Découvrez nos conseils pour tenter l’aventure du voyage à vélo avec votre enfant sur sa propre monture.
Votre enfant maîtrise son vélo : la trajectoire, le freinage, les changements de vitesse ? Le voilà prêt à partir en randonnée comme un grand sur sa propre machine. A partir de quel âge tenter l’aventure ? Quelle distance parcourir ? Quelle monture privilégier ? Découvrez nos conseils pour prendre la route sereinement avec votre rejeton en autonomie derrière le guidon!
En bref :
Âge : à partir de 6-7 ans
Usages : de la courte balade au voyage en itinérance
Les + : éveille au goût et à la gestion de l’effort, responsabilise l’enfant
Les - : vitesse de déplacement réduite et distance des étapes limitée avec les plus jeunes
Les enfants les plus précoces font leurs premiers tours de roues seuls en selle vers 3 ou 4 ans. Mais savoir faire du vélo au parc ou dans la cour de la maison ne suffit pas. La randonnée exige d’autres capacités que la grande majorité des très jeunes cyclistes n’ont pas encore développées : concentration, respect d’une trajectoire, gestion de l’effort sur la durée…
Même si les rythmes d’apprentissage sont propres à chacun et que les contre-exemples ne manquent pas, en général, les enfants sont en mesure de prendre part aux virées familiales en autonomie vers l’âge de 6 ou 7 ans. Le très symbolique âge de raison est synonyme d’une maturité suffisante pour comprendre et appliquer les consignes de sécurité élémentaires.
Ils sont par ailleurs, pour la plupart, capables de décrypter les panneaux de signalisation et disposent des aptitudes physiques nécessaires pour rouler plusieurs kilomètres sans multiplier les arrêts intempestifs.
Là encore, les capacités d’endurance peuvent considérablement varier d’un enfant à l’autre. En moyenne, un enfant de 7 ans est en mesure de couvrir entre 20 et 30 km par jour sur un terrain peu vallonné. Bien entendu, c’est lui qui imprimera le rythme du convoi familial, autour de 10 km/h en général. N’hésitez pas toutefois à tempérer sa fougue en cas de départ trop rapide pour éviter les coups de fatigue précoces. N’oubliez pas, la gestion de l’effort est un apprentissage qui s’inscrit dans la durée. Dans tous les cas, restez attentif à son état de fatigue et multipliez les pauses autant que nécessaire.
Une erreur à éviter : vouloir trop en faire ! En le poussant dans ses derniers retranchements, vous risquez de le dégoûter pour longtemps de vos sorties à vélo en famille. A l’inverse, pour motiver votre enfant n’hésitez pas à donner un sens à votre randonnée. A cet âge-là, le simple plaisir de « rouler pour rouler » ne suffira probablement pas. Alors transformez chacune de vos étapes en une aventure, une quête avec un trésor à la clé : une crêpe ou une glace à l’arrivée, une baignade dans une rivière ou un lac, la construction d’une cabane, une visite ou une activité insolite…
Dans la mesure du possible, jetez votre dévolu sur un itinéraire aménagé comportant un maximum de sections à l’écart de la circulation. Pour débuter, privilégiez les pistes cyclables, voies vertes, véloroutes où vous pourrez initier votre enfant à la randonnée en douceur loin du trafic synonyme de stress pour toute la famille. Comment repérer ces axes sécurisés ? La carte interactive de l’association AF3V recense toutes les voies vélos de France. De quoi imaginer des balades découverte de quelques heures, mais aussi des voyages à vélo plus longs d’une semaine à un mois.
L’une des véloroutes les plus populaires et les mieux aménagées de l’Hexagone traverse le pays sur 1200 km le long de la façade Atlantique. 70% du tracé se compose de tronçons en site propre, sans voiture. Son nom : l’EuroVelo1 ou Vélodyssée. Autre atout de ces parcours aménagés : ils comportent généralement peu de relief et offrent, à intervalles réguliers, des solutions d’hébergement diverses : campings, chambres d’hôtes, hôtels… Idéal pour se lancer en famille.
Difficile toutefois, d’échapper totalement à des incursions sur routes ouvertes. Lorsqu’il s’agira de progresser en pleine circulation, assurez-vous d’être repérables de loin par les autres usagers en faisant revêtir à toute la famille un gilet de haute visibilité homologué. Dans la mesure du possible, un adulte ouvrira la route tandis qu’un autre fermera la marche, encadrant ainsi le ou les enfants. Si nécessaire, élevez la voix pour transmettre des consignes courtes, mais préférez des gestes compréhensibles par tous pour indiquer les changements de direction ou signaler un danger. Dans tous les cas, au risque d’être contreproductif, évitez de noyer votre rejeton sous un flot d’instructions ou de mises en garde permanent.
Pas de règles gravées dans le marbre en la matière. Pour de courtes balades, le vélo qu’il a l’habitude d’utiliser fera sans doute parfaitement l’affaire même s’il n’est pas de première jeunesse ! Dans le cadre d’un périple plus long, il conviendra peut-être d’adopter une monture plus spécifique. Robustes et passe-partout, les VTT s’adaptent sans rechigner aux exigences d’un voyage prolongé. Mais il existe également des VTC pour enfant, d’une polyvalence remarquable, qui relèvent le défi de l’itinérance avec brio.
Pour qu’un jeune cycliste puisse entreprendre une randonnée au long cours en autonomie, il faudra, de préférence, qu’il dispose d’un vélo 20 pouces minimum (pour les enfants à partir de 120 cm) équipé d’un dérailleur. De quoi lui permettre de varier les intensités de pédalage en fonction du relief ou de la nature du terrain. Sans possibilité de changer les vitesses, il sera condamné à poser pied à terre dès que la route s’élève. Une source certaine de frustration et de découragement. Et s’il ne maîtrise pas à la perfection la science pointue des changements de braquets, votre voyage sera l’occasion idéale de s’améliorer. Prêtez par ailleurs une attention particulière au poids du vélo de votre enfant. Les modèles les plus légers seront d'autant plus faciles à manipuler à l'arrêt et à hisser en haut des cotes.
Dans tous les cas, veillez au réglage minutieux de la selle et de la hauteur de guidon. Il y gagnera en confort et en efficacité. Rappelons-le par ailleurs, le port du casque reste obligatoire jusqu’à l’âge de 12 ans. Une paire de gants est également vivement conseillée.
Des sacoches, pourquoi pas ? Bien entendu, il s’agira au préalable d’évaluer le niveau d’aisance de votre enfant. Pour sa première expérience de la randonnée ou s’il est encore hésitant derrière le guidon, inutile de le surcharger avec des bagages. En revanche, s’il maitrise tous les paramètres de la progression en itinérance, vous pouvez lui soumettre l’idée d’embarquer deux petites sacoches lors de vos vacances à vélo. Même s’il ne les garnit que de quelques affaires légères, il accordera sans doute à cette démarche une symbolique très forte. Transporter son propre équipement sera généralement vécu comme une marque de considération plutôt que comme une contrainte. Avec une monture équipée de bagages, l’enfant aura le sentiment de faire jeu égal avec ses parents.
Comment procéder pour l’équiper ? Il existe des porte-bagages de petite taille compatibles avec des vélos 20 ou 24 pouces. Le cadre devra toutefois disposer d’inserts pour permettre le montage. On trouvera plus facilement ces œillets de fixation sur les vélos de type VTC. Ils sont généralement absents sur les VTT.
S’il existe des sacoches spécifiques pour les vélos d’enfant, vous pouvez tout aussi bien opter pour des sacoches de randonnée classiques de petite taille. Elles se révéleront généralement de meilleure facture. Ciblez notamment les modèles conçus pour être fixés à l’avant d’un vélo d’adulte. Celles-ci affichent en moyenne un volume de l’ordre de 12 à 14 litres. Suffisant pour glisser un matelas gonflable compact et quelques vêtements, par exemple.
A défaut de porte-bagages, pensez à la solution bikepacking. Là encore, des sacoches « adulte » de faible litrage, fixables à la selle ou au guidon grâce à des sangles ou des velcros, lui permettront de transporter quelques pièces d’équipement ou son pique-nique. De quoi se sentir l'ame d'un grand voyageur à vélo !
Veillez dans tous les cas à ce que la présence des sacoches n'entrave pas le pédalage de votre enfant. Soyez attentif également à ce qu'elles ne le déséquilibre pas, à l'arrêt en particulier. Des sacoches trop lourdes auront vite tendance à le faire basculer.
Quid du sac à dos ? S'il est possible de glisser quelques affaires dans un sac à dos souple et léger pour une courte balade, il est vivement recommandé de privilégier les sacoches dans le cadre d'une balade prolongée ou en itinérance. Pour le confort, mais surtout pour éviter l'apparition de douleurs au dos ou à la nuque.
Une pente trop longue ou trop forte ou tout simplement plus le goût d’avancer… Comment faire lorsque la fatigue ou la lassitude l’emportent sur l’envie de pédaler ? Vous pouvez opter pour une barre de traction ou un Follow Me. Ces dispositifs vous permettront de remorquer votre enfant en cas de coup de mou. Il poursuivra la randonnée dans votre sillage sans avoir à donner le moindre coup de pédale.
Autre solution, plus légère et encore plus simple d’utilisation : l’élastique de traction. Ces sangles extensibles s’arriment en quelques gestes sur la potence du vélo enfant et à la selle du vélo adulte. En une poignée de secondes vous avez formé un attelage efficace pour franchir les pentes trop abruptes ou qui s’éternisent. Avec ce système pas d’à-coup lors de la mise en route. La traction reste fluide en toute circonstance. Attention toutefois. Si l’enfant n'est plus contraint de pédaler, il devra toujours rester suffisamment vigilant pour assurer le freinage et la direction. Après utilisation, l’élastique se range facilement dans une poche ou une sacoche.
Prénom et âge de l’enfant : Axel 6 ans
Itinéraire effectué : Dolce Via en Ardèche
Kilométrage : 60 km en deux jours.
Notre fils, Axel, est habitué à voyager à vélo depuis son plus jeune âge. Il a effectué plusieurs itinérances au long cours en notre compagnie dans différentes remorques. Ces derniers mois, toutefois, il a régulièrement manifesté l’envie de « voler de ses propres ailes. » On lui en a donné l’occasion lors d’un week-end rando sur la Dolce Via, en Ardèche.
Un facteur a été déterminant : le passage au vélo 20 pouces, équipé d’un dérailleur. Avec cette nouvelle monture qu’il a étrenné quelques semaines avant notre randonnée, il a considérablement élargi son rayon d’action et gagné en confiance. Il a pris conscience que les pentes n’étaient pas un obstacle insurmontable avec les vitesses. Lors de courtes promenades ou durant nos trajets quotidiens, on lui a appris à changer de braquet, à suivre une trajectoire, à freiner de manière optimale dans les descentes. Il a franchi un palier fondamental dans la maitrise de sa machine en peu de temps. Lorsque le jour du départ est arrivé, il s’est lancé sur la piste sans appréhension. Il était fier de voler de ses propres ailes et de pouvoir gérer sa progression à sa guise.
Un VTC particulièrement léger (9,3 kg), le Riverside 900 20 pouces doté de 8 vitesses. Le système de changement de braquet à gâchette est très intuitif et adapté à la taille des mains des enfants. Les pneus mixtes légèrement cramponnés permettent de s’aventurer sur les chemins tout en conservant un bon rendement sur la route. Le freinage v-brake est très efficace. Quant au look, il plait beaucoup à Axel !
On a cherché en premier lieu à évoluer autant que possible à l’écart de la circulation. La Dolce Via, en Ardèche, a été aménagée sur l’emprise d’une ancienne voie ferrée. Les sections partagées avec les automobilistes sont très peu nombreuses. Vraiment rassurant avec un enfant qui débute. Nous sommes partis du point culminant du parcours. Le profil était donc à tendance descendante. Du moins lors de la première matinée... De quoi se mettre en jambes en douceur.
Plus d’une quarantaine de kilomètre le premier jour. Avec le recul, c’était sans doute un peu trop. D’autant que la seconde partie de l’étape comprenait une montée assez longue et laborieuse. Axel est allé jusqu’au bout sans se plaindre. Mais avec le recul, 30 km par jour étaient sans doute un cap à ne pas dépasser compte tenu de son âge et de ses capacités.
Tout d’abord, nous sommes partis avec des amis. Une famille comme nous dont la fille aînée, également âgée de 6 ans, est une grande copine d’Axel. Ils étaient ravis de pouvoir vivre cette expérience ensemble et de se retrouver en dehors du cadre scolaire.
Nous leur avions également décrit l’itinéraire au préalable en présentant les points d’intérêt comme autant d’objectifs à atteindre : les tunnels, la pause pique-nique, le bivouac dans un camping à la ferme avec la traite des chèvres etc. On a également multiplié les pauses pour observer une salamandre, un rapace ou jouer dans l’herbe. Chaque occasion était bonne pour instiller un peu de féérie et transformer notre rando en grande aventure !
Nous avions embarqué deux élastiques de traction qui se sont avérés d’un grand secours face au relief. Fiable et très rapide à déployer, le système a redonné un élan de motivation aux enfants quand la fatigue était en passe de prendre le dessus. Ils n’ont pas totalement cessé de pédaler, mais le dispositif leur a permis de réduire considérablement la cadence le temps de reprendre des forces. Pour le parent en charge de la traction, il faut, en revanche, consentir à un effort un peu plus soutenu. Mais à moins d’avoir à faire à une déclivité très prononcée ou de jouer le chrono, rien d’insurmontable. Par rapport à une remorque, par exemple, la sangle de traction affecte moins les sensations de pilotage. Il est impératif toutefois de modérer son allure et de bien communiquer au petit passager ses intentions de conduite, freinages, changements de direction, pour éviter tout risque de chute ou de carambolage.