, “le ou la mauvais·e joueur·euse cherche en général à assoir une certaine domination sur le reste des joueur·euses”, explique Alice, psychologue dans le Nord de la France, “Il se trouve ainsi à la recherche d’une forme de toute puissance”.

La psychologie du ou de la mauvais·e gagnant·e

Le ou la mauvais·e gagnant·e, c’est Jean Dujardin dans OSS 117 qui hurle à son pote “T’ES MAUVAIS JACK”, encore et encore, alors que ce dernier perd à un simple jeu de raquettes de plage. L’emphase est excessivement mise sur sa victoire, quitte à écraser les autres joueur·euses.

Côté psychologie, “cela peut relever d’un manque de confiance en soi, comme d’un problème d’ego”, explique Alice. Dans tous les cas, ce n’est pas franchement drôle de perdre face à un·e mauvais·e gagnant·e…

Être (ou ne pas être) mauvais·e perdant·e : c’est inné ou acquis ?

C’est vrai ça, est-ce qu’on naît mauvais·e perdant·e, ou est-ce que ça vient avec le temps et l’environnement dans lequel on évolue ?

Une histoire de confiance en soi

On vous le disait plus haut, le mauvais perdant a bien souvent un petit souci de confiance en lui. “Le manque de confiance en soi peut trouver plusieurs sources, dont des blessures passées, mais ne s’exprime pas de la même manière chez tout le monde”, souligne Alice, “Certain·es vont vouloir cacher à tout prix leurs faiblesses pour éviter que celles-ci ne se retournent contre eux/elles, quand d’autres vont simplement souffrir en silence”. Qui plus est, on peut perdre confiance en soi, et cela peut se ressentir dans le milieu sportif. “On peut devenir mauvais·e joueur·euse, quand on a le moral à zéro ou que l’on doute tout particulièrement de soi pendant un temps”, poursuit l’experte, “Ce peut être le signal qu’il faut vous faire aider, trouver une oreille attentive pour creuser le fond du problème”.

Une histoire de société

“Soyez la meilleure version de vous-mêmes”, “soyez premier dans votre discipline”, “soyez l’employé·e du mois”... Ces courses à la productivité et à l’excellence n’ont pas toujours l’effet escompté. Loin de galvaniser positivement les foules, elle provoque chez certaines personnes une frustration intense lorsque l’objectif n’est pas atteint. Et ça, ça déteint dans le milieu sportif. “Si l’on élève un enfant dans une optique de compétition permanente, dans un système de récompense en cas de victoire et de punition en cas d’échec, cela peut donner naissance à un·e futur·e mauvais·e joueur·euse”, alerte Alice, “Pour éviter cela, faites du sport un jeu avant toute chose, rassurez votre enfant face à ses échecs, et confortez-le dans ses victoires”.

Une histoire d’environnement

Comptage des points, compétition, emphase permanente sur la gagne… Le monde sportif peut venir réveiller le ou la mauvais·e joueur·euse qui sommeille en vous ! “Certaines personnes sont plus sensibles que d’autres à cela, tout dépend du caractère de chacun·e”, ajoute Alice, “Là, faire un travail sur soi et son rapport à la compétition peut être une bonne chose, pour réapprendre à faire du sport pour soi, non pour prouver aux autres notre propre valeur”.

Toutefois, Alice ajoute que “tout le monde aime gagner, et être déçu·e lorsque l’on perd est tout à fait normal. C’est lorsque cet échec se mue en colère contre soi et contre autrui qu’il faut sonner l’alerte.”

Une histoire de dopamine ?

Au-delà de notre socialisation ou de l’environnement dans lequel nous évoluons, être un.e mauvais.e perdant.e peut aussi être une question de dopamine. Eh oui, quand on gagne, notre cerveau produit de multiples hormones, dont la dopamine, la sérotonine et l’ocytocine. Ce système de récompense plait infiniment à notre cerveau, qui va chercher à atteindre la victoire pour obtenir son petit shoot d’hormones positives, tout particulièrement la dopamine. Le fait de ne pas obtenir ledit Graal peut engendrer une certaine frustration et l’expression de celle-ci de manière plus ou moins caractérielle. Moins vous avez de sources de production de ces hormones (des passions qui vous rendent heureux·se, des petits moments plaisir pour vous, des victoires personnelles…), plus vous serez frustré·e lorsque vous ratez de peu votre dose.

En bref, c’est à la fois une question d’hormones, d’entretien de votre santé mentale et de gestion des émotions négatives. Perso, j’apprends le self-control par l’auto-relaxation et franchement, c’est vrai que ça aide. Après, chacun·e sa méthode !

Mauvais·e perdant·e : ça vient d’où, et comment s’en défaire ?

Les hommes, pires perdants que les femmes ?

Il semblerait bien que oui, en tout cas pour ceux porteurs d’un haut taux de testostérone ! Selon une étude publiée fin 2021, la présence de testostérone dans l’organisme rendrait son hôte plus sujet à l’emportement face à l’échec (sportif ou non). Toutefois, cela ne vous dédouane en aucun cas de votre comportement envers autrui. Oui, vous avez de la testostérone dans l’organisme, non, vous ne pouvez pas briser en deux la raquette de tennis de votre adversaire (ou même la vôtre) en cas de lose. Question de bienséance et d’écologie.

Apprendre à jouer et à perdre dignement, dans le respect des réussites d’autrui, c’est aussi ça, le sport !

C’est une bonne stratégie, ça, mauvais·e perdant·e ?

Selon le psychologue Buades-Rotger, la raison la plus fréquente à l'agressivité dans le milieu sportif est en fait de nature stratégique. En d'autres termes, la colère et le jeu déloyal des perdants visent à compenser leur manque d'habileté ou de compétences.

"Plus précisément, nos données suggèrent que les gens utilisent l'agression comme une ressource compétitive plutôt que par dépit. Cela implique qu’ils n'agissent pas simplement contre leur adversaire par frustration", explique-t-il, "Au contraire, l'agression semble être une stratégie plus délibérée pour compenser la différence de compétences."

En revanche, les personnes plus performantes et plus compétitives restent calmes et gagnent à la seule force de leurs compétences. Outch, je l’avoue, ça pique.

Comment arrêter d’être mauvais·e perdant·e ?

Tout dépend de votre degré de mauvais-perdantisme (non, ça ne se dit pas, et alors ?). 

En gros, si vous êtes mauvais·e perdant·e léger, c’est-à-dire que perdre vous provoque un petit pincement au cœur et met brièvement un nuage gris sur votre moral, travailler en autonomie sur votre rapport à la compétition peut être une option. Vous pouvez ainsi apprendre des techniques d’auto-relaxation comme la respiration ventrale, la méditation ou le yoga en amont ou après vos parties, pour redescendre en pression et mieux embrasser vos émotions.

Si vous êtes un mauvais·e perdant·e jusqu’à la moelle, là, le travail sera un peu plus long. Vous pouvez consulter un professionnel de santé mentale, qui pourra vous aider à comprendre l’origine de votre situation et y trouver des solutions. Hypnose, psychothérapie, méditation pleine conscience, mises en situation et apprentissage du self-control sont autant de méthodes qui existent pour vous aider ! Promis, ce n’est pas irréversible.

Comment faire face à un mauvais·e perdant·e ?

Trichez.
Ça va, je rigoooole… Face à un·e mauvais·e perdant·e, c’est même la pire des approches. Conflit garanti ! le·a mauvais·e perdant·e est bien souvent à cheval sur les règles et le respect de celles-ci (en tout cas, par les autres). S’il·elle vous prend à tricher, vous risquez de le·a faire monter dans les tours illico-presto.

Préférez une approche plus douce, dédramatisez la défaite et ne mettez pas l’emphase sur votre victoire, aussi tentant que cela puisse être.

Vous pouvez également lui demander ce qui le ou la dérange sur le moment, pour qu’il ou elle se sorte ces idées de la tête. “Le simple fait d’exprimer sa déception peut aider le ou la mauvais·e joueur·euse à se décharger d’une partie de la pression ressentie sur le moment”, confirme ainsi Alice.

Enfin, passez tout simplement à autre chose. “Détourner l’attention du ou de la mauvais·e joueur·euse n’est pas forcément évident de prime abord, mais en lui laissant le temps de se rouvrir à vous lors d’une autre activité, qu’il s’agisse d’une simple discussion entre ami·es ou d’une balade, peut aider à dissiper la mauvaise humeur engendrée par l’échec”, conclut Alice.

En bref, on peut tou.tes être mauvais.e perdant.e un jour ou l’autre. En attendant votre tour, je vous chauffe la place ! De rien. 

Mauvais·e perdant·e : ça vient d’où, et comment s’en défaire ?

Val

Journaliste - rédactrice web

Journaliste société, passionnée de réseaux sociaux (la Twitter fever, tu connais) et de sport. À mes heures perdues, on me retrouve sur une barre de pole dance ou sous la barre de hip thrust, ça dépend des jours.

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